05/01/2009
_Hugo Gernsback and the century of science fiction_
Hugo Gernsback and the century of science fiction : Gary WESTFAHL : McFarland (série Critical explorations in science fiction and fantasy #5) : 2007 : 271 pages (y compris bibliographie & index) : ISBN 978-0-7864-3079-6 : TPB, une vingtaine d'Euros (port compris).
Il s'agit d'un recueil des textes de Westfahl qui tournent tous plus ou moins autour de Gernsback (on peut penser qu'une partie de cette réflexion est constituée des restes de The mechanics of wonder, ce que semble confirmer la préface), dont un certain nombre ne sont pas inédits (même s'il ont été révisés pour la publication dans cet ouvrage).
9 essais, de longueur variable, constituent ce recueil :
- "Cremators of SF" : une réfutation féroce (parue dans Interzone) d'un précédent article de Stableford & Clute très (trop ?) négatif vis à vis de Gernsback. Cette attitude est fréquente dans les sphères de la critique SF britannique pour des raisons (aux limites du genre) d'ailleurs clairement énoncées par Westfahl.
- "The popular tradition of science fiction criticism 1926-1980" : montre comment les défintions de Gernsback et les buts qu'il avait "assignés" à la SF sont fondateurs de la majeure partie du discours sur la SF, qu'il soit issu du fanzinat, du prodom ou de l'académie.
- "Wanted : a symbol for science fiction" : cet OVNI est une discussion des divers symboles proposés pour la SF (voir par exemple les pages 320 & 321 de l'EVSF ou le connu dessin ci-dessous). Le point essentiel est que toute cette discussion sur des éléments graphiques est menée sans AUCUN dessin, d'où un essai incompréhensible pour qui ne connaît pas un peu les symboles mentionnés (le logo de Baen, celui de NESFA, le symbole d'Analog, l'illustration de la table des matières de divers pulps...).
- "Peaks and valley" : supplémente le livre de Ashley & Lowndes (The Gernbsback days) en retraçant la carrière de Gernsback comme éditeur, avec entre autres, pas mal de précisions sur son retour en 1953 avec le magazine Science fiction +, magazine a l'existence brève.
- "Evolution of modern SF : The textual history of Ralph 124C41+" : une étude très détaillée (ligne à ligne) des nombreuses (au moins 5) variations textuelles de ce roman, à la fois sous les ciseaux de Gernsback lui-même ou de divers intervenants. Elle montre les diverses modifications apportées à ce texte, soit pour le rendre plus lisible, soit d'une meilleure qualité littéraire ou pour lui conférer son statut actuel de pièce prophétique.
- "Man against man, Brain against brain" : analyse la SF sous l'angle de ses rapports avec le mélodrame.
- "Gadgetry, government, genetics and god" : idem mais se concentre sur la relation difficile entre SF et Utopie, le tout à la lumière de l'influence supposée ou réelle de Gernsback.
- "The Gernsback continuum" : encore une fois, une lecture du Cyberpunk à la lumière des apports de HG, avec une lecture parallèle de Ralph 124C41+ et de Neuromancer qui en montre les similarités (sic).
- "Scientific adventures" : une étude complète de Gernsback, l'écrivain, basée sur ses fictions (au final peu nombreuses) autres que Ralph 124C41+, où l'on apprend (avec une certaine surprise) que Gernsback c'est un peu comme Clarke.
Je dois avouer que mes attentes vis à vis de cet ouvrage étaient très élevées, à la fois au vu des autres études de Westfahl, généralement excellentes et solidement charpentées et surtout vis à vis du thème supposé du livre, à savoir le combat de Titans entre d'un côté Stableford & Clute (les intellos) et de l'autre Westfahl & Ashley (les populaires) doublé d'une relecture de l'histoire entière de la SF à la lumière des influences Gernsbackiennes (c'est en tout cas le projet mentionné dans l'introduction).
Hélas, je me suis retrouvé à lire une série d'essais :
1) sans aucune ligne directrice majeure, si ce n'est la référence à Gernsback, qui dans certains cas (je pense à des paragraphes entiers sur la mécanique scénaristique de Star trek ou Star wars) est carrément oubliée sur plusieurs pages.
On a donc un livre qui passe du coq à l'âne, de l'essai bio-bibliographique ou documentaire à l'étude d'un genre (utopie, cyberpunk...) ou à celle d'un auteur. La chose n'est pas forcément mauvaise en soi, mais ne correspond pas aux prétetntions du livre qui se veut une réflexion unifiée.
2) d'une qualité inégale, certes toujours factuellement bétonnés mais dont les arguments sont parfois tellement ténus qu'il en deviennent ridicules. Les égalités faites par Westfahl, du type Gernsback = Sterling ou The ultimate world = Childhood's end sont assez peu crédibles initialement et ne le sont pas plus après lecture. Même si Gernsback à inventé la SF moderne (ce que je pense), toute la SF ne répond pas ou ne brode pas sur Gernsback.
3) d'une argumentation défaillante et manquant de précision, à tel point je me suis parfois demandé ce que voulait monter Westfahl. Je n'ai en tout cas pas trouvé dans cet ouvrage l'expression ou la démonstration de l'existence d'une vision unificatrice de la SF comme résultante de celle de Gernsback. Les piques vers les autres commentateurs (tout le monde en prend pour son grade : Panshin, Aldiss, Franklin...) sont certes acérées mais, une fois le bon mot ou l'attaque (souvent juste) passée, Westfahl peine à fournir une structure de remplacement conforme à ses vues.
Les articles biographiques ou les analyses textuelles sont toutefois d'une grande qualité, même si l'on peut se demander, si hormis Ralph 124C41+, le Gernsback écrivain mérite vraiment une telle débauche d'énergie.
Un ouvrage qui m'a donc laissé un peu dubitatif, sans doute parce que j'en attendais plus de son auteur.
Note GHOR : 2 étoiles
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