22/07/2025
_Un siècle de SF_
Un siècle de SF : Jean-Pierre ANDREVON : 2024 (Aout) : Encrage (collection "Travaux" #58) : ISBN-13 978-2-251-45576-1 ou 978-2-36056-178-8 suivant le diffuseur (inconnu de l'ISFDB, dans la base à Bruno) : 647 pages (index structurel, pas de bibliographie) : coute 45.00 Euros pour tp non illustré avec couverture à rabats, disponible chez l'éditeur.
Sous-titré Écrite et dessinée vue de France des années 1920 à nos jours, cet ouvrage est en fait un dictionnaire encyclopédique du genre (pas ou peu de Fantasy ou d'Horreur) couvrant le matériau disponible en VF (même si parfois des œuvres non traduites sont citées). Jean-Pierre Andrevon (que l'on présente plus et qui signe l'introduction) assisté de Jean-Pierre Fontana et de Claude Ecken nous propose donc un livre très classique dans sa forme puisqu'il est constitué de quelques centaines d'entrées organisées sur deux colonnes, de ABEILLE, Jacques à ZOMBIES (d'où viennent donc les) classées par ordre alphabétique. Ces entrées couvrent généralement des personnes (auteurs, illustrateurs, scénaristes, fans), plus rarement des thèmes (robots, Uchronie...) ainsi que divers éléments du paysage SF (prix, collections...). Elles sont de tailles variables (d'un quart de page à plusieurs) et sont signées par leur auteur (un organisation identique à celle de la SFE). En ce qui concerne les acteurs du genre, on a un canevas assez constant commençant par une présentation biographique, suivies des éléments de contexte, puis d'une évocation plus poussée des œuvres majeures (romans puis nouvelles) et se termine par une conclusion sur la place de la personne étudiée dans le genre. À noter que l'ensemble se termine par une originale liste des "absents" ainsi que d'une table des matières.
Commençons-donc par le fond de l'ouvrage. Au risque de déboussoler certains des rares lecteurs de ce blog, ce livre est une excellente surprise et l'on peut légitimement penser qu'il se hisse sans problème au niveau des ouvrages anglo-saxons du même type (comme celui de D'Ammassa ou celui de Stableford) avec lesquels il présente de fortes similitudes, mais après tout, il est difficile d'écrire du "neuf" dans un tel format sur des sujets ou des auteurs maintes fois étudiés (une entrée sur Herbert ressemblera toujours à une autre entrée sur Herbert). Un des vrais plus est la présence d'entrées sur les auteurs "mineurs" du Fleuve Noir (Rayjean, Limat, De Fast ou Arnaud) ainsi que l'éclairage porté sur la scène SF franco-française par un des ses acteurs principaux. À ce sujet, bien évidemment, Andrevon reste Andrevon et, même s'il a mis beaucoup d'eau dans son vin, une des axes principaux d'analyse (et d’évaluation) reste politique avec une nette séparation des gentils et de méchants. Ces clivages sont toutefois abordés avec humour et un recul salutaire de plusieurs décennies.
Bien sûr tout, il reste quelques erreurs factuelles dans ce vaste ensemble (Final Blackout de Hubbard a bien été traduit en français ou L'histoire de la SF de Sadoul chez Librio n'est pas la réédition de son Histoire de la SF moderne). Plutôt que de intéresser à la liste des absents (voilà une bonne idée), on peut parfois s'interroger sur les choix d'inclure certaines entrées : BIBI FRICOTIN (?) ou le (trop ?) grand nombre d'articles consacrés à des auteurs italiens (dus logiquement à Fontana) qui n'ont parfois jamais été traduits (comme CURTONI , Vittorio Antonio Maria) et dont la présence dans un ouvrage "vu de France" est pour le moins surprenante. Mais tout cela ne sont que des reproches mineurs de l'obsédé du détail que je suis.
Venons-en maintenant au point qui fâche vraiment, à savoir la forme. Physiquement, le livre en lui-même est d'une manipulation et d'une lecture agréable (attention, c'est écrit assez petit) et semble solide même si on aurait sans doute pu se passer des quelques dessins en n&b qui "agrémentent" l'ouvrage et qui semblent sortis d'un logiciel d'images. Annoncé dans l'introduction comme ayant été "corrigé" par Francis Valéry et les quarante-deux (qui ont d'ailleurs leurs propres entrées), le résultat final est catastrophique. Il est clair que l'ouvrage a été composé par un infâme tâcheron Borduro-Syldave qui ne connait pas : 1) la langue française en général (il maque parfois des bouts de phrases ou des morceaux de phrases sont simplement incompréhensibles); 2) la grammaire française (des fautes d'accord ou de temps à chaque page); l'orthographe française (idem, plusieurs par page); 4) la langue anglaise (les TO sont souvent massacrés); 5) les auteurs de SF (certains titres d'entrées sont à hurler : ABERNATY, BUDRIS, CHERRY); 6) l'histoire du genre (les dates de parutions sont parfois surréalistes, Bluejay est un éditeur, pas un TO); 7) l'utilisation des outils de mise en page (certains auteurs perdent leurs prénoms ou récupèrent des caractères typographiques en plus) et 8) manque de la plus élémentaire attention (il y a une entrée BANKS, Iain Menzies mais BANKS, Ian M. est dans la liste des absents). On est bien au-delà de la simple coquille car il n'y a guère d'entrée sans une ou plusieurs conneries de ce genre disséminées dans le texte, mais on est bien dans la gougnafierie la plus totale. On croirait parfois lire un texte que l'on aurait dicté à son téléphone portable (Lige Baley chez Asimov ? sérieux ?). Je n'ose imaginer les sentiments des auteurs à la lecture du résultat de la transcription de leur travail, c'est tout simplement indigne (et cela vaut 45 Euros).
Au final, c'est un super bouquin qui remplit clairement un vide dans la liste des ouvrages de référence en VF mais qui est tellement massacré qu'il peut aisément induire en erreur un lecteur qui voudrait aller plus loin (juste pour le fun, essayez-donc de chercher Quiksland, Some laps of Times ou Polymathe -en VF- de John Brunner). Quel dommage et quel foutage de gueule.
Note GHOR : 3 étoiles (pour le fond), 0 étoile (pour la forme), à vous de choisir.
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