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18/08/2009

_Comic inferno : The satirical world of Robert Sheckley_

Comic inferno : The satirical world of Robert Sheckley : Gregory STEPHENSON : Borgo Press (série "Milford - Popular writers of today" #66) : 1997 : ISBN-10 0-916732-61-4 : 114 pages : une bonne dizaine d'Euros pour un TP assez rare comme d'habitude, existe aussi en HC.

Comic inferno.jpg

Robert Sheckley est un de ces auteurs qui sont en train de littéralement disparaître du paysage de la SF. C'est particulièrement vrai en France (malgré l'inédit sorti en 2007 chez Rivière Blanche) où il n'existe à peu près aucune édition postérieure à 2000 et cela l'est juste un peu moins aux USA où NESFA a publié deux gros recueils (un de romans et un de nouvelles) en 2002 et 2005. Il n'est donc pas surprenant de constater que cet ouvrage semble être le seul qui lui soit consacré.

Dimensions of Sheckley (NESFA 2002).jpg

Faisant partie de la série "Milford" de Borgo Press, cet essai est de la génération "tardive", à savoir celle des ouvrages nettement plus étoffés que les premiers puisqu'il offre le double de pages avec une police de caractère plus petite. On y retrouve l'organisation habituelle avec une chronologie de l'auteur, un court (cinq pages) premier chapitre à orientation biographique, cinq chapitres principaux de longueur variable (suivant la production parfois erratique de Sheckley) couvrant chacun une décennie entre 1950 et 1990, un chapitre consacré aux autres genres pratiqués par l'auteur (policier essentiellement) et une conclusion. Suivent deux bibliographies commentées, une primaire (qui liste que les livres) et une secondaire (qui ne recense logiquement que des articles ou des mentions).

The status civilization (Dell 1968).jpg

Il est toujours très agréable de pouvoir lire une analyse sur un auteur comme Sheckley, tant il est caractéristique de la SF et même d'une frange si particulière du genre, celle de l'école Galaxy. On retrouve donc sous la plume de Stephenson tous les mythiques textes comme A ticket to Tranai ou The Laxian key, nouvelles savoureuses et maintes fois reprises. Mais l'auteur, qui pour une fois chez Borgo dispose d'une place suffisante, ne se limite pas à ces textes hyper connus et parcourt l'intégralité de la production de Sheckley en s'arrêtant longuement sur les romans de la période tardive de l'auteur. Il réussit même le tour de force de trouver des mots gentils à dire sur les ouvrages de la fin de la carrière de l'auteur (les expansions/sequels à The 10th victim ou les collaborations avec Harrison ou Zelazny).

Arena (Denoel 1988).jpg

Outre une certaine tendresse pour l'auteur qui rend parfois les jugements de Stephenson un peu trop tolérants, le gros point négatif de cet ouvrage est que, paradoxalement, le fait que la spécificité de Sheckley est intimement liée à l'histoire du genre n'est absolument pas mentionné. En effet, le génie de l'auteur n'a pu s'épanouir que dans le contexte propre à la SF des années 50-60, à savoir le seul espace de liberté où la publication de textes courts et percutants était possible. Tout cela est complètement passé sous silence par Stephenson qui ne parle que de Sheckley et absolument pas de l'environnement dans lequel il publiait. Il est d'ailleurs révélateur de voir que dans l'index, les noms Galaxy ou Omni n'apparaissent qu'une seule fois dans tout le texte (et encore dans la chronologie). On se demande bien comment on peut dissocier Sheckley de ces revues. Du coup, l'oeuvre de l'auteur, même si elle est longuement disséquée, donne l'impression fausse de sembler exister dans un vide absolu et se situer hors de tout courant historique de la SF.

The people trap & Mindswap (Ace 1981).jpg

C'est donc un ouvrage certes pointu sur l'auteur et son oeuvre mais qui fait hélas l'impasse sur le terreau fertile qui lui a permis d'exister. A ce titre, il est donc incomplet, ce qui ne peut que nuire à une perception exacte de la carrière et de la réelle place de Sheckley.

 

Note GHOR : 2 étoiles

14/08/2009

_Collecting science fiction and fantasy_

Collecting science fiction and fantasy : Gary LOVISI : Alliance Publishing (série "Instant expert") : 1997 : ISBN-10 1-887110-12-7 : 136 pages (y compris index) : coûtait 14 USD pour un TP au format vertical (style Cyberdreams) qui semble se trouver assez aisément.

Collecting sf & fantasy.jpg

Ce livre est écrit par Gary Lovisi, un collectionneur connu surtout dans le monde du policier et fondateur de Gryphon Books. Il s'agit d'un ouvrage d'initiation à l'art de collectionner les livres de poches dans les genres de l'imaginaire comme on dit maintenant (SF, Fantasy & Horreur). Son but est donc de vous transformer en "expert instantané" à l'aide des conseils avisé de l'auteur et de vous guider dans vos choix d'achats. Bien sûr, tout ceci n'est valable que sur le seul marché américain (USA & Canada), le marché anglais n'étant qu'évoqué.

The weapon shops of Isher (Ace Double D-53).jpg

L'ouvrage est organisé en six chapitres d'une taille hétérogène : "Getting Started" (généralités, auteurs et illustrateurs les plus recherchés); "A brief history of collecting" (en fait une histoire pas si brève que cela de l'édition en poche aux USA depuis 1930); "Think and talk like an expert" (conseils pratiques sur l'état, les EO, y compris un glossaire des principaux termes); "All about paperbacks" (informations diverses : prix maximum atteints lors d'enchères, pseudonymes...); "Collector's guide" (adresses, contacts, foires...); "Instant expert quiz" (un petit questionnaire pour vérifier si l'on a bien retenu ses leçons). Un index est fourni et l'ensemble du livre est largement illustré de reproductions de couvertures en N&B. 

Ten from infinity (Monarch 1963).jpg

Je ne suis pas sûr que l'on puisse devenir un expert dans ce domaine assez complexe (surtout pour des gens n'habitant pas aux USA) à la seule lecture de ce livre et qu'un collectionneur comme Lovisi livre vraiment tous ses secrets. Malgré cela, c'est un ouvrage fort sympathique qui permet d'apprendre pas mal de choses sur l'histoire des publications dans ce format particulier et qui permettra au novice d'acquérir un certain vernis et au moins de pouvoir lire un catalogue de vente. A cela s'ajoutent la présence de nombreuses reproductions de qualité (même si elles ne sont hélas pas en couleur) d'ouvrages qui sont effectivement assez rares.

3 from out there (Fawcett 1959).jpg

Je ne connais pas assez le marché pour avoir un avis précis sur les classements et les niveaux de désirabilité proposés par Lovisi, mais il est clair que, comme il l'indique bien, il existe plusieurs sortes de collectionneurs qui recherchent des choses parfois assez différentes (un auteur précis, une collection, un illustrateur, un type d'illustration, un état...). A ce titre ce genre d'exercice (la cotation) est toujours périlleux et se trouve de toute façon à la merci du grand principe ("Sod's law") qui dit que l'on va trouver trois jours après l'avoir payé 100 Euros le même livre chez Emmaüs pour 2 Euros (et en plus en meilleur état !).

The man who upset the universe (Ace 1952).jpg

Un bon petit livre qui plaira certainement aux collectionneurs qui se retrouveront dans leur élément.

 

Note GHOR : 2 étoiles

13/08/2009

_Cliffs Notes on Heinlein's works_

Cliffs Notes on Heinlein's works : Baird SEARLES : Cliffs Notes : 1975 (pour le copyright) : ISBN-10 0-8220-1231-6 (cet ISBN semble avoir aussi été porté par un ouvrage de la même série sur Herbert) : 59 pages (y compris bibliographie) : coûtait 1.25 USD pour un petit TP, semble se trouver pour une dizaine d'Euros.

Heinlein's works.jpg

Vous êtes un lycéen américain des années 70-80 et vous venez d'écoper d'une dissertation à faire sur un livre d'Heinlein (au hasard Stranger in a strange land). Hélas, vous n'avez jamais rien lu de cet auteur et n'avez pas l'intention d'y remédier. Heureusement, la solution est là avec cet ouvrage qui vous permettra de faire semblant d'avoir tout compris à RAH en lisant à peine une cinquantaine de pages. Il vous faudra juste ignorer l'avertissement qui figure en CAPITALES et qui dit que ce guide ne doit pas remplacer la lecture du texte lui-même ni l'attention en classe. On l'aura donc compris, ce livre fait partie de ce que l'on pourrait pudiquement appeler des "aides pédagogiques" au sein d'une série très connue outre-atlantique (comme les classiques Vaubourdolle chez nous) qui couvre tout le programme d'Anglais. Ce volume est dû à la plume de Baird Searles, un habitué des écrits sur le genre.

A reader's guide to SF.jpg

La structure de ce guide est globalement chronologique avec, après une brève biographie et un état des lieux de la SF dans les années 30, une division de l'oeuvre de Heinlein en cinq périodes : les premiers romans et les nouvelles (jusqu'en 1942), les romans adultes et les nouvelles (jusqu'en 1957), les juveniles (en parallèle avec les précédents), les oeuvres de transition (de Starship troopers à The moon is a harsh mistress), les romans des années 70. Cette progression est suivie par deux chapitres plus généraux sur les "superstructures" sur lesquelles sont basées l'oeuvre de Heinlein (la "Future history" et les thèmes récurrents). L'ouvrage se conclut par une courte bibliographie permettant surtout de localiser les nouvelles au sein des recueils.

Rocketship Galileo (NEL 1971).jpg

Au final ce livre est une bonne surprise. Tout d'abord, Searles connaît très bien le genre, ce qui lui permet de placer objectivement l'auteur au sein de celui-ci. Ensuite, c'est l'ensemble de l'oeuvre de RAH qui est passé en revue et non quelques romans phares, à ce titre l'attention portée aux nouvelles est bienvenue. Finalement, les thématiques propres à l'auteur (la politique au début, le sexe à la fin, l'immortalité tout le temps) sont clairement identifiés et finement analysées.

Methuselah's children (Signet).jpg

Bien sûr, en comptant les nécessaires résumés des intrigues de ce vaste ensemble de textes et la taille réduite de l'ouvrage (60 pages), il est logique que la partie analytique soit assez schématique et qu'elle ne rende pas forcément justice à la complexité de l'oeuvre de Heinlein, oeuvre sur laquelle il existe de nombreux ouvrages plus fouillés, y compris en VF. Mais dans la logique de l'ouvrage (expliquer les bases de RAH à des lycéens), c'est parfaitement suffisant. En fait, les points les plus ennuyeux sont la couverture d'une laideur remarquable et l'absence d'index.

 

Note GHOR : 2 étoiles 

11/08/2009

_Clefs pour la science-fiction_

Clefs pour la science-fiction : Igor & Grichka BOGDANOFF : Seghers (collection "Clefs" #49) : 1976 : pas d'ISBN : 378 pages (y compris annexes) : format TP (avec jaquette) trouvable parfois d'occase mais assez difficilement.

Clefs pour la science fiction.jpg

Cet ouvrage est l'une des premières tentatives de présenter d'une façon synthétique le genre au public francophone, un peu à la manière des nombreux "companions" anglo-saxons. On notera que la préface indique qu'il était prévu un deuxième tome, plus analytique que descriptif comme celui-ci. Il s'agit aussi du premier livre des frères Bogdanoff, avant qu'il ne deviennent célèbres grâce à leur émission Temps X et qu'ils ne se lancent dans l'écriture et la vulgarisation scientifique. 

La machine fantôme (JL 1985).jpg

Cet essai est divisé en trois parties principales (qui sont elles-mêmes subdivisées en sous parties puis en chapitres et ensuite en unités plus petites) :

1) "Le monde de la science-fiction" : c'est un état des lieux de la SF mondiale, avec une courte histoire, un portrait type des divers intervenants (auteurs, lecteurs, fans...), une revue géographiques des écoles (américaine, anglaise, française...) et une présentation des sept genres qui distinguent les Bogdanoff au sein de l'ensemble SF.

2) "Les thèmes" : comme son nom l'indique, il s'agit du passage en revue à l'aide de nombreux exemples des principaux thèmes abordés par le genre avec une différentiation entre thèmes scientifiques (voyage dans le temps, l'espace, robots...) et thèmes sociologiques et psychologiques (mutants, extraterrestres, dieux...).

3) "Les autres médias" : les deux parties précédentes ne traitant exclusivement que de la SF écrite, les auteurs abordent ici la BD, le cinéma et les autres arts.

L'ouvrage se termine par un ensemble très copieux d'une douzaine d'annexes : listes d'auteurs, résultats des principaux prix, lexique, chronologie, guide de lecture. Il n'y a toutefois pas d'index ni de bibliographie structurée (les textes cités sont identifiés par des notes de bas de page qui ne sont pas toujours complètes ni pratiques à utiliser).

L'effet science-fiction.jpg

Rétrospectivement, ce qui frappe avec ce livre c'est sa grande ressemblance en matière de projet avec L' Encyclopédie visuelle de la science-fiction (les illustrations en moins, bien sûr) de Brian Ash, un ouvrage qui lui est pourtant postérieur, ce qui prouve que les Bogdanoff avaient bien perçu la demande et monté un ouvrage tenant la route. Il sera malheureusement éclipsé par le livre britannique nettement plus "sexy" d'apparence. C'est un peu dommage parce que, malgré les ricanements que provoquent les deux frères au sein du fandom, cet ouvrage est loin d'être dépourvu de qualités avec un bonne vision synthétique, une louable couverture mondiale et un effort de recherche certain au niveau des exemples thématiques.

Encyclopedie visuelle de la sf.jpg

Dans les bémols à apporter, on remarquera le fait que, malgré des prétentions cosmopolites, le genre ne soit vu que par le prisme (déformant) des traductions disponibles, ceci expliquant par exemple la présence dans les auteurs listés de gens comme Adlard malgré une production très limitée. Sont à déplorer aussi un grand nombre de coquilles (avec des auteurs comme Conney, Windham, Gun...) et des TO souvent approximatifs qui peuvent poser des problèmes pour d'éventuelles recherches de textes On pourra aussi sourire sur la partie taxinomique avec un division en sept catégories dont certaines (comme la new-thing) sont depuis longtemps tombées en désuétude ou dont les définitions sont assez étonnantes (Burroughs placé dans le Space Opéra), ou s'amuser de lire que les fans de SF sont nettement plus intelligents (entre 115 et 120 de QI) que la moyenne.

Au final un ouvrage qui serait peut-être à réévaluer à la lumière de ses seules qualités et non à celle des défauts de ses auteurs.

 

Note GHOR : 2 étoiles

10/08/2009

_The classic years of Robert A. Heinlein_

The classic years of Robert A. Heinlein : George Edgar SLUSSER : Borgo Press (série "Milford Popular writers of today" #11) : 1977 : ISBN-10 0-89370-216-1 : 63 pages (y compris bibliographie) : coûtait 3 USD à l'époque pour un TP (ne semble pas exister sous d'autres formats).

The classic years of Robert A Heinlein.jpg

Le duo Slusser écrivant sur Heinlein (Stranger in his own land) avait été le premier livre de cette collection. Le côté polémique de cet essai qui osait donner une image de Heinlein moins flatteuse que l'usage ne le voulait à l'époque avait provoqué une controverse importante. Alors que le premier livre se focalisait surtout sur les romans tardifs de Heinlein, cette monographie se concentre sur ce que Slusser appelle les "classiques" de l'auteur. Il s'agit de textes produits entre 1939 et le début des années 60 qui permettent de percevoir montrent un Heinlein qui utilise les conventions des genres ou des supports dans lesquels il écrit (pulps, SF campbellienne, juveniles, slicks...) pour nous revenir à sa thématique centrale, celle de l'élection.

Robert A Heinlein Stranger in his own land.jpg

Comme souvent chez Borgo, l'organisation de l'ouvrage est assez peu lisible (il n'y a pas de chapitres distincts mais une masse de texte avec quelques coupures). Après une introduction ("The classic years") qui tente justement de définir ce que peuvent bien être ces fameux classiques, Slusser traite divers textes ou groupes de textes dans un ordre interne chronologique. Il aborde successivement les nouvelles courtes ("Stories") y compris l'Histoire du Futur; les novellas ("Novellas") qui préfigurent souvent certains romans; les textes à intrigue ("Two novels of intrigue") qui couvrent principalement Rocket ship Galileo et The puppet masters; et "An Heinlein masterpiece" qui nous amène à Have space suit - Will travel.  Une courte conclusion en forme d'arrière-pensée est consacrée à Glory road. En fin d'ouvrage se trouvent l'habituel paragraphe biographique (10 lignes) et la non moins habituelle bibliographie rachitique.

Have space suit - Will travel (NEL 1972).jpg

On pourrait penser que Slusser a voulu, dans cet ouvrage, rectifier le tir après l'attaque parfois féroce mais réaliste qu'est Stranger in his own land. Il a donc choisi le RAH que tout le monde aime, à la fois celui des débuts, l'homme qui incarne le mieux la mutation de la SF dans les années 40 et l'auteur de juvenile qui a amené au genre des milliers de nouveaux lecteurs. Du coup, l'appréciation est globalement plus positive et prête moins le flanc à la polémique. Malgré tout, Slusser poursuit son analyse de l'oeuvre de RAH sous l'angle Calviniste et nous montre une philosophie finalement assez anti-démocratique, où seuls les élus touchés par la grâce (divine ?) réussissent.

Glory road (NEL 1974).jpg

Globalement l'analyse de Slusser est à la fois intéressante, novatrice (à l'époque) et me semble pertinente ou au moins bien amenée et étayée par une lecture serrée de RAH. Moins provoquant que son prédécesseur, cet ouvrage souffre surtout des défauts des production Borgo, à savoir une radinerie en matière d'annexes (comme l'absence d'index) qui devient gênante à l'usage et surtout une longueur insuffisante qui donne une impression d'un ouvrage un peu brouillon, sautant du coq à l'âne et dont les thèses n'arrivent pas à être correctement déployées. 

 

Note GHOR : 2 étoiles