24/03/2012
_Formula fiction ?_
Formula fiction ? An anatomy of american science fiction, 1930-1940 : Frank L. CIOFFI : 1982 : Greenwood Press (série "Contributions to the study of SF&F" #3) : ISBN-10 0-313-23326-8 : xi+181 pages (y compris index et bibliographies) : coûtait 25 USD pour un HC sans jaquette, assez peu courant d'occasion.
Cet ouvrage est un des premiers de la longue série des textes de référence sur la SF publiés par Greenwood Press, une maison spécialisée dans l'étude universitaire. Sous la plume de Frank Cioffi, à l'époque professeur assistant d'anglais à l'université du Nouveau Mexique, il s'agit, comme son sous-titre l'indique assez clairement d'une étude quasiment taxonomique des textes courts (qui représentent la majorité de ceux publiés) parus durant les années 30 dans les principaux magazines clairement spécialisés en SF (le trio Amazing-Astounding-Wonder). Le but de l'auteur est d'en dégager un certain nombre de types de textes, de les discuter et de montrer leur pertinence en étudiant un ou plusieurs textes récents (dans l'ordre le film Alien, la nouvelle Persistence of Vision de Varley et plusieurs textes récents de divers auteurs -Disch, Bunch, Andrevon-) qui s'insèrent dans cette classification.
Après une courte introduction qui précise le projet du livre et sa méthodologie, l'auteur commence par un chapitre d'une trentaine de page qui lui permet de préciser le contexte dans lequel la SF des années 30 s'insérait. Le deuxième chapitre ("Status Quo Science Fiction") est consacré au premier "type" de texte déterminé par Cioffi. Il s'agit là des oeuvres qui sont bâties sur le principe de l'intrusion d'une anomalie dans le monde décrit, cette anomalie finissant par être repoussée ou annihilée, le récit se clôturant par un retour à l'ordre antérieur. Dans le chapitre suivant ("Subversive Science Fiction"), l'auteur étudie une variante de ce schéma où l'anomalie va venir modifier le monde décrit (par exemple une fin du monde). Le dernier type de récit distingué par Cioffi fait l'objet du quatrième chapitre ("Other World Science Fiction"), ce sont les oeuvres les moins fréquentes où le monde du récit est différent du nôtre et où le cadre de référence du lecteur ne sert que de point de comparaison. Un conclusion termine l'ouvrage qui offre plusieurs annexes : une liste des textes parus dans Astounding, une bibliographie générale et un index.
Même si l'étude menée par Cioffi porte dans la pratique sur un échantillon plutôt étroit puisque l'auteur s'est restreint à un seul magazine (Astounding) et à une seule décennie (les années 30), les enseignements qu'il en retire semblent pertinents. Certes, l'on va retrouver cette classification suivant le degré d'éloignement de monde du lecteur chez nombre d'analystes du genre (c'est particulièrement vrai pour les réflexions sur la SF des séries télévisées ou le premier type est majoritaire) comme Stableford, mais cet ouvrage est probablement l'un des premiers à avoir employé cette démarche d'une façon systématique.
Le résultat final est globalement satisfaisant même s'il laisse un peu le lecteur sur sa faim. En effet, l'ouvrage se révèle finalement assez court vu la place importante prise par les annexes (une trentaine de pages). On pourra aussi regretter que la partie la plus importante en taille (cinquante pages) soit celle dévolue au type de SF où le statu quo ante est restauré à la fin par élimination de l'anomalie, un choix narratif qui est peut-être celui qui est le plus loin des aspirations du genre et de sa pratique actuelle (même s'il est sûrement pertinent pour la période étudiée). Le tout forme un ensemble relativement pionnier mais qui appelle une confrontation de l'anatomie inventée par Cioffi avec le corpus actuel de la SF.
Note GHOR : 2 étoiles
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15/02/2012
_SF Horizons_
SF Horizons : Brian ALDISS & Harry HARRISON : 1975 (pour ce volume) : Arno Press : ISBN-10 0-405-06270-2 (notez que cet ISBN semble être utilisé pour un ensemble de titres) : 64+64 pages : coûtait quelques USD pour un HC sans jaquette.
Cet ouvrage a été publié par Arno Press dans sa collection "Science Fiction", un ensemble de livres à la présentation standardisée qui comprenait des textes de fiction et des ouvrages de référence et dont le contenu semble avoir été extrait de la bibliothèque de Robert Reginald, le pilote de ce projet. Dans ce cadre, ce volume est consacré à la reprise des deux seuls numéros de SF Horizons. Ce fanzine a vécu sa brève existence en 1964 et 1965 sous la houlette des déjà célèbres Brian Aldiss et Harry Harrison. D'une façon assez logique, son focus principal était la critique littéraire et son aire géographique limitée à la Grande-Bretagne.
Ce volume contient successivement les reproductions du Numéro 1 (1964) et du numéro 2 (1965) du fanzine éponyme. On y retrouve dans les deux magazines les plumes des éditeurs mais aussi celles de James Blish et C. Lewis, en un mot le gratin de la critique SF du Royaume-Uni des années 60. Chaque numéro comporte un petit nombre d'articles de fond (Aldiss sur The legion of Time ou l'état de la SF britannique, Doherty sur le langage dans le genre, Blish sur les ouvrages de référence SF, etc.), quelques interviews (Amis Burroughs) et diverses pièces plus courtes (Biamonti sur la SF italienne), parfois même de simple fillers qui font penser à la "Thog Masterclass" de Langford. On trouve aussi quelques illustrations en N&B mais pas de matériel supplémentaire en dehors des deux numéros (donc pas d'index ni d'éléments de contextualisation).
En fait, malgré le côté relativement "consanguin" de l'ensemble (s'agissant là de l'oeuvre d'une petite coterie qui se connaissait très bien, on se souviendra par exemple que Biamonti a livré une bibliographie de Harrison), le résultat est d'une tenue qui a plutôt bien résisté au temps. Essentiellement portée par les textes d'Aldiss, la réflexion menée dans les pages du fanzine reste d'actualité pour qui s'intéresse à l'histoire du genre et n'est pas dépourvue d'un certain piquant (comme la partie consacrée à Donald Malcolm et Lan Wright) assez courant dans la critique de SF britannique.
Même si l'ambition de ce fanzine était clairement littéraire puisque l'on avait déjà droit à l'époque aux habituelles cautions venues du Mainstream (K. Amis, William Burroughs), on a du mal à comprendre les raisons qui peuvent justifier de le reproduire dix ans après et sous format relié "luxe". Une partie des articles étant dispensable (comme les fillers ou le poème de C. S. Lewis publié dans le numéro 2) et le reste ayant parfois été réédité, cet ouvrage n'offre finalement pas grand intérêt, si ce n'est dans l'amélioration de la conservation offerte par un format plus durable.
Note GHOR : 1 étoile
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28/12/2011
_Anthopology 101_
Anthopology 101 : Reflections, inspections and dissections of SF anthologies : Bud Webster : 2010 : The Merry Blacksmith Press : ISBN-13 978-14535-003-2 : 328 pages (y compris index) : coûte 20 USD pour un TP non illustré, probablement disponible chez l'éditeur (www.merryblacksmith.com).
Malgré le fait que les anthologies (qu'elles soient originales ou constituées de reprises) constituent un des éléments centraux du genre, leur étude a toujours été un domaine relativement peu exploré. En effet, il existe très peu d'outils bibliographiques spécifiques (si l'on excepte le désastreux Science fiction story index 1950-1968 de Siemon) et encore moins d'analyses critiques et historiques de leur contenu. C'est donc ce manque que Bud Webster (auteur d'un petit nombre de nouvelles parues principalement dans Analog) a entrepris de combler dans cet ouvrage.
Pour ce faire, il a donc rassemblé dans ce recueil une partie des chroniques de sa série "Anthopology 101" parues initialement dans le SFWA Bulletin (l'organe de la principale association d'auteurs de SF&F). Composé d'une vingtaine de ces essais d'une dizaine de pages chacun (sauf celui sur Conklin qui est nettement plus long), cet ouvrage suit un canevas relativement standardisé. Pour chaque thème choisi, qu'il soit une série d'anthologies (les Star de Pohl), un anthologiste (Harrison ou Moskowitz), un éditeur (Ace), l'auteur nous explique la genèse des livres étudiés, les situe dans le contexte SF et culturel de l'époque, en détaille le contenu et en donne une évaluation critique. Une liste de titres "de base" et un index clôturent le recueil.
En s'attaquant à un sujet aussi peu défriché, l'auteur fait oeuvre de pionnier. Pourtant la place importante des anthologies comme points d'entrée dans le genre n'est plus à démontrer (on pensera à l'influence majeure de la GASF en France). C'est donc à l'analyse d'un facteur majeur de l'histoire de la SF que nous convie Webster. Son discours est d'autant plus intéressant qu'il est appuyé par des recherches poussées (souvent auprès des anthologistes eux-mêmes) dont les résultats sont parfaitement restituées et clairement placés dans le contexte historique.
D'une lecture agréable, d'une grande érudition et parfois très riche en détails inédits, on pourra quand même reprocher à cet ouvrage un certain nombre de points gênants. Tout d'abord, la structure de parution initiale des essais (sous forme d'une rubrique régulière dans un magazine) fait qu'il arrive que l'auteur se répète souvent d'un texte à l'autre (comme quand il nous raconte sa découverte de ses premières anthologies SF dans les rayons d'une bibliothèque). Ensuite, l'abus de notes humoristiques de bas de page et le ton parfois un peu trop léger peuvent parfois irriter. Quoi qu'il en soit, ce recueil est un premier pas (même si Ashley le recoupe un peu dans ses derniers volumes consacrés aux magazines) dans l'exploration d'un pan de l'histoire du genre resté encore peu étudié. A ce titre, il appelle d'autres travaux peut-être plus construits.
Note GHOR : 2 étoiles
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03/11/2011
_Science Fiction fandom_
Science Fiction fandom : Joe Sanders (editor) : 1994 : Greenwood Press (série "Contributions to the study of SF & F" #62) : ISBN-10 0-313-23380-2 : xii+293 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait 55 USD pour un HC sans jaquette qui se trouve assez peu souvent en occase.
Une fois l'intérêt académique sur la SF éveillé et après un travail sur les textes eux-mêmes, il était normal que le sujet des acteurs du genre soit abordé. La communauté des fans formant un ensemble à la fois structuré et suffisamment "visible" (parfois aux limites du ridicule), elle fournissait un parfait sujet d'étude. Ceci conduira à des ouvrages comme ceux de Jenkins, Bacon-Smith ou Torres (ce dernier étant en VF). Ce recueil d'essais visant à cartographier le fandom est lui le fruit d'une démarche que l'on pourrait qualifier de plus "interne" puisque la majorité des intervenants sont issus du milieu. On y trouve des fans (Moskowitz, Warner, les Trimble, Thomas), des pros (Lupoff, Busby, Gaughan) et des enseignants associés depuis longtemps au genre (Letson, Sanders).
Ce livre comporte vingt-six essais de taille très variable (de trente à moins de dix pages) qui sont regroupé en six parties inégales. La première (2 essais) introduit brièvement le fandom. Elle est suivie par une longue section (presque 100 pages) logiquement consacrée au fandom US sous l'angle historique. La troisième traite des autres fandoms nationaux (britannique, français, européen, chinois et japonais). On trouve ensuite trois essais sociologiques sur les structures existantes (clubs, conventions). L'avant-dernière partie essaie de prendre un peu de hauteur en explorant l'influence du fandom sur le monde de la SF professionnelle. L'ouvrage se termine par une partie bibliographique commentée et l'inévitable glossaire des expressions faniques.
On regrettera tout d'abord que certains des essais soient proches de la caricature et mettent plus en exergue les travers du microcosme que ses qualités. Par exemple, le texte sur le fandom français est un condensé type des habituels reproches que l'on peut lui faire : manque de recul, personnalisation à outrance (on a droit à la liste des BNFF avec leur profession), vision partisane de la scène fanzinesque avec par exemple l'existence de Yellow Submarine complètement passée sous silence alors que les mentions relatives à A&A (fanzine auquel l'auteur était assez lié) pullulent, attaques gratuites sur des concurrents (SFère ou Vopaliec stigmatisés comme "benchmarks of awfulness") ou des manifestations organisées par les "ennemis" (la fameuse convention de Paris en 1988) [pour préciser les choses, j'ai collaboré à YS ET A&A et j'ai un peu aidé pour la convention évoquée]. Un texte tellement tendancieux que l'on comprend mieux la mauvaise image du fandom qui semble parfois plus occupé à régler des comptes ou à dominer le marigot qu'à agir pour le genre.
Malgré ces quelques fausses notes, l'amateur se trouvera en pays de connaissance et pourra dénicher quelques informations ou témoignages pertinents, voire trouver quelques pistes pratiques (comme l'article sur l'organisation d'une convention). Toutefois, il est clair que, pour un fan relativement informé, l'ensemble reste très classique (voire archi-connu) et s'apparente plus à une sorte de synthèse d'ouvrages existants (l'histoire du fandom de Warner ou d'autres, les guides pour collectionneurs, les études sociologiques évoquées plus haut, etc.) qu'à une oeuvre vraiment approfondie et novatrice.
Note GHOR : 2 étoiles
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31/10/2011
_Science Fiction culture_
Science Fiction culture : Camille Bacon-Smith : 2000 : University of Pennsylvania Press : ISBN-10 0-8122-1530-3 : 316 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait 25 USD pour un TP non illustré, existe aussi en HC (3223-2).
Ce livre est écrit par Camille Bacon-Smith, une docteur es folklore de l'université de Pennsylvanie (qui est aussi l'éditeur de cet ouvrage) et aussi auteur de plusieurs livres de fiction tendance fantastique urbain. A ces divers titres elle a été amenée à s'intéresser au milieu des fans de SF et en a tirer deux ouvrages théoriques dont celui-ci est le plus récent. Son propos est d'y montrer quels sont les rapports entre le fandom et les structures qui produisent (auteurs), publient (éditeurs) ou exploitent le genre. Elle souhaite souligner l'ambivalence de ces interactions, entre les images d'Epinal d'une consommation passive et d'une rébellion contre le système.
Le livre s'articule en trois parties principales de taille inégale. La première ("Creating the Landscape") explique comment s'est créé le paysage dans lequel évolue le fandom en détaillant sa hiérarchisation (de fan de base à SMOF), ses grands messes (les Worldcons) et ses réseaux de communication (avec l'arrivée d'Internet). La deuxième ("New groups changes the face of genre") montre comment ces structures ont permis à certains sous-groupes, qu'ils soient caractérisés par un genre, une orientation sexuelle ou un centre d'intérêt précis, de pouvoir "prendre la parole" et participer au dialogue général qui "guide" (ou tente de guider) l'évolution de la SFF. La dernière partie ("It all comes together in the fiction") analyse comment la production de SF est justement influencée par tous ces acteurs, leurs stratégies et leurs agendas. Le livre se termine par un ensemble de notes copieux (30 pages), une bibliographie et un index.
Un des paradoxes de ce livre est que son mode de construction qui fait une très large place à l'immersion et au contact direct avec les acteurs du genre (une partie importante de l'ensemble se présente sous forme d'interviews ou de dialogues) se révèle en fait préjudiciable à la qualité de l'analyse. On pourrait presque penser que Camille Bacon-Smith a tellement collecté d'information qu'elle ne peut résister au plaisir de nous les faire partager. Cela nous vaut par exemple des plongées dans la vie intime de certaines associations de SF (ici la NESFA) qui sont très riches et qui rappelleront bien des choses à qui a un jour participé à l'organisation d'une quelconque manifestation. De la même façon, certains chapitres de la troisième partie consacrés aux mécanismes du marché de la SF littéraire sont passionnants.
Toutefois cette telle densité d'information (avec en plus une police utilisée plutôt petite) donne parfois l'impression d'un manque de plan d'ensemble. A la différence d'un Jenkins (Textual poachers), il est clair que l'auteur nous montre bien la "culture" SF dans son fonctionnement et ses évolutions mais est moins prolixe sur les enseignements que l'on peut tirer de l'existence d'une telle structure qui est presque sans égale. Au final un livre fourmillant d'infos, presque journalistique dans sa description de certaines franges du genre (le fandom gay et lesbien, la fraction cyber, les féministes, etc.) mais qui peine à synthétiser tout cela.
Note GHOR : 2 étoiles
16:17 | 16:17 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles