20/02/2025
_Combat Meteors_
Combat Meteors : Alex CRAWFORD : 2021 : Stratus (série "MMP - White Series #9152") : ISBN-13 978-83-66549-50-0 : 135 pages : coute 114.00 Zlotys (une petite trentaine d'Euros) pour un grand tp illustré en n&b (+ 20 pages de profils et photos couleurs) : disponible chez l'éditeur.
Cet ouvrage évoque les combats dans lequel le Gloster Meteor (le premier chasseur à réaction britannique) a participé. De la défense des îles britanniques contre les V-1 à l'affaire de Suez, en passant par les putschs argentins cet appareil a combattu finalement sous pas mal de cieux. Avion de première génération, il a vite été utilisé dans un rôle de reconnaissance et/ou d'appui-feu mais sans jamais faire d'étincelles. En ce qui concerne cet ouvrage, il est au standard de l'éditeur, bien fait avec de grandes photos et pas mal de profils couleurs. Mon impression un peu mitigée est juste dû au fait que le sujet n'est pas passionnant en lui-même faute de véritable carrière opérationnelle pour ce précurseur.
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13/02/2025
_Speculative Epistemologies_
Speculative Epistemologies : An Eccentric Account of SF from the 1960s to the Present : John RIEDER : 2023 (2021 pour le hc) : Liverpool University Press (série "Liverpool Science Fiction Texts and Studies" #70) : ISBN-13 978-1-80207-781-0 (la fiche ISFDB du titre ) : viii+183 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 27.95 GBP pour un tp non illustré, disponible chez l'éditeur en promo , existe aussi en hc.
Tout d'abord, je dois avouer que j'avais mal lu le sous-titre de cet ouvrage en l'achetant (même si je l'aurais finalement quand même commandé). J'avais compris "Eccentric" au sens de "personne excentrique" alors qu'il faut le comprendre en fait comme "loin du centre" (de la SF). En effet, ce livre est construit comme l'analyse approfondie de six œuvres (une par décade de 1960 à 2010) dont la principale caractéristique est de se situer aux franges (parfois même au-delà) du genre. Après une introduction, on trouve donc un chapitre pour chacun des textes (ou ensemble de textes) suivants : la nouvelle de Pamela Zoline The Heat Death of the Universe (un des textes les plus connus du New Worlds de Moorcock, mais non traduit), Ceremony/Cérémonie de Leslie Marmon Silko (une écrivaine de culture pueblo), The Tale of Plagues and Carnivals une nouvelle qui fait partie du cycle de Neverÿon de Samuel R. Delany (non traduit), The Memoirs of Elizabeth Frankenstein/Les mémoires d'Elizabeth Frankenstein de Theodore Roszak (lauréat du Tiptree/Otherwise award), The Adventures of Vela (un roman en vers libres) par le poète samoan Albert Wendt (non traduit) et la série de textes Camille X (il y en a 5 et ils sont introuvables sauf dans un ouvrage de référence de l'écrivaine) par Donna Haraway (celle du manifeste Cyborg), non traduits aussi. Le livre se termine par une conclusion sur la SF en 2021 et propose une bibliographie et un index.
Comme d'habitude avec Rieder, ses essais sont toujours très pointus et parfaitement construits, j'en conviens aisément et ce malgré un jargon parfois omniprésent. Le problème que j'ai eu à la lecture de ce livre est qu'il s'agit vraiment là de textes aux marges du genre que, AMHA, même Rieder n'arrive pas à rattacher à celui-ci de façon convaincante malgré tout son talent et ses effets rhétoriques. On a en effet un texte de collages sans SF dedans (Zoline), une biographie d'un vétéran indien américain (Silko), un bout de cycle de quasi-fantasy (Delany) dont le vrai sujet est l'épidémie de SIDA dans le milieu gay de New York, un spin-off de Frankenstein (Roszak) centré sur la femme de celui-ci, un roman sur le contact entre les européens et les indigènes du Pacifique (Wendt) et des brouillons de nouvelles formant une mini-histoire du futur (Haraway). Pour un amateur, seul deux des exemples (Haraway & Delany) sont clairement de la SFF, le reste est hors-genre et est d'ailleurs marketé ainsi dans les divers pays de parution (le Roszak est paru en LDP Fantastique en VF).
Dans son analyse, Rieder semble parfois confondre le monde de l'académie et celui de la SF en pensant que la perception académique d'un titre (mesurée par le nombre d'articles lui étant consacré) est proportionnelle à son influence dans le genre dans le monde réel. Le choix d'inclure de la fiction de Haraway (alors qu'elle n'en écrit presque jamais) est d'ailleurs révélateur de cette mentalité de clan qui les lie les universitaires donnant dans la SF. Ainsi donc, la théorie de l'auteur qui égale popularité à l'université et influence est facilement contredite par la simple mise en relation du nombre d'articles publiés avec les ventes (et donc les lectures, du moins peut-on le penser) d'un ouvrage donné (qui a dit Piercy ou Dhalgren). Autre passage obligé pour un texte académique, la multiplication des -ismes (post-colonial, afrofutur, fémin, anti-imperial, postmodern, écolog) et des théories à la mode. C'est pétri de bons sentiments et de grandes phrases indiscutablement sincères mais qui serait plus à leur place dans un manifeste que dans un ouvrage sur la SF, paru dans une collection de textes sur la SF et vendu comme tel.
Note GHOR : 1 étoile (brillant mais quel rapport ?)
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12/02/2025
_Disaster in Dearborn_
Disaster in Dearborn : The Story of the Edsel : Thomas E. BONSALL : 2002 (pour l'EO, POD sans date pour cette édition) : Stanford University Press : ISBN-13 978-0-8047-4654-0 : 230 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 55.00 USD pour un hc illustré en n&b, disponible chez l'éditeur .
Edsel (le prénom du fils du fondateur, décédé en 1943) est une marque automobile du groupe Ford lancée à la fin des années 50 par le constructeur de Dearborn pour combler le fossé entre ses marques Ford (entrée de gamme) et Mercury-Lincoln (luxe). Sa courte vie et son échec cuisant (la marque n'aura vendu des voitures que pendant trois années-modèles) sont devenu un exemple classique d'erreur stratégique dans le lancement d'un nouveau produit. Habituellement, cette catastrophe est imputée à la trop grande importance donnée à l'analyse motivationnelle. Bonsall (un fin connaisseur de l'histoire automobile américaine à qui l'on doit d'autres titres chez le même éditeur) nous montre que les raisons de cet échec ne sont pas aussi simplistes ("c'est la faute au marketing !") et sont, au minimum, multi-factorielles (rivalités internes dans l'entreprise, effondrement du marché du milieu de gamme en 1958, réseau de concessionnaires surdimensionné et inadapté). Le résultat est un ouvrage passionnant à lire pour qui aime l’automobile et comprendre la stratégie des constructeurs, illustré de nombreuses photos inédites (même si leur rendu est perfectible) et que l'on aurait finalement souhaité plus long.
07:17 | 07:17 | Non SF - Automobile/Camion | Non SF - Automobile/Camion | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0)
11/02/2025
_Les opérations de la seconde guerre mondiale en 100 cartes_
Les opérations de la seconde guerre mondiale en 100 cartes : Jean LOPEZ & Nicolas AUBIN & Benoist BIHAN : 2024 : Perrin : ISBN-13 978-2-262-10379-8 : 351 pages (pas d'index, bibliographie à chaque chapitre) : coûte 29.90 Euros pour un grand hc sans jaquette (et avec signet et marque-page) illustré (logique !) de cartes et graphiques en couleur, disponible dans toutes les librairies.
Voici un ouvrage dont le titre dit tout. Il s'agit donc là d'un livre qui constitue une approche de la 2GM par le biais de 100 cartes (et en un peu moins de chapitres) au niveau "opérations" (c'est à dire que cela va de la campagne globale comme Barbarossa à des batailles plus localisées comme Uranus). Pour chaque chapitre, on a bien sûr une (ou plusieurs) cartes et un certain nombre de rubriques formalisées (contexte, chefs, forces en présence, déroulé, pertes...). C'est clairement un ouvrage qui ne peut remplacer le grand nombre de titres plus pointus qui existent sur chacune de ces batailles (parfois par les mêmes auteurs) mais qui offre un survol des points saillants du conflit. À noter qu'il est plutôt léger sur les parties navales (difficile de "rendre" la bataille de Midway en une carte) et aériennes (comment représenter le Big Week ?) de la guerre. C'est finalement un bon résumé pour néophytes ou une base de départ pour approfondir tel ou tel sujet.
07:13 | 07:13 | Non SF - Terrestre & Inter-armes | Non SF - Terrestre & Inter-armes | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0)
10/02/2025
_The Plurality of Imaginary Worlds_
The Plurality of Imaginary Worlds : The Evolution of French Roman Scientifique : Brian STABLEFORD : 2016 (pour l'EO, POD sans date pour cette édition) : Black Coat Press : ISBN-13 978-1-61227-503-1 (la fiche ISFDB du titre) : 671 pages (y compris annexes, index et bibliographie) : coûte 49.95 USD pour un tp illustré en n&b, disponible chez l'éditeur .
"Où était passée la Science Fiction Française avant la guerre ?" C'est la question que se posent les historiens du genre en constatant son éclipse dans notre pays entre Jules Verne (un de ses fondateurs) et l'arrivée de la SF US annoncée par le célèbre article de Boris Vian en 1951. Alors que le genre acquérait un nom et se structurait (avec ses auteurs spécifiques, un public identifié et un système de parutions lui étant destinées) dans les pays anglo-saxons, rien de tel en France. Même si certains (Lehman et ses disciples) ont voulu nous faire croire à une uchronie où la SFF (en tant que mouvement/genre/école/catégorie identifiable) existait vraiment, force est de constater que personne n'en a jamais trouvé de traces convaincantes. Tout ce que l'on a pu exhumer, c'est un certain nombre de concepts qui n'ont jamais vraiment pris et souvent liés à un unique intervenant (Maurice Renard par exemple) : "roman expérimental", "fantaisie scientifique", "merveilleux scientifique", "roman parascientifique" ou "roman scientifique". C'est sous ce dernier label que Stableford a décidé de regrouper la SFF d'avant la 2GM. Profitant de son travail de traducteur infatigable de textes de proto-SF francophone d'avant 1950 tels que parus chez le même éditeur, il a donc entrepris de construire une histoire de l'évolution du "roman scientifique" (lire "de la science fiction") français (francophone).
C'est donc le résultat de cette reconstruction historique qu'il nous livre dans cet ouvrage dense qui va des premiers "voyages imaginaires" ou "contes philosophiques" (encore d'autres termes à rajouter à la liste) de la Renaissance à la collection Les Hypermondes démarrée à l'aube du second conflit mondial. Pour ce faire, Stableford s'est plongé dans une masse de textes (et leur paratexte) parfois difficilement trouvables (car parus uniquement dans des magazines disparus et consultables seulement via la BNF), un travail acharné et remarquable (sur lequel certains "historiens" du genre pourraient prendre exemple). Après une indispensable introduction sur les questions de terminologie et de taxonomie, l'ouvrage est organisé de façon classique par ordre chronologique en six grands chapitres eux-mêmes subdivisés en plusieurs parties. Le tout est illustré de vignettes des couvertures des livres évoqués. On notera la présence d'un chronologie des textes, d'une bibliographie (avec la plupart des textes de référence existants en VF) et d'un index. On a aussi (publicité gratuite) une liste des textes référencés publiés par le même éditeur.
Indépendamment du travail de fourmi mené par Stableford qu'il faut admirer, la question est : "Est-il crédible dans sa tentative de découvrir l'existence en France d'un genre/mouvement/école qui se serait appelé le Roman Scientifique ?". En ce qui me concerne, j'avoue n'être toujours pas convaincu. Ce que nous livre Stableford est certes un vaste (+ de 300) catalogue de textes de SF/proto-SF, mais leur inscription dans un genre à l'existence documentée et continue n'est pas, à mon avis, clairement établie. En gros, je trouve que Stableford plaque sur un ensemble de textes identifiés une continuité, une démarche qui n'est pas attestée par la réalité et qui fait que le "Roman Scientifique" de son sous-titre reste, AMHA, une pure construction intellectuelle à postériori. Pour filer la métaphore mathématique, un ensemble de titres discrets ne peut pas vraiment constituer un continuum.
Malgré tout, le livre est une mine d'information et de pistes à explorer. Il est aussi fascinant de voir combien de thèmes et d'idées de la SF anglo-saxonne peuvent être reliés à des textes français (mais il s'ait là plus d'évolution parallèle que de plagiat). On pourrait presque le voir comme un Versins (c'est assez long à lire, 600 pages serrées) mais en nettement plus détaillé (au niveau des intrigues mais aussi du contexte littéraire ou éditorial des œuvres) et en pratique beaucoup plus facile et agréable à lire qu'une encyclopédie. C'est donc une réussite et un ouvrage indispensable pour qui veut se pencher sur la proto-SF française ou qui voudrait se lancer dans la lecture de cette masse de textes dont la plupart sont probablement illisibles de nos jours.
Note GHOR : 3 étoiles (pas forcément pour la thèse centrale)
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