19/10/2009
_The dreams our stuff is made of : How science fiction conquered the world_
The dreams our stuff is made of : How science fiction conquered the world : Thomas M. DISCH : 2000 : Touchstone : ISBN-10 0-684-85978-5 : 256 pages (y compris index) : coûte 13 USD pour un petit TP, cette édition étant la reprise d'un HC paru en 1998 chez Simon & Schuster.
Cet ouvrage, qui a obtenu le Hugo du "best-related book" en 1999, est un recueil d'essais de Thomas Disch. Celui-ci est un auteur peu prolifique et pourtant réputé qui est aussi, comme Delany (un de ses admirateurs), l'une des rares personnes à l'époque a être à dans les deux camps opposés de la création et de la critique. Ce livre explore principalement l'idée que la SF est un genre tellement adapté à l'esprit américain qu'elle est devenue centrale dans le culture populaire des USA. Du coup, la SF exerce une influence importante sur le monde dans lequel vivent les Américains (et nous par ricochet).
Divisé en une dizaine de long chapitres, ce livre se lit plus comme une succession de textes (qui semblent pourtant être inédits) que comme un tout unifié même si une certaine progression chronologique peut se dessiner. Au fil des pages Disch disserte sur plusieurs sujets, parfois historiques (Poe comme premier auteur de SF, la peur de la bombe, la conquête spatiale), parfois sociétaux (le féminisme, les relations raciales, le militarisme) ou plus proches de l'histoire du genre (les "fringe cults", la Scientologie, le Cyberpunk, Star Trek). Chaque fois il relie ces sujets avec la SF souvent en montrant quelles ont été les interactions réciproques entre eux, la SF influençant la société et les évolutions de cette dernière générant d'autres oeuvres du genre.
Il est important de signaler que cet ouvrage est de ceux qui ne laissent pas indifférent. A la fois plébiscité par une partie de la communauté (cf. le Hugo qu'il a reçu) il a été aussi voué aux gémonies par d'autres acteurs du genre tout aussi légitimes (cf. la critique assassine de Freedman dans SFS). En effet, tout au long de l'ouvrage, Disch tire à boulets rouges sur tout ce qui se présente et qui lui déplait. Tout y passe, des Américains eux-mêmes (une nation de menteurs) aux icônes de la SF (Poe, Heinlein, Le Guin, Campbell, Norman) en passant par les gourous (Hubbard, les initiateurs de la SDI, les théoriciennes du féminisme appliqué à la SF) et plus généralement tout ce qui Disch perçoit comme étant "Politicaly Correct". C'est souvent féroce et parfois assez hilarant avec un humour style "mauvais garçon" qui, grâce à l'intelligence de Disch et à sa connaissance de la SF et de son milieu, est d'autant plus ravageur parce que venant d'un pratiquant reconnu du genre.
Je me suis donc beaucoup amusé en lisant ce livre, mais la posture parfois caricaturale prise par Disch ne doit pas faire négliger des idées et des analyses souvent pertinentes même si elles sont parfois à contre-courant. Cet ouvrage va plus loin que le simple pamphlet qu'il affecte d'être et je crois que la chasse aux vaches sacrées est une activité salutaire qui devrait être menée plus souvent. Malgré tout, j'aurais quand même aimé un peu plus de rigueur dans la construction qui donne parfois l'impression d'un ouvrage sans plan très précis. Au final une expérience salutaire qui nécessite toutefois un bonne connaissance du genre pour pouvoir être appréciée tant Disch explore de recoins méconnus.
Note GHOR : 3 étoiles
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