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30/12/2011

_Sciences & Science Fiction_

Sciences & Science Fiction : Divers auteurs : 2010 : Editions de la Martinière/Universcience éditions : ISBN-13 978-2-7324-4142-9 : 234 pages (y compris bibliographie) : coûtait 29.90 Euros pour un TP format carré largement illustré en couleur.

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Cet ouvrage est en fait le catalogue de l'exposition "Science et Fiction, aventures croisés" qui s'est tenue en 2010-2011 à la Cité des sciences et de l'industrie. Le thème de ce grand raout étant de mettre en lumière les rapports étroits qu'entretiennent la SF et les sciences et, par la même occasion (comme le justifie la préface), de présenter le genre sous un aspect plus flatteur que celui de sous-littérature. Une stratégie de légitimation par la culture dominante que l'on voit de plus en plus à l'oeuvre (cf. les tentatives de la BNF qui se positionne sur ce créneau).

Les chronolithes (Folio 2008).jpg

Ce livre est donc découpé en une multitude de courts essais d'une dizaine de pages ou moins qui, vu l'iconographie abondante, ne doivent pas compter plus de la moitié de texte. Venant après une succession de préfaces et autres introductions, ces essais se répartissent en trois thèmes principaux : "L'espace-temps", "L'Homme" et "Les machines". Ils sont de plusieurs sortes : articles de vulgarisation (le laser, la propulsion spatiale), textes de portée générale (histoire du genre, villes du futur) ou se focalisant sur des aspects précis (les capitaines de l'espace dans la BD britannique, les langues dans la SF). Le livre se termine par diverses annexes : chronologie, bibliographie (VF, VO & Web), présentation des auteurs, crédits.

Le piège diabolique.jpg

Il est indéniable que ce livre est agréable à feuilleter à cause de son iconographie très abondante (au minimum une illustration couleur par page) et de qualité (grâce à une reproduction maîtrisée). De plus, l'originalité de certains choix permet d'admirer des travaux peu connus (comme les couvertures de magazines britanniques des années 60), même si une partie de l'ensemble a souvent été vue (en particulier les images tirées de films). Le texte en lui-même est beaucoup plus classique (avec très peu d'erreurs factuelles) et n'apportera guère d'informations à qui connaît un tant soit peu le genre.

Nebula 19.jpg

En fait, c'est plus le manque d'unité qui peut être gênant. Tout d'abord, la cohabitation entre les disciplines (sérieuses) de la prospective et de la vulgarisation et la Science-Fiction (pas sérieuse) a toujours été un art délicat et les changements de ton entre des essais consécutifs sont parfois brutaux, sans parler des perspectives différentes. Ensuite, certains sujets auraient, à mon avis, pu être éliminés, soit parce qu'ils sont trop pointus (par exemple l'article de F. Valéry) ou parce qu'ils sont du domaine du marronnier ou de la caricature (comme celui sur les soucoupes volantes). Cette hétérogénéité est sans doute du à un cercle de collaborateurs plutôt restreint et que l'on retrouve dans la plupart des projets de ce type. Au final un joli livre à feuilleter mais qui ne fera guère date et que l'on pourra aisément oublier une fois l'exposition qui lui sert de support terminée.

français,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile 

28/12/2011

_Anthopology 101_

Anthopology 101 : Reflections, inspections and dissections of SF anthologies : Bud Webster : 2010 : The Merry Blacksmith Press : ISBN-13 978-14535-003-2 : 328 pages (y compris index) : coûte 20 USD pour un TP non illustré, probablement disponible chez l'éditeur (www.merryblacksmith.com). 

Anthopology 101.jpg

 Malgré le fait que les anthologies (qu'elles soient originales ou constituées de reprises) constituent un des éléments centraux du genre, leur étude a toujours été un domaine relativement peu exploré. En effet, il existe très peu d'outils bibliographiques spécifiques (si l'on excepte le désastreux Science fiction story index 1950-1968 de Siemon) et encore moins d'analyses critiques et historiques de leur contenu. C'est donc ce manque que Bud Webster (auteur d'un petit nombre de nouvelles parues principalement dans Analog) a entrepris de combler dans cet ouvrage.

3 from out there (Fawcett 1959).jpg

Pour ce faire, il a donc rassemblé dans ce recueil une partie des chroniques de sa série "Anthopology 101" parues initialement dans le SFWA Bulletin (l'organe de la principale association d'auteurs de SF&F). Composé d'une vingtaine de ces essais d'une dizaine de pages chacun (sauf celui sur Conklin qui est nettement plus long), cet ouvrage suit un canevas relativement standardisé. Pour chaque thème choisi, qu'il soit une série d'anthologies (les Star de Pohl), un anthologiste (Harrison ou Moskowitz), un éditeur (Ace), l'auteur nous explique la genèse des livres étudiés, les situe dans le contexte SF et culturel de l'époque, en détaille le contenu et en donne une évaluation critique. Une liste de titres "de base" et un index clôturent le recueil.

Star 1 (Ballantine 1972).jpg

En s'attaquant à un sujet aussi peu défriché, l'auteur fait oeuvre de pionnier. Pourtant la place importante des anthologies comme points d'entrée dans le genre n'est plus à démontrer (on pensera à l'influence majeure de la GASF en France). C'est donc à l'analyse d'un facteur majeur de l'histoire de la SF que nous convie Webster. Son discours est d'autant plus intéressant qu'il est appuyé par des recherches poussées (souvent auprès des anthologistes eux-mêmes) dont les résultats sont parfaitement restituées et clairement placés dans le contexte historique.

anglais,2 étoiles

D'une lecture agréable, d'une grande érudition et parfois très riche en détails inédits, on pourra quand même reprocher à cet ouvrage un certain nombre de points gênants. Tout d'abord, la structure de parution initiale des essais (sous forme d'une rubrique régulière dans un magazine) fait qu'il arrive que l'auteur se répète souvent d'un texte à l'autre (comme quand il nous raconte sa découverte de ses premières anthologies SF dans les rayons d'une bibliothèque). Ensuite, l'abus de notes humoristiques de bas de page et le ton parfois un peu trop léger peuvent parfois irriter. Quoi qu'il en soit, ce recueil est un premier pas (même si Ashley le recoupe un peu dans ses derniers volumes consacrés aux magazines) dans l'exploration d'un pan de l'histoire du genre resté encore peu étudié. A ce titre, il appelle d'autres travaux peut-être plus construits.

anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

27/12/2011

_Science Fiction from Wells to Heinlein_

Science Fiction from Wells to Heinlein : Léon  STOVER : 2002 : McFarland : ISBN-10 0-7864-1219-4 : ix+190 pages (+ cahier central en couleur non paginé) : coûtait 45 USD pour un HC illustré en N&B et couleur.

Science fiction from Wells to Heinlein.jpg

Sous la plume de Léon Stover (universitaire et auteur d'autres ouvrages de référence sur, entre autres, Heinlein ou Harrison), ce livre fait partie de la vaste catégorie des ouvrages ayant vocation à présenter la Science-Fiction dans ses grandes lignes. De part son éditeur et son prix assez élevé, il s'agit ici d'un titre plutôt à destination d'une clientèle institutionnelle (bibliothèques) ou éducative (universités) que d'un ouvrage destiné aux particuliers.

anglais,1 étoile

Comme l'annonce bien le titre, l'histoire de la SF telle que racontée par l'auteur est donc partielle puisque couvrant en gros le siècle 1850-1950. Après une courte préface, Stover utilise une stratégie de présentation "mixte" en divisant son ouvrage en deux parties distinctes, séparées par un cahier central d'illustrations en couleur sur papier glacé. La première partie, qui est aussi la plus longue, suit un déroulé chronologique en cinq chapitres qui se concentrent pour les derniers sur des auteurs précis (Verne & Wells, Campbell, Heinlein). La deuxième développe une approche thématique (astronautique, robots, catastrophe, etc.). Quelques courts appendices, une bibliographie et un index clôturent donc ce livre qui est de plus richement illustré (plus d'une centaine d'images d'une taille respectable).

anglais,1 étoile

Sur le fond, il n'y a pas grand chose à dire sur cet ouvrage dont la thèse de base est "la SF c'était mieux avant", un paradoxe pour un genre tourné vers le futur que Stover peine largement à exposer et à justifier.  Le discours est très convenu avec des personnages clés portés aux nues (Wells, Campbell et Heinlein), chose d'autant moins peu surprenante du fait que Stover ait déjà écrit abondamment sur eux. On y retrouve aussi l'habituel discours sur la proto-SF et une classique méconnaissance de tout ce qui n'est pas anglo-saxon (hormis Verne). Pour un ouvrage paru au XXIème siècle et au vu de l'état de la réflection sur le genre, de telles impasses tant temporelles que géographiques sont regrettables.

anglais,1 étoile

On pourra tout de même sauver de cet ouvrage une iconographie de qualité, même si, à ces niveaux de prix, on aurait pu attendre de Stover qu'il choisisse de reproduire des couvertures d'exemplaires en bon état (sans les habituels gros tampons de bouquinistes) et qu'il porte un peu plus d'attention aux légendes comme dès la page 2 ce dessin soit-disant issu d'un "Métal Hurland" datant des années 60 (sic). Au final un livre pas forcément désagréable à parcourir mais que son argumentaire passéiste et son étroitesse de vue disqualifient comme présentation du genre ou de son histoire.

anglais,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile