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01/10/2008

_What it is we do when we read science fiction_

What it is we do when we read science fiction : Paul KINCAID : Beccon Publications : 2008 : ill photo : ISBN-13 978-1-870824-54-5 : 365 pages (y compris index & biblio) : 15 £ soit une grosse vingtaine d'Euros + le port chez www.beccon.org pour un TP.

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Cet ouvrage est un recueil d'essais de Paul Kincaid, un des "hommes à tout faire" de la SF britannique. En effet, Paul Kincaid oeuvre pour la SF depuis des années en diverses capacités. Il est généralement associé à la BSFA (British Science Fiction Association) et à la SFRA (SF Research Association). Sous sa plume et l'égide de la première de ces associations, il a déjà rédigé plusieurs ouvrages.

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Les essais contenus dans ce livre sont pour la plus grande partie des reprises de diverses sources, essentiellement les magazines de la BSFA : Vector (le principal organe de celle-ci) et Paperback Inferno (un magazine disparu qui se concentrait sur les critiques de livres SF), mais certains sont inédits.

Ce receuil contient une quarantaine d'essais répartis en 7 chapitres et plusieurs annexes (notes -sur certains textes seulement-, sources de parution des essais, bibliographie et index).

Les sept chapitres sont les suivants :

1)  THEORY : deux essais, le premier sur la pratique de lecture propre à la SF (on retrouve ici les théories de Disch sur les protocoles de lecture de la SF, popularisées en VF par Langlet) et le second sur l'histoire du genre et ses débuts.

2) PRACTICE : cette partie groupe des critiques approfondies d'ouvrages en appliquant plus ou moins ces théories à divers livres dont deux anthologies de Hartwell tentant de baliser la Hard Science et une flopée de "year's best" (ceux de 2000).

3) CHRISTOPHER PRIEST : comme son nom l'indique, 4 textes sur Priest dont l'oeuvre est, entre autres, abordée sous l'angle de l'insularité et donc très proche de Ruddick qui a justement écrit sur ces deux sujets et sous celui de l'image des doubles (ou des jumeaux) particulièrement dans The separation.

Ultimate island.jpg
 


4) BRITAIN ... : qui retourne aux spécificités de la SF britannique avec encore le thème de l'île et qui, pour ce faire, se penche plus particulièrement sur Keith Roberts en se focalisant sur Les furies et l'influence du paysage dans son oeuvre), Holdstock, Evans et Clute dans son (rare) rôle d'écrivain avec une critique d'Appleseed.

5) ... AND THE WORLD : rassemble des essais divers sur la SF non-britannique (Haldeman, Borges, Turner)

6) GENE WOLFE : de nouveau un focus sur un auteur précis, à mettre en parallèle avec le recueil critique de Wright Attending Daedalus, ouvrage qui est d'ailleurs discuté dans un des textes.

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7) 1 APRIL 1984 : la critique d'un livre de Nunez, ce chapitre étant soit une blague que je n'ai pas saisie, soit l'expression d'un coup de coeur.

 

Ce type d'ouvrage est toujours d'une appréciation globale assez difficile. En effet, suivant sa connaissance plus ou moins pointue des sujets abordés, on peut être plus ou moins intéréssé et/ou compétent. Par exemple, j'ai du mal avec Wolfe (sans doute des livres trop difficiles pour moi), du coup j'ai, par exemple, plutôt survolé le chapitre 6 et ne suis pas forcément le mieux placé pour en parler.

D'un autre côté, ce genre de receuil 'tous azimut' est toujours l'occasion d'apprendre quelque chose et reste plaisant à lire (à petites doses). En plus, Kincaid est une des pointures de la SF britannique et n'hésite pas à mouiller le maillot en se frottant parfois d'une façon assez critiques à certaines icônes (Clute ou Aldiss) et à leurs réflexions sur le genre.

La plume est donc parfois acérée, toujours alerte, même si certains sujets, (par exemple l'essai sur "Turner vs. Lem") necessitent une connaissance assez approfondie de la petite histoire des discussions théoriques sur la SF.

Je retiendrais de cet ouvrage le retour sur Roberts (même s'il y a doublon avec l'ouvrage de Kincaid sur cet auteur), une lecture de la SF britannique (y compris un excellent article synthétique sur le trop rarement étudié Christopher Evans) et un certain nombre de critiques de livres bien fichues avec notamment une discussion sur la Hard-SF pas piquée des hannetons.

Le reste est de toute façon d'un bon niveau mais porte parfois, comme je l'ai dit, sur des sujets qui ne me passionnent pas, d'où un manque d'opinion étayée de ma part.

Pour ceux qui ne possèdent pas la collection complète des périodiques sur la SF, c'est en tout cas un livre à posséder. Et puis, il faut soutenir le travail de Beccon, la maison d'édition de Roger Robinson dont le travail infatigable dans le domaine de l'ouvrage de référence est plus que méritant.

Note GHOR : 2 étoiles

 

05/09/2008

_The Richard Matheson companion_

The Richard Matheson companion: Stanley WIATER, Matthew R. BRADLEY & Paul STUVE : Gauntlet Publications : 2008 : ill Harry O. Morris: ISBN-13 978-1-88736-896-4 : 569 pages (y compris biblio) : 38 Euros 98 port compris pour un HC avec jaquette.

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Cet ouvrage, édité par Gauntlet Publications (une firme qui est LA spécialiste des rééditions de Matheson en version "luxe"), est ce que nos amis anglo-saxons appellent un companion, c'est à dire un volume hommage à un auteur ou à une oeuvre. C'est une façon de célébrer un auteur respecté ou d'offrir à des fans un peu de matériau annexe.

Il est structuré en quatre parties :

- un recueil de souvenirs, d'hommages et autres préfaces par la famille de l'auteur ou le gratin de l'horreur (Koontz, Ellison, Lumley...), fait de pièces généralement assez courtes (une ou deux pages et ne dépassant jamais la quinzaine) et souvent écrites du point de vue de l'émotionnel plutôt que de l'analytique.

- un court cahier photographique en N&B présentant plusieurs clichés de l'auteur et les couvertures de ses principaux livres.

- un court roman inédit (130 pages) de jeunesse de Matheson (écrit entre quatorze et seize ans) : The years stood still, que je n'ai pas lu (je ne suis pas sûr qu'il s'agisse de SF).

- une bibliographie découpée en nombreux chapitres : livres, nouvelles, films, pièces etc... Par choix délibéré, elle est incomplète puisqu'elle se restreint par exemple pour les livres aux seules premières éditions (en n'oubliant toutefois pas, comme par hasard, les éditions limitées de Gauntlet). En ce qui concerne les nouvelles, elle ne donne qu'une partie des parutions, partie choisie sur des critères non-explicités dans le livre.

Par essence, ce type d'ouvrage n'a donc absolument pas de vocation critique puisqu'il a plus pour but une réminiscence positive de l'auteur qu'une analyse fouillée de son oeuvre. Du coup, le ton des articles est très proche de celui des eulogies comme on peut en lire à chaque mort d'auteur connu dans les pages de LOCUS (même si Matheson n'est pas mort). Les textes mêlent souvenirs persos (toute la famille de Matheson prend la plume et y va de son couplet) et panygériques des oeuvres de Matheson. On remarquera une concentration très (trop) importante sur I am legend & The shrinking man, à croire que Matheson n'a écrit que ces deux romans ou que le lecteur ne le connait qu'au travers des films tirés de son oeuvre.

Comme très souvent avec ce type de livre, toute cette emphase rend la lecture de la première partie assez pénible. En effet, à la dixième lecture de l'affirmation du fait que Matheson est un génie, sans que l'on tente de nous montrer pourquoi, on a parfois envie de tout laisser tomber.

Seules les parties relatives à sa carrière de scénariste apportent un certain plus et une certaine vigueur aux récits, malgré des redites d'un texte sur l'autre.

La partie bibliographique, de part ses critères d'inclusion arbitraires, est proche de l'inutile pour l'amateur de SF écrite même si elle est la seule disponible à ce jour (il en existe une dans Le livre d'or). Elle sera plus intéressante car visiblement plus exhaustive, pour les lecteurs interessé par les adaptations/créations de Matheson au cinéma ou à la télévision.

Le livre d'or de Richard Matheson (PP 1981).jpg

A tout cela se rajoute, en ce qui me concerne, le fait que la partie de l'oeuvre de Matheson qui m'intéresse potentiellement, à savoir ses textes de pure SF, est complètement passée sous silence à l'exception des deux romans principaux qui sont certes longuement évoqués mais pas du tout discutés. L'expression "science fiction" est d'ailleurs une des grandes absentes de l'ouvrage puisque Matheson est généralement présenté comme auteur de "fantasy".

C'est donc un livre "feel-good" mais qui se trouve être d'une superficialité assez surprenante pour un ouvrage à 50 USD. Il est clair que l'éditeur cible les lecteurs riches et déjà conquis par l'auteur et non à ceux qui chercheraient à le découvrir ou à l'approfondir.

Note GHOR : 1 étoile

15/07/2008

_Modern science fiction and the american literary community_

Modern science fiction and the american literary community : Frederick Andrew LERNER (USA, 1945 -) : The Scarecrow Press : 1985 : pas d'illustration (il se peut que ce livre ait normalement une jaquette ) : ISBN-10  0-8108-1794-2 : 325 pages (y compris index et énorme bibliographie de 150 pages) : une petite vingtaine d'Euros port compris pour un HC d'occase.

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Cet ouvrage a pour objectif de retracer l'histoire de la réception de la SF (anglo-saxonne) par la communauté littéraire américaine. Par communauté littéraire américaine, Lerner entend plusieurs acteurs différents :
- les critiques et chroniqueurs de livres qui écivent pour des magazines ou des journaux ne faisant pas partie du genre (quotidiens, suppléments littéraires, magazines littéraires)
- les chercheurs et le milieu universitaire, vus sous le prisme de leurs publications
- le milieu enseignant (niveau primaire ou secondaire) à la fois dans leurs pratiques d'enseignement de la SF et dans le corpus des textes enseignés ou conseillés via leurs propres journaux
- les bibliothécaires principalement au travers de leur importante (aux USA) presse professionnelle
- les professionnels de la futurologie ou de la recherche appliquée.

Le pianiste déchaîné (LDP 1977).jpg

Organisé en une dizaine de chapitres, ce livre s'ouvre par le rituel exercice de la définition de la SF, une formalité expédiée sans aucune originalité.
Suivent cinq chapitres (un par "âge" de la SF Moderne) qui détaillent et contextualisent toutes les critiques ou chroniques d'ouvrages de SF dans des publications hors du genre (e.g. un article sur Slaughterhouse five dans The new republic).
Le chapitre 7 : "Science fiction and the scholars" trace à la fois les mentions de la SF dans le monde de l'académie mais aussi les ouvrages de référence existant à l'époque et le processus de constitution de réseaux de réflexion sur la SF (SFRA, SF Fondation...).
Le chaptre 8 : "Science fiction in the classroom" décrit à la fois l'émergence de cours sur la SF ainsi que l'évolution des lectures recommandées par les enseignants.
Le chapitre 9 : "Science fiction in the library" montre comment la SF a fini par entrer dans les bibliothèques, à la faveur d'un changement de format (apparition de HC de SF, seul type de livre toléré en bibliothèque) et en profitant de la quête de clients lancée par ces dernières.
"Science fiction in the laboratory" (chapitre 10) liste les interactions entre SF et futurologues, généralement peu fructueuses, chacune des parties tentant de garder ses prérogatives.
Une courte conclusion au titre ironique "The descent into respectability" (en écho à la fameuse phrase écrite par Dena Benatan -Brown à l'époque-) termine le livre en récapitulant le chemin parcouru depuis le ghetto des pulps.

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On pourra reprocher à certains chapitres (les premiers) de ce livre un aspect énumératif de lieux de parution et de citations qui rendent la lecture parfois un peu rébarbative. C'est toutefois un recensement unique (à ma connaissance) qui permet de mesurer réellement quel était l'image de la SF dans le monde des lettres américain. Ceci permet par exemple de tordre le cou au fantasme de la littérature maudite puisque l'on voit que, à ses débuts (jusqu'à aprés la 2GM), la SF était tout simplement ignorée du reste de la communauté littéraire ou que, par la suite, la réception était généralement plutôt favorable, grâce à certains intellectuels favorables au genre (K. Amis pour n'en citer qu'un). De plus, Lerner donnant l'intégralité de ses sources, la mise en doute de ses conclusions devient assez difficile.

J'ai trouvé les chapitres sur le monde de l'académie et de l'enseignement particulièrement intéressants tant dans un aspect historique "interne" que dans certains livres cités que je vais tenter de me procurer. Les lecteurs de nos jours pourront aussi être génés par le fait que le livre est tout entier rédigé en police "courrier" (avec titres soulignés), comme sorti directement d'une machine à écrire. Il est aussi probable que les lecteurs francophones regretteront l'absence d'un ouvrage similaire sur la réception du genre dans la sphère littéraire traditionnelle.

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En tout cas, c'est un sujet original pour l'époque (et encore actuellement) qui permet de sortir du cadre de la SF, un ouvrage d'une méthodologie indiscutable soutenue par une quantité de recherche impressionnante (peut-être même trop envahissante) et qui a la mérite de remettre en place certaines idées reçues.

Note GHOR : 3 étoiles

13/07/2008

_H. Beam Piper : A biography_

H. Beam Piper : A biography : John F. CARR : McFarland : 2008 : ISBN-13  978-0-7864-3375 : 250 pages (y compris annexes, index et biblio) : une grosse vigntaine d'Euros port compris pour un HC sans jaquette.

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H. Beam Piper est un auteur maintenant presque complètement oublié. Peu traduit dans notre pays : 4 romans, tous indisponibles depuis longtemps et une demi-douzaine de nouvelles, il n'est guère plus connu outre-atlantique, où sa période de visibilité maximale a été le début des années 60 (de son vivant quand il écrivait surtout pour Astounding/Analog) et lors du boom des paperback années 80 où sont sortis des receuils (Empire, Federation) et des sequels autorisées à certaines de ses séries (Paratime, Fuzzy).

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Cet ouvrage est donc une biographie de l'auteur, de sa naissance en 1904 jusqu'à son suicide en 1964. Il est organisé en court chapitres qui s'appuient essantiellement sur la volumineuse correspondance de l'auteur et son journal intime. C'est un portrait plutôt tragique, d'un conteur né qui a mis plus de 40 ans à être publié, d'un homme solitaire (la plupart du temps) et en proie à d'insolubles problèmes financiers, tentant de combiner un travail de gardien de nuit et une carrière d'écrivain. Un perfectionniste qui ré-écrivait un nombre incalculable de fois ses textes. Un être humain qui devait, au final, être plutôt malheureux.

Space viking (TF 1982).jpg

Quand on fait le parallèle avec la vie Tiptree/Sheldon (qui se termine de la même façon), on mesure bien là toute la différence entre une fille de la haute bourgeoisie et un prolétaire, ce qui montre bien que le talent est certes important (ils en avaient AMHA tous les deux) mais que le milieu social fait une énorme difference, même pour une carrière d'écrivain. Le récit est suivi par plusieurs annexes (dont deux articles sur la THFH repris de divers supports) et une bibliographie assez sommaire (incomplète pour la VF).

Tinounours sapiens (Le Masque 1978).jpg

Cette plongée dans l'univers d'un écrivain poussé au suicide par ses ennuis financiers et sa solitude est parfois un peu flippante mais reste tout le temps intéressante. Piper est un cas d'école, un de ces écrivains de SF talentueux mais viticmes d'un marché trop étroit pour pouvoir en vivre, un homme qui faisait rêver des milliers de lecteurs tout en vivant dans une misère presque noire. C'est un d'ailleurs un document essentiel pour comprendre les conditions de 'fabrication' de la SF et les mécanismes économiques en jeu.

Paratime (Ace 1983).jpg

Techniquement, on pourra reprocher à cet ouvrage un certain nombre de coquilles (phrases en double) et des répétitions dans le corps du texte où des anecdotes apparaissent plusieurs fois, ainsi qu'une biblio "non-standard" et parfois peu pratique à utiliser (manque d'un index, receuils non cités). On pourra aussi regretter une absence quasi-totale de réflexion sur les textes de Piper eux-mêmes (on sait à peine de quoi ils parlent si on ne les connaît pas) qui ne sont que très rarement placés dans le contexte SF global ni dans celui des préoccupations et sources d'inspiration de l'auteur. Mais il faut se souvenir que ce livre est une biographie et non une analyse de l'oeuvre de l'auteur, d'où très probablement ce parti-pris.

Un livre au final attachant (malgré un personnage qui en ressort parfois comme assez peu sympathique) et surtout un hommage mérité à un auteur important, un travail bien mené et à soutenir.

Uller uprising (Ace 1983).jpg

Note GHOR : 3 étoiles