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21/09/2010

_Rumors of war and infernal machines_

Rumors of war and infernal machines : Technomilitary agenda-setting in american and british speculative fiction : Charles E. GANNON : 2003 : Liverpool University Press (collection "Science fiction texts and studies" #28) : ISBN-10 0-85323-708-5 : viii+311 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait 20 GBP pour un TP (existe aussi en HC, -698-4).

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Cet ouvrage au titre à rallonge a été écrit par Charles E. Gannon, un professeur d'anglais, actif dans le monde du RPG et auteur de SF (on lui doit au moins une nouvelle dans Analog). Il s'agit d'une étude sur les rapports parfois étroits qui unissent la perception politique de la guerre et les scénarios imaginaires de conflits futurs que la SF (et d'autres genres comme le techno-thriller) contribuent à populariser depuis l'époque Victorienne.

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Divisé en dix chapitres, ce livre suit une structure à peu près chronologique. Il commence par explorer les premiers récits de guerres futures produits par les britanniques (notamment le connu The battle of Dorking) et évoque assez longuement les textes prophétiques de Wells qui traitent du sujet comme son intuition de l'apparition du tank. On bascule ensuite de l'autre côté de l'Atlantique avec les Heinlein ou Anderson des années 50 avant de s'intéresser spécifiquement à la bombe atomique et de terminer sur les technologies guerrières de demain (drones, fantassins connectés, etc.). Une bibliographie (mêlant fiction et non-fiction) et un index terminent l'ouvrage

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La première chose qui frappe dans ce livre est qu'il est dans la droite ligne des travaux d'I. F. Clarke (sur la proto-SF militariste) et surtout de H. Bruce Franklin (War stars) pour son décorticage du pilotage par le complexe militaro-industriel de l'influence de l'imagerie ou des notions popularisées par le genre sur l'opinion publique. D'ailleurs une image parlante de lien entre SF et armement est un document de Northrop qui compare la taille du B-2 et celle de l'Enterprise. Du coup, on y recroise donc les mêmes acteurs, soit qu'ils aient contribué à "faire" la SF militariste (Heinlein) soit qu'ils aient eu des attaches dans les deux camps (Pournelle, Bova).

Janissaries (Orbit 1987).jpg

Le pur amateur de SF pourra trouver que l'on s'éloigne parfois du genre (avec par exemple une bonne dose de Clancy) dans un ouvrage parue dans une collection de textes sur la SF, mais c'est une chose relativement inévitable avec une telle étude mutlidisciplinaire. Globalement un livre assez intéressant même s'il parfois moins incisif que celui de Franklin et qui demande quand même une certaine familiarité avec les technologies militaires.

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Note GHOR : 2 étoiles

20/09/2010

_Les romans de Philip K. Dick_

Les romans de Philip K. Dick : Kim Stanley ROBINSON : 2005 : Les Moutons Electriques : ISBN-10 2-915793-05-0 : 255 pages (y compris index) : coûte 15 Euros pour un TP non illustré, peut-être disponible en neuf.

Les romans de Philip K Dick.jpg

Il était inévitable que cet ouvrage soit un jour traduit en français. Ecrit par Kim Stanley Robinson (qui est perçu chez nous comme le principal auteur de Hard Science) et traitant de Philip K. Dick (le favori de toujours des amateurs francophones), cette combinaison de facteurs était irrésistible. Cet ouvrage est donc basé sur la thèse de KSR et correspond à la traduction d'un ouvrage assez rare qui date de 1984 (The novels of Philip K. Dick chez Umi Research Press). Son principe est de faire une analyse complète de l'ensemble de la production romanesque de PKD.

Substance mort (Denoel 1978).jpg

Après une introduction de Patrice Duvic, ce livre se déroule suivant un schéma assez clairement chronologique. Il est divisé en neuf chapitres d'une vingtaine de pages chacun et qui "découpent" l'oeuvre de Dick en autant de périodes allant des oeuvres "mainstream" de ses débuts (qui ont d'ailleurs été publiées posthumément) à celles "mystiques" de la fin (Siva, L'invasion divine, etc.). L'étude de chaque roman est menée avec l'aide des brouillons de l'auteur et s'appuie aussi sur d'autres analyses (celle de Suvin par exemple). Une postface du traducteur (Laurent Queyssi) et un index clôturent cet ouvrage qui ne propose pas de bibliographie.

Le guérisseur de cathédrales (PP 1980).jpg

Une des grandes forces de ce livre est d'être presque uniquement concentré sur le texte de PKD. A la différence d'autres ouvrages sur l'auteur où la partie biographique et tout le folklore qui tourne autour de lui sont des éléments centraux largement développés, ces divers aspects de la vie de l'auteur ne sont pas considérés par Robinson comme pertinents pour une analyse littéraire. On échappe ainsi à tous les poncifs et autres anecdotes (le FBI, la soeur, les drogues, etc.) qui encombrent généralement les réflexions sur l'auteur. Cela permet un salutaire retour sur le matériau primaire.

Le bal des schizos (Lattès 1979).jpg

A cette grande focalisation sur le matériau primaire s'ajoute bien sûr l'importante quantité de travail fournie par Robinson. Il a en effet rassemblé de nombreuses informations souvent inédites (à l'époque de parution VO de ce titre), notamment celles tirées des documents de travail de Dick conservés à l'Université de Californie. Avec en plus un prix attractif (chose rare chez cet éditeur), cet ouvrage est une vraie réussite à qui la seule chose que l'on pourra reprocher est d'avoir (délibérément) laissé de côté les textes courts de Dick malgré l'intérêt qu'offrent certains d'entre eux, y compris pour "expliquer" certains romans.

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Note GHOR : 3 étoiles

17/09/2010

_Roger Zelazny_

Roger Zelazny : Carl B. YOKE : 1979 : Starmont (série Reader's guide #2) : ISBN-10 0-916732-04-5 : 111 pages (y compris bibliographies et index) : coûtait 4USD pour TP peu facilement trouvable en occase.

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Ecrit par Carl B. Yoke, un des experts américains sur Zelazny (on lui doit un autre texte sur l'auteur dans Critical Encounters II) cet ouvrage (inhabituellement long) fait partie de la série de monographies d'auteurs de SF initialement publiées par Starmont. Il est consacré à Roger Zelazny, un des auteurs américains réputés comme étant un des stylistes du genre et dont la série la plus connue est bien entendu celle d'Ambre (dix romans de sa main et d'autres par Betancourt en plus d'un jeu ou de livres d'illustrations).

Les 9 princes d'Ambre (Denoel 1974).jpg

Ce livre est divisé en 9 courts chapitres situés après un chronologie de la carrière de l'auteur. Le premier donne, comme d'habitude chez Starmont, des éléments biographiques et présente les principales caractéristiques de l'oeuvre de Zelazny (thèmes, personnages, intrigues, etc.). Les suivants traitent successivement des divers romans nouvelles ou cycles dans ordre à peu près chronologique. Cela commence par A rose for Ecclesiastes et se termine par Ambre en passant par certains textes spécifiques (Home is the Hangman ou The doors of his face, the lamps of his mouth). Un dernier chapitre fourre-tout aborde les nouvelles éparses. Diverses annexes sont fournies : bibliographie primaire sélectionnée (= partielle) commentée, courte (10 items) bibliographie secondaire annotée et index.

Une rose pour l'ecclésiaste (JL 1980).jpg

Pour une fois, l'ouvrage est plutôt dense pour un titre de chez Starmont avec un nombre de pages assez élevé et une police de caractère assez petite. Cela permet à Yoke, qui maîtrise visiblement son sujet, d'avoir assez d'espace pour traiter convenablement un auteur important pour l'évolution du genre (son influence sur la new-wave US est patente) même si sa popularité repose sur des textes que l'on pourrait qualifier d'alimentaires.

L'homme qui n'existait pas (PP 1978).jpg

On appréciera particulièrement l'attention portée à des textes du format novella (dont l'excellente série "Nemo"), une taille qui semble particulièrement adaptée à cet auteur. Cela nous change agréablement des monographies qui ne se concentrent que sur les superproductions. Le tout forme une bonne introduction à l'oeuvre de l'auteur même si, et Yoke est le premier à le déplorer, une partie non négligeable de celle-ci (Damnation Alley, Isle of the dead, etc.) n'est pas traitée en profondeur faute de place. Il est à noter que l'ancienneté de l'ouvrage n'est pas forcément pénalisante vu que Zelazny a été nettement moins original sur la fin de sa carrière en se bornant à donner des suites à Ambre ou à écrire des textes soi-disant humoristiques en collaboration.

Apportez-moi la tête du prince charmant (JL 1993).jpg

Note GHOR : 2 étoiles

16/09/2010

_The Robert Heinlein interview and other Heinleiniana_

The Robert Heinlein interview and other Heinleiniana : J. Neil SCHULMAN : 1999 : Pulpless.com : ISBN-10 1-58445-015-0 : 200 pages (pas d'index) : coûtait 20 USD pour un TP non illustré.

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Qu'il ait été d'accord avec ceci ou non, Robert A. Heinlein est généralement associé au mouvement politique typiquement américain des libertariens. Je ne tenterais pas d'en donner une définition précise, chose que même ses membres semblent incapable de faire, mais c'est en gros une sorte d'anarchisme (en ce sens qu'il prône l'abolition de l'état) de droite (en ce sens qu'il voit le capitalisme des petits entrepreneurs d'un bon oeil). Comme le dit la préface de Brad Linaweaver (un autre auteur de SF), RAH est le Dieu des amateurs de SF libertariens ce qui explique un peu l'existence de cet ouvrage qui est construit autour d'une longue interview de RAH réalisée par Schulman en 1973.

Moon of ice (Tor 1993).jpg

Cet ouvrage débute par la préface de Linaweaver et une introduction de Schulman qui expriment leur admiration pour les idées politiques de RAH. Suivent une dizaine de courts chapitres qui sont soit des copies de correspondance de Schulman en rapport avec l'auteur, soit des critiques de ses romans (les plus récents). On trouve ensuite le coeur du livre à savoir l'interview de RAH qui occupe une centaine de pages (même si c'est écrit assez gros), elle est livrée telle qu'elle a été validée par Heinlein en 1973 sous sa forme brute (non mise en forme). Le livre se termine par une autre rafale de courts textes assez similaire à celle du début. Le livre n'a pas d'index ni de bibliographie et n'indique pas forcément la provenance de tous les textes rassemblés.

Job Une comédie de justice (JL 1987).jpg

On peut aisément diviser cet ouvrage en deux parties. La première est l'interview de RAH. Il s'agit d'un document important de par sa longueur et la quantité d'information qu'il permet d'obtenir sur les "vraies" idées de RAH (par opposition à celles supposées telles). Même si techniquement il y aurait eu quelques réglages à faire, comme par exemple fournir la liste des questions d'une façon plus claire (puisqu'il s'agissait à la base d'une liste fermée d'une grosse vingtaine d'items) et que Schulman est parfois un peu envahissant, c'est probablement la plus longue interview donnée par Heinlein et à ce titre un témoignage essentiel.

Starship troopers (JL 1997).jpg

La seconde partie (tous les textes "périphériques") est tellement imbibée d'une idéologie que des Européens peuvent trouver discutable ("L'état c'est MAL, les communistes c'est SUPER-MAL, les pauvres sont des ASSISTES.") qu'elle en est sans grand intérêt. De plus, du fait d'une certaine stridence dans l'argumentation, c'est parfois assez pénible à lire. Il est en tout cas amusant de voir que l'on trouve dans ce milieu les rares avis positifs sur les oeuvres tardives de RAH. Au final un livre avec pas mal de scories à réserver aux spécialistes de Heinlein.

Le chat passe-muraille (JL 1987).jpg

Note GHOR : 1 étoile

15/09/2010

_Robert A. Heinlein : Stranger in his own land_

Robert A. Heinlein : Stranger in his own land : Second edition : George Edgar SLUSSER : 1977 : Borgo Press (The Milford series #1) : ISBN-10 0-89370-210-2 : 64 pages (y compris bibliographie mais pas d'index) coûtait 2 USD pour un TP non illustré.

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Robert A. Heinlein est un auteur qui a toujours polarisé les amateurs de SF. A la fois sur le plan idéologique où l'on trouve l'auteur utilisé à toutes les sauces (libertaire, anarchiste, fasciste) et sur le plan de la qualité de ses écrits où ses derniers textes (à partir de Stranger in a strange land) on, pour le moins, reçu un accueil assez froid de la part de la frange critique du genre même s'ils se sont vendues à des dizaines de milliers d'exemplaires. Ce petit fascicule de Slusser (qui en écrira un autre sur RAH : The classic years) est donc un analyse de ces romans controversés de l'auteur. A noter qu'il s'agit là d'une version révisée du premier opus de la collection de monographies éditées par Borgo.

The classic years of Robert A Heinlein.jpg

Ce court ouvrage débute par une introduction où Slusser réfute une partie des critiques adressées à la première version de son essai. Il se poursuit par une série d'analyses qui mettent en rapport chaque fois deux titres de Heinlein (par exemple Stranger in a strange land & I will fear no evil) et montrent l'évolution de la structure des textes du roman d'aventure à des écrits nettement plus didactiques. Une courte conclusion et une bibliographie sommaire terminent l'ouvrage qui n'offre pas d'index.

D'une planète à l'autre (Mame 1958).jpg

Il est clair que l'évaluation de Slusser est globalement négative puisqu'il soulève les habituels points concernant les oeuvres tardives de l'auteur : longueur, fusion artificielle de deux types de récits, descente dans le solipsisme et logiquement l'onanisme, philosophie de l'élection et de la prédestination. C'est un discours assez fréquent que l'on retrouvera sous de nombreuses plumes d'experts du genre et qui a le don d'hérisser le poil des thuriféraires de Heinlein, voir par exemple la réaction de S. C. Fredericks à cet essai dans SFS.

L'homme qui vendit la lune (RF 1958).jpg

Il est vrai que l'évaluation des écrits de RAH se heurte toujours à la difficulté de séparer les opinions exprimées dans les textes (parfois à longueur de page) des opinions de l'auteur lui-même, ce point étant la base des réfutations de toute critique négative. Malgré tout, je dois avouer que l'analyse de Slusser, même si elle est parfois un peu à charge, cadre plutôt avec mon propre avis sur RAH après 1970 à savoir que le prêcheur a complètement phagocyté l'écrivain et que son dernier roman est plus une plongée assez ennuyeuse dans les fantasmes de l'auteur-dieu qu'un traité de mécanique quantique.

Trois pas dans l'éternité (Le Masque 1976).jpg

Note GHOR : 2 étoiles