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15/06/2013

_Here be dragons_

Here be dragons : Exploring Fantasy maps and settings : Stefan EKMAN : 2013 : Wesleyan University Press : ISBN-13 978-0-8195-7323-0 : viii+284 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 27.95 USD pour un tp disponible chez l'éditeur (là : http://www.wesleyan.edu/wespress/).

Here be dragons.jpg

Un des nombreux lieux communs relatifs à la Fantasy est que tout ouvrage appartenant au genre est forcément muni d'une ou plusieurs cartes. C'est en voulant vérifier cette idée reçue que l'auteur, un universitaire américano-suédois et participant régulier à l'IFA, a décidé d'écrire cet ouvrage, et ce d'autant plus que ses recherches préliminaires ont montré que ce sujet n'avait jamais été véritablement abordé en profondeur. Comme ne l'avaient pas été les liens entre les éléments de géographie "physique" (l'environnement, le relief, la végétation ou le climat) et le récit qui sont ici abordés par l'auteur dans ce volume édité par une presse universitaire américaine à qui l'on doit un certains nombre de titres liés au genre (ouvrages de référence ou de fiction).

anglais,fantasy,2 étoiles

Après une assez longue introduction qui précise les contours du projet (y compris une tentative de définition de la Fantasy), la terminologie et la méthodologie employées, l'ouvrage comporte quatre chapitres principaux. Ekman aborde tout d'abord le sujet des cartes dans les livres (romans ou recueils) de Fantasy par le biais d'une étude statistique pointue qui porte sur divers paramètres (présence ou pas d'une carte, type de représentation, symboles utilisés, éléments présents...). Il se concentre ensuite sur la carte de la Terre du Milieu pour en tirer certains enseignements sur la stratégie narrative de Tolkien. Le chapitre suivant est consacré aux frontières et bordures chez divers auteurs (de Gaiman à Pratchett), ainsi qu'au concept de "Polder" (un terme apparu chez Kaveney puis Clute). La division entre nature et culture est ensuite étudiée dans le chapitre suivant. Ceci est accompli qui l'aborde par l'étude de plusieurs villes célèbres du genre : Minas Tirith (Tolkien), Newford (De Lint), New Crobuzon (Miéville) et Ombria (McKillip). Le dernier chapitre se penche sur une des caractéristiques propres aux mondes de Fantasy, à savoir le fait que leur état est souvent directement lié à celui de leur souverain. Il est illustré par des exemples tirés de Tolkien, Jordan et Donaldson. L'ouvrage se termine par une courte conclusion qui plaide pour plus d'études "topofocales" et est complété par divers appendices : la méthodologie exacte et complète utilisée dans le chapitre 2, une bibliographie primaire et secondaire et un index.

anglais,fantasy,3 étoiles

Il faut ici saluer la performance de Ekman, qui, avec cet ouvrage, réussit à intéresser un lecteur comme moi dont la Fantasy n'est pas la principale lecture. Le projet de l'auteur est en effet novateur et mené de façon très compétente et de plus agréable à lire. Le choix de ne traiter qu'un petit nombre d'oeuvres et d'auteurs (le tout étant quand même délibérément dominé par JRRT) a paradoxalement l'effet de renforcer les thèses de l'auteur en permettant un approfondissement qui aurait été impossible s'il s'était dispersé sur l'ensemble des textes composant son échantillon (200 titres sur 4300). Les résultats de son analyse sont à la fois conformes à l'expérience immédiate (par exemple on peut constater que les royaumes maléfiques se ressemblent tous) mais lui permettent, de par l'exploration de leurs légères différences, d'en tirer des constations originales et étayées.

anglais,fantasy,3 étoiles

La publication de cet ouvrage peut aussi être vue comme une frémissement manifestant l'émergence d'un discours théorique propre à la Fantasy et non, comme actuellement, un dérivé ou un sous-produit de celui développé pour la Science Fiction. Du coup, l'auteur "bute" un peu sur le manque d'outils spécifiques à la Fantasy, y compris au niveau du vocabulaire de base. Ceci peut expliquer les emprunts (que je trouve un peu envahissants) de termes inventés par Clute et ses acolytes dans leur Encyclopedia of Fantasy (voir : http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/11/18/the-encyclo...), une terminologie que l'on peut estimer ne pas être encore complètement stabilisée même si elle est parfois reprise (par exemple par Mendelsohn). En tout cas, ce livre est une réussite (même s'il on aurait aimé avoir plus d'exemples de cartes) dont la démarche topofocale pourrait aisément être aussi appliquée à la SF (après tout, il y a parfois des cartes dans les ouvrages du genre).

anglais,fantasy,3 étoiles

Note GHOR : 3 étoiles

24/11/2009

_The encyclopedia of Fantasy_

The encyclopedia of Fantasy : John CLUTE & John GRANT : 1997 : St Martin's : ISBN-10 0-312-15897-1 : xvi+1049 pages : coûtait 75 USD pour un énorme HC avec jaquette, non illustré.

The encyclopedia of fantasy.jpg

Cet ouvrage est une sorte de compagnon thématique à la fameuse Encyclopedia of Science Fiction de Clute & Nicholls. Partageant avec cette dernière un auteur principal (Clute) et un certain nombre de collaborateurs, ce livre a aussi été édité des deux côtés de l'Atlantique par les mêmes maisons. Il s'agit ici de l'édition américaine, la britannique, légèrement antérieure, étant sortie chez Orbit. Il s'agit de la première tentative majeure de déployer un système de réflexion sur la Fantasy (et uniquement sur elle), un genre qui, même s'il est historiquement plus ancien que la SF, avait tendance à être étudié au travers du le prisme de cette dernière.

Bilbo le hobbit (JL 1977).jpg

D'une façon logique, on a une typologie des entrées assez proche de celle du C&N avec des notices sur les personnes (de Donald AAMODT à Jack ZIPES avec un majorité d'écrivains), sur les oeuvres (surtout des films) et un vaste (plus que dans le volume sur la SF) d'entrées diverses couvrant des thèmes (INVISIBILITY, PACTS WITH THE DEVIL), des concepts théoriques (INSTAURATION FANTASY, POLDER) et des termes souvent d'origine mythologique utilisés dans le genre (ELVES, FINBULWINTER). A noter que la partie strictement bibliographique est intégrée dans les notices par auteurs sous forme de liste des ouvrages non cités dans le corps de la note.

The devil's game (Pocket 1980).jpg

Comme pour l'encyclopédie sur la SF, on est clairement face à un travail assez colossal (même si celle-ci rend presque trois cents pages à l'ouvrage sur la SF). D'un sérieux remarquable, ce livre est une mine de renseignements sur un genre aux contours parfois nébuleux. C'est d'ailleurs un des problèmes du livre qui mêle joyeusement des choses assez éloignées allant de l'horreur de King à Tolkien en passant par le magicien d'Oz et Dracula. Ce manque d'unité du champ étudié n'est pas du fait des auteurs mais recouvre bien la définition anglo-saxonne de la Fantasy qui englobe nettement plus de choses (en gros l'imaginaire moins la SF) que son acceptation francophone.

The broken sword (Sphere 1982).jpg

Une autre difficulté est générée par le côté "défricheur" de l'ouvrage sur le plan d'une théorie de la Fantasy. Comme tout est à inventer ou presque, on assiste (surtout de la part de Clute) à une débauche de création terminologique. Par exemple, Clute est forcé de nommer (voire d'identifier pour la première fois) les sous genres de la Fantasy. A la différence de la SF où ce travail est déjà fait, cela nous vaut un certain nombre de néologismes (DYNASTIC FANTASY, CHRISTIAN FANTASY, DETECTIVE/THRILLER FANTASY, NORDIC FANTASY, POSTHUMOUS FANTASY, SCIENCE FANTASY, etc.) dont la multiplication a tendance à obscurcir le discours. Plus gênant, une (grande) partie de ces termes resteront confinés à cet ouvrage sans être repris par d'autres commentateurs souvent faute d'une réflexion autonome sur le genre.

The magic goes away (Orbit 1998).jpg

Reste au final une excellente encyclopédie "classique" qui commence quand même à dater un peu et une partie théorique moins convaincante sans doute à cause de la difficulté de la tâche. A noter qu'elle obtiendra le Hugo dans la catégorie "Non-fiction book" en 1998.

Le tarnier de Gor (OPTA 1985).jpg

Note GHOR : 3 étoiles

11/11/2009

_100 Must-read fantasy novels_

100 Must-read fantasy novels : Stephen E. ANDREWS & Nick RENNISON : A&C Black (série Bloomsbury Good Reading Guides) : 2009 : ISBN-13 978-1-4081-1487-2 : xxx+ 178 pages (y compris index et annexes) : bien moins d'une dizaine d'Euros pour un petit livre de poche, disponible chez l'éditeur (http://www.acblack.com/).

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Ce petit (moins grand qu'un poche) est le frère de 100 Must-read science fiction novels (voir http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/03/24/100-must-re...). Sous la plume des mêmes auteurs, paru chez le même éditeur et dans la même collection, lui se consacre à la Fantasy. C'est donc aussi un petit guide de lecture visant à fournir au néophyte une liste de textes "de base", qu'ils soient littérairement excellents ou importants pour le genre en question ou son évolution.

100 must-read SF novels.jpg

Le livre débute par une intéressante introduction qui délimite le champ de la Fantasy comme intégré dans le "Fantastic" mais distinct des deux autres branches que sont la SF et l'Horreur. L'essentiel du livre est donc constitué par les 100 fiches consacrées chacune à un livre. S'agissant de Fantasy, ce sont surtout des romans et souvent des romans qui font partie de séries à rallonge. Ces notules sont classées par ordre alphabétique d'auteur (avec un seul livre par auteur sauf pour Moorcock et Tolkien qui ont droit à deux titres). Les ouvrages sont résumés, évalués et placés dans leur contexte (du genre ou dans la carrière de l'auteur) en une page. A la fin de chaque entrée, des pistes de lectures (autres ouvrages du même auteur, ouvrages stylistiquement ou thématiquement proches) sont indiquées. Deux annexes (glossaire de la Fantasy et lauréats des WFA) ainsi qu'un index terminent le livre.

The hobbit (Unwin 1972).jpg

N'étant pas un spécialiste de la Fantasy (même si j'ai étonnamment lu une partie non négligeable des ouvrages cités), je ne suis pas le mieux placé pour donner un avis valable sur la sélection effectuée par les auteurs. Les principaux (Jordan, Martin, Brooks, Eddings, Donaldson, Tolkien, Pratchett, Peake) me semblent au rendez-vous ainsi que certains auteurs plus "confidentiels" pour ce genre (par exemple Brunner pour The travel(l)er in black).

The traveler in black (Ace 1971).jpg

Indépendamment de la qualité du livre, deux choses m'ont frappé. Tout d'abord c'est l'extraordinaire variété de ce qui est placé sous l'étiquette Fantasy dans le monde anglo-saxon tel que le voient les auteurs : la Fantasy telle que comprise en France (en gros la HF et la S&S), le merveilleux (style Oz), les fables animalières (Adams, Grahame), la fiction religieuse (Lewis, Chesterton), l'étrange (King, Finney), les trucs inclassables (Borges, Calvino, Murakami), le New Weird (Miéville), les "lost-race novels" (Hyne) et même la SF pur sucre (Lord Valentine's castle, mais voir aussi ci-dessous).

Replay (Grafton 1988).jpg

Le deuxième point, qui n'est pas nouveau, est que l'on ne peut constater les très fortes imbrications entre la SF et la Fantasy. Mêmes auteurs (Aldiss, Anderson, De Camp, Dickson, Le Guin, Merritt, Moore, Silverberg, Swanwick, Vance, Wolfe, Zelazny) et aussi mêmes oeuvres (Replay, The dying earth, A voyage to Arcturus). On trouve là matérialisé le manque d'autonomie théorique (pour des raisons historiques ou liées aux modes de production et de consommation du genre) de la Fantasy, un genre qui ne deviendra autonome que lorsqu'il développera ses propres outils théoriques.  

Tales of the dying earth (Orb 2000).jpg

Au final un petit guide bien sympathique sur un genre (un peu trop ?) protéiforme.

Les 9 princes d'Ambre (Denoel 1974).jpg

Note GHOR : 1 étoile