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17/08/2018

_William Gibson_

William Gibson : Gary WESTFAHL : 2013 : University of Illinois Press (série "Modern masters of science fiction" #2) : ISBN-13 978-0-252-07937-5 (la fiche ISFDB du titre) : 211 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 25 USD pour un tp non illustré, disponible chez l'éditeur (), existe aussi en hc (03780-1) et en ebook (09508-5).

gibson,anglais,2 étoiles

Cet ouvrage est en fait le deuxième paru dans la série d'études mono-auteurs édités par les UIP. Sous la plume de Gary WESFAHL, un spécialiste du genre que l'on ne présente plus (il a une vingtaine d'ouvrages de référence à son actif), c'est donc William Gibson qui en est le sujet. Du coup on ne présentera pas non plus Gibson, l'auteur de Neuromancer (un roman qui a même été publié chez France Loisirs) et l'une des figures tutélaires du Cyberpunk (à son coprs défendant semble-t-il). Malgré le fait qu'il existe pléthore de textes sur Gibson et/ou ses oeuvres, allant d'ouvrages entiers (Olsen chez Starmont, le literary companion de Henthorne) à des dizaines d'interviews (ce qui semble être une spécialité de Gibson) en passant par des dizaines d'articles sur des romans précis (logiquement surtout sur les trois premiers), Westfahl estime pouvoir apporter un regard neuf sur l'auteur en s'appuyant sur des sources peu utilisées (ses premières armes dans des fanzines, ses poèmes).

gibson,anglais,2 étoiles

Après une brève introduction où Westfahl présente son projet, cet ouvrage est divisé en sept chapitres de longueur variable. On commence par une partie biographique d'une dizaine pages qui est suivie par l'analyse de (presque) tous les textes de Gibson, rassemblés en plusieurs groupes (les parutions de jeunesse dans des fanzines, les nouvelles, la trilogie Sprawl, The Difference Engine et les autres types de textes publiés, la trilogie Bridge et la trilogie Blue Ant). Une courte conclusion (Gibson comme écrivain conformiste) précède une interview et deux copieuses bibliographies (primaire et secondaire) ainsi qu'un index.

gibson,anglais,2 étoiles

Indépendamment de la qualité et la minutie du travail de Westfahl, deux choses m'ont ennuyé dans cet ouvrage. En premier leiu, et au risque de me faire taxer d'hérésie, je ne suis pas convaincu que Gibson soit vraiment un "Modern master of Science Fiction". J'ai toujours perçu cet auteur à la fois comme une "one-hit-wonder" qui ne doit sa place dans le genre que grace à une seule oeuvre marquante (Neuromancer bien évidemment), un peu comme Keyes voire Tolkien. Ce point ressort d'ailleurs en creux dans l'ouvrage de Westfahl qui peine parfois à trouver des qualités à certains livres de Gibson et qui se trouve contraint (AMHA) à faire un peu de délayage au vu de la faible production de l'auteur (une dizaine de romans dont une partie hors-genre et encore moins de nouvelles), Celà l'amène par exemple à discourir longuement sur les dessins de Gibson dans divers fanzines. De plus, la trajectoire éditoriale de Gibson est assez proche de celle de gens comme Vonnegut ou Bradbury, qui, une fois devenu célèbres grace à leur SF, ont renié leur appartenance au caniveau pour embrasser une carrière plus "littéraire". Hormis un indiscutable effet de mode, un ouvrage sur Gibson n'est, pour moi, pas vraiment à inclure  dans la catégorie des titres sur le maîtres modernes de la SF.

gibson,anglais,2 étoiles

Le deuxième point qui m'a ennuyé est que, sans doute afin de trouver un angle d'attaque original, Westfahl suppose beaucoup de choses quand aux intentions de Gibson. Il voit souvent le reflet de l'auteur dans certains personnages, détecte certaines influences (Simak par exemple, un point d'ailleurs explicitement nié par Gibson dans l'interview incluse dans l'ouvrage) ou présente certains éléments des romans comme des métaphores de Gibson sur sa position d'écrivain. Hélas, rien ne semble corroborer ces analyses (Gibson étant de plus assez peu dans l'auto-analyse de ses textes) ce qui donne un peu l'impression d'un raisonnement parfois bati sur du sable. Cela donne au final l'impression d'un travail à la fois minutieux (Westfahl adore les listes, un peu comme Gibson) mais aussi un peu trop spéculatif. C'est un peu dommage mais cela peut aussi simplement vouloir dire qu'il n'y a pas assez de matière chez Gibson pour un tel livre. Malgré tout, certains des points avancées par Westfahl (Gibson comme écrivain "petit-bourgeois", sa distance avec le Cyberspace, son désir d'aisance financière) sont pertinents et auraient même mérités d'être plus developpés.

gibson,anglais,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles