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29/05/2009

Space Opéra !

Un retour sur le livre Space Opéra (voir http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/05/25/space-opera...) dont j'ai critiqué l'iconographie, la trouvant assez commune et peu mise en valeur par une impression en N&B.

Pour appuyer mes dires, voici donc quelques couvertures présentées dans l'ouvrage (des VO, je vous épargne les FNA à la chaîne), ici en couleur et avec un peu plus d'indications (en fait il n'y en a pas dans le Ruaud/Almaric). On pourra constater que l'apport de la couleur est un véritable plus pour ces images qui en jouent parfois.

1952 - Stanley Meltzoff - Mission : Interplanetary - Signet #914

Mission interplanetary (Signet 1952).jpg

1969 - John Schoenherr - The rim gods - Ace Double #72400

The rim gods (Ace Double 72400).jpg

1964 - Valigursky - Into the alternate universe - Ace Double M-107

Into the alternate universe (Ace Double M-107 1964).jpg

1984 - Wayne D. Barlowe - The return of Retief - Baen

The return of Retief (Baen 1984).jpg

1967 - Kelly Freas - The winds of Gath - Ace Double H-27

The winds of Gath (Ace Double H-27).jpg

1975 - Gene Szafran - A knight of ghosts and shadows - Signet W6725

A knight of ghosts and shadows (Signet 1975).jpg

Fin des années 1970 - Dean Ellis - Close to critical - Del Rey (4ème impression)

Close to critical (Del Rey).jpg

1991 - Kelly Freas - The best of J. H. Schmitz - NESFA (en fait l'illustration date de 1968, puisque c'est la couverture du numéro de Décembre d'Analog)

The best of James H Schmitz (NESFA 1991).jpg

1955 - Richard Powers - The paradox men - Ace Double D-118

The paradox men (Ace Double D-118).jpg

 

28/05/2009

_Kurt Vonnegut, Jr._

Kurt Vonnegut, Jr. : Stanley SCHATT : Bobbs-Merrill Educational Publishing (Twayne's United States Authors Series 276) : 1976 ? : ISBN-10 0-672-61510-X : 174 pages (y compris index et bibliographies primaire et secondaire sélectionnées) : Quelques Euros d'occase pour un TP.

Kurt Vonnegut Jr.jpg

Aux USA, Kurt Vonnegut bénéficie d'une aura sans commune mesure avec celle qu'il a dans notre pays et est un des auteurs "obligatoires" pour tout étudiant en lettres américaines modernes. Ceci explique pourquoi il fait partie de la collection TUSAS et pourquoi il existe, comme ici, une version de l'ouvrage spécifiquement destinée à un public estudiantin (brochée et non reliée et donc moins chère).

Pour l'amateur de SF Vonnegut est une figure assez ambivalente, un personnage qui a un temps fait l'apologie du genre et de ses praticiens au travers de Kilgore Trout, son écrivain fictif; mais aussi un auteur qui, dès que cela a été possible en terme de carrière littéraire, a coupé tous les ponts avec le genre et parfois même nié en avoir jamais écrit. Une attitude que l'on retrouvera d'ailleurs avec d'autres écrivains à qui le succès fait oublier leurs origines littérairement modestes.

The sirens of Titan (Coronet 1972).jpg

L'ouvrage est organisé en neuf chapitres dont les six premiers couvrent successivement les principales phases de la carrière de Vonnegut au travers de ses romans (de Player Piano à Slapstick) dont la plupart (en tous cas les premiers) appartiennent au genre. Les deux chapitres suivants examinent respectivement les nouvelles et les pièces de théâtre, un genre que Vonnegut a pas mal pratiqué. Le dernier chapitre évoque l'image publique de l'auteur. Le livre contient aussi une chronologie, une bibliographie primaire (basique), une bibliographie secondaire (commentée) et un index.

Le berceau du chat (JL 19)7.jpg

Au final, le livre est plutôt intéressant et pertinent pour l'étude du genre puisque la plupart des textes étudiés en font clairement partie, que ce soient les romans jusqu'à Breakfast of champions (bien que l'on puisse en discuter pour ce dernier) ou ses premières nouvelles (jusqu'à son passage dans les slicks). C'est de l'analyse littéraire assez simple avec une grande partie consacrée à une redite de l'intrigue, le tout étant largement appuyé par des citations. C'est cohérent avec le but probable de ce type d'ouvrages, qui sont à la base destinés à aider des étudiants à faire leurs devoirs.

Divers éléments permettent de penser que Schatt n'est pas un spécialiste du genre. Prudemment (ou par ignorance), il ne contextualise d'ailleurs quasiment pas son oeuvre par rapport à l'ensemble de la SF où l'on peut pourtant trouver des écrivains aux parcours et aux interrogations similaires. Du coup, cela rend à la fois son propos assez général mais évacue toute la problématique de son appartenance à la SF, une problématique qui allait pourtant poursuivre Vonnegut durant toute sa carrière.

Player piano (Panther 1969).jpg

Un bon petit ouvrage sur un auteur qui s'est mis aux marges du genre, une vision mainstream que l'on pourra utilement compléter par les articles existant sur l'auteur dans les ouvrages de référence standards.

Note GHOR : 2 étoiles

27/05/2009

_Annuaire bibliographique 1984 de la SF et du Fantastique_

Annuaire bibliographique 1984 de la SF et du Fantastique : Bernard GOORDEN : CDE/Recto-Verso (collection "Ides et autres" #41-42) : 1984 : pas d'ISBN : 151 pages (y compris multiples index) : quelques Euros pour un TP aux standards de production fanzinesques (couverture souple, reliure collée).

Annuaire bibliographique 1984.jpg

Malgré les dénégations de la préface, cette série d'ouvrages (ici le premier et qui comprend aussi au moins les années 1985, 1986 & 1987) a, dans la pratique, plus ou moins pris le relais de la série des "Années de la SF&F" de Goimard (chez Julliard) puis Riche (chez Temps Futurs). Ayant un même objectif de couvrir les parutions SF&F de l'année, le travail de Goorden est d'une orientation nettement plus purement bibliographique. En effet, à la différence de ses prédécesseurs, il n'y a dans cet ouvrage que des données brutes. On n'y trouvera donc pas d'évaluations critiques, de portraits ou même de fictions. Autre choix différent, seule la SF&F écrite est traitée dans ce livre, les autres formes habituelles (Cinéma, BD, TV...) n'étant pas répertoriées.

L'année 1977-1978 de la SF et du Fantastique.jpg

Cet ouvrage est organisé en deux parties principales dont la première est la liste numérotée des parutions relatives aux genres étudiés. Un court (deux pages) premier chapitre recense les bibliographies parues dans l'année, qu'il s'agisse d'ouvrages complets (style Le rayon SF) ou de bibliographies incluses dans divers types de livres (par exemple celles que l'on peut trouver à la fin des Livre d'or de Presses Pocket). Il est suivi par le plus gros morceau, c'est à dire la liste des livres de fiction (romans, recueils et anthologies). Elle est classée par ordre alphabétique d'auteur et fournit les informations bibliographiques habituelles (titre, TO, collection et rang, pagination). On notera que les réimpressions (au sein d'une même collection) semblent être exclues. Un troisième chapitre plus modeste recense l'appareil critique "sélectionné" (livres, articles et interviews). On termine par la liste des nouvelles parues organisée par TF avec nom d'auteur et renvoi vers l'ouvrage qui la contient.

Annuaire bibliographique 1985.jpg

La seconde partie est constituée d'une importante série d'index qui fonctionnent tous sur le principe d'un renvoi chiffré vers les items de la première partie : les auteurs, les matières (thèmes, origine géographique, cycle et séries ou auteurs étudiés), les titres de livres en VF,  les titres d'oeuvres de fiction (romans et nouvelles) en langue originale autre que le Français (avec parfois la date du copyright et non celle de première parution), les illustrateurs et enfin les traducteurs.

Annuaire bibliographique 1986.jpg

Pour apprécier pleinement l'intérêt de cette série, il faut se replacer dans le contexte d'une l'époque où il n'existait aucun outil bibliographique en ligne et ou ce type d'activité était éparpillé dans de rares supports. Ces ouvrages étaient par exemple les seuls à recenser les nouvelles d'une façon un tant soit peu synthétique. Ils étaient aussi les seuls à offrir un panorama des parutions en VF. A ce titre, ils étaient indispensables à certains amateurs car offrant une information à laquelle nous accédons maintenant tout naturellement en quelques clics.

Bien sûr, on pourra trouver le système des index particulièrement lourd et la manipulation du livre peu pratique pour localiser un texte, on sera énervé par le format des titres français des nouvelles particulièrement fatiguant à lire (comme ceci : MEURTRE-(UN)-TOUS-LES-CENT-ANS-(1981)) et on regrettera le non traitement de la fiction parue en magazines ou fanzines. Malgré tout ces défauts, ces ouvrages ont fait (et font toujours) partie des fondations de toute recherche bibliographique en langue française.

Annuaire bibliographique 1987.jpg

Une série d'ouvrages importants d'un sérieux indiscutable que la présente abondance d'information offerte par l'Internet ne doit pas faire oublier ni négliger.

Note GHOR : 3 étoiles

26/05/2009

_A Key to Fredric Brown's wonderland : A study and an annotated bibliographical checklist_

A Key to Fredric Brown's wonderland : A study and an annotated bibliographical checklist : Newton BAIRD : Talisman Literary Research : 1981 : pas d'ISBN : 62 pages (y compris diverses annexes) : une vingtaine d'Euros pour un fascicule soigné avec beau papier et illustrations, se trouve peu fréquemment pour cause de tirage limité (360 exemplaires).

A key to Fredric Brown's wonderland.jpg

Cet ouvrage est un ensemble de documents relatifs à Fredric Brown, un auteur qui a toujours opéré sur plusieurs domaines (Policier, SF, Fantastique, Western...) sans jamais vraiment en privilégier un. Ce choix de carrière a d'ailleurs pu éventuellement lui porter préjudice et faire qu'il reste de nos jours un auteur connu des seuls amateurs éclairés.

L'univers en folie (RF 1953).jpg

Cette étude peut être divisée en deux parties principales, la première étant la plus documentaire avec successivement une courte introduction, une analyse de l'oeuvre de Brown par Baird, une chronologie très détaillée de sa vie, diverses réminiscences (par ses amis et sa deuxième femme) et un court billet d'opinion sur la religion de Brown lui-même.  La seconde partie est une bibliographie complète divisée en plusieurs sections suivant un canevas assez classique (livres, nouvelles, adaptations, poésie, bibliographie secondaire...). Elle couvre le domaine anglo-saxon mais aussi les parutions en d'autres langues et fournit pour chaque titre l'ensemble des informations pertinentes. Pour les romans, on  notera qu'un résumé est fourni. Suit un index assez difficile à utiliser (pas assez précis) puisque forçant à scanner toute une page pour trouver les mentions relatives à telle ou telle oeuvre.

Space on my hands (Corgi 1953).jpg

Hormis une manipulation assez peu intuitive, il n'y a pas grand chose à dire sur cet ouvrage dont la première partie n'est pas indispensable au vu de l'existence d'autres livres sur Brown plus complet et plus récents (le Seabrook par exemple). La partie bibliographique est exhaustive en particulier au niveau des adaptations mais souffre de son âge. Les quelques photos ou couvertures présentées sont d'un intérêt moyen et d'une rareté relative.

Project Jupiter (Digit 1964).jpg

Au final c'est un ouvrage de qualité, clairement le fruit d'une passion, mais qui ne réjouira que les complétistes de Brown. Son côté trop technique et trop à cheval sur plusieurs genres le rendant inadapté pour une découverte de l'auteur dans le cadre de la SF. 

Note GHOR : 1 étoile

25/05/2009

_Space Opéra ! : L'imaginaire spatial avant 1977_

Space Opéra ! : L'imaginaire spatial avant 1977 : André-François RUAUD & Vivian AMALRIC (et al.) : Les Moutons électriques (série La bibliothèque des miroirs) : 2009 : ISBN-13 978-2-915792-72-7 : 426 pages (y compris index et bibliographie) : 28 Euros pour un TP illustré (N&B + 4 pages couleurs) avec couverture à rabats (en neuf chez l'éditeur http://www.moutons-electriques.fr/).

Space opéra !.jpg

Cet ouvrage a pour objectif de dresser un panorama du "Space Opéra" jusqu'en 1977, cette date (celle de la sortie de Star wars) ayant été choisie comme marquant une rupture dans une catégorie emblématique de la SF. Cette catégorie, qui existe depuis les débuts du genre, est ici globalement prise (cf. le sous titre) comme celle des aventures dans l'espace, par opposition au Planet Opéra qui se concentre sur un décor planétaire précis.

Il se présente sous la forme d'une vingtaine de chapitres rarement inédits organisés dans un ordre vaguement chronologique et confiés à des auteurs différents (Nolane, Brèque, Wagner...) avec une contribution majoritaire du duo Ruaud/Amalric qui signe plus de la moitié de l'ouvrage. Certains chapitres sont plutôt génériques et abordent soit un thème (les serials) soit un domaine (les comics) mais la plupart des interventions se concentrent sur un auteur (de Smith à Delany) ou une série (littéraire comme Perry Rhodan ou télévisuelles comme Doctor Who ou Star Trek).

L'ensemble est illustré par des vignettes ou des pleines pages en N&B montrant généralement les couvertures des ouvrages évoquées dans le corps du texte. Il y a aussi 4 pages couleurs au début. Le tout est complété par une courte bibliographie (deux pages écrit gros), un index et quelques publicités pour d'autres ouvrages de même éditeur.

L'étoile en exil (FN 1969).jpg

Comme il y a pas mal de choses à dire, je vais tenter d'organiser mes remarques d'une façon un peu synthétique, en plusieurs points.

1) Où la passion du recyclage l'emporte :

Etant un garçon radin, ma première réaction a été de voir ce que j'obtenais pour mes 28 Euros, sachant qu'au départ l'ouvrage n'est pas physiquement d'une aussi belle qualité que ceux du même éditeur sur Anderson ou Heinlein (le premier étant à peine plus cher). Je m'attendais donc logiquement à ce que ces 28 Euros soient investis dans des efforts de recherche et d'écriture, mais il est vrai que j'étais un peu naïf vu que l'un des ouvrages précédents de Ruaud pratiquait déjà l'auto emprunt. Pour être clair, cet ouvrage fait plus penser à un patchwork qu'à une étude originale.

En effet, on constate que la préface de Klein est une reprise de 1992, que plusieurs (au moins Harness, Clement, Biggle, Kapp, Panshin) des chapitres du duo Ruaud/Amalric sont déjà parus dans Bifrost (où ils formaient la série des "petits maîtres de la SF"), que un des articles de Wagner (celui sur Thirion qui est aussi le plus long du livre) et celui de Vonarburg (sur La Plaie) viennent du recueil d'essais Le feu aux étoiles, que Brèque sur Anderson est un chapitre complet tiré de Orphée aux étoiles, sans parler d'emprunts non signalés comme des paragraphes entiers extraits tels quels de la postface de Ruaud au Chandler paru chez les moutons ou RAH chez le même éditeur (là, l'emprunt est toutefois signalé). Je ne parle pas des choses que je n'ai pu vérifier par pure flemme comme les possibles emprunts au Star Trek de Ruaud (encore) ou au Perry Rhodan de Archaimbault.

Le feu aux étoiles.jpg

Même si l'écologie et le recyclage sont à la mode et que ce léger détail est partiellement mentionné page 411 (en petit), je dois avouer une vague impression de m'être fait refiler des vieilleries au prix du neuf. Sentiment d'autant plus aigu que les "versions différentes" que l'on nous indique page 411 ne le sont en réalité que de façon minime. Les changements résidant essentiellement au niveau des introductions ou des transitions, le corps du texte restant strictement identique (et donc assez daté). Les seuls changements que l'on peut voir (j'ai comparé les textes entre eux) sont aussi profonds que, par exemple pour le Thirion, le remplacement de 60 par 1960 (au milieu de la première colonne de la deuxième page) ou le changement d'une référence pointant vers les article de Rémi Maure sur les arches stellaires vers (surprise) un texte de AFR himself. Il y a mieux puisque l'un des rajouts que j'ai pu détecter consiste à insérer des erreurs, comme page 279 où l'on nous dit en 2009 que le seul recueil de Kapp s'appelle Lambda 1, un élément omis dans l'article correspondant de Bifrost, ce qui n'était pas plus mal vu que Lambda 1 est en fait une anthologie qui ne contient qu'un texte de Kapp.

Il n'est bien sûr pas interdit de recycler son propre travail, mais à ce tarif, j'avoue que j'aurais préféré payer pour de l'inédit et non pour du réchauffé à la va-vite.

Cageworld Search for the sun ! (NEL 1982).jpg

2) Une histoire du SO par collage ? 

En toute logique, l'option prise de principalement réutiliser des textes existants a des impacts radicaux sur l'essence même de l'ouvrage. On a l'impression du glissement progressif d'un projet qui était une louable histoire du Space Opéra vers une compilation d'éléments existants plus ou moins libres de droits pour les auteurs (leurs propres textes par exemple). Au lieu d'une démarche historique classique et globale ("le SO commence là, puis il est devenu comme ça sous l'influence de XXX ou de telle ou telle chose...") on a une démarche de récupération ("Quels textes on pourrait utiliser qui ont un vague rapport avec le SO ?") qui se trouve donc fortement contrainte par les matériaux disponibles.

Orphée aux étoiles.jpg

Du coup, hormis dans les quelques chapitres sur des médias particuliers, il n'y a strictement aucune HISTOIRE du SO, aucune mise en perspective globale puisque la base du livre est une compilation de portraits d'auteurs. Par exemple, à aucun moment on ne sait quand a commencé le SO ou quelles sont les forces (économiques, éditoriales, sociétales...) qui l'ont façonné. Comme Ruaud n'avait pas fait d'articles sur eux, on se trouve face à un ouvrage sur le Space Opéra qui ne mentionne même pas des personnages aussi importants dans son évolution que Campbell (l'auteur), Leinster, Saberhagen ou Dickson (et on peut aisément en trouver d'autres).

Cette stratégie du recyclage nous vaut d'ailleurs quelques moments embarrassants où les auteurs peinent à justifier certaines inclusions comme Hal Clément ou Doctor Who, des éléments généralement peu associés d'une façon centrale avec le SO, le tout donnant lieu à des contorsions assez impressionnantes. Cela marche aussi dans l'autre sens avec les justifications alambiquées à l'absence de Vance ou Herbert ("c'est du Planet Opéra"). Le meilleur étant l'article sur Kapp dont la moitié finale traite de Manalone. Cette partie (La grande oeuvre, page 283) commence par dire clairement que ce roman n'est PAS un Space Opéra mais déroule quand même plusieurs PAGES de commentaires sur une oeuvre qui est, de l'aveu même des auteurs, complètement hors sujet.

Manalone (OPTA 1982).jpg

3) Une iconographie riche et rare ? 

C'est ce qui est écrit sur le premier rabat et c'est aussi l'un des pitch de la promotion de l'ouvrage. Effectivement, s'il y a bien une importante iconographie (plusieurs centaines d'images), elle souffre, à mon avis, de nombreux défauts.

Il faut dire que cela commence mal puisque les seules images en couleurs sont horriblement coupées (à dessein j'espère) et ne présentent que un petit quart des oeuvres originales. Le reste des illustrations étant en N&B on peut regretter que ces rares pages couleurs soient si mal utilisées. D'autant plus que cette absence de couleur et le traitement style "vignette" nuisent à certains illustrateurs, voir par exemple la comparaison de l'image ci-dessous (pourtant fortement compressée) et celle de la page 295 :

Stardeath (Del Rey 1983).jpg

On regrettera aussi l'absence quasi-totale de légendes en regard des illustrations (une habitude chez les Moutons) qui prive le lecteur d'éléments importants comme la date de parution puisque l'on ne représentait pas le SO en 1930 comme en 2000 et que ces choix sont eux-mêmes porteurs de sens sur (par exemple) l'image du genre auprès des lecteurs. Il est assez triste de voir que les illustrateurs ne sont presque jamais mentionnés, cette utilisation gratuite et non créditée de leur travail dans un produit destiné à être vendu me paraît assez désinvolte. De même, la qualité des ouvrages scannés laisse parfois nettement à désirer. Il arrive que l'on ne se soit même pas donné la peine d'ôter l'étiquette du prix apposée par un bouquiniste (par exemple sur le Brunner page 221), d'enlever des traces de colle ou de trouver un exemplaire dans un état décent.

Voilà pour la richesse, quant à la rareté, je peux juste dire que sur le millier de couvertures je dois facilement en avoir 75% (y compris en VO) et que je n'y ai vu que rarement des EO ou beaucoup de choses que l'on puisse qualifier de rares tant il y a de FNA, JL et autres PdF.

N'écoutant que mon bon coeur, si vous m'envoyez 28 Euros, je m'engage à vous faire parvenir un CD contenant plusieurs milliers d'images toutes aussi riches et aussi rares que celles contenues dans ce livre.

The altar on asconel (Ace Double M-123).jpg

4) Et c'est tout ?

Soyez rassurés, cet ouvrage pêche aussi dans de nombreux autres domaines.

On a tout d'abord la séquence publicitaire de l'éditeur qui réussit à placer presque tout son catalogue (je n'ai pas vu le PKD), y compris les zombies et même, grâce à une association d'idée fulgurante (Schmitz => médiéval => taverne => Shakespeare) Le panorama de la fantasy et du merveilleux (page 154).

On a aussi les coquilles (ClarkE Darlton, le frère d'Arthur), photes d'orthographe, notes inversées ou scories typographiques (des mots barrés) que l'on attend de cet éditeur.

Dans le même ordre d'idée, le sens si particulier de la chronologie de ces auteurs est aussi au rendez-vous avec des mentions de textes datant de bien après 1977, et (encore une surprise) l'habituelle mention de James Patrick Kelly.

Globalement, il vaut mieux parfois ne pas trop creuser les détails quand on lit des affirmations disant que (ce ne sont que quelques exemples) : The immortals de Gunn n'est pas traduit, que seulement trois nouvelles de Biggle existent en VF, que Van Vogt faisait partie de la Scientologie, que l'intégralité de Interstellar empire (Brunner) est parue en Ace Double ou que Karres (Schmitz) est traduit par Karès en VF. Autant de points, certes négligeables mais que quelques secondes suffiraient à corriger et qui, laissés tels quels, donnent un peu au cochon de payant l'impression d'un travail bâclé.

Les immortels (PC 1977).jpg     Les immortels (Le Masque 1978).jpg

Dommage pour une idée qui, traitée d'une façon un peu moins à l'économie, aurait fourni matière à un livre passionnant. Au final, les 28 Euros demandés sont largement prohibitifs pour la proportion réelle de matière inédite (même si certaines parties comme celle sur Doctor Who sont bien faites) et l'impression d'amateurisme de l'ensemble.

Note GHOR : 1 étoile (pour ceux qui n'ont pas accès au matériau original)