31/03/2015
_Sci-Fi Chronicles_
Sci-Fi Chronicles : A Visual History of the Galaxy's Greatest Science Fiction : Guy HALEY (editor) : 2014 : Firefly Books : ISBN-13 978-1-77085-264-8 : 572 pages (y compris index) : coûte 30 USD pour un épais tp très largement illustré en couleurs disponible en neuf chez l'éditeur là.
Sous la direction de Guy Haley (un auteur à qui l'on doit surtout des romans dans l'univers Warhammer et quelques standalones), qui s'est entouré de nombreux collaborateurs (presque une vingtaine, surtout de formation journalistique) cet ouvrage est une sorte de version modernisée des nombreuses encyclopédies "visuelles" qui ont fleuri dans les années 70-80 (Ash, Holdstock, Clute). Le but de cet ouvrage et de ses prédécesseurs est donc avant tout de célébrer la SF dans toutes ses composantes et ceux d'une façon la plus attirante possible.
Après une courte introduction de Stephen Baxter (qui a droit à sa propre entrée), l'ouvrage est divisé en cinq parties inégales correspondant plus ou moins aux diverses périodes de l'histoire usuelle du genre (1818-1925, 1925-1950, 1950-1970, 1970-1990 et 1990-présent). Au sein de chaque partie on rencontre, par ordre chronologique (la date choisie comme base correspond généralement à la première apparition du sujet : première oeuvre d'un auteur , premier item d'une série, premier film d'un univers, etc.), un certain nombre d'entrées sur des types de sujets variables : auteurs, créateurs (réalisateurs, dessinateurs), oeuvres isolées ou faisant partie d'une série dans tous les supports connus, films et remakes ou ensemble de films, magazines, séries télévisées ou univers fictifs "multimédia". Chaque entrée fait en moyenne deux pages et est illustrée par des couvertures ou des affiches et propose une chronologie détaillée par support. Certaines (les plus copieuses) ont droit à diverses extensions (chronologie interne, fiche univers et pages de photographies). Le livre se termine par quelques annexes (silhouettes des principaux vaisseaux spatiaux, tableau chronologique général du genre, définitions) et un index.
Le livre est visuellement très coloré d'autant plus qu'il fait un large usage d'un système complexe de codes couleur en fonction des supports (livre, magazine, film, comics, etc.) utilisés et des sous-genres auxquels se rattachent les oeuvres évoquées. Cela tient plus du gadget qu'autre chose et augmente l'impression générale de fouillis qui se dégage de l'ouvrage. L'utilisation d'images généralement plus petites qu'un timbre-poste (et encore) n'arrange d'ailleurs pas les choses (même s'il n'y a rien à redire sur la qualité d'impression). On remarquera d'ailleurs la qualité de la recherche iconographique qui s'est visiblement efforcé de ne sélectionner que les éditions originales des livres papier (la sélection d'images de films est plus classique).
Pour le reste, il s'agit là d'un joyeux fourre-tout qui mêle toutes les facettes du genre avec des choix sans doute dictés plus par l'existence de diverses formes artistiques pour une même oeuvre que par la stricte qualité (par exemple la série Stepford de Levin) ce qui rend du coup certains choix assez étonnants ou discutables (le film Wall-E, la série Tripods de John Christopher, Lauren Beukes) dans une sélection qui doit être en dessous des trois cents entrées. Le livre est quand même largement dominé par les grandes "franchises" cinématographiques du type Star Wars, télévisuelles (l'univers Star Trek) ou par leurs équivalentes issues du monde des comics. Au total un ensemble joliment fait (qui demande toutefois une bonne loupe pour être pleinement apprécié dans sa dimension picturale) mais qui n'offre guère d'intérêt pour l'amateur un peu chevronné et qui manque parfois d'une certaine évaluation critique en mettant tout et n'importe quoi sur un même pied d'égalité.
Note GHOR : 1 étoile
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20/03/2015
_Chaos Theory, Asimov's Foundations and Robots, and Herbert's Dune_
Chaos Theory, Asimov's Foundations and Robots, and Herbert's Dune : The Fractal Aesthetic of Epic Science Fiction : Donald E. PALUMBO : 2002 : Greenwood Press (série "Contributions to the study of science fiction and fantasy" #100) : ISBN-10 0-313-31189-7 : x+240 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait 70 USD pour un hc non illustré sans jaquette (pour mon exemplaire) qui est l'un des titres les plus difficiles à trouver de la série.
Dans son introduction, Donald Palumbo (un universitaire que l'on connaît surtout comme co-responsable de la série d'ouvrages de référence édités par McFarland) évoque la constance de la popularité de deux des séries phares de la SF : l'ensemble Robots/Fondation d'Asimov et la séquence autour de Dune de Frank Herbert. Le nombre d'éditions différentes de ces ouvrages et leur disponibilité quasi-permanente (voir par exemple le succès de la reprise chez Denoël des Asimov) atteste bien de la fascination que continuent à exercer ces textes. Pourtant, leurs qualités intrinsèques peuvent parfois (surtout pour le bon docteur) laisser à désirer. La thèse que Palumbo défend dans cet ouvrage est que l'attrait de ces métaséries (c'est son terme) est lié aux choix des auteurs de créer des ensembles de textes s'inspirant des théories du chaos et de proposer des sortes d'oeuvres fractales. La reconnaissance et l'appéciation par les lecteurs de ces éléments mathématiques expliqueraient donc leur popularité constante au sein du monde des amateurs de SF dont on peut penser qu'ils seraient particulièrement réceptifs à une telle démarche.
Après une introduction qui se double d'une initiation à la théorie des fractales et à celle des systèmes chaotiques, l'ouvrage se divise en trois parties principales. La première est consacrée aux textes de la sous-série Fondation (en gros la trilogie initiale et les romans des années 50 situés dans l'empire de Trantor). La deuxième étudie les fictions relatives aux robots (nouvelles et romans autour d'E. Baley) puis s'élargit aux procédés d'intégration (essentiellement via plusieurs romans interstitiels) ayant permis à Asimov d'unifier son univers fictif dans les années 80 et 90. La dernière partie, un peu plus courte, se penche sur les textes d'Herbert de la série Dune principalement sous l'angle de leur utilisation du fameux monomythe de Campbell. Le tout dernier chapitre lui est d'ailleurs presque tout entier consacré par le biais d'une démonstration de sa nature intrinsèquement fractale. A noter que des parties du livre semblent avoir été précédemment publiées dans diverses revues d'études sur le genre (SFS, Foundation) et qu'une bibliographie sommaire et un index complètent l'ouvrage.
Cet ouvrage forme un ensemble assez jouissif à lire. Il est d'abord toujours agréable de retrouver le chaos et les fractales, symboles de la science mathématique des années 90, même si Palumbo (qui est un professeur d'anglais) tombe parfois dans l'erreur conceptuelle en mélangeant joyeusement les deux, en oubliant que le lien entre ces deux disciplines est plus de l'ordre de l'artefact de visualisation (certaines représentations d'attracteurs chaotiques dans l'espace des phases sont en effet des fractales) que d'une similarité philosophique (il n'y a rien de moins chaotique qu'une courbe de Koch). Voir Palumbo comparer diagrammes à l'appui la structure de la "multilogie" Robots/Empire/Fondation à un ensemble de Cantor (un objet mathématique célèbre que l'on retrouvera chez Egan par exemple) est un grand moment d'émerveillement qui force l'admiration. Sa démonstration de l'existence simultanée dans le corpus étudié d'une esthétique fractale où chaque séquence d'évènements est reproduite à des échelles variées (c'est le principe de l'auto-similarité à la base de la discipline), et d'une structure narrative basée sur la théorie du chaos (et donc de la dépendance forte aux conditions initiales) est un plaisir à lire et s'appuie sur une lecture extrêmement détaillée des textes de base qui, par exemple, pointe clairement chaque répétition d'un même motif (la victoire à la dernière minute, les fausses identités qui dissimulent d'autres fausses identités, etc.) même si celle-ci se fait à des niveaux différents de l'intrigue.
On pourra aussi sourire en voyant Palumbo se livrer à un grand jeu de réécriture de l'histoire (AMHA ben sûr) quand il implique que, dès l'écriture de la trilogie originale (fin des années 40), Asimov avait déjà fait le choix délibéré d'une esthétique fractale (alors que Mandelbrot finissait à peine ses études). On savait Asimov brillant (et lui-même l'a souvent dit), mais à ce point c'est un exploit, exploit que les éléments bio-bibliographiques existants ne corroborent pas (du moins à ma connaissance). Parfois, l'argumentation de Palumbo pourrait bien se retourner contre lui, tellement elle est précise. En effet, en décortiquant les mécanismes scénaristiques d'Asimov et en montrant qu'ils se réduisent à une poignée de concepts et de situations systématiquement réemployés, il pourrait laisser supposer un certain manque d'originalité. De même le chapitre 6 dévoile assez bien les bricolages auxquels a dû se livrer Asimov pour parvenir à sa grande unification, ce qui donne finalement plus l'impression d'être face à un ensemble conçu après coup qu'à une idée développée sur des décennies, ce qui va à l'encontre de la théorie de l'essayiste.
J'ai personnellement trouvé la partie consacrée à Herbert plus faible, le lien avec la théorie du chaos se limitant le plus souvent au fait que l'écologie est une science du chaos (ah bon !) et la fractalité étant un peu oubliée. Le fil conducteur y est le monomythe Campbellien qui est présenté à la fois comme structure épique universelle (une sorte de couteau suisse) et comme objet fractal. En tout cas, tout cela m'a paru assez vague dans son application à l'univers de Dune qui est pourtant étudié avec force détails. Le dernier chapitre sort lui presque complètement du sujet du livre (les références à la SF se faisant même extrêmement rares au fil de la lecture) et vire quelque peu au fumeux avec les micro trous noirs qui côtoient les avatars de Bouddha et les motifs celtiques. Malgré cette fin un peu faible, c'est un ouvrage avec lequel on vraiment envie de dialoguer (éventuellement en le réfutant) et qui peut même, de par son argumentation fouillée, éventuellement faire changer l'appréciation artistique d'un lecteur sur Asimov, Herbert et leurs oeuvres.
Note GHOR : 3 étoiles
17:39 | 17:39 | Etudes mono-auteur | Etudes mono-auteur | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (2) | Commentaires (2) | Tags : anglais, 3 étoiles | Tags : anglais, 3 étoiles
12/03/2015
_The Oxford Handbook of Science Fiction_
The Oxford Handbook of Science Fiction : Rob LATHAM (editor) : 2014 : Oxford University Press : ISBN-13 978-0-19-983884-4 : xv+620 pages (y compris index) : coûte 97 GBP pour un hc avec jaquette et illustré en n&b, disponible en neuf chez l'éditeur ici.
Ce "manuel" (en tout cas telle est la traduction de son titre) est un exemple récent de cette catégorie de livres, souvent issus de presses universitaires, dont la vocation est de présenter le genre d'une façon "sérieuse" (mais voir aussi ici une autre approche du concept de "handbook" qui existait aussi sous forme de guides plus axés sur le côté pratique comme ceux écrits par De Camp). Ce volume, dirigé par Rob Latham (un professeur de littérature américain et un des editors de la revue SFS), fait partie d'une énorme collection qui aborde tous les sujets possibles et comporte plus de 450 titres (comme on peut le voir ici). Dans cet ouvrage qui se présente sous la forme d'un recueil d'essais, Latham s'est entouré de la fine fleur du monde de la réflexion sur le genre. Citons par exemple des gens comme Bould, Butler, Hollinger, Kilgore, Mendlesohn, Roberts, Seed, Westfahl, Wolfe ou Yaszek (et j'en oublie), même si Latham accueille aussi pas mal de nouvelles plumes extérieures au genre.
Après une présentation des nombreux contributeurs et une introduction de Latham qui définit les contours du projet, l'ouvrage se présente sous la forme d'un recueil d'une quarantaine d'essais (inédits) d'une grosse dizaine de pages chacun. Il est divisé en quatre parties qui comportent chacune onze textes. La première : "Science fiction as genre" est (grossièrement) consacrée à une présentation du domaine (histoire, fandom, définition), la deuxième : "Science fiction as medium" explore les divers modes d'expression utilisés (de la littérature à l'architecture en passant par les parcs d'attraction), la troisième : "Science fiction as culture" explore l'interaction du genre avec d'autres domaines culturels ou sociétaux (la science, la sexualité, les UFOs) ou avec certains de ses propres sous-ensembles (Cyberpunk, Steampunk) et la dernière : "Science fiction as worldwiew" couvre les intersections de la SF avec d'autres philosophies ou approches du monde (féminisme, post-colonialisme ou post-humanisme). Chaque essai comporte une courte liste des oeuvres citées et un index clôture l'ensemble. On remarquera dans certains articles un petit nombre d'illustrations en n&b.
Comme le dit bien Latham dans son introduction, ce livre n'a pas pour but de présenter un panorama synthétique du genre ni de refléter un éventuel consensus critique. Ceci donne du coup des essais qui sont généralement très pointus et offrent parfois une perspective assez étroite. Consacrer un essai entier aux quelques rares parcs à thèmes SF (dont certains sont même désaffectés depuis des années) est une approche certes originale mais dont la pertinence dans un ouvrage qui se veut quand même assez généraliste (si l'on en croît le matériel publicitaire) peut être aisément discutée. De passer à côté de pans entiers du genre est le risque corollaire de cette approche trop pointilliste. C'est parfois d'autant plus le cas que certains articles (surtout dans la troisième partie) peinent à se raccrocher à la SF (qui en quand même le sujet de l'ouvrage) tellement ils sont impliqués dans leur sujet principal (le design, l'armée ou la cyberculture par exemple).
Comme les textes rassemblés sont donc délibérément plus conçus par les auteurs comme des points de départ d'éventuelles discussions que comme des panoramas systématiques, le lecteur un tant soit peu familier avec l'analyse et les écrits sur la SF peut avoir l'impression de lire seulement des ébauches ou des extraits de réflexions plus abouties et plus étoffées. Pour les textes de certains auteurs, j'ai parfois cru (re)lire le premier chapitre (et parfois la conclusion) d'autres ouvrages qu'ils avaient écrit. Roberts sur la philosophie des lumières, Kilgore sur l'astrofuturisme, Westfahl sur Gernsback, Yaszek sur le féminisme, tous ces essais font irrésistiblement penser aux livres entiers écrits par les mêmes auteurs sur les mêmes sujets (ici, là, là et aussi là). En fait, presque chacun des textes peut être relié ou comparé à un ou plusieurs livres existants (par exemple Resnick & Malzberg sur l'économie du genre ou Sanders sur le fandom) qui abordent le même sujet avec vingt fois plus d'espace. Non pas que les textes regroupés par Latham soient de mauvaise qualité, mais l'ensemble fait quand même "un peu court" et ce d'autant plus si l'on se souvient du prix de l'ouvrage (qui atteint ses 150 Euros). Même si la partie consacrée à la SF non-littéraire est intéressante, l'ouvrage n'offre sans doute pas un immense intérêt en tant que tel mais peut fournir matière à débattre (comme certaines des affirmations dans l'essai consacré aux pulps).
Note GHOR : 2 étoiles (voire moins en fonction de la taille de sa bibliothèque de référence)
16:14 | 16:14 | Ouvrages généraux sur la SF | Ouvrages généraux sur la SF | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles
04/03/2015
_The Science of Science-Fiction Writing_
The Science of Science-Fiction Writing : James GUNN : 2000 : The Scarecrow Press : ISBN-10 1-57886-011-3 : ix+232 pages (y compris index) : coûtait une quinzaine d'USD pour un tp non illustré.
Cet ouvrage est signé par James GUNN un auteur de SF américain (que l'on peut rattacher à l'école Analog) à qui l'on doit pas mal d'ouvrages de référence (dont celui-ci est sans doute le plus connu). Il s'agit ici d'un exemple de cette catégorie de livres destinés à donner à des aspirants au métier d'écrivain un certain nombre de bases, y compris celle spécifiques à l'écriture de textes de science-fiction. Signe de l'existence d'un certain marché pour ce type d'ouvrage (en tout cas dans les pays anglo-saxons), il existe un nombre non négligeable de titres aux objectifs similaires, souvent écrits par des auteurs du genre (Card -le seul traduit en français-, Shaw ou Evans).
Ce livre se présente sous la forme d'une suite d'essais de taille variable (dont certains précédemment publiés dans diverses revues) qui sont divisés en trois parties. La première traite de l'écriture de fiction en général en abordant les points "techniques" principaux (les personnages, le décor, le suspense, la critique, etc.). La deuxième partie (plus courte) est axée sur les spécificités de la SF (héros et méchants, worldbuilding) introduites par une présentation générale du genre. La dernière section est consacrée à quatre textes sur des auteurs précis (Wells, Asimov, Heinlein et le couple Kuttner & Moore) sans doute à titre d'exemples à suivre. Deux annexes constituées de notes prises lors d'un atelier d'écriture animé par Gunn et un index clôturent l'ensemble.
Je passerai très vite sur cet ouvrage, n'étant pas moi-même un aspirant écrivain. Je suppose quand même qu'il est sans doute difficile de devenir auteur de SF avec à peine une centaine de pages de conseils. Le reste de l'ouvrage (les études sur les auteurs) n'offre pas grand intérêt (malgré une qualité certaine) dans la mesure où il s'agit de textes déjà connus et repris d'autres publications. Au final un livre dont le positionnement ("How-to" ou évocation du genre) est trop ambigu et, partant de cela, d'une utilité limitée.
Note GHOR : 1 étoile
11:37 | 11:37 | Ouvrages de référence divers | Ouvrages de référence divers | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 1 étoile | Tags : anglais, 1 étoile