05/02/2010
_The history of science fiction_ (Miller)
The history of science fiction : Ron MILLER : 2001 : Franklin Watts : ISBN-10 0-531-13979-4 : 144 pages : coûte 14 USD pour un TP au format carré illustré en N&B, doit pouvoir se trouver en neuf.
Cet ouvrage est écrit par Ron Miller, un auteur/illustrateur dans le domaine de la SF et de l'espace (voir son site : http://www.black-cat-studios.com/). Il s'agit d'un de ces ouvrages généraux qui ont pour objectif d'initier le lecteur néophyte ou simplement intéressé à la SF. Etant publié par un éditeur spécialisé dans les publications (qui fait partie du groupe Scholastic) destinés à la jeunesse, la cible visée ici est claire et le livre adapté à la tranche d'âge (je dirais à la louche les 12-15 ans) de par son côté aéré et la structure du discours.
L'ouvrage est divisé en huit chapitres d'inégale longueur. Le premier se plie à l'exercice imposé de la définition du genre, les trois suivants retracent l'histoire de la SF (qui commence à Lucien pour l'auteur). Le cinquième traite des grands thèmes abordés par la science fiction (des empires galactiques aux extraterrestres). Il est suivi par un traitement du genre à l'écran (Cinéma et TV) et de l'illustration. Le dernier chapitre concerne l'interaction entre la SF et la "vraie vie" (côté prophétique du genre, activités sociales en son sein). Plusieurs annexes terminent l'ouvrage : la liste des lauréats des Hugos et des Nebulas (romans seulement), une bibliographie d'ouvrages sur la SF (y compris des sites Internet) et de titres importants et un index. Le tout est largement illustré de pleines pages en N&B (couvertures, illustrations, photos de films).
Etant nettement trop vieux pour ce livre, mon regard n'est pas forcément le plus adapté. Il s'agit en tout cas d'un bon ouvrage d'initiation relativement exempt d'erreurs (on pourra toujours chipoter sur l'appartenance d'un livre de 1954 à la New Wave). Les points essentiels de l'histoire du genre sont présents et l'analyse de Miller extrêmement classique (précurseurs->proto->SF Gernsbackienne->âge d'or Campbellien->récession->New Wave->Cyberpunk) et passe bien par les points de passage obligés de toute histoire du genre (l'affaire Cartmill, le féminisme, Gibson...).
Au final un livre aéré, sympathique qui remplit parfaitement sa mission de fournir à de jeunes lecteurs un aperçu du genre dans son histoire et son étendue. Du coup, et sans vouloir enlever de ses qualités, cet ouvrage est strictement inutile à l'amateur un tant soit peu avisé.
Note GHOR : 1 étoile
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04/02/2010
_Historical dictionary of science fiction literature_
Historical dictionary of science fiction literature : Brian STABLEFORD : 2004 : The Scarecrow Press ("Historical dictionaries of literature and the arts" #1) : ISBN-10 0-8108-4938-0 : li+451 pages (y compris bibliographie secondaire) : coûtait 90 USD pour un HC non illustré, existe aussi en TP (-5397-3), disponible chez l'éditeur : http://www.scarecrowpress.com/Catalog/SingleBook.shtml?co....
Voici un ouvrage au projet assez classique. Edité par une maison à qui l'on doit un certain nombre d'ouvrages sur le genre et écrit par un des authentiques encyclopédistes de la science fiction, il s'agit donc d'un dictionnaire encyclopédique généraliste. En matière de couverture, il est consacré (comme son nom l'indique clairement) à la SF littéraire et exclut donc la TV et le cinéma mais aussi, étonnamment, les BD/comics. Géographiquement, l'ensemble des SF nationales est représenté, y compris la francophone, ce qui n'est guère surprenant au vu des états de service de Stableford qui a traduit de nombres textes de proto-SF en anglais.
Ce livre débute par plusieurs éléments de paratexte qui forment une partie assez volumineuse (une cinquantaine de pages) : préface, liste d'acronymes et d'abréviations, chronologie du genre (de 1726 avec Swift à 2003 avec Stross), introduction de Stableford (définition et esthétique du genre). Le gros de l'ouvrage est ensuite constitué de l'ensemble des entrées classées par ordre alphabétique (logique pour un dictionnaire). Relativement succinctes (les plus importantes ne dépassent que rarement une pages, la moyenne tournant autour d'une quinzaine de lignes), elles sont deux types : les fiches auteurs, constituées d'une bibliographie rapide plaçant les oeuvres dans les diverses catégories et évoquant leur intrigue (il y a parfois un court avis critique); et les entrées générales qui définissent les thèmes, concepts ou acteurs du genre. Une exhaustive (contenant des ouvrages en VF) bibliographie secondaire clôture l'ouvrage.
Il est immédiatement clair que cet ouvrage est bâti sur le modèle du C&N (The encyclopedia of science fiction), un projet auquel l'auteur a d'ailleurs participé. Même principe des entrées mélangeant les types, présentation similaire, système de renvoi vers certains termes identique, ton général proche. C'est une sorte de version "light" ce qui ne veut pas dire qu'il s'agisse d'un plagiat ou que Stableford soit moins pertinent, exhaustif ou factuel, c'est simplement un ouvrage plus "concentré" qui couvre un champ similaire en cinq fois moins de place.
A cause de sa maniabilité supérieure (format plus petit, solidité, pas de jaquette) c'est donc plus un ouvrage destiné à une consultation rapide mais néanmoins fiable qui ne sacrifie pas pour autant la qualité. Son autre point fort est d'être relativement récent, puisque l'on y trouve par exemple Chiang ou Dunyach. On notera aussi l'excellente et très copieuse bibliographie secondaire qui offre pas mal de pistes de recherche. Ce n'est donc pas un encyclopédie définitive du genre mais un outil d'appoint qui remplit parfaitement son rôle de cerner les acteurs principaux du genre.
Note GHOR : 3 étoiles
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03/02/2010
_L'histoire revisitée_
L'histoire revisitée : Panorama de l'uchronie sous toutes ses formes : Eric B. HENRIET : 1999 : Encrage (collection "Interface" #3) : ISBN-10 2-251-74103-8 : 222 pages (pas d'index) : coûtait 220 FRF pour un HC agrémenté de quelques illustrations en N&B.
Il s'agit là de la première version d'un des ouvrages majeurs existant sur l'uchronie. Pour faire simple, ce sous-genre de la science-fiction est celui basé sur le postulat d'un déroulement différent de l'histoire de notre monde (ou de notre univers). Parmi les oeuvres les plus connues, on trouve (par exemple) les récits de ce qui se serait passé si la peste noire avait décimé l'Europe, si l'Invincible Armada avait été vaincue ou les Nazis avaient gagné la 2GM. C'est donc à un panorama de cette honorable et ancienne partie de la SF que nous invite le spécialiste français du domaine (on lui doit aussi le plus récent L'uchronie). A noter que cet ouvrage a été réédité (deux fois) dans une version augmentée.
Organisé en une grosse dizaine de chapitres de taille variable (de cinq à trente pages), l'ouvrage se divise globalement en deux parties. La première est centrée sur l'historique et la théorie de l'uchronie en définissant le sous-genre et ses principaux concepts et en montrant son progressif éloignement du milieu "historique" et son intégration dans la SF. La seconde est le panorama promis qui détaille et évalue, souvent en fonction de la date de divergence (une méthode habituelle pour classer les uchronies), les diverses oeuvres produites qui sont d'ailleurs majoritairement des textes littéraires, romans ou nouvelles. Trois annexes complètent l'ouvrage : une liste de textes non évoqués dans le corps du livre, une chronologie du sous-genre jusqu'en 1939 et une liste des uchronies francophones (qui recoupe partiellement la précédente). L'ouvrage offre aussi une dizaine de pages d'illustrations en N&B (couvertures et documents divers).
On peut difficilement prendre en défaut l'érudition de Henriet qui semble connaître tous les coins et recoins de l'uchronie y compris dans les autres langues que le Français ou l'Anglais (un chapitre est d'ailleurs consacré à ces uchronies "exotiques"). C'est donc un plaisir que de voir mentionner certains textes peu connus. Les résumés fournis donnent souvent envie de lire les oeuvres évoquées et l'aspect critique reste mesuré à un tel point que l'on pourrait parfois trouver Henriet un peu trop gentil pour certaines d'entre elles.
C'est peut-être justement à cause de cette grande connaissance que l'ouvrage laisse malgré tout une certaine impression de fouillis. Tout d'abord, on est visuellement frappé par le volume des notes de bas de pages, nombreuses (il y en a 670) et surtout envahissantes (le record étant la page 22 où il n'y a que neuf lignes de texte pour une cinquantaine consacrées aux 11 notes). On sent bien que Henriet a beaucoup à dire (ce ne sont pas que des notes strictement bibliographiques) mais qu'il peine à insérer harmonieusement ce savoir à son discours. Cette surcharge d'information n'est d'ailleurs pas arrangée par les larges extraits des textes cités (qui forment à vue de nez entre 10 et 20% du total du livre) dont la pertinence est parfois discutable en ce sens qu'ils auraient pu être remplacés d'une façon plus courte par de la paraphrase. Ceci aurait libéré de la place pour un approfondissement de la partie purement théorique sur les diverses sortes d'uchronies, les récits d'univers parallèles ou de police temporelle (un travail qui sera plus abouti dans le Klincksieck).
Pour finir sur les points négatifs, on regrettera les légendes minimalistes des photos (encore un habitude française) qui ne permettent par exemple pas d'identifier les éditions qui sont montrés (sauf si on les possède) ou qui n'indiquent même pas le nom de l'illustrateur. Nettement plus gênant pour une utilisation pratique de l'ouvrage est l'absence totale d'index qui force celui qui veut retrouver l'avis d'Henriet sur telle ou telle oeuvre à relire tout le livre ou à tenter une supposition sur le placement du texte dans la logique de l'essai (en sachant que certains textes sont discutés à plusieurs endroits). C'est vraiment dommage car cela condamne un livre très intéressant et bourré (c'est vraiment le cas) d'information à n'être que rarement employé comme référence alors qu'il en a largement les qualités. N'ayant pas la deuxième version, il se peut que celle-ci corrige ce défaut.
Note GHOR (malgré tout) : 3 étoiles
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02/02/2010
_Red planets : Marxism and science fiction _
Red planets : Marxism and science fiction : Mark BOULD & China MIEVILLE : 2009 : Wesleyan University Press : ISBN-13 978-0-8195-6913-4 : 293 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 28 USD en neuf pour un TP non illustré, il semble exister un HC à 75 USD et une publication simultanée par Pluto Press.
Coédité par Mark Bould (un universitaire spécialiste du cinéma de SF) et China Miéville (un auteur britannique qui produit du "New Weird", une étiquette de sa création), cet ouvrage est un recueil d'essais inédits sur les rapports entre Marxisme et SF. Même si la coloration politique de la SF a toujours été assez difficile à déterminer malgré généralement une acceptation tacite du capitalisme (parfois sauvage), il a toujours existé, quelles que soient les époques, une frange du genre d'inspiration clairement marxiste, de London et Bellamy à MacLeod en passant par Reynolds (Mack), frange que cet ouvrage ambitionne d'explorer.
Ce recueil comporte 11 essais d'une vingtaine de pages chacun qui sont regroupés dans trois parties principales : la première (4 textes) traite de l'ambition utopique dans les ouvrages de tendance marxiste (littérature avec Le Guin et K. S. Robinson, cinéma avec Wenders); la deuxième (3 textes) se focalise sur la SF récente avec par exemple une discussion sur la Singularité ou sur Ken MacLeod; la troisième et dernière (4 textes) rassemble des textes sur la SF écrits dans une perspective marxiste. Une longue postface de Miéville fait ensuite le point sur l'état des lieux de la théorie marxiste de la SF (Suvin, Freedman, Jameson). Plusieurs volumineux appendices sont fournis : une longue (20 pages) liste brièvement commentée des oeuvres "de gauche" (textes et films), une liste d'ouvrages de référence sur le marxisme et/ou sur la SF et un index.
Autant le thème de ce recueil d'essais semblait à la fois séduisant, audacieux et original, autant le résultat final est décevant. En effet, ce livre illustre bien la problématique des ouvrages de référence sur le genre quand ils sont écrits par des intervenants plutôt extérieurs à celui-ci comme c'est la cas ici où la majorité des auteurs sont issus de la sphère universitaire des sciences sociales ou des départements d'Anglais "classiques". Il se produit un phénomène analogue à celui que l'on rencontre pour les minutes "Eaton conferences" qui est parfaitement illustré par le tout premier texte de Matthew Beaumont : sur les vingt pages de son essai (The anamorphic estrangements of science fiction) la majorité sont consacrées à une discussion du célèbre tableau de Holbein (Les ambassadeurs) et son fameux crâne anamorphique. Un vague lien n'est fait avec la SF (en fait avec la théorie Suvinienne du genre) qu'au moment où l'essai se termine.
De nombreux textes sont dans ce cas où l'auteur n'hésite pas à enfourcher son dada favori (que ce soit le film noir, la république de Weimar et la critique cinématographique, l'exploitation des animaux, les évènements de 1968, Le Corbusier, etc.) sur plusieurs pages avant de se rappeler qu'il doit parler de SF ce qui nous vaut généralement un violent retour final dans le genre avec force clichés et auteurs convenus (Le Guin, Atwood). Même les pratiquants du genre comme Miéville donnent particulièrement dans l'abscons avec un texte sur l'évolution des théories marxistes du genre qui n'est compréhensible que pour qui les connaît bien. Ce manque de connaissance du genre est d'ailleurs illustré de façon frappante par deux choses : l'absence presque complète de discussion de la SF des pays de l'Est (que l'on pourrait croire comme pertinente sur un tel sujet) et le fait qu'une infime (à la louche moins de 10%) partie des oeuvres listées en appendice sont ne serait-ce que simplement mentionnée dans les essais.
On peut toutefois sauver de ce livre la bibliographie, quelques bribes sur les nouveaux auteurs britanniques et le texte sur MacLeod (bien qu'il existe un ouvrage nettement plus approfondi sur le sujet). Un joli ratage qui montre que la réflexion sur le genre ne s'improvise pas si aisément que cela.
Note GHOR : 1 étoile
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01/02/2010
_Histoire de la science-fiction moderne 1911-1984_
Histoire de la science-fiction moderne 1911-1984 : Jacques SADOUL : 1984 : Robert Laffont (collection "Ailleurs & demain - essais") : ISBN-10 2-221-04464-9 : 513 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 110 FRF pour un TP à la couverture métallisée d'une fragilité conforme à sa légende.
Cet ouvrage est un des textes légendaires du petit domaine des études sur la SF en français. C'est un monument de permanence puisqu'il a subi plusieurs métamorphoses : une première version a été publiée en 1973 en un volume par Albin-Michel et couvrait la période 1911-1971; une deuxième version (1911-1975) sera éditée en 1975 par J'ai Lu (une collection dirigée par Sadoul) en format poche et divisée en deux tomes (un pour le domaine anglo-saxon, un pour le reste du monde); enfin le tout sera remanié, complété (1911-1984) et regroupé pour aboutir à ce volume qui clôturera l'épisodique collection des essais chez A&D. C'est aussi un monument d'ambition puisque celle de Sadoul est tout simplement de raconter l'histoire du genre de 1911 (parution de Ralph 124C41+) à 1984 (date d'écriture du livre) à la fois dans les pays anglo-saxons et en francophonie (les autres SF sont aussi abordées). A noter que cette édition ne comporte pas de cahiers photographiques contrairement à celle d'Albin-Michel.
Le livre est découpé en deux parties très inégales correspondant à son découpage géographique. La première (presque 400 pages) concerne donc les USA et la GB, la seconde (une centaine de pages) traite du domaine francophone. Ces parties sont divisées en un certain nombre de chapitres correspondant à des périodes de l'histoire du genre telles que définies par Sadoul (globalement des grosses décennies suivant un canevas assez standard). Au sein de chaque chapitre on a une narration chronologique (et par magazine pour l'anglais) qui met surtout l'accent sur les oeuvres littéraires indépendamment de leur longueur et de le traduction ou non en VF. Quelques annexes complètent le livre : un panorama rapide (une dizaine de pages) des "autres SF" (allemande, italienne, latine, de l'Est), une bibliographie d'ouvrages de référence et un index (titres et noms propres).
Il est généralement de bon ton de critiquer cette histoire de la SF pour divers motifs : goût de l'autopromotion et partialité de l'auteur qui "vend" sa collection et ses auteurs, erreurs de perspective historique, manque de fluidité de la narration qui n'est qu'une simple accumulation de résumés d'intrigues, oublis divers et erreurs factuelles. Il est vrai que ces reproches peuvent légitimement être faits à Sadoul comme par exemple la citation au sein d'une histoire globale du genre d'un certain nombre de novellisations médiocres dont le seul intérêt est d'avoir été publiées par J'ai Lu (et l'abondance de titres de cet éditeur en général), ces coquilles sur des titres de Van Vogt (The universe makerS) ou globalement un biais notable en faveur la SF qu'il apprécie.
Mais ces reproches sont-ils réalistes ? Tout d'abord, peut-on vraiment écrire une histoire de la SF mondiale même en 500 pages en ne négligeant aucune oeuvre, aucun auteur important ou aucun courant ? Si cela était possible, peut-on le faire d'une façon impartiale ? Les rares qui on tenté l'expérience on tous été attaqués sur ces critères : Aldiss (Billion puis Trillion year spree) par la frange "dure" de la SF US, à contrario, Del Rey (The world of science fiction) l'a été par Aldiss et Priest, et plus récemment Roberts (The history of science fiction) sur la dimension religieuse. En gros, la mission n'est-elle pas tout simplement impossible ?
Au final, il reste une histoire du genre érudite et passionnante malgré ses défauts certains, une oeuvre d'une ambition rarement égalée même chez les anglophones et un des textes francophone clés sur le genre. C'est aussi la seule tentative sérieuse d'une histoire de la SFF. En plus, c'est aussi un livre qui m'a personnellement beaucoup apporté et que je chéris particulièrement.
Note GHOR : 3 étoiles
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