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14/10/2009

_Science fiction and the two cultures_

Science fiction and the two cultures : Essays on bridging the gap between the science and the humanities : Gary WESTFAHL & George SLUSSER : 2009 : McFarland (série "Critical explorations in Science Fiction and Fantasy" #16) : ISBN-13 978-0-7864-4297-3 : 282 pages (y compris index et bibliographie) : une grosse vingtaine d'Euros pour un TP, disponible chez l'éditeur : http://www.mcfarlandpub.com/book-2.php?id=978-0-7864-4297-3.

Science fiction and the two cultures.jpg

On peut dire que ce volume rassemble globalement les minutes de la 20ème "J. Lloyd Eaton conference on science fiction and fantasy literature" qui s'est tenue en 1999 aux USA (seul trois essais n'y ont pas été présentés). Il s'agit, à ma connaissance, du plus récent des nombreux ouvrages de ce type (qui sortaient avant chez SIUP) consacrés à ce symposium sur la SF qui rassemble autour d'un thème le gratin de la critique littéraire appliquée à la SF. Cette année-là, le thème était la fameuse controverse des "deux cultures" initiée par Snow et Leavis qui postulaient une sorte de schisme entre littéraires et scientifiques.

Contre l'infini (Denoel 1983).jpg

On trouve dans ce recueil, 16 essais assez courts, faisant chacun entre dix et vingt pages. Ils sont regroupés en deux grandes parties, la première consacrée au problème général des deux cultures et la seconde montrant des exemples de son traitement dans des oeuvres de SF (The first men in the moon, Against infinity, le cycle des Robots d'Asimov) ou utilisant des thématiques exportées du genre (Ratner's star de DeLillo). Les auteurs des papiers sont les éternels habitués : Slusser, Westfahl, Fredman, McConnell, Benford, Hendrix. L'ouvrage se termine par une postface de Westfahl qui est une réminiscence des conférences passés, une bibliographie des oeuvres citées (bizarrement divisée en plusieurs sections) ainsi qu'un index.

Beyond infinity (Orbit 2004).jpg

Cet ouvrage est, plus que d'autres de la même série, victime de l'effet fourre-tout. En gros on a deux types d'essais : ceux de la première partie qui se positionnent généralement dans les débat sur les deux cultures mais qui négligent de parler de SF (y compris McConnell comme à son habitude) et ceux de la seconde partie qui parlent de SF mais dont le rapport avec le sujet est au minimum peu évident.

Les robots (JL 1972).jpg

Outre ce manque d'unité, l'ensemble des textes m'a paru d'un niveau plutôt moins bons que d'habitude avec des essais complètement anecdotiques, comme cette recension des robots tueurs (et d'ailleurs quel rapport avec les deux cultures ?) ou celui sur deux ouvrages de SF roumains que personne n'a lu et ne lira jamais tellement l'auteur n'arrive pas à communiquer un quelconque intérêt pour ceux-ci. Même des intervenants généralement inspirés comme Westfahl sont à peine moyen avec sa démonstration statistique du fait que le PIB d'un pays (ici Taiwan) croît de la même façon que le nombre de livres de SF qui y sont publiés, une chose qui apparaît assez logique mais qui demande à être explicitée, chose que l'auteur évite soigneusement.

Les robots de l'aube T1 (JL 1984).jpg

Un ouvrage trop fouillis et trop léger pour être intéressant.

 

Note GHOR : 1 étoile

07/10/2009

_Dictionnaire de la science-fiction_

Dictionnaire de la science-fiction : Denis GUIOT & Alain LAURIE & Stéphane NICOT : 1998 : Le Livre de Poche (collection "Jeunesse" #1510) : ISBN-10 2-01-321572-X : 285 pages (y compris annexes et index) : coûtait 35FF à l'époque pour un poche largement illustré en N&B.

Dictionnaire de la science-fiction.jpg

Paru dans une collection destinée à la jeunesse, cet ouvrage est, comme son nom l'indique, un dictionnaire de la SF (la Fantasy n'y est que très peu abordée). On le doit aux plumes conjuguées de spécialistes es-juvenile (Guiot dirigeant une collection, Laurie en écrivant, Nicot ayant écrit plusieurs dossiers pédagogiques). A noter qu'une partie des entrées s'inspirent d'un ouvrage antérieur dirigé par Guiot : Le monde de... la science-fiction.

La science-fiction (Guiot & Barlow & Andrevon).jpg

Ce dictionnaire rassemble donc un nombre limité d'entrées (une centaine) qui se répartissent en deux catégories. La majorité est formée par des entrées thématiques qui développent soit des concepts généraux tels qu'inventés ou utilisés par la SF (Androïde, Guerre, Voyage dans le temps...),  soit des termes propres au genre (Convention, Prix, Space opéra...). A cela s'ajoutent un petit nombre (une vingtaine à vue de nez) d'entrées relatives à des auteurs précis. On y retrouve la liste habituelle des figures les plus connues (ou susceptibles d'être connues par de jeunes lecteurs) du genre (de Asimov à Wul en passant par Dick). Cette partie dictionnaire est illustrée (en N&B) de dessins de Manchu, de photos d'auteur ou extraites de films et d'un certain nombre de reproductions de couvertures (quelques pulps et surtout des poches VF). Plusieurs annexes sont fournies : conseils de lecture (regroupés par tranche d'âge de lecteurs), bibliographie secondaire, liste des supports du genre (collections et revues), carnet d'adresse (librairies, sites, revues). Un index clôt l'ouvrage.

Wonder Stories 1933-02.jpg

Je ne suis pas idéalement placé pour juger objectivement de cet ouvrage vu que je ne fais plus partie du public visé. En tout cas, l'entreprise est sympathique et bien réalisée, sans grosses bêtises et avec une mise en adéquation des exemples avec le lectorat cible. Je suis juste un peu sceptique sur la pertinence de la forme dictionnaire (que l'on peut supposer rébarbative) pour un livre devant amener les jeunes à mieux connaître le genre, la lecture d'une tel ouvrage n'étant pas des plus simples et pouvant poser le problème de la perception globale du riche ensemble qu'est la SF.

Le vagabond de l'espace (RL 1977).jpg

Un bon petit livre qui atteint ses objectifs mais qui n'est d'aucune utilité à l'amateur un tant soit peu chevronné, ce dernier n'étant de toute façon pas dans le public visé.

 

Note GHOR : 1 étoile

02/10/2009

_Le détroit de Behring : Introduction à l'uchronie_

Le détroit de Behring : Introduction à l'uchronie : Emmanuel CARRERE : P.O.L. : 1986 : ISBN-10 2-86744-070-X : 122 pages (pas d'index ni de bibliographie) : marqué 72 FRF pour un TP qui semble même pouvoir se trouver en neuf.

Le detroit de behring.jpg

Membre d'une famille de l'intelligentsia française, prodige littéraire devenu cinéaste, Emmmanuel Carrère est un personnage plus associé à la littérature "blanche" qu'au petit monde de la SF. Pourtant, il a toujours affiché clairement un intérêt pour celui-ci, en particulier par cet ouvrage et par sa biographie (sic) de Dick Je suis vivant et vous êtes morts.

Je suis vivant et vous etes morts.jpg

Cet ouvrage reprend le mémoire (de maîtrise ?) rédigé par Carrère au début des années 80. Il s'agit, comme son nom l'indique, d'une introduction à l'uchronie, un sous-genre de la SF qui, même si son nom et son existence sont fort anciens, restait assez peu connu en dehors du cercle des amateurs de SF. En plusieurs chapitres l'auteur nous convie à un tour de l'uchronie en détaillant un certain nombre d'oeuvres appartenant d'une façon plus ou moins centrale (il ne s'agit parfois que de quelques lignes uchroniques au sein d'un roman) à ce genre. Le tout est saupoudré de diverses considérations vaguement philosophiques de l'auteur. On notera la surprenante (pour un mémoire) absence d'index et de bibliographie.

Le son du cor (OPTA 1970).jpg

Comme le reconnaît aisément Carrère, cet ouvrage doit beaucoup à l'encyclopédie de Versins mais il est toutefois bien loin d'en posséder la rigueur. En effet, cet essai manque singulièrement d'une structure discernable (indice = les chapitres ne possèdent pas de titres) et la promenade proposée par l'auteur tourne rapidement au mouvement Brownien. Même si ce que dit Carrère est parfois pertinent, l'ouvrage est trop nébuleux pour donner une idée un tant soit peu nette de l'uchronie à un nouveau lecteur du genre.

Le son du cor (LDP 1978).jpg

Un livre à réserver à ceux que les états d'âme ou les digressions de l'auteur peuvent intéresser (on remarquera une conclusion du style "laissons tomber l'uchronie pour vivre le réel" qui tue littéralement le projet du livre). Un essai qui, faute de mieux, faisait autorité sur le sujet mais qui est heureusement maintenant remplacé par les divers travaux d'Eric Henriet. Une curiosité bien dans l'esprit de ces livres sur la SF écrits par des gens extérieurs au genre où l'absence de connaissance du domaine est masquée par des artifices.

L'histoire revisitée.jpg

Note GHOR : 1 étoile

01/10/2009

_The detached retina : Aspects of SF and Fantasy_

The detached retina : Aspects of SF and Fantasy : Brian W. ALDISS : 1995 : Liverpool University Press (série "Science fiction texts and studies" #4) : ISBN-10 0-85323-299-7 : x + 224 pages (y compris index) : coûtait 12 GBP pour un TP, existe aussi en HC (-289-X).

The detached retina.jpg

Comme d'autres personnages influents dans le domaine, Brian Aldiss est à la fois un auteur de SF réputé (on pensera à Hothouse ou la trilogie "Helliconia") doublé d'un commentateur expérimenté du genre. Il est particulièrement connu pour son histoire de la SF : Billion year spree, révisée comme Trillion year spree, un livre dont la particularité est de faire débuter l'histoire de la science-fiction avec Frankenstein. Outre ces ouvrages massifs, il a aussi écrit de nombreux textes courts autour du genre dont il existe plusieurs recueils (The pale shadow of science, This world and nearer ones, etc...).

This world and nearer ones.jpg

Ce volume contient un grosse vingtaine de courts (souvent moins de dix pages) textes parus globalement entre 1980 et 1995 (certains sont inédits). Une partie d'entre eux se trouvaient déjà dans le duo de recueils parus chez Serconia (The pale shadow of science et And the lurid glare of the comet) mais ont été révisés pour cette parution. En matière de provenance, il y a un peu de tout : des préfaces (The quincunx of time), des postfaces (Orbit SF yearbook two), des articles parus dans divers magazines (Locus, Foundation, Extrapolation), des nécrologies (Sturgeon), des  retranscriptions de discours ou interventions voire des entrées relatives à un auteur écrites initialement pour d'autres ouvrages de référence (celle sur Shelley tirée du Science fiction writers de Bleiler).

The pale shadow of science.jpg

Un des textes du recueil s'intitule Campbell soup (un court article sur Astounding/Analog sous l'ère Campbell), le terme de soupe est tout à fait adapté à l'impression que l'on peut retirer de cet ouvrage. Comme souvent avec ce genre de compilation, il y a vraiment à boire et à manger. Cela va de textes à tendance historique (comme cette intéressante recension de plusieurs des premiers voyages fictifs vers la Lune) à des souvenirs plus personnels en passant par des textes de commande ou de circonstance. Ceci garantit un effet "patchwork" que l'on peut trouver agréable et léger mais qui, en ce qui me concerne, me laisse sur ma faim devant des théories intéressantes ou discutables qui ne sont pas suffisamment approfondies.

The orbit science fiction yearbook 2 (Orbit 1989).jpg

On retrouve quand même bien la plume parfois acérée de Aldiss, un grand monsieur de la SF qui a le mérite d'avoir des positions et un avis tranchés sur le genre même si ils ne sont pas forcément partagées par tous. Il y a quand même chez l'auteur un certain "britannico-centrisme" qui le fait traiter de certains sujets mille fois rebattus (Shelley, Wells, Stapledon) et qui colore parfois ses propos d'un certain mépris pour les autres SF (surtout US). Au final c'est un livre qui offre une lecture agréable mais qui reste un ensemble trop léger pour laisser une impression durable.

Helliconia spring (Granada 1983).jpg

Note GHOR : 1 étoile

30/09/2009

_Démons et merveilles de la science fiction_

Démons et merveilles de la science fiction : Henri GOUGAUD (assisté de Alain LACOMBE) : 1974 : Julliard : pas d'ISBN : 189 pages (pas d'index) : TP grand format abondamment illustré en N&B qui se trouvait en neuf il n'y a pas si longtemps.

Demons et merveilles de la SF.jpg

Henri Gougaud ne fait pas vraiment partie du milieu de la SF. Ce personnage est un poète et un conteur qui nous donne ici un ouvrage inclassable. C'est la fois "coffee-table book" par sa taille, son papier de qualité et son iconographie et c'est aussi une réflexion fleurie sur le genre et une tentative de démontrer les liens entre les archétypes fantastiques et les thèmes les plus couramment abordés par la SF, la thèse de Gougaud étant (semble t-il) que celle-ci n'existe pas, étant une simple réincarnation du Fantastique (une théorie assez courante dans le milieu intellectuel français, cf. Sternberg).

Une succursale du fantastique nommée science-fiction.jpg

Ce livre est divisé en exactement dix chapitres d'une petite vingtaine de pages. Chacun d'eux est consacré à un thème ou à une image soit propre au genre (le robot, le vaisseau spatial, l'extraterrestre) soit tel que traité par la SF (la femme, la ville, le vertige). Gougaud y passe en revue l'historique partiel de ce concept au sein du genre tout en l'entourant de ses propres réflexions. Le tout est illustré de nombreuses images pleine page, des images qui sont essentiellement tirées du cinéma (japonais en particulier) ou de l'illustration fantastique "classique" (Escher, Piranèse, Bosch). D'une façon somme toute assez logique, l'ouvrage ne comporte pas d'index ni de bibliographie.

Planète interdite (RF 1957).jpg

Il faut reconnaître à Gougaud une grande connaissance du genre, le nombre et la variété des exemples qu'il fournit pour illustrer les thèmes étudiés en attestant (de Butler à Smith, de Orwell à Vance, du roman fleuve à la nouvelle isolée, y compris en VO). Malgré tout, le discours n'est pas d'une limpidité évidente et le style parfois surchargé complexifie la lecture inutilement. De toute façon, je ne pense pas qu'il ait été dans le projet de l'auteur d'écrire un ouvrage analytique mais plutôt une sorte d'ensemble quasi onirique crée par associations libres. Cette construction explique aussi un certain nombre d'approximations (dont une : la traduction de "fantasy" dans une citation de Van Vogt par "fantastique", au tout début du livre révèle nettement le parti pris de l'auteur) et d'ellipses (des résumés de texte non attribués qui les rendent non identifiables).

La machine à tuer (OPTA 1969).jpg

L'iconographie souffre d'un nombre de faiblesses plus inquiétant. On passera sur le fait que pour Gougaud (ou pour Lacombe qui semble avoir réalisé cette partie du livre), la SF soit visuellement représentée par des images "acceptables" par un public cultivé soit parce qu'elles n'en sont pas vraiment (il y presque une dizaine de gravures d'Escher), soit parce qu'elles sont aux marges de l'art (Druillet) soit parce qu'elles sont suffisamment exotiques (les films japonais). En tout cas, il n'y a aucune image issue d'un pulp et aucune illustration de couverture, un point paradoxal pour un ouvrage qui traite essentiellement de la SF écrite. Plus inquiétant est le fait que la personne qui a légendé les illustrations ne connaît pas grand chose au genre. En effet, une image (les fameux robots policiers au visage métallique) tirée de THX-1138 est par exemple libellée "Robot cosmonaute", on trouve aussi ce qui semble bien être l'arrivée sur la lune de la navette dans 2001 comme représentant un "extraterrestre machinal" (sic). Tout cela n'est guère sérieux. 

Patrouilles (FN 1984).jpg

Dommage pour ce livre qui est une sorte d'ode à la SF. Un acte courageux (pour l'époque) mais qui est à la fois plombé par une théorie sous-jacente (SF = Fantastique modernisé) largement discutable ou méritant au moins plus de sérieux dans la démonstration et par une iconographie choisie à la va-vite.

 

Note GHOR : 1 étoile