21/11/2008
_Fritz Leiber : Critical essays_
Fritz Leiber : Critical essays: Benjamin SZUMSKYJ : McFarland : 2008 : 207 pages (avec index mais délibérément sans biblio générale) : ISBN 978-0-7864-2972-1 : couverture photographique : une vingtaine d'Euros pour un trade paperback.
Cet ouvrage est un recueil d'essais critiques qui se veut combler le manque d'ouvrages consacrés à ce géant (^_^) véritablement transfictionnel (^_^) qu'était Fritz Leiber. Son positionnement sur plusieurs genres (SF, Fantasy & Horreur) étant de nature à nuire à une claire appréciation de ses qualités.
Composé de onze textes de longueur très varaible (de quarante à moins de dix pages), il aborde les thèmes et/ou les oeuvres suivantes :
- Le problème de la civilisation (opposée à la barbarie) principalement dans la série Lankhmar.
- Une étude détaillée sur l'expansion de la nouvelle The pale brown thing en le roman Our lady of darkness.
- Une étude par le fils de Leiber sur ses théories temporelles.
- Une autre sur la mort et la renaissance (se concentrant aussi sur Our lady of darkness).
- Les chats dans l'oeuvre de Leiber au travers de trois portraits de félins (Lucky dans The green millenium, Gummitch dans Space-time for springerset Tigerishka dans The wanderer).
- Une étude freudienne de The girl with the hungry eyes.
- Un texte de Joshi (un spécialiste de Lovecraft) sur la modernisation du gothique par Leiber.
- Une analyse des poèmes de Leiber.
- Une étude sur les divers pouvoirs (pas magiques mais sociétaux) dans la série Lankhmar.
- Encore un texte sur les rapports entre Lovecraft & Leiber.
- Une analyse de Gather darkness sous l'angle du passé religieux de Leiber.
On pourra tout d'abord noter que Leiber n'est quand même pas un des auteurs les plus mal lotis en matière d'ouvrages de référence, j'en veux pour preuve les livres suivants qui sont déjà dans ma modeste bibliothèque de référence :
Le premier se dispersant un peu mais le deuxième étant excellent.
Et au moins ces deux bibliographies (en deux volumes pour la première).
Ceci dit, cet ouvrage est au final assez inégal, certains textes étant très fouillés et très appuyés (le premier par exemple), d'autres étant plus légers de ton (celui sur les chats) ou franchement plus anecdotiques. C'est pour cette raison que ce livre souffre de la comparaison avec le Byfield qui a l'avantage d'un auteur unique.
Il y a aussi des articles qui appellent un approfondissement (Leiber & Lovecraft) et laissent un gout de "pas assez" qui est un peu dommage au vu de la qualité générale des réflexions.
Leiber ayant pratiqué avec réussite tous les genres frères de l'Imaginaire (tiens, je me mets à parler à la mode) : SF, Fantasy, S&S, Fantasy Urbaine, Horreur, Fantastique, l'amateur de SF ne peut que regretter la petite part consacré aux écrits de notre genre préféré.
En effet, l'ouvrage se base essentiellement sur le couple Our Lady of darkness & la série Lankhmar et fait carrément l'impasse sur des textes aussi importants (AMHA) que The night of the wolf ou les multiples nouvelles (Catch that zeppelin, The moon was green, Coming attraction) et ne fait (par exemple) que survoler la série Changewar.
On notera aussi la très petite part accordées aux nouvelles hormis The girl with the hungry eyes(du fantastique) et celles du cycle de Lankhmar (de la fantasy), alors que mes meilleurs souvenirs de l'auteur (hormis Gather darkness et The big time) sont sur ce format.
Quoi qu'il en soit, c'est un ouvrage d'une bonne tenue, qui, une fois traduit, agrémenté d'une bibliographie des VF et muni d'une de ces fameuses couvertures photographiques non-figuratives au style indéfinissable, ferait un excellent compagnon aux ouvrages sur RAH et Anderson.
Note GHOR : 2 étoiles (par rapport au Byfield)
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20/11/2008
_The end of the world_
The end of the world : Eric S. RABKIN & Martin H. GREENBERG & Joseph D. OLANDER : Southern Illinois University Press (série Alternatives) : 1983 : ISBN-10 0-8093-1033-3 : 204 pages (y compris biblio, index et notes) : une grosse dizaine d'Euros d'occase pour un HC avec jaquette.
Ce volume regroupe des essais sur le thème de la fin du monde (le notre ou notre univers). A l'époque (la fin de la guerre froide) ce thème, et celui plus étroit de la guerre nucléaire, a été une mine d'essais sur le sujet (Bartter, Brians, Dowling, Yoke, Seed...). Cet ouvrage est d'ailleurs chronologiquement un des premiers.
Il est divisé en six chapitres dus à seulement 5 auteurs. Ce petit nombre de textes est une vraie différence par rapport aux autres ouvrages de ce type (y compris ceux de la même série) qui ont traditionnellement un sommaire plus riche (plus d'une dizaine d'essais au moins). Ceci entraîne logiquement une taille des essais plus importante et un approfondissement bienvenu.
Nous avons donc au sommaire :
- "The remaking of zero" (Wolfe) : un survol de la structure "standard" des textes post-apocalyptiques, s'appuyant sur les exemples (littéraires seulement) que l'on va retrouver au fil de l'ouvrage.
- "The lone survivor" (Plank) : une histoire des typologies de fin du monde au travers des âges, celles-ci ayant par exemple changé avec les progrès scientifiques.
- "Ambiguous apocalypse" (Galbreath) : se concentre sur les fins du monde qui n'en sont pas vraiment puisqu'elles ne sont que le prélude à un avenir glorieux malgré tout (exemple classique : Les enfants d'Icare).
- "Round trips to doomsday" (Wagar) : étudie les liens entre les théories de temps cyclique (ou en spirale) et d'apocalypse.
- "Man-made catastrophes" (Stableford) : comme son nom l'indique se focalise sur les fins du monde de nature humaine (guerre, écologie, épidémie...).
- "The rebellion of nature" (Wagar encore) : est le pendant du précédent en traitant les apocalypses dues à des causes naturelles (Nova, comète, extra-terrestres...).
Il y a aussi une courte (4 pages) bibliographie sélective, fiction (romans) et non-fiction.
Je pense qu'il faut aborder ce livre dans on contexte de l'époque (sociétal et aussi celui du genre). En effet, sa lecture de nos jours donne l'impression d'un thème maintes fois ressassé, tant dans le domaine de l'étude (cf le nombre d'ouvrages théoriques évoqués) que dans celui de la fiction (littéraire ou cinématographique).
Ce thème est peut-être aussi pour nous d'une actualité moins immédiate (malgré les menaces climatiques), les scénarios de fins du monde que l'on nous propose dans la réalité étant plutôt du genre progressifs (la soft apocalypse).
Dans l'optique de l'époque, c'est donc un ouvrage original et une des premières synthèses sérieuses autour de ce thème. Mêlant SF et récits plus anciens, étayé par des exemples et des citations, il n'y a pas grand chose à reprocher à cet ouvrage (si ce n'est parfois un manque
de résumé de certains textes utilisés qu'il vaut mieux déjà connaître pour savoir de quoi parle l'auteur).
Le lecteur de 2008 (ou celui qui possède une certaine habitude de la réflexion sur le genre), sera lui victime d'une indéniable sensation de "déjà-vu" à la n-ième discussion de Miller ou de Shiel ou à la n-ième liste des catastrophes possibles.
Il n'en reste pas moins que c'est un ouvrage solide et suffisament synthétique pour figurer dans une bibliothèque de référence, même s'il existe des ouvrages plus détaillés sur certains sous-thèmes (surtout la guerre nucléaire).
Note GHOR : 2 étoiles
Pour l'anecdote, on notera la frappante ressemblance de la maquette de cet ouvrage avec les hardcovers de Dobson :
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18/11/2008
_The multi-man_
The multi-man: Philip HARBOTTLE : éditeur non mentionné (probablement Harbottle himself) : 1968 : ill Harbottle (d'après Marchioni) : pas d'ISBN : 69 pages (pas d'index) : reliure à spirale : 12 Euros sur e-bay.
Cet ouvrage est consacré à John Russell FEARN (1908-1960), auteur britannique aux multiples pseudonymes, traduit en VF aux débuts du FNA et de Galaxie (1ère série).
Il se compose d'une première partie qui mêle biographie et analyse d'une partie de l'oeuvre de Fearn (y compris hors du champ SF), en tentant de dégager les qualités de l'auteur. A noter que cet essai (The ultimate analysis) existe dans divers supports.
Le deuxième partie est une bibliographie commentée (un court résumé sur quelques lignes est généralement fourni) des textes de Fearn, organisée par pseudonyme et par genre.
Fearn est un auteur, qui même en France, traîne derrière lui un lourd passif de tâcheron de la SF, fossoyeur de la "SF de qualité", auteur présumé de textes horribles publies chez des éditeurs de troisième zone sous des pseudonymes abracadrantesques.
Harbottle essaie tant bien que mal deux choses :
- rétablir une certaine vérité quand aux ouvrages vraiment écrits par Fearn (par exemple, certains titres dus à Tubb lui sont attribués) et en tout cas préciser dans quelles circonstances l'auteur a pu faire preuve d'une telle apparente productivité.
- redorer le blason de l'écrivain en montrant quelle place il peut légitimement revendiquer dans l'histoire de la SF et en quoi il a été victime d'un certain snobisme réservé aux auteurs prolifiques ou trop visibles.
La défense menée par Harbottle est certes courageuse et généreuse, mais, en ce qui me concerne manque un peu de matière pour étayer ses assertions. Elle rend en tout cas le bonhomme sympathique et est d'une lecture très intéressante et pleine d'informations sur les coulisses de l'écriture à la chaîne.
Faute d'une organisation suffisament claire (pas d'index général par exemple), la bibliographie est assez complexe à manier, alors qu'elle recèle des informations importantes (parutions dans 1GA ou au FNA).
Cette oeuvre est un vrai "labour of love" qui, au vu de son ancienneté, mériterait une mise à jour pour se rapprocher d'un ouvrage comme The tall adventurer (co-écrit par Harbottle aussi) qui est techniquement d'une autre tenue.
On pourra aussi consulter sur le sujet de l'écriture à la chaîne et les années 50 dans la SF britannique, l'excellent livre de Steve Holland : The mushroom jungle.
Note GHOR : 2 étoiles (pour la démarche et la passion)
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17/11/2008
_Coordinates : Placing science fiction and fantasy_
Coordinates : Placing science fiction and fantasy : George E. SLUSSER & Eric S. RABKIN & Robert SCHOLES : Southern Illinois University Press (série Alternatives) : 1983 : ISBN-10 0-8093-1105-4 : 206 pages (y compris index, notes et notices bibliographiques) : une grosse dizaine d'Euros d'occase pour un HC (pas de jaquette sur mon exemplaire, à vérifier).
Ce volume regroupe les essais originalement écrit pour la 3ème conférence J. Lloyd Eaton sur la SF&F qui s'est tenue en 1981.
Comme d'habitude, ils sont censés se tenir à un thème, ici la définition de coordonnées pour les deux genre cousins que sont la SF et la fantasy. Dans la pratique, on verra que les sujets abordés n'ont qu'un rapport parfois très lointain avec cette problématique.
Au sommaire, 13 textes (ils sont de longueur variable, de 7 à 30 pages) :
- Des essais un peu généraux sur le (ou les) genre(s) : The criticism of science fiction (qui dresse une trop brève histoire des tentatives d'apporter un discours critique au genre), America as SF (une revue des fictions parues en 1939 dans les magazines SF et de leur contenu, le tout en conjonction avec l'exposition universelle de cette année).
- Plusieurs études sur des textes précis : Voyage au centre de la Terre, She (analyse féministe), Herland (idem, of course), Triton (les désirs), Waldo -RAH- & Desertion -Simak, série City- (sous l'angle de l'opposition entre autoplastie et alloplastie), Atlas shrugged -Rand- (une analyse politique engagée), Dune & Foundation (leur rapport à la forme classique), Fahrenheit 451 (les coupes autoritaires faites par l'éditeur Ballantine sur le texte).
- Quelques articles inclassables : How new is new ? (le nouveau l'est-il vraiment), Existential Fantasy (Kierkegaard contre Mishima), The descent of fantasy (pas tout compris).
Il est, dans la pratique et avec ce genre de livre, impossible de se fier au thème pour déterminer son intérêt puisqu'il se révèle purement indicatif ou extrêmement vague. On se retrouve donc réduit à constater que la qualité des textes est strictement fonction de celle de l'intervenant. Les habitués de l'exercice livrent donc de bons essais (Franklin, Wolfe, Fiedler) alors que certains se noient dans leurs marottes ou la démonstration absconse.
La majorité des essais, en se focalisant sur des oeuvres précises (même si elle ne sont pas toutes originales, cf la n-ième étude sur Triton ou Dune), est toutefois d'un bon niveau, avec une mention à celui sur Atlas shrugged (un texte important pour les libertariens et leurs dérivés US) et à la lecture croisée RAH/Simak.
Un livre plus séduisant qu'il n'y parait, avec, une fois les scories enlevées, de quoi alimenter les réflexions sur certaines oeuvres et leurs thématiques ou leurs idéologies.
Note GHOR : 2 étoiles
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10/11/2008
_Different engines : How science drives fiction and fiction drives science_
Different engines : How science drives fiction and fiction drives science: Mark L BRAKE & Neil HOOK : Macmillan : 2008 : ill Corbis (en fait la couverture d'un pulp des années 20 colorisée différemment, l'original est de Frank R. Paul) : ISBN 978-0-230-01980-5 : 265 pages (y compris index) : de l'ordre de 8 Euros pour un HC avec jaquette (petit format).
Cet ouvrage est principalement un receuil d'articles précédemment publiés dans Astrobiology magazine, articles qui ont pour principe de mettre en parallèle une époque de l'histoire des sciences et la SF qui lui est contemporaine, en partant du principe que les deux champs se répondent et s'alimentent l'un l'autre.
Il est divisé en sept chapitres :
1) The age of discovery : Kepler, Newton, Gallilée avec la proto-SF (du type Gulliver)
2) The mechanical age : Darwin, Flammarion avec Wells
3) The astounding age : Einstein et les premiers pulps
4) The atomic age : la bombe, la guerre froide et l'école Campbell
5) The new age : la course à la lune et la new wave
6) The computer age : l'essor de l'informatique et le cyberpunk
7) The age of biology : les biotechnologies et la SF à l'écran (GATTACA, Blade runner)
En ce qui me concerne, le sous-titre est un peu trompeur.
En effet, plus qu'un récit des interactions entre science et science-fiction, on a plutôt affaire à une histoire de la SF comme il en existe bien d'autres avec comme fil conducteur et repères chronologiques les progrès scientifiques. Hormis de rares exemples on ne voit pas trop comment la "fiction drives science", ce qui est dommage puisque c'est sur ce principe (ou du moins "fiction drives technology") que Gernsback a créé le genre. Quand à la proposition inverse ("science drives fiction"), elle est semble t-il tellement évidente qu'elle est carrément évacuée du livre.
Sans la réflexion sur la place de la science en SF (aucune mention de la Hard Science par exemple, ni d'aucun des ses auteurs) ni réflexion sur l'influence de la SF sur la science (si ce ne sont quelques anecdotes ultra-connues souvent tirées de Campbell), seule reste l'histoire de la SF.
Sur ce point le livre se situe dans une honnête moyenne (on notera toutefois quelques erreurs de dates) mais son principal défaut est surtout de n'être absolument pas original (les oeuvres discutées ont été vues et revues au fil des ouvrages sur la SF : A canticle for Leibowitz, The left hhand of darkness, 1984, Stranger in a strange land, etc...).
Il est aussi nettement trop court (les pages sont petites et les notes bibliographiques copieuses). Traiter la SF de Kepler à Doom (le film de 2005) sur 200 pages ne permet qu'une vague ébauche qui laisse de trop vastes zones d'ombre.
A la décharge des auteurs, l'entreprise est toutefois assez casse-gueule, surtout sur un texte aussi court, quand on voit qu'il fait 400 pages pour raconter deux décennies de magazines SF.
Enfin, deux points qui m'ont gêné :
1) on voit parfois un peu trop nettement les emprunts (avoués) à Franklin ou aux Roses.
2) dans les premiers chapitres, le fait de voir appliquer le terme de Science Fiction à des textes comme Sommium , Les voyages de Gulliver ou Frankenstein. En tant que Westfahlien orthodoxe, je pense que la SF n'existe qu'à partir de 1926 et que les oeuvres antérieures n'en sont pas stricto-sensu, mais c'est juste une question de terminologie.
Un ouvrage pas forcément mauvais mais qui n'apporte rien de plus : trop long pour un livre d'initiation/introduction, trop court pour une histoire de la SF digne de ce nom.
Note GHOR : 1 étoile
14:48 | 14:48 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (1) | Commentaires (1) | Tags : sf, science-fiction, référence, science, 1 étoile, anglais | Tags : sf, science-fiction, référence, science, 1 étoile, anglais