Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/08/2009

_Christopher Priest_

Christopher Priest : Nicholas RUDDICK : Starmont House (série "Starmont reader's guide" #50) : 1989 : ISBN-10 1-55742-109-9 : 104 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 10 USD à l'époque pour un PB (existe aussi en HC), la solidité de mon exemplaire est plutôt moyenne et la couverture a mal vieilli.

Christopher Priest.jpg

Ecrit par Nicholas Ruddick, un spécialiste de la SF britannique (on lui doit The ultimate island sur le sujet, voir http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/01/06/ultimate-is...), cet ouvrage fait partie de la longue série de monographies d'auteurs de SF publiées par Starmont. On notera que lors de la sortie de cet ouvrage Priest n'était pas aussi connu (ou à la mode) que de nos jours, particulièrement pour le public français, ce qui n'est guère étonnant vu qu'il fait partie de ces auteurs de SF qui ont une étrange relation d'amour/haine avec le genre, le quittant régulièrement à grand fracas pour toujours finir par y revenir (comme Malzberg ou Silverberg).

Le monde inverti (JL 1976).jpg

Cet essai suit le format habituel des monographies Starmont, à savoir qu'il contient parties suivantes : une chronologie; une courte biographie rédigée; plusieurs chapitres de moins d'une dizaine de pages consacrés chacun à un des sept romans de l'auteur existants à la date d'écriture de l'essai; un chapitre spécifique pour les nouvelles; une courte conclusion; une bibliographie commentée complète (fiction, non-fiction et secondaire) comprenant entre autres des extraits des nombreux textes de Priest sur le genre; un index termine le tout.

Le rat blanc (PC 1976).jpg

Je trouve que cet ouvrage est l'un des meilleurs de la série. Tout d'abord parce que le relativement faible nombre de textes écrits par Priest (à l'époque seulement sept romans et moins d'une trentaine de nouvelles) permet de passer en revue toute son oeuvre malgré un format assez limité en taille; ensuite par le fait que Ruddick maîtrise bien son sujet et que son discours permet bien de décrypter, au-delà de la fiction, les prises de position de l'auteur vis à vis du genre et de son évolution; enfin par la qualité des annexes, dont on louera la bibliographie secondaire, remarquable et extrêmement informative justement sur ces prises de positions.

The separation (Gollancz 2003).jpg

Outre ses qualités intrinsèques, ce livre est donc une très bonne base de départ pour appréhender la partie ancienne de l'oeuvre de Priest et ce qu'il ne dit pas, par exemple pourquoi l'auteur a presque arrêté d'être publié entre 1984 (The glamour) et 1990 (The quiet woman), ou qu'il développe peu (son reniement du genre) est riche d'interrogations passionnantes que l'on regrette seulement de ne pas voir abordées faute de place.

 

Note GHOR : 3 étoiles

02/06/2009

_"It" came from outer space : Occasional pieces 1973-2008_

"It" came from outer space : Occasional pieces 1973-2008 : Christopher PRIEST : GrimGrin Studio : 2008 : ISBN 978-0-9559735-6-7 : 245 pages (y compris index et bibliographie) : une vingtaine d'Euros pour un HC avec jaquette, signé par l'auteur, en neuf directement chez l'éditeur (http://spacetrader.org.uk/cp/grimgrinmain.htm).

It came from outer space.jpg

Cet ouvrage est directement édité par Priest lui-même via un prestataire de POD (ici Lightning Source) au sein d'un catalogue qui contient aussi de la fiction. Comme l'indique son sous-titre, il s'agit de la reprise en volume des divers écrits non-fiction de Priest : réminiscences, nécrologies, critiques...

Ce livre est organisé en huit parties rassemblant chacune plusieurs textes : "Fragments of a life" (éléments autobiographiques), "Lost friends and collegues" (nécrologies ou souvenirs relatifs à Cowper, Lem ou Scheckley), "Things that come along" (des critiques d'ouvrages divers, hors champ du genre), "An enthusiasm for H. G. Wells" (textes autour de Wells), "Some science fiction" (critiques d'oeuvres de SF, romans comme The snow ou films et d'ouvrages de référence), "Writings of war" (critiques d'ouvrages sur la 2GM, en particulier sur la guerre aérienne et sur Hess), "Books and writers" (des pensées sur l'édition et l'écriture) et "Distractions and occasions" (le reste).

Chacun des articles (dans la mesure des souvenirs de Priest) porte l'indication de sa première parution. L'ouvrage se termine par un index thématique et une bibliographie (ouvrages cités, étudiés, sur Wells et de Priest).

The snow (Gollancz 2005).jpg

Il faut tout d'abord souligner la qualité physique de l'ouvrage : jaquette illustrée, beau papier, reliure solide, police lisible. On mesure bien les progrès réel des impressions à la demande qui n'ont plus grand chose à envier aux éditeurs traditionnels.

Je serais plus nuancé sur le fond de l'ouvrage qui est clairement une compilation un peu fourre-tout des "autres" écrits de Priest. Même si c'est généralement intéressant et bien documenté comme la partie sur Wells, une bonne moitié de l'ouvrage n'a qu'un rapport lointain avec le genre et la section autobiographique proprement dite (qui pourrait servir à mieux cerner l'auteur) est finalement très réduite.

The separation (Gollancz 2003).jpg

Bien évidemment, je me suis focalisé sur la partie "Some science fiction" puisqu'elle est celle où la SF est centrale. On y trouve entre autre un article paru en 1981 dans Foundation, qui s'inscrit dans la "bataille des histoires de la SF" qui opposait dans ces années-là les tenants d'une histoire du genre américano centrée menés par Del Rey et Gunn et ceux d'une histoire britannico centrée autour de Aldiss. Cette querelle était liée à la parution proche de plusieurs histoires du genre ayant des approches très différentes que l'on pourrait qualifier de Gernsbackienne (pulps, fusées) pour l'une et de Wellsienne pour l'autre (littérature, inner space). Ici Priest s'attaque à Del Rey (pour The world of science fiction 1926-1976) dans une attaque au vitriol mais qui vire rapidement à l'attaque ad hominem (Del Rey en prend personnellement pour son grade) et à la tentative d'excommunication pour différence d'opinion avec une légèreté factuelle correspondante. C'est à la fois un témoignage historique d'une des nombreuses disputes qui animent périodiquement le genre mais c'est aussi, dans son excès, un article symptomatique de tout le livre.

The world of SF.jpg 

En effet, il se dégage de la plupart des textes de Priest qui figurent dans cet ouvrage une drôle d'impression. Une sorte de colère rentrée vis-à-vis des autres est toujours palpable et l'on pourrait facilement l'attribuer à une certaine jalousie. Cette ambiance de règlement de compte entre professionnels (par exemple Philip Reeve est attaqué pour avoir osé utiliser le concept d'une cité mobile) est finalement déplaisante de par sa motivation assez trouble. C'est dommage parce que Priest connaît bien le genre et a un oeil acéré mais n'arrive pas à écrire des critiques assassines (voir Langford ou Clute) avec le détachement nécessaire.

Un ouvrage pour complétistes de Priest mais qui ne fait pas beaucoup avancer l'histoire.

Note GHOR : 1 étoile