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24/08/2009

_Contrary modes : Worldcon 1985_

Contrary modes : Worldcon 1985 : Jenny BLACKFORD & Russell BLACKFORD & Lucy SUSSEX & Norman TALBOT : Ebony Books : 1985 : ISBN-10 0-9590655-2-0 : 155 pages (y compris bibliographie, mais pas d'index) : un livre à peu près introuvable (éditeur australien) d'un format A4 avec couverture souple.

Contrary modes.jpg

Cet ouvrage australien rassemble des essais présentés lors de la convention mondiale de 1985 (Aussiecon Two) qui s'était déroulée cette année-là à Melbourne. C'est l'une des premières tentatives d'une publication universitaire 'locale' sur la SF puisqu'il n'existe guère de précédents à cet ouvrage si ce n'est The stellar gauge paru en 1980. On y retrouve les plumes habituelles du petit monde de la réflexion sur le genre en Australie avec des écrivains comme Turner ou Blackford, des spécialistes du cinéma comme Baxter ou des universitaires comme Van Ikin. 

The stellar gauge.jpg

Ce recueil comporte dix essais de taille variable que l'on peut vaguement grouper en trois catégories. La première concerne "le monstre comme héros" avec quatre textes : un premier assez général sur concept qui commence avec les contes de fée ou Frankenstein, deux sur Wolfe et sa tétralogie (à l'époque) de Teur, une chose assez logique vu que celui-ci était l'hôte d'honneur (GoH) de la convention et un sur Stranger in a strange land. La deuxième partie (3 essais) dresse un panorama de la SF Australienne avec en particulier un focus sur les deux premiers Mad Max. Quant à la troisième partie (3 textes) elle revient à des 'aliens' plus proches de nous à savoir la partie féminine de l'humanité.

Mad Max Au-delà du dôme du tonerre (JL 1985).jpg

On ne peut pas dire que cet ouvrage soit profondément novateur avec son n-ième passage en revue des circonvolutions de l'oeuvre de Wolfe et son traitement du texte le plus connu de RAH. De la même façon, l'analogie faite entre les extraterrestres et les femmes où l'on en conclut que les premiers sont vus comme plus humains que les dernières était, même à l'époque, un sujet "bateau" et déjà présenté de façon plus brillante et convaincante par Russ et l'école féministe. Les vraies bonnes surprises sont plutôt à chercher du côté des analyses sur la SF Australienne qui permettent une vision 'de l'intérieur' d'une partie du genre qui possède des caractéristiques spécifiques. C'était là une des premières approches 'géographiques' qui culmineront avec le magistral Strange constellations.

Strange constellations.jpg

On pardonnera aussi à ce pionnier un petit côté amateur, tant dans la présentation (une couverture d'un superbe orange pétant illustrée de collages surréalistes), que le format (probablement peu solide à l'usage) ou la mise en page.  Un peu légers aussi sont l'absence d'index (gênante) et la bibliographie très aérée (moins d'une dizaine de titres). Il n'en reste pas moins que le contenu est du niveau de n'importe quelle publication universitaire consacrée au genre et offre parfois un regard neuf venu de l'hémisphère austral.

 

Note GHOR : 2 étoiles

21/08/2009

_Concordance to Cordwainer Smith (Third edition)_

Concordance to Cordwainer Smith (Third edition) : Anthony R. LEWIS : NESFA Press : 2003 : ISBN-10 1-886778-25-6 : 189 pages (y compris bibliographie) : 13 USD pour un TP disponible chez l'éditeur (www.nesfa.org).

Concordance to Cordwainer Smith (3rd edition).jpg

Ce livre est une concordance de l'oeuvre de Cordwainer Smith, c'est à dire un dictionnaire commenté et analysé des termes inventés qui apparaissent dans l'oeuvre de ce dernier et plus particulièrement dans le cycle de l'Instrumentalité. Cet ouvrage est la troisième version de cette concordance (la seconde était au format A4 avec reliure à spirale et faisiat plus 'amateur' tout en étant typique de la production NESFA de l'époque) initialement parue en 2000. Cet exemplaire est en plus une réimpression datant de 2003.

Concordance to Cordwainer Smith (2nd edition).jpg

Publié par NESFA Press, un éditeur qui a l'intégrale de Smith à son catalogue, ce dictionnaire est un projet porté depuis de longues années (1968) par Lewis, un des experts sur cet auteur. Comme son nom l'indique, c'est un recensement alphabétique des termes inventés par Smith. Celui-ci étant un excellent linguiste, il a logiquement parsemé son oeuvre de nombreux noms inventés (lieux, personnages, objets, concepts et titres de nouvelles ou de recueils). Lewis les liste donc (de A'gentur à Yuen), les définit en quelques lignes, les localise dans l'oeuvre de Smith (dans quel(s) texte(s) les trouve t-on ?) et tente de déterminer leur origine (souvent d'une langue autre que l'anglais). A cela s'ajoute une chronologie de l'Instrumentalité et une bibliographie complète (en VO seulement) de C. Smith.

Quest of the three worlds (Ace 1966).jpg

Travail de fourmi sur un des ensembles majeurs du genre, cet ouvrage est en priorité destiné aux amateurs de l'auteur. Pour eux, presque chaque nom (Shayol, Vomact, C'Mell, Mother Hitton) évoquera un souvenir de lecture et une parcelle de l'immense univers dépeint par Smith. Ils se délecteront des hypothèses de Lewis quand à l'origine possible des néologismes ou des noms propres. Ils seront ravis de la bibliographie quasi-définitive d'une oeuvre certes peu abondante mais assez complexe sous cet angle (changements de titres, fix-ups, recueils multiples...).

Space lords (Sphere 1970).jpg

Les autres, ceux qui ne connaissent ou n'apprécient pas Smith, trouveront cette minutie un peu obsessionnelle et sans grand intérêt tout en se demandant quelle pertinence ont ces suppositions sur les intentions d'un auteur finalement assez mystérieux. Ils en ont tout à fait le droit.

The instrumentality of mankind (Del Rey 1979).jpg

Il est à noter que les lecteurs en VF ont aussi accès au travail de Lewis. Une première fois dans les éditions Presses Pocket du cycle (à la fin des années 80) où une sorte de dictionnaire était présenté à la fin du dernier tome, un glossaire non crédité à Lewis mais qui fleurait parfois bon le décalque pur et simple de la deuxième édition de cette concordance. Une seconde fois dans la collection Folio-SF en 2004 où cette troisième version est incluse dans le quatrième volume avec cette fois l'indication du véritable auteur (mais sans la bibliographie).

The planet buyer (Pyramid 1964).jpg

Note GHOR : 2 étoiles

20/08/2009

_The complete critical assembly_

The complete critical assembly : David LANGFORD : Cosmos Books : 2002 : ISBN-10 1-58715-330-0 : 336 pages (y compris index) : coûtait 15 USD pour un TP qui semble assez facilement trouvable, y compris en neuf.

The complete critical assembly.jpg

Ce livre contient l'ensemble des rubriques mensuelles (parues sous le titre général de Critical mass) de critiques de livres de SF écrites par David Langford pour une succession de magazines consacrés principalement aux jeux de rôle (White Dwarf, GM, GMI). Au total cela représente un ensemble de 101 chroniques initialement publiées entre 1983 et 1991. La totalité de ces textes sont parus dans deux précédents volumes (Critical assembly & Critical assembly II).

The space eater (Baen 1987).jpg

Chacune de ces colonnes fait à peu près trois pages de long et diffère de l'usage habituel des magazines SF en ce sens qu'elle couvre un grand nombre d'ouvrages (plus d'une dizaine) au lieu de se concentrer sur un nombre moins important. Il s'agit donc plus de notules de lectures que d'analyses en profondeur, le tout permettant de passer en revue un partie non négligeable de la production SF de ces années. Cette apparence d'exhaustivité est d'autant plus marquée que Langford ne se limite pas aux textes majeurs mais n'hésite pas à parler d'ouvrages que l'on pourrait qualifier pudiquement de 'moins ambitieux'. On remarquera qu'il passe aussi en revue les ouvrages de référence et les publications des small press. Pour s'y retrouver, un index est quand même fourni.

The silence of the langford.jpg

La lecture de cet ouvrage permet de retrouver le délicieux Langford habituel, un mélange d'expertise indiscutable, d'un humour parfois féroce mais aussi d'une grande tendresse pour le genre et ses pratiquants. C'est souvent assez jouissif à lire, particulièrement quand il se lâche un peu sur un livre qui semble le mériter, comme par exemple sa critique de Battlefield Earth. Il n'y a bien sûr pas que des critiques négatives dans cet ouvrage (même si elles en représentent un des attraits indiscutables) mais aussi des éloges ou des appréciations mesurées. C'est surtout l'occasion pour les lecteurs de ces magazines (non SF rappelons-le) de découvrir un panorama de l'ensemble du genre, avec ses multiples coutumes, ses textes majeurs et sa foule d'intervenants.

Battlefield Earth (New Era).jpg

Cet ouvrage a aussi les défauts de ses qualités, à savoir que son approche pointilliste et extensive a tendance à morceler le discours de Langford et que les bons mots ou les piques brillantes peuvent parfois prendre le pas sur la réflexion plus sérieuse (réflexion que Langford maîtrise parfaitement). La solution est peut-être de lire ce livre par petites doses pour pouvoir savourer la voix de l'auteur. Il faut quand même noter que le choix de l'auteur de couvrir beaucoup de livres pas forcément excellents peut frustrer les lecteurs francophones qui seront souvent arrêtés par l'absence de VF de nombreux ouvrages discutés.

 

Note GHOR : 2 étoiles

19/08/2009

_The complete book of science fiction and fantasy lists_

The complete book of science fiction and fantasy lists : Maxim JAKUBOWSKI & Malcolm EDWARDS : Granada : 1983 : ISBN-10 0-586-05678-5 : 350 pages (pas d'annexes) : coûtait à l'époque 3 GBP pour un TP.

The complete book of sf & f lists.jpg

Ce livre un peu particulier est, comme son titre l'indique, un recueil de listes relatives à la SF&F. C'est un genre d'ouvrage assez typiquement anglo-saxon dont il existe au moins un autre exemplaire consacré au genre : The illustrated book of science fiction lists de Mike Ashley (un ouvrage qui est d'ailleurs antérieur à celui-ci). Son principe est extrêmement simple puisqu'il s'agit de rassembler un maximum de listes (de taille variable en nombre d'items mais dépassent rarement une page en tout) sur le sujet choisi.

The illustrated book of sf lists.jpg

Sous la plume de deux spécialistes du genre aidés par divers de leurs collègues de la scène SF britannique, cet ouvrage ressemble schématiquement trois types de listes. Le premier est constitué des les listes thématiques de titres ou d'autres informations partageant un même sujet ("Fifteen stories set on Mars", "Ten SF private eyes", "Eight SF megastructures"...), le deuxième correspond aux listes purement bibliographiques (listes des contenus des "best-of" année par année, sommaire des premiers numéros des revues les plus connues, indication des changements de titre...) et le troisième à des listes diverses parfois complètement délirantes ("My six favorite fan letters" de Ian Watson), parfois amusantes ("Ten favorites scientific errors" par Langford) ou purement informatives ("Sixteen Irish SF and Fantasy writers"). On notera qu'il n'y a pas de sommaire ni d'index.

Cageworld Search for the sun ! (NEL 1982).jpg

La lecture de ces 350 pages de listes doit obligatoirement se faire par petits bouts sous peine d'indigestion. C'est généralement bien fait et cela montre une grande connaissance du genre par les auteurs (et on aimerait parfois rajouter ses propres éléments à ces listes). C'est aussi souvent empreint d'un grand humour qui rend l'ouvrage très agréable à la lecture.

Orbitville (OPTA 1976).jpg

En fait, le livre est presque trop riche ou en tout cas d'une richesse difficile à exploiter. L'absence complète d'index ou même du plus élémentaire sommaire empêche totalement la récupération simple d'informations à moins de re-parcourir l'ouvrage à chaque fois. Du coup, des éléments plus "sérieux" (liste de pseudonymes, chiffres de vente, premières publications par auteur) et parfois inédits sont à peu près impossibles à retrouver, ce qui gâche un peu le travail des auteurs et ne facilite pas celui des lecteurs.

Ringworld (Sphere 1981).jpg

Ce regrettable défaut de conception diminue grandement l'utilité d'un tel ouvrage qui, une fois le premier plaisir de lecture passé, ne mérite pas une seconde lecture alors qu'il est bourré d'informations pertinentes.

 

Note GHOR : 1 étoile

18/08/2009

_Comic inferno : The satirical world of Robert Sheckley_

Comic inferno : The satirical world of Robert Sheckley : Gregory STEPHENSON : Borgo Press (série "Milford - Popular writers of today" #66) : 1997 : ISBN-10 0-916732-61-4 : 114 pages : une bonne dizaine d'Euros pour un TP assez rare comme d'habitude, existe aussi en HC.

Comic inferno.jpg

Robert Sheckley est un de ces auteurs qui sont en train de littéralement disparaître du paysage de la SF. C'est particulièrement vrai en France (malgré l'inédit sorti en 2007 chez Rivière Blanche) où il n'existe à peu près aucune édition postérieure à 2000 et cela l'est juste un peu moins aux USA où NESFA a publié deux gros recueils (un de romans et un de nouvelles) en 2002 et 2005. Il n'est donc pas surprenant de constater que cet ouvrage semble être le seul qui lui soit consacré.

Dimensions of Sheckley (NESFA 2002).jpg

Faisant partie de la série "Milford" de Borgo Press, cet essai est de la génération "tardive", à savoir celle des ouvrages nettement plus étoffés que les premiers puisqu'il offre le double de pages avec une police de caractère plus petite. On y retrouve l'organisation habituelle avec une chronologie de l'auteur, un court (cinq pages) premier chapitre à orientation biographique, cinq chapitres principaux de longueur variable (suivant la production parfois erratique de Sheckley) couvrant chacun une décennie entre 1950 et 1990, un chapitre consacré aux autres genres pratiqués par l'auteur (policier essentiellement) et une conclusion. Suivent deux bibliographies commentées, une primaire (qui liste que les livres) et une secondaire (qui ne recense logiquement que des articles ou des mentions).

The status civilization (Dell 1968).jpg

Il est toujours très agréable de pouvoir lire une analyse sur un auteur comme Sheckley, tant il est caractéristique de la SF et même d'une frange si particulière du genre, celle de l'école Galaxy. On retrouve donc sous la plume de Stephenson tous les mythiques textes comme A ticket to Tranai ou The Laxian key, nouvelles savoureuses et maintes fois reprises. Mais l'auteur, qui pour une fois chez Borgo dispose d'une place suffisante, ne se limite pas à ces textes hyper connus et parcourt l'intégralité de la production de Sheckley en s'arrêtant longuement sur les romans de la période tardive de l'auteur. Il réussit même le tour de force de trouver des mots gentils à dire sur les ouvrages de la fin de la carrière de l'auteur (les expansions/sequels à The 10th victim ou les collaborations avec Harrison ou Zelazny).

Arena (Denoel 1988).jpg

Outre une certaine tendresse pour l'auteur qui rend parfois les jugements de Stephenson un peu trop tolérants, le gros point négatif de cet ouvrage est que, paradoxalement, le fait que la spécificité de Sheckley est intimement liée à l'histoire du genre n'est absolument pas mentionné. En effet, le génie de l'auteur n'a pu s'épanouir que dans le contexte propre à la SF des années 50-60, à savoir le seul espace de liberté où la publication de textes courts et percutants était possible. Tout cela est complètement passé sous silence par Stephenson qui ne parle que de Sheckley et absolument pas de l'environnement dans lequel il publiait. Il est d'ailleurs révélateur de voir que dans l'index, les noms Galaxy ou Omni n'apparaissent qu'une seule fois dans tout le texte (et encore dans la chronologie). On se demande bien comment on peut dissocier Sheckley de ces revues. Du coup, l'oeuvre de l'auteur, même si elle est longuement disséquée, donne l'impression fausse de sembler exister dans un vide absolu et se situer hors de tout courant historique de la SF.

The people trap & Mindswap (Ace 1981).jpg

C'est donc un ouvrage certes pointu sur l'auteur et son oeuvre mais qui fait hélas l'impasse sur le terreau fertile qui lui a permis d'exister. A ce titre, il est donc incomplet, ce qui ne peut que nuire à une perception exacte de la carrière et de la réelle place de Sheckley.

 

Note GHOR : 2 étoiles