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27/05/2009

_Annuaire bibliographique 1984 de la SF et du Fantastique_

Annuaire bibliographique 1984 de la SF et du Fantastique : Bernard GOORDEN : CDE/Recto-Verso (collection "Ides et autres" #41-42) : 1984 : pas d'ISBN : 151 pages (y compris multiples index) : quelques Euros pour un TP aux standards de production fanzinesques (couverture souple, reliure collée).

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Malgré les dénégations de la préface, cette série d'ouvrages (ici le premier et qui comprend aussi au moins les années 1985, 1986 & 1987) a, dans la pratique, plus ou moins pris le relais de la série des "Années de la SF&F" de Goimard (chez Julliard) puis Riche (chez Temps Futurs). Ayant un même objectif de couvrir les parutions SF&F de l'année, le travail de Goorden est d'une orientation nettement plus purement bibliographique. En effet, à la différence de ses prédécesseurs, il n'y a dans cet ouvrage que des données brutes. On n'y trouvera donc pas d'évaluations critiques, de portraits ou même de fictions. Autre choix différent, seule la SF&F écrite est traitée dans ce livre, les autres formes habituelles (Cinéma, BD, TV...) n'étant pas répertoriées.

L'année 1977-1978 de la SF et du Fantastique.jpg

Cet ouvrage est organisé en deux parties principales dont la première est la liste numérotée des parutions relatives aux genres étudiés. Un court (deux pages) premier chapitre recense les bibliographies parues dans l'année, qu'il s'agisse d'ouvrages complets (style Le rayon SF) ou de bibliographies incluses dans divers types de livres (par exemple celles que l'on peut trouver à la fin des Livre d'or de Presses Pocket). Il est suivi par le plus gros morceau, c'est à dire la liste des livres de fiction (romans, recueils et anthologies). Elle est classée par ordre alphabétique d'auteur et fournit les informations bibliographiques habituelles (titre, TO, collection et rang, pagination). On notera que les réimpressions (au sein d'une même collection) semblent être exclues. Un troisième chapitre plus modeste recense l'appareil critique "sélectionné" (livres, articles et interviews). On termine par la liste des nouvelles parues organisée par TF avec nom d'auteur et renvoi vers l'ouvrage qui la contient.

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La seconde partie est constituée d'une importante série d'index qui fonctionnent tous sur le principe d'un renvoi chiffré vers les items de la première partie : les auteurs, les matières (thèmes, origine géographique, cycle et séries ou auteurs étudiés), les titres de livres en VF,  les titres d'oeuvres de fiction (romans et nouvelles) en langue originale autre que le Français (avec parfois la date du copyright et non celle de première parution), les illustrateurs et enfin les traducteurs.

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Pour apprécier pleinement l'intérêt de cette série, il faut se replacer dans le contexte d'une l'époque où il n'existait aucun outil bibliographique en ligne et ou ce type d'activité était éparpillé dans de rares supports. Ces ouvrages étaient par exemple les seuls à recenser les nouvelles d'une façon un tant soit peu synthétique. Ils étaient aussi les seuls à offrir un panorama des parutions en VF. A ce titre, ils étaient indispensables à certains amateurs car offrant une information à laquelle nous accédons maintenant tout naturellement en quelques clics.

Bien sûr, on pourra trouver le système des index particulièrement lourd et la manipulation du livre peu pratique pour localiser un texte, on sera énervé par le format des titres français des nouvelles particulièrement fatiguant à lire (comme ceci : MEURTRE-(UN)-TOUS-LES-CENT-ANS-(1981)) et on regrettera le non traitement de la fiction parue en magazines ou fanzines. Malgré tout ces défauts, ces ouvrages ont fait (et font toujours) partie des fondations de toute recherche bibliographique en langue française.

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Une série d'ouvrages importants d'un sérieux indiscutable que la présente abondance d'information offerte par l'Internet ne doit pas faire oublier ni négliger.

Note GHOR : 3 étoiles

26/05/2009

_A Key to Fredric Brown's wonderland : A study and an annotated bibliographical checklist_

A Key to Fredric Brown's wonderland : A study and an annotated bibliographical checklist : Newton BAIRD : Talisman Literary Research : 1981 : pas d'ISBN : 62 pages (y compris diverses annexes) : une vingtaine d'Euros pour un fascicule soigné avec beau papier et illustrations, se trouve peu fréquemment pour cause de tirage limité (360 exemplaires).

A key to Fredric Brown's wonderland.jpg

Cet ouvrage est un ensemble de documents relatifs à Fredric Brown, un auteur qui a toujours opéré sur plusieurs domaines (Policier, SF, Fantastique, Western...) sans jamais vraiment en privilégier un. Ce choix de carrière a d'ailleurs pu éventuellement lui porter préjudice et faire qu'il reste de nos jours un auteur connu des seuls amateurs éclairés.

L'univers en folie (RF 1953).jpg

Cette étude peut être divisée en deux parties principales, la première étant la plus documentaire avec successivement une courte introduction, une analyse de l'oeuvre de Brown par Baird, une chronologie très détaillée de sa vie, diverses réminiscences (par ses amis et sa deuxième femme) et un court billet d'opinion sur la religion de Brown lui-même.  La seconde partie est une bibliographie complète divisée en plusieurs sections suivant un canevas assez classique (livres, nouvelles, adaptations, poésie, bibliographie secondaire...). Elle couvre le domaine anglo-saxon mais aussi les parutions en d'autres langues et fournit pour chaque titre l'ensemble des informations pertinentes. Pour les romans, on  notera qu'un résumé est fourni. Suit un index assez difficile à utiliser (pas assez précis) puisque forçant à scanner toute une page pour trouver les mentions relatives à telle ou telle oeuvre.

Space on my hands (Corgi 1953).jpg

Hormis une manipulation assez peu intuitive, il n'y a pas grand chose à dire sur cet ouvrage dont la première partie n'est pas indispensable au vu de l'existence d'autres livres sur Brown plus complet et plus récents (le Seabrook par exemple). La partie bibliographique est exhaustive en particulier au niveau des adaptations mais souffre de son âge. Les quelques photos ou couvertures présentées sont d'un intérêt moyen et d'une rareté relative.

Project Jupiter (Digit 1964).jpg

Au final c'est un ouvrage de qualité, clairement le fruit d'une passion, mais qui ne réjouira que les complétistes de Brown. Son côté trop technique et trop à cheval sur plusieurs genres le rendant inadapté pour une découverte de l'auteur dans le cadre de la SF. 

Note GHOR : 1 étoile

25/05/2009

_Space Opéra ! : L'imaginaire spatial avant 1977_

Space Opéra ! : L'imaginaire spatial avant 1977 : André-François RUAUD & Vivian AMALRIC (et al.) : Les Moutons électriques (série La bibliothèque des miroirs) : 2009 : ISBN-13 978-2-915792-72-7 : 426 pages (y compris index et bibliographie) : 28 Euros pour un TP illustré (N&B + 4 pages couleurs) avec couverture à rabats (en neuf chez l'éditeur http://www.moutons-electriques.fr/).

Space opéra !.jpg

Cet ouvrage a pour objectif de dresser un panorama du "Space Opéra" jusqu'en 1977, cette date (celle de la sortie de Star wars) ayant été choisie comme marquant une rupture dans une catégorie emblématique de la SF. Cette catégorie, qui existe depuis les débuts du genre, est ici globalement prise (cf. le sous titre) comme celle des aventures dans l'espace, par opposition au Planet Opéra qui se concentre sur un décor planétaire précis.

Il se présente sous la forme d'une vingtaine de chapitres rarement inédits organisés dans un ordre vaguement chronologique et confiés à des auteurs différents (Nolane, Brèque, Wagner...) avec une contribution majoritaire du duo Ruaud/Amalric qui signe plus de la moitié de l'ouvrage. Certains chapitres sont plutôt génériques et abordent soit un thème (les serials) soit un domaine (les comics) mais la plupart des interventions se concentrent sur un auteur (de Smith à Delany) ou une série (littéraire comme Perry Rhodan ou télévisuelles comme Doctor Who ou Star Trek).

L'ensemble est illustré par des vignettes ou des pleines pages en N&B montrant généralement les couvertures des ouvrages évoquées dans le corps du texte. Il y a aussi 4 pages couleurs au début. Le tout est complété par une courte bibliographie (deux pages écrit gros), un index et quelques publicités pour d'autres ouvrages de même éditeur.

L'étoile en exil (FN 1969).jpg

Comme il y a pas mal de choses à dire, je vais tenter d'organiser mes remarques d'une façon un peu synthétique, en plusieurs points.

1) Où la passion du recyclage l'emporte :

Etant un garçon radin, ma première réaction a été de voir ce que j'obtenais pour mes 28 Euros, sachant qu'au départ l'ouvrage n'est pas physiquement d'une aussi belle qualité que ceux du même éditeur sur Anderson ou Heinlein (le premier étant à peine plus cher). Je m'attendais donc logiquement à ce que ces 28 Euros soient investis dans des efforts de recherche et d'écriture, mais il est vrai que j'étais un peu naïf vu que l'un des ouvrages précédents de Ruaud pratiquait déjà l'auto emprunt. Pour être clair, cet ouvrage fait plus penser à un patchwork qu'à une étude originale.

En effet, on constate que la préface de Klein est une reprise de 1992, que plusieurs (au moins Harness, Clement, Biggle, Kapp, Panshin) des chapitres du duo Ruaud/Amalric sont déjà parus dans Bifrost (où ils formaient la série des "petits maîtres de la SF"), que un des articles de Wagner (celui sur Thirion qui est aussi le plus long du livre) et celui de Vonarburg (sur La Plaie) viennent du recueil d'essais Le feu aux étoiles, que Brèque sur Anderson est un chapitre complet tiré de Orphée aux étoiles, sans parler d'emprunts non signalés comme des paragraphes entiers extraits tels quels de la postface de Ruaud au Chandler paru chez les moutons ou RAH chez le même éditeur (là, l'emprunt est toutefois signalé). Je ne parle pas des choses que je n'ai pu vérifier par pure flemme comme les possibles emprunts au Star Trek de Ruaud (encore) ou au Perry Rhodan de Archaimbault.

Le feu aux étoiles.jpg

Même si l'écologie et le recyclage sont à la mode et que ce léger détail est partiellement mentionné page 411 (en petit), je dois avouer une vague impression de m'être fait refiler des vieilleries au prix du neuf. Sentiment d'autant plus aigu que les "versions différentes" que l'on nous indique page 411 ne le sont en réalité que de façon minime. Les changements résidant essentiellement au niveau des introductions ou des transitions, le corps du texte restant strictement identique (et donc assez daté). Les seuls changements que l'on peut voir (j'ai comparé les textes entre eux) sont aussi profonds que, par exemple pour le Thirion, le remplacement de 60 par 1960 (au milieu de la première colonne de la deuxième page) ou le changement d'une référence pointant vers les article de Rémi Maure sur les arches stellaires vers (surprise) un texte de AFR himself. Il y a mieux puisque l'un des rajouts que j'ai pu détecter consiste à insérer des erreurs, comme page 279 où l'on nous dit en 2009 que le seul recueil de Kapp s'appelle Lambda 1, un élément omis dans l'article correspondant de Bifrost, ce qui n'était pas plus mal vu que Lambda 1 est en fait une anthologie qui ne contient qu'un texte de Kapp.

Il n'est bien sûr pas interdit de recycler son propre travail, mais à ce tarif, j'avoue que j'aurais préféré payer pour de l'inédit et non pour du réchauffé à la va-vite.

Cageworld Search for the sun ! (NEL 1982).jpg

2) Une histoire du SO par collage ? 

En toute logique, l'option prise de principalement réutiliser des textes existants a des impacts radicaux sur l'essence même de l'ouvrage. On a l'impression du glissement progressif d'un projet qui était une louable histoire du Space Opéra vers une compilation d'éléments existants plus ou moins libres de droits pour les auteurs (leurs propres textes par exemple). Au lieu d'une démarche historique classique et globale ("le SO commence là, puis il est devenu comme ça sous l'influence de XXX ou de telle ou telle chose...") on a une démarche de récupération ("Quels textes on pourrait utiliser qui ont un vague rapport avec le SO ?") qui se trouve donc fortement contrainte par les matériaux disponibles.

Orphée aux étoiles.jpg

Du coup, hormis dans les quelques chapitres sur des médias particuliers, il n'y a strictement aucune HISTOIRE du SO, aucune mise en perspective globale puisque la base du livre est une compilation de portraits d'auteurs. Par exemple, à aucun moment on ne sait quand a commencé le SO ou quelles sont les forces (économiques, éditoriales, sociétales...) qui l'ont façonné. Comme Ruaud n'avait pas fait d'articles sur eux, on se trouve face à un ouvrage sur le Space Opéra qui ne mentionne même pas des personnages aussi importants dans son évolution que Campbell (l'auteur), Leinster, Saberhagen ou Dickson (et on peut aisément en trouver d'autres).

Cette stratégie du recyclage nous vaut d'ailleurs quelques moments embarrassants où les auteurs peinent à justifier certaines inclusions comme Hal Clément ou Doctor Who, des éléments généralement peu associés d'une façon centrale avec le SO, le tout donnant lieu à des contorsions assez impressionnantes. Cela marche aussi dans l'autre sens avec les justifications alambiquées à l'absence de Vance ou Herbert ("c'est du Planet Opéra"). Le meilleur étant l'article sur Kapp dont la moitié finale traite de Manalone. Cette partie (La grande oeuvre, page 283) commence par dire clairement que ce roman n'est PAS un Space Opéra mais déroule quand même plusieurs PAGES de commentaires sur une oeuvre qui est, de l'aveu même des auteurs, complètement hors sujet.

Manalone (OPTA 1982).jpg

3) Une iconographie riche et rare ? 

C'est ce qui est écrit sur le premier rabat et c'est aussi l'un des pitch de la promotion de l'ouvrage. Effectivement, s'il y a bien une importante iconographie (plusieurs centaines d'images), elle souffre, à mon avis, de nombreux défauts.

Il faut dire que cela commence mal puisque les seules images en couleurs sont horriblement coupées (à dessein j'espère) et ne présentent que un petit quart des oeuvres originales. Le reste des illustrations étant en N&B on peut regretter que ces rares pages couleurs soient si mal utilisées. D'autant plus que cette absence de couleur et le traitement style "vignette" nuisent à certains illustrateurs, voir par exemple la comparaison de l'image ci-dessous (pourtant fortement compressée) et celle de la page 295 :

Stardeath (Del Rey 1983).jpg

On regrettera aussi l'absence quasi-totale de légendes en regard des illustrations (une habitude chez les Moutons) qui prive le lecteur d'éléments importants comme la date de parution puisque l'on ne représentait pas le SO en 1930 comme en 2000 et que ces choix sont eux-mêmes porteurs de sens sur (par exemple) l'image du genre auprès des lecteurs. Il est assez triste de voir que les illustrateurs ne sont presque jamais mentionnés, cette utilisation gratuite et non créditée de leur travail dans un produit destiné à être vendu me paraît assez désinvolte. De même, la qualité des ouvrages scannés laisse parfois nettement à désirer. Il arrive que l'on ne se soit même pas donné la peine d'ôter l'étiquette du prix apposée par un bouquiniste (par exemple sur le Brunner page 221), d'enlever des traces de colle ou de trouver un exemplaire dans un état décent.

Voilà pour la richesse, quant à la rareté, je peux juste dire que sur le millier de couvertures je dois facilement en avoir 75% (y compris en VO) et que je n'y ai vu que rarement des EO ou beaucoup de choses que l'on puisse qualifier de rares tant il y a de FNA, JL et autres PdF.

N'écoutant que mon bon coeur, si vous m'envoyez 28 Euros, je m'engage à vous faire parvenir un CD contenant plusieurs milliers d'images toutes aussi riches et aussi rares que celles contenues dans ce livre.

The altar on asconel (Ace Double M-123).jpg

4) Et c'est tout ?

Soyez rassurés, cet ouvrage pêche aussi dans de nombreux autres domaines.

On a tout d'abord la séquence publicitaire de l'éditeur qui réussit à placer presque tout son catalogue (je n'ai pas vu le PKD), y compris les zombies et même, grâce à une association d'idée fulgurante (Schmitz => médiéval => taverne => Shakespeare) Le panorama de la fantasy et du merveilleux (page 154).

On a aussi les coquilles (ClarkE Darlton, le frère d'Arthur), photes d'orthographe, notes inversées ou scories typographiques (des mots barrés) que l'on attend de cet éditeur.

Dans le même ordre d'idée, le sens si particulier de la chronologie de ces auteurs est aussi au rendez-vous avec des mentions de textes datant de bien après 1977, et (encore une surprise) l'habituelle mention de James Patrick Kelly.

Globalement, il vaut mieux parfois ne pas trop creuser les détails quand on lit des affirmations disant que (ce ne sont que quelques exemples) : The immortals de Gunn n'est pas traduit, que seulement trois nouvelles de Biggle existent en VF, que Van Vogt faisait partie de la Scientologie, que l'intégralité de Interstellar empire (Brunner) est parue en Ace Double ou que Karres (Schmitz) est traduit par Karès en VF. Autant de points, certes négligeables mais que quelques secondes suffiraient à corriger et qui, laissés tels quels, donnent un peu au cochon de payant l'impression d'un travail bâclé.

Les immortels (PC 1977).jpg     Les immortels (Le Masque 1978).jpg

Dommage pour une idée qui, traitée d'une façon un peu moins à l'économie, aurait fourni matière à un livre passionnant. Au final, les 28 Euros demandés sont largement prohibitifs pour la proportion réelle de matière inédite (même si certaines parties comme celle sur Doctor Who sont bien faites) et l'impression d'amateurisme de l'ensemble.

Note GHOR : 1 étoile (pour ceux qui n'ont pas accès au matériau original)

22/05/2009

_An annotated bibliography of recursive science fiction_

An annotated bibliography of recursive science fiction : Anthony R. LEWIS : NESFA Press : 1990 : ISBN-10 0-915368-47-1 : 56 pages (y compris index et chronologie) : 6 USD chez l'éditeur pour un TP typé fanzine (agrafé).

An annoted bibliography of recursive sf.jpg

Cet ouvrage est donc, comme son titre l'indique, une bibliographie commentée des textes de SF récursive. La SF récursive (ou autoréférentielle) est tout simplement l'ensemble des textes de SF qui font référence à la SF. Ce sont donc des oeuvres qui mettent en scène des auteurs, des fans, des textes célèbres du genre ou des spécificités (conventions, prix...). Ce sous-genre très spécialisé a toujours existé et perdure de nos jours (voir le dernier roman de Spinrad qui en fait partie). Il a même fait l'objet de quelques anthologies (Inside the funhouse, Alternate Skiffy).

Alternate skiffy (Wildside).jpg

Cet index débute par une préface de par Malzberg qui est un des praticiens les plus réguliers de cette forme, même si c'est souvent pour véhiculer ses critiques vis-à-vis du peu d'ambition de la SF. Le coeur de l'ouvrage est donc un listing commenté de tous les textes de SF récursive, romans (rares) ou nouvelles. Chaque entrée (par ordre alphabétique d'auteur), donne le titre, un bref résumé qui indique en quoi le texte est récursif (présence d'un auteur, utilisation d'une oeuvre, convention de SF comme décor) et liste toutes les occurrences (pour une nouvelles) ou les éditions (pour un livre).

What mad universe (Grafton 1987).jpg

L'ouvrage se termine par une liste des oeuvres appartenant au genre mais réalisés pour d'autres médias (films, comics, pièces...), une des textes qui ressemblent à de la SF récursive mais qui n'en sont pas, un index par titre et une chronologie (premières parutions seulement).

Inside the funhouse (Avonova 1992).jpg

Il est clair que cet index hyper spécialisé n'offre d'intérêt que pour une toute petite partie des l'ensemble des amateurs de SF, ceux qui trouvent très amusante la nouvelle de Dick Waterspider où des humains du futur déboulent dans une convention de SF pour obtenir de Poul Anderson les secrets de la propulsion FTL. J'avoue en faire partie d'où mon grand plaisir à feuilleter cet ouvrage et à se rappeler les textes en question. 

Quoi qu'il en soit, le travail fait par Lewis est, comme d'habitude, impeccable sur le plan bibliographique et semble relativement exhaustif. C'est là l'exemple même de ce que la passion et le travail peuvent produire.

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 Note GHOR : 2 étoiles 

20/05/2009

_100 Chefs-d'oeuvre incontournables de l'imaginaire_

100 Chefs-d'oeuvre incontournables de l'imaginaire : Eric HOLSTEIN & Jerôme VINCENT & Thibaud ELIROFF : Librio (série Imaginaire, #909) : 2009 : ISBN-13 978-2-290-01586-5 : 122 pages (y compris lexique et index) : 2.85 Euros pour un petit TP (prix affiché de 3 Euros).

100 chefs-d'oeuvre incontournables de l'imaginaire.jpg

Continuant dans la même veine que les petits ouvrages proposés par les éditions Actusf, à savoir des livres pratiques et synthétiques à prix modique, cet ouvrage a pour objectif de nous faire découvrir les 100 chefs-d'oeuvre de l'imaginaire. Conformément à une mode récente, il groupe sous le même vocable ombrelle les catégories que l'on appelait avant SF, Fantasy et Horreur. Le pourquoi de ce changement de terminologie semble assez obscur d'autant que ces catégories (et leurs subdivisions classiques) réapparaissent dès la deuxième page et restent à la base de la classification utilisée par les auteurs.

La structure de cet ouvrage est très simple puisqu'il s'agit d'une suite de fiches consacrées à 100 livres ou groupes de livres (puisque l'on y rencontre des romans solo, des cycles ou séries et des recueils de nouvelles). Ces 100 textes étant ceux qui sont considérés par les auteurs comme des chefs-d'oeuvre incontournable (c'est écrit dans le titre). Cet ensemble est organisé chronologiquement (de 1770 à 2004) et chacune des fiches reprend une présentation standardisée : d'abord les informations classiques (titre, date, auteur, TO, traducteur, genre), un pavé d'une cinquantaine de mots qui présente l'auteur, un extrait représentatif de quelques lignes (par exemple le très connu début de Neuromancien) et la partie principale à savoir un résumé/avis sur le livre en une grosse vingtaine de lignes. On remarquera que les fiches ne sont pas signées.

Neuromancien (La Découverte 1985).jpg

Cet ensemble de fiches est précédé par une courte préface et est suivi par le traditionnel glossaire des termes et concepts propres au genre(s) (de Age d'or à Weird fiction) et de deux index (un par titre et un par auteur).

Cryptonomicon (Avon).jpg

Une fois certains maniérismes oubliés (le concept même de l'Imaginaire ou l'idée d'écrire science fiction sans tiret), la première (et légitime et amusante) réaction à ce type d'ouvrage qui se veut signaler les meilleurs éléments d'un domaine est de comparer les choix des auteurs avec les siens. En ce qui me concerne (donc plutôt sur la partie SF), même si je partage une partie non négligeable des choix (Demain les chiens, Fondation, L'homme démoli, Dune, Tous à Zanzibar, Un feu sur l'abîme, etc...) je suis, même avec mon expérience de ces best-of, assez surpris par d'autres. Des bouts de trilogies (Temps), des parties de cycle (Elévation), des séries à rallonge (Pern), des ouvrages mineurs dans la carrière de certains auteurs (Sans parler du chien) ou carrément d'auteurs mineurs (Un bonheur insoutenable). Mais je n'ai peut-être tout simplement pas saisi le côté ironique de la démarche qui fait mettre dans les 100 meilleurs ouvrages un livre dont on écrit qu'il est "Bordélique, mal ficelé, bourré de digressions" (Cryptonomicon).

Elévation T1 (JL 1995).jpg

Sur un autre plan, les amateurs de SF ayant la mémoire longue se rappelleront que Goimard et Aziza avaient été critiqués pour avoir inclus dans leur Encyclopédie de poche de la SF (1987) parue chez Presses Pocket une trop grande proportion de titres issus du catalogue de l'éditeur de l'ouvrage. Trouvant ici aussi certains choix surprenants, j'ai pu constater après vérification, que sur les 50 titres les plus récents, la moitié ont été à un moment ou un autre édités par J'ai Lu ou Pygmalion. Avoir 50% des incontournables parus dans ses propres collections, c'est une preuve d'un goût très sûr et un score remarquable pour un des co-auteurs de ce livre qui, je le rappelle, est publié par une autre des branches du groupe Flammarion (comme le sont J'ai Lu et Pygmalion). Après Ruaud & Colson qui réécrivent l'histoire de la SF à la sauce Moutons, on pourrait facilement en déduire que l'autopromotion reste une valeur sûre.

Encyclopédie de poche de la SF (guide de lecture).jpg

Il est logique de ne pas attendre de miracles d'un ouvrage d'un aussi petit prix, on a donc une quantité non négligeable (par rapport au peu de matière) d'erreurs factuelles (dates de parution du style 1940-1966 pour Slan ou 1997 pour Temps, TO) ou de typos. On peut y rajouter quelques affirmations assez légères : Je suis une légende faisant quelques dizaines de pages (19 dizaines pour l'édition PdF), Pavane comme texte fondateur de l'uchronie (dans les années 60 ?), le fait que nombre de romans de Willis n'aient pas été traduit en français (moins d'une demi-douzaine, tous mineurs) ou des reprises telles quelles de lieux communs largement discutables à la lumière de travaux sérieux (Les initiales de Moore comme cache-sexe, Asimov comme membre fondateur des Futurians).

Un ouvrage pas cher mais sans grand intérêt pour l'amateur, mais celui-ci n'est sans doute pas la cible visée. Le nouveau venu au genre pourra trouver une utilité à cet ouvrage à condition de réussir à trouver par lui-même quelles sont les éditions diponibles ou existantes puisque aucune information de cette nature n'est fournie.

Note GHOR : 1étoile