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05/08/2016

_Frederik Pohl_

Frederik Pohl : Michael R. PAGE : 2015 : University of Illinois Press (série "Modern masters of science fiction") : ISBN-13 978-0-252-08115-6 (la fiche ISFDB du titre) : xii+246 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 24 USD pour un tp non illustré, disponible chez l'éditeur (), existe aussi en hc (03965-2) et en ebook.

anglais,Pohl,2 étoiles

Cet ouvrage fait partie de la série de monographies d'auteurs de SF parue chez UP (voir sur ce site les épisodes précédents : Brunner, Egan, Bujold). Il est donc consacré à Frederik Pohl, un personnage dont l'importance pour le genre est, paradoxalement, plus due à ses multiples casquettes (il a probablement fait tout les métiers possibles en son sein, sauf peut-être illustrateur) qu'à ses écrits. En effet, il est parfois difficile à des lecteurs "lambda" de citer une oeuvre de Pohl solo, c'est généralement sa collaboration avec Kornbluth pour le roman The Space Merchants/Planète à gogos qui vient immédiatement à l'esprit. Il existe d'autres titres consacrés à cet auteur (par exemple celui-ci) ainsi qu'un certain nombre d'éléments biographiques.

anglais,pohl,2 étoiles

Pour faire court, ce livre souffre du défaut contraire de celui consacré à Bujold (qui manquait un peu de matière), à savoir que, au vu de la production très importante de Pohl, Page est un peu pressé par le temps et nous livre une revue au pas de charge de l’œuvre de l'auteur. Le choix d'une approche chronologique (divisée en quatre périodes principales) concourt aussi à l'impression de lire une suite de résumé de textes (et encore Page n'évoque que les plus marquants). Cela rend l'ensemble plutôt attachant en nous remémorant certains textes devenus classiques et anthologisés ou édités de nombreuses fois mais manque nettement de profondeur d'analyse textuelle mais souffre aussi d'une contextualisation "biographique" (les interactions de Pohl avec la SF et ses acteurs ont été permanentes mais aussi cruciales dans sa carrière) réduite à la portion congrue.

anglais,pohl,2 étoiles

A la lecture de ce livre, j'ai plus eu l'impression de me promener dans les rayons de ma bibliothèque et d'écouter la voix de livres lus parfois depuis longtemps que d'avancer dans ma perception de l'auteur et de ses thématiques. C'est certes très plaisant (ah, L'ère des gladiateurs, un de mes premiers romans SF hors Fleuve Noir), mais ce n'est (d'après ce que j'en ai compris) pas forcément l'objectif de l'ouvrage.

anglais,pohl,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

26/01/2010

_Hell's cartographers_

Hell's cartographers : Brian W. ALDISS & Harry HARRISON (editors) : 1975 : Weidenfeld & Nicholson : ISBN-10 0-297-76882-4 : 246 pages (y compris bibliographies des auteurs mais pas d'index) : coûtait 3.50 GBP pour un HC avec jaquette illustré d'un cahier central de photographies en N&B.

Hell's cartographers.jpg

Cet ouvrage est un recueils de relativement courtes (entre trente et cinquante pages) autobiographies de six auteurs de SF. Ils forment un groupe relativement homogène, comprenant des Futurians (Pohl, Blish et Knight), des britanniques (Aldiss et Harrison) et un inclassable (Bester). Ces auteurs se ressemblent par le fait qu'ils ont eu des responsabilités éditoriales et par leur production de textes manifestant souvent un humour assez grinçant et une certaine originalité stylistique. A noter qu'une partie de ces textes sont disponibles en VF (parus dans Bifrost) et ont parfois été repris dans d'autres ouvrages de référence (comme le Silverberg que l'on retrouve mis à jour dans Other spaces, other times).

Golem 100 (Pan 1981).jpg

La structure de cet ouvrage est assez simple. Il débute par une courte introduction due à Aldiss et se poursuit par le plat de résistance, les six segments autobiographiques de chacun des contributeurs (dans un ordre qui semble aléatoire). On retrouve successivement les mêmes auteurs dans une courte partie intitulée "How we work" où (comme son nom l'indique) ils détaillent leurs méthodes de travail. Des bibliographies "sélectionnées" (titre et date seulement) de chacun concluent l'ouvrage qui ne possède pas d'index mais offre un cahier photographiques de quatre pages sur papier glacé (il s'agit de portraits des auteurs).

Late Knight edition (NESFA 1985).jpg

Cet ensemble de textes a longtemps constitué un témoignage majeur sur le travail de ces écrivains et une des rares sources autobiographiques du genre (le fait qu'une partie ait été traduite indique bien l'importance de ces textes). On y retrouve la verve habituelle de ces conteurs nés et on découvre le quotidien parfois peu glorieux d'écrivains pourtant parmi les plus estimés du genre.  

The best of James Blish (Del Rey 1979).jpg

Outre la regrettable absence d'index et le côté misérable des bibliographies proposées, on ne peut toutefois nier que la valeur de cet ouvrage n'a pu que diminuer avec le temps. En effet, outre le simple éloignement temporel (ces autobiographies s'arrêtent à l'orée des années 70), il existe maintenant un plus grand nombre d'autobiographies d'écrivains de SF plus détaillées, plus à jour ou plus fournies, y compris pour des participants à cet ouvrage (on pensera à Pohl avec The way the future was ou aux ouvrages sur les Futurians de Knight ou Rich). Au final, c'est malgré tout un ouvrage qui livre des témoignages importants sur des individus clés du genre.

The way the future was.jpg

Note GHOR : 3 étoiles

29/12/2009

_Frederik Pohl_

Frederik Pohl : Thomas CLARESON : 1987 : Starmont House (Starmont reader's guide #39) : 173 pages (y compris bibliographies & index) : ISBN-10 0-930261-33-X : coûtait 10 USD pour un TP (existe aussi en HC -34-8), semble pouvoir se trouver d'occasion.

Frederik Pohl.jpg

Cette étude consacrée à F. Pohl est donc due à Thomas Clareson, un des grands noms de la réflexion sur le genre aux USA. Faisant partie de la série connue de monographies publiées par Starmont et ses successeurs, elle aborde donc l'oeuvre de l'un des personnages clés de la SF américaine. Pas forcément perçu comme l'un des grands du genre malgré l'aura de certains titres comme The space merchants (en collaboration avec Kornbluth) ou Gateway, il est une figure essentielle de l'histoire de la SF, à la fois comme fan (membre des Futurians), editor (entre autres de Galaxy et If) et auteur acclamé (grand master, multiple vainqueur aux Hugos et Nebulas).

Tomorrow times seven (Ballantine 1959).jpg

L'ouvrage commence, comme souvent dans cette série par une chronologie synthétique de la carrière de l'auteur. On peut dire qu'elle sert de base à Clareson puisque celui-ci a choisi un plan d'ouvrage relativement chronologique. Les premiers chapitres tracent sa longue carrière durant les décennies 40, 50 et 60 avec un focus sur ses collaborations avec Kornbluth et sur ses textes courts. Les suivants, probablement à cause d'une quantité trop grande de matériau à traiter, abandonnent un peu ce principe en se concentrant sur certaines oeuvres ou séries (respectivement The gold at the starbow's end, Man plus, le cycle Heechee, The years of the city, Black star rising et The coming of the quantum cats). En matière d'annexes, on a droit à la liste des oeuvres majeures de l'auteur, une bibliographie secondaire (sélective et commentée) et un index.

The gold at the starbow's end (Ballantine 1972).jpg

Au risque de manquer d'originalité, il faut constater que la mission dévolue à Clareson est impossible comme souvent avec cette série formatée même si ce titre est particulièrement épais. Comment traiter en 150 pages les 60 ans de carrière de Pohl et ses multiples influences à divers titres sur le genre ? Comment aborder en détail le couple Pohl-Kornbluth mais aussi les duos Pohl-Del Rey ou Pohl-Williamson (et même maintenant Pohl-Clarke) en un seul chapitre ?

Gladiator-at-law (Ballantine 1969).jpg

Du coup, et malgré l'érudition incontestable de Clareson, cet ouvrage ne peut être pris que comme un survol qui laisse carrément de côte certains romans (The cool war par exemple), une grande partie de la production sur format court de l'auteur (un ensemble pourtant pléthorique et marquant) et généralement l'importante influence exercée sur l'évolution de la SF par le Pohl editor (de magazines mais aussi de livres). Peut-être aurait-il été préférable de diminuer la part consacrée aux titres récents qui faisaient certes l'actualité de Pohl à l'époque de la parution de cet ouvrage mais qui ont eu du mal à résister à l'oubli (Black star rising en étant l'exemple type).

The cool war (Del Rey 1982).jpg

Au final, et comme souvent chez Starmont, un titre fort recommandable mais qui aurait facilement supporté un doublement de sa taille et mérité une partie bibliographique un peu plus étoffée.

Casse-tête chinois (JL 1987).jpg

Note GHOR : 2 étoiles

13/07/2008

_The Futurians_

The Futurians : Damon KNIGHT : John Day : 1977 : ISBN-10 0-381-98288-2 : 276 pages (y compris index et cahiers photographiques N&B) : d'occase pour une dizaine d'Euros (+ port) pour un petit HC avec jaquette.

The Futurians.jpg

Les Futurians sont un groupe d'écrivains et d'éditeurs américains qui ont formé, dans les années d'immédiate avant-guerre, une sorte de communauté entièrement tournée vers la SF, partageant logement, combats, ambitions littéraires, sources de revenu et parfois même épouses. Les plus connus des anciens Futurians sont, outre Damon Knight lui-même, Isaac Asimov, James Blish, Fred Pohl, Cyril Kornbluth, Judith Merril et Don A. Wollheim qui sont tous devenus des acteurs majeurs de la SF US des années 50 à 80, tant dans des rôles d'écrivains que dans ceux de directeurs de collection, critiques ou redacteurs en chef.

The rithian terror (Ace Double M-113 1965).jpg

Damon Knight raconte donc dans cet ouvrage l'histoire au jour le jour de ce groupe de personnages, de leur rencontre à leur mort (pour une partie d'entre eux).  Pour ce faire, il s'appuie sur sa propre mémoire mais aussi sur des interviews avec les survivants ou leur famille pour les décédés ainsi que sur les traces écrites laissées par les membres du groupe. Pour nous plonger un peu plus dans l'ambiance, un certain nombre de photographies d'époque sont insérées. Elles montrent les personnages cités dans le livre ainsi que certaines de leurs productions (fanzines, magazines, dessins). On regrettera que ces dernières ne soient hélas pas légendées.

Late Knight edition (NESFA 1985).jpg

Ce livre est assez cru et remet en question le mythe qui s'est formé autour de ce groupe de gens destinés à devenir célèbres dans le milieu de la SF. En effet, au fil de la lecture, on en s'éloigne de plus en plus du récit d'une stimulante aventure intellectuelle pour découvrir celui de l'existence petite et étriquée d'un groupe de jeunes adultes immatures et complexés. Au lieu de grandes ambitions pour la SF, on assiste plutôt à des luttes incessantes pour le pouvoir. Ces luttes étaient menées à la fois contre l'extérieur du groupe (Gernsback, d'autres groupes de fans, Sykora, Moskowitz) pour obtenir l'illusoire "contrôle" du fandom et se prolongeaient aussi en interne entre les membres les plus importants pour déterminer qui était l'alpha-mâle. J'emploie à dessein cette expression parce que le groupe était aussi parcouru par une grande tension sexuelle où la conquête des rares filles était un source de conflit importante.

Permutation mentale (PC 1979).jpg

Knight nous brosse un portrait sans fard d'une bande de post-ados, certes brillants mais parfois aux limites de la  psychose, immatures, sans le sou et pratiquant l'auto-destruction (alcool, cigarettes, bagarres) avec un entrain qui fait un peu froid dans le dos. Tout cela est très lucide, ce qui est à l'honneur de l'honnêteté de Knight, mais l'impression finale est celle d'un groupe de malades mentaux, affublés de diverses tares, inadaptés et pour tout dire pas vraiment sympathiques. Même si les groupes d'amateurs, quel que soit le domaine, sont toujours le lieu de luttes d'influence, la taille des égos et les capacités intellectuelles et artistiques certaines des Futurians couplée à une promiscuité économiquement imposée, exacerbent nettement le côté malsain de telles rivalités.

Ce document est important pour mettre en perspective certaines histoires de la SF (on pensera aux mémoires d'Asimov qui ne sort pas grandi de ce livre) que le recul et la célébrité ont visiblement tendance à enjoliver. Un témoignage de première main sur une époque et des personnages clefs d'une SF encore balbutiante. On pourra aussi comparer le récit des évènements fait par Knight à d'autres relations de la même période, en particulier l'autobiographie de Pohl : The way the future was ou les volumineuses mémoires d'Asimov.

The way the future was.jpg

 Note GHOR : 2 étoiles