Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/07/2008

_MAMER 2007 Science Fiction & Hugo Gernsback_

MAMER 2007 Science Fiction & Hugo Gernsback  : Ralph LETSCH : Editeur non mentionné : 2008 : ill Paul : ISBN-13 978-2-87996-674-89 : 163 pages (pas d'index ni et biblio) : 15 Euros chez l'auteur port compris pour un TP.

Science fiction & Hugo Gernsback.jpg



Cet ouvrage ressemble les actes de la "Journée de la SF" organisée à Mamer (Luxembourg) en 2007 et qui avait pour thème fédérateur Hugo
Gernsback, Luxembourgeois d'origine. L'organisation de cette journée a été à l'initiative d'un club philatélique local.


C'est donc une suite de transcriptions des diverses interventions qui se sont succédées durant cette manifastation. Il est à noter que les transcriptions sont dans diverses langues (Français, Anglais ou Allemand) mais qu'elle ne sont pas traduites dans les autres langues. Comme mon allemand (scolaire et ancien) est complètement rouillé, je n'exprimerai pas d'avis sur les textes dans cette langue.


On trouve donc pêle-mêle plusieurs interventions sur la SF en général (cinéma, philatélie, SF francophone) ou des séries particulières (Star Trek, Perry Rhodan), sur Gernsback lui-même (ses rapports avec le Luxembourg, ses débuts d'éditeur de magazines SF, son influence sur la SF Allemande), et des choses plus spécifiques : une intervention sur la conquête spatiale et une étude parallèle du traitement du thème de Frankenstein dans quatre supports (le roman original, deux films de cinéma et un épisode de X-files).


Le tout est très richement illustré en couleurs de couvertures de magazines de Gernsback (hélas jamais légendées ni attribuées) et de plein d'autres photos (pas mal de timbres par exemple).


Il s'agit là d'un ouvrage ponctuel voulant traduire sur le papier une manifestation multimédia. Il se heurte donc à l'écueil classique de ce type d'entreprise, à savoir la pauvreté d'une telle restitution qui ne peut capturer toute la richesse de ce genre d'interventions.


Les articles sont généralement très synthétiques et ne sont au mieux que des introductions (mais pas exemptes d'erreurs factuelles). Par exemple, les textes sur Gernsback pâlissent nettement face aux livres de Ashley, Siegel ou Westfahl qui ont pour eux l'espace nécessaire pour approfondir la vie et l'oeuvre de l'inventeur de la SF.

Hugo Gernsback.jpg   Hugo Gernsback and the century of science fiction.jpg   The gernsback days.jpg

On pourra trouver aussi que le texte fort intéressant sur la SF en philatélie manque cruellement d'images illustrant les timbres amoureusement décrits (un comble !). L'analyse de Frankenstein est le plus long texte de l'ouvrage mais son thème même est une peu HS pour un raout Gernsbackien que l'on attendrait comme plus orienté vers la SF "authentique" et célébrant la science.


En tout cas, un petit livre sympa qui n'apportera pas de révélations, mais une initiative à soutenir.


Note GHOR : 1 étoile

17/07/2008

_Textual poachers_

Textual poachers : Television fans and participatory culture: Henry JENKINS : Routledge : 1992 : ISBN-10 0-415-90572-9 : 343 pages (y compris index et bibliographie) : une grosse vingtaine d'Euros port compris pour un TP.

Textual poachers.jpg

Cet ouvrage est une des premières études sociologiques (ou ethnographiques) consacrée au phénomène du fandom. A ce titre, il est un des textes fondateurs de ce domaine particulier qui se concentre sur les lecteurs (ou spectateurs dans ce cas) plus que sur le corpus. Ce livre, pionnier de l'analyse de certains des acteurs incontournables de la SF compte parmi sa descendance des livres comme ceux de Torres, Sanders ou Bacon-Smith.                

Science fiction fandom.jpg

En se focalisant sur ce que l'on nomme les media-fans (amateurs de séries TV ou de séries filmiques, généralement SF mais pas exclusivement), il n'est évidemment pas un portrait fidèle du microcosme des fans de littérature SF mais apporte beaucoup d'enseignements sur des pratiques que l'on rencontre aussi chez eux.

En terme de structure, il est organisé en 8 chapitres :

1) "Get a life" : une longue partie introductive au milieu de la SF (puisque la plupart des séries braconnées appartiennent au genre) et à celui des fans qui donne une première idée de la complexité et des nombreuses structures qui sous-tendent le fandom (APA, clubs, conventions, fanzines, prix, filk...).

2) "How texts become real" : décrit le processus d'appropriation par des individus de ce qui est initialement un produit commercial copyrighté et qui est ré-utilisé et transformé par l'ajout de matériau original, qu'il soit canonique ou pas.

3 "Fan critics" : montre comment cette appropriation n'est pas simplement aveugle mais s'accompagne à la fois d'un discours critique sur l'oeuvre mais aussi d'une prise en compte des paramètres (économiques le plus souvent) externes à celle-ci.

4) "It's not a fairy tale anymore" : se focalise sur la série télévisuelle Beauty and the beast (La belle et la bêteen VF, IIRC) et étudie les (fem)fans dans leurs pratiques et leurs motivations.

5) "Scribbling in the margins" : traite de la fan-fiction (fanfic), une production d'oeuvres (littéraires pour l'instant) qui enrichissent, modifient ou parfois contredisent ou renient les oeuvres "officielles" (le canon).

6) "Slash and the fan-writing community" : au sein de la fan-fiction en général, s'intéresse au "slash", c'est à dire des fictions mettant en scène les relations amoureuses homosexuelles de deux personnages d'une ou plusieurs séries. Particulièrement la plus connue de ces catégories : K/S, c'est à dire des fictions montrant Kirk & Spock comme amants.

7) "Layers of meaning" : creuse le domaine , nouveau à l'époque, des créations audio-visuelles dérivées des séries.

8) "Strangers no more, we sing" : se penche sur un phénomène propre au fandom SF initialement mais qui a migré vers les media-fans, celui du filk, c'est à dire la production de textes et chansons spécifiques à la communauté SF.

Suivent une conclusion, un appendice donnant quelques précisions sur les principales séries citées, une bibliographie et un index.

Science fiction culture.jpg

Cet ouvrage est a replacer dans son contexte et représente, pour l'époque, une grande première dans son traitement des fans sous un angle à la fois académique s'appuyant sur une étude longue et étayée mais aussi respectueux du fait de l'appartenance de l'auteur à ce milieu.

En effet, il va plus loin, pour la première fois (plus ou moins), que l'image d'Epinal de l'amateur de ST déguisé en Spock ou du traducteur de la Bible en Klingon, en montrant que ces fans ont à la fois une vraie stratégie de consommation, font preuve d'une clairvoyance assez remarquable nourrie par une analyse permanente à tous les niveaux de l'oeuvre et de son contexte, mais aussi (et surtout) que ces fans sont eux-mêmes (et bien sûr à leur niveau parfois modeste) devenus des producteurs d'oeuvres d'art dans plusieurs domaines (récit, BD, chanson, vidéo, illustration...).

La science-fiction française.jpg

Loin d'être de simples consommateurs d'images décérébrés, les media-fans deviennent alors des co-auteurs qui s'approprient d'une façon parfois peu légale (d'où l'usage du concept de "braconnage") un univers et des personnages et les font leurs en l'analysant puis en l'intellectualisant et enfin en l'enrichissant. Pour l'époque, cette idée était tout simplement révolutionnaire et a eu du mal à s'insérer dans un discours dominant qui opposait la high culture (élitiste, sophistiqué, active) et la popular culture (passive, limitée). C'est là la grande force de cet ouvrage, cet effort de montrer les activités nombreuses des media-fans sous un jour positif et comme créateur "net" de sens.

Star trek (JL 1980).jpg

On pourra regretter deux choses à ce livre, la première étant un nombre important de coquilles systématiques concernant les noms propres (Gernsbeck, Lundwell) relevant du domaine de la SF écrite (qui n'est visiblement pas la tasse de thé de Jenkins), le seconde étant qu'une actualisation est éminemment souhaitable au vu de l'évolution actuelle des techniques de production d'oeuvres et de communication de ces oeuvres entre fans. Il y a un petit paragraphe sur usenet mais on rêverait d'une étude sur les webzines, les sites communautaires ou l'animation en 3-D.

Note GOR : 2 étoiles

15/07/2008

_Modern science fiction and the american literary community_

Modern science fiction and the american literary community : Frederick Andrew LERNER (USA, 1945 -) : The Scarecrow Press : 1985 : pas d'illustration (il se peut que ce livre ait normalement une jaquette ) : ISBN-10  0-8108-1794-2 : 325 pages (y compris index et énorme bibliographie de 150 pages) : une petite vingtaine d'Euros port compris pour un HC d'occase.

Modern SF and the american literary community.jpg

Cet ouvrage a pour objectif de retracer l'histoire de la réception de la SF (anglo-saxonne) par la communauté littéraire américaine. Par communauté littéraire américaine, Lerner entend plusieurs acteurs différents :
- les critiques et chroniqueurs de livres qui écivent pour des magazines ou des journaux ne faisant pas partie du genre (quotidiens, suppléments littéraires, magazines littéraires)
- les chercheurs et le milieu universitaire, vus sous le prisme de leurs publications
- le milieu enseignant (niveau primaire ou secondaire) à la fois dans leurs pratiques d'enseignement de la SF et dans le corpus des textes enseignés ou conseillés via leurs propres journaux
- les bibliothécaires principalement au travers de leur importante (aux USA) presse professionnelle
- les professionnels de la futurologie ou de la recherche appliquée.

Le pianiste déchaîné (LDP 1977).jpg

Organisé en une dizaine de chapitres, ce livre s'ouvre par le rituel exercice de la définition de la SF, une formalité expédiée sans aucune originalité.
Suivent cinq chapitres (un par "âge" de la SF Moderne) qui détaillent et contextualisent toutes les critiques ou chroniques d'ouvrages de SF dans des publications hors du genre (e.g. un article sur Slaughterhouse five dans The new republic).
Le chapitre 7 : "Science fiction and the scholars" trace à la fois les mentions de la SF dans le monde de l'académie mais aussi les ouvrages de référence existant à l'époque et le processus de constitution de réseaux de réflexion sur la SF (SFRA, SF Fondation...).
Le chaptre 8 : "Science fiction in the classroom" décrit à la fois l'émergence de cours sur la SF ainsi que l'évolution des lectures recommandées par les enseignants.
Le chapitre 9 : "Science fiction in the library" montre comment la SF a fini par entrer dans les bibliothèques, à la faveur d'un changement de format (apparition de HC de SF, seul type de livre toléré en bibliothèque) et en profitant de la quête de clients lancée par ces dernières.
"Science fiction in the laboratory" (chapitre 10) liste les interactions entre SF et futurologues, généralement peu fructueuses, chacune des parties tentant de garder ses prérogatives.
Une courte conclusion au titre ironique "The descent into respectability" (en écho à la fameuse phrase écrite par Dena Benatan -Brown à l'époque-) termine le livre en récapitulant le chemin parcouru depuis le ghetto des pulps.

Fantastic 1975-04.jpg

On pourra reprocher à certains chapitres (les premiers) de ce livre un aspect énumératif de lieux de parution et de citations qui rendent la lecture parfois un peu rébarbative. C'est toutefois un recensement unique (à ma connaissance) qui permet de mesurer réellement quel était l'image de la SF dans le monde des lettres américain. Ceci permet par exemple de tordre le cou au fantasme de la littérature maudite puisque l'on voit que, à ses débuts (jusqu'à aprés la 2GM), la SF était tout simplement ignorée du reste de la communauté littéraire ou que, par la suite, la réception était généralement plutôt favorable, grâce à certains intellectuels favorables au genre (K. Amis pour n'en citer qu'un). De plus, Lerner donnant l'intégralité de ses sources, la mise en doute de ses conclusions devient assez difficile.

J'ai trouvé les chapitres sur le monde de l'académie et de l'enseignement particulièrement intéressants tant dans un aspect historique "interne" que dans certains livres cités que je vais tenter de me procurer. Les lecteurs de nos jours pourront aussi être génés par le fait que le livre est tout entier rédigé en police "courrier" (avec titres soulignés), comme sorti directement d'une machine à écrire. Il est aussi probable que les lecteurs francophones regretteront l'absence d'un ouvrage similaire sur la réception du genre dans la sphère littéraire traditionnelle.

SF A teacher's guide and resource book.jpg

En tout cas, c'est un sujet original pour l'époque (et encore actuellement) qui permet de sortir du cadre de la SF, un ouvrage d'une méthodologie indiscutable soutenue par une quantité de recherche impressionnante (peut-être même trop envahissante) et qui a la mérite de remettre en place certaines idées reçues.

Note GHOR : 3 étoiles