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02/01/2009

_Intersections : fantasy and science fiction_ & _Bridges to science fiction_

Intersections : fantasy and science fiction : George E. SLUSSER & Eric S. RABKIN : Southern Illinois University Press : 1987 : 252 pages (y compris index) : ISBN 0-8093-1374-X : en occase pour quelques dizaines d'euros pour un HC avec jaquette.

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Bridges to science fiction : George E. SLUSSER & George R. GUFFEY & Mark ROSE : Southern Illinois University Press : 1980 : 168 pages (y compris index) : en occase pour quelques dizaines d'euros pour un HC avec jaquette.

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Un avis global sur deux livres similaires dans leur principe et le résultat obtenu. Ces ouvrages sont donc des recueils d'essais contenant chacun une dizaine de textes (plus nombreux et plus courts dans le premier que dans le second). Ce dernier (Bridges) correspond (IIRC) aux minutes de la toute première conférence sur le fantastique dans les arts, ce qui peut expliquer la piètre qualité des contributions, prévisible pour une manifestation dans sa première instance.

Ce sont donc des livres purement académiques, à la fois par le fait que le public ciblé est celui des bibliothèques universitaires et par le fait que l'on puisse penser qu'une publication dans ces supports rapporte des points pour une carrière. Du coup, les essais sont souvent (logique à l'époque)  écrits par des gens dont les domaines de compétences ne sont généralement pas la SF. Seules exceptions, les universitaires dont le champ d'étude est justement la SF (Slusser, Rabkin) et quelques auteurs comme ici Benford ou Zelazny.

C'est sans doute pour cela que je ne leur trouve aucun intérêt, le canevas de chaque court article étant le même, un début avec un très vague rapport avec la SF et une bifurcation immédiate vers le domaine de prédilection (ou de spécialité) de l'auteur. Ceci nous vaut par exemple des pages de citations en latin, des essais sur Faulkner, sur Gravity's rainbow ou sur Shakespeare, certainement très érudits, mais qui, au final, n'apportent absolument aucun éclairage sur la SF. De toute façon, de leur aveu écrit même, certains intervenants connaissent peu très peu le genre.

Seuls quelques essais arrivent à surnager (celui de Delany par exemple) dans cette mer de médiocrité. C'est dommage parce que le premier ouvrage (qui est nettement le meilleur des deux) aurait pu ouvrir des pistes sur les relations entre SF & Fantasy avec une discussion (hélas avortée) du genre hybride qu'est la Science-Fantasy.  Il est probable qu'à l'époque la réflexion sur ce thème était trop peu developpée (surtout du côté Fantasy) pour pouvoir aboutir.

Deux ouvrages que l'on peut aisément éviter, si ce n'est pour faire joli et sérieux dans une bibliothèque.

Note GHOR : 1 étoile pour Intersections, 0 étoile pour Bridges to science fiction.

30/12/2008

_The cross, the plow and the skyline : Contemporary science fiction and the ecological imagination_

The cross, the plow and the skyline : Contemporary science fiction and the ecological imagination  : Ernest J. YANARELLA : Brown Walker Press : 2001 : ISBN-10 1-58112-402-3 : 319 pages (y compris index et bibliographie après chaque chapitre) : une grosse dizaine d'Euros pour
un TP.

The cross, the plow and the skyline.jpg

 

Cet ouvrage est basé sur un ensemble de textes produits par l'auteur sur une assez longue période (12 ans). Son propos général est de montrer que les traditions apocalyptiques (the cross), pastorales (the plow) et urbaines (the skyline) sont des éléments fondateurs de la culture occidentale et ont exercé une influence fondamentale sur la culture américaine (lire US). Yanarella retrouve ces éléments dans la SF et tente de démontrer leur centralité dans le genre par l'existence de structures narratives récurrentes (le post-apo, la catastrophe, la ville tentaculaire...) qui leur sont directement liées.

Ce livre est organisé en une dizaine de chapitres qui traitent alternativement de ce que l'on peut voir comme une sorte d'histoire générale ou littéraire des USA  (avec des titres comme "Literary responses to the crisis of the 1890s and the populist challenge") et de leur partie science-fictive correspondante dans la démonstration de l'auteur ("Images of the city in contemporary science fiction").

On remarquera que les deux derniers chapitres (sur la théorie de Gaia et la terraformation) marquent une transition vers un discours plus écologique (qui donne d'ailleurs son titre à l'ouvrage) alors qu'il était plus politique (Yanarella faisant partie, me semble t-il, de l'école marxiste de Suvin ou Jameson) dans les premières pages.

Red Mars (Harper Collins 1983).jpg

Je suis assez partagé sur cet ouvrage. En tant qu'amateur de SF, je dois avouer que les parties du livre (une petite moitié) qui traitent de l'histoire culturelle des USA ne m'ont pas vraiment intéressé. Un jargon omniprésent et un style plutôt alambiqué m'ont fortement incité à sauter des passages entiers avec des sous-titres comme "Plutocratic america and pastoral altruria : The christian pastoral utopia of Howell's Altrurian romance". Le plaisir de lecture a donc été assez peu présent dans certaines parties alors qu'il l'a plus été dans d'autres.

Sur la partie proprement SF, je suis aussi de nouveau partagé. Tout d'abord, il y a clairement chez Yanarella de gros emprunts à Wolfe (The known and the unknown) sur l'imagerie propre à la SF et sa signification, qui vont jusqu'à une structuration parfois similaire du discours. En plus, je n'ai pu me défaire durant toute la lecture du sentiment diffus et difficile à justifier objectivement que la SF n'est pas forcément le point fort de l'auteur. Sans doute parce que son spectre d'ouvrages cités est assez limité, avec des oeuvres (Woman on the edge of timepar exemple) qui reviennent trop souvent et pas forcement d'une façon pertinente. Sans doute aussi parce que la SF en tant que genre avec une histoire, des acteurs, des révolutions, des modes et des mouvements n'apparaît presque pas du tout dans cet ouvrage. Elle est réduite à une suite de romans (il n'est presque pas fait mention de nouvelles) qui ne s'articulent jamais entre eux (alors que c'est une des forces du genre) et ne sont pas contextualisés.

Earth (McDonald 1990).jpg

Et c'est alors qu'au milieu de ce discours souvent convenu et assez général surgissent des passages très intéressants (par exemple une analyse de Earth de Brin sous l'angle écologique), carrément jouissifs (un torpillage en trois pages des derniers "fondation") ou glorieusement obscurs (qui aurait pu s'attendre à voir une discussion de The million cities, livre quasi inconnu d'un auteur oublié -J. T. McIntosh- dans un tel ouvrage ?). Heureusement, ces passages se concentrent dans les chapitres sur la SF (et à la fin) ce qui permet d'éventuellement les sélectionner.

The million cities (Pyramid 1963).jpg

Un livre qui présente trop de scories (du fait de sa construction par petits bouts ?) et qui aurait gagné (AMHA) a être resserré sur la partie SF.

Note GHOR : 1 étoile

29/12/2008

_Theorizing fandom : Fans, subculture, and identity_

Theorizing fandom : Fans, subculture, and identity  : Cheryl HARRIS (1961- ) & Alison ALEXANDER (1949- ) : Hampton Press : 1998 : ISBN-10 1-57273-115-X : 253 pages (y compris biblio, index classique et par sujet) : une grosse dizaine d'Euros pour un TP.

Theorizing fandom.jpg

 

Les années 90 ont été propices aux études académiques sur le phénomène des fans particulièrement lorsqu'il existait un fandom structuré, importante source de matière exploitable. Cet eldorado de sujets d'articles a donc été miné par divers universitaires qui, par la force des choses, se sont surtout intéressés aux genres ayant donné naissance à des manifestations ou des créations à caractère fanique marqué. Logiquement, la SF et plus spécialement la SF "visuelle" (TV ou cinéma) s'est souvent retrouvée au coeur des ces études (voir Jenkins par exemple http://ghor.hautetfort.com/archive/2008/07/17/textual-poa...).

Cet ouvrage ne déroge donc pas à cette habitude et, au fil de la dizaine d'articles qu'il contient, revient souvent sur le genre.

Sont donc abordés divers fandoms, certains faisant partie de la SF (les fanfics K/S, Code quantum, la série TV War of the worlds) ou en étant proches (les comics, la série Dark shadows, le slash en général) alors que d'autres nous sembleront plus ésotériques (celui des amatrices de catch dans les années 50 ou celui des coupons promotionnels).

Ils sont traités sous divers angles comme celui du pouvoir (une étude sur la migration vers un forum usenet, ici rec.sf.tv.quantum-leap, qui finalement ne fait que conserver les hierarchies qui existent dans tout fandom), du genre (lire sexuel), de l'impact de l'informatique (usenet et les ML)ou l'angle économique (les collectionneurs de comics et le coût de la préservation des fascicules).

On notera le dernier article qui applique la Q-methodolgy (des expressions à évaluer par un panel générant des groupes corrélés) qui permet aux auteurs de discerner divers types de lecteurs de SF, soit suivant leur pratique (Impliqués, Loisir, Sérieux et Immergés) ou suivant leur esthétique (Émotionnels, Intellectuels et Héroïques). A noter qu'un même test effectué sur des auteurs permet juste une séparation SF/Fantasy.

 

Même si la fandom SF n'est pas le seul analysé dans cet ouvrage, les mécaniques qui y sont à l'oeuvre y sont (AMHA) bien représentées, même si elles doivent être transposées d'un autre domaine.

La mesure de la part réelle des femmes dans les fandoms est à ce titre assez intéressante puisqu'elle se révèle être parfois très importante. Les auteurs en concluent d'ailleurs que la répartition par sexe du fandom (et des collectionneurs) SF (plutôt masculin) est plus dûe au sujet lui-même qu'à des causes structurelles réservant ce type d'activité aux hommes.

On pourra peut-être regretter une certaine emphase donnée au slash (des fictions homo-érotiques entre héros de séries TV, SF ou pas), dont la part importante dans l'ouvrage me semble peu en rapport avec la réalité des fanfics, mais il est vrai que je ne suis pas un expert de ce domaine et que le sujet en lui-même a toujours exercé une grande attirance pour les universitaires (Kirk embrassant Spock, c'est vendeur).

L'essai le plus intéressant, parce que appuyé sur une méthodologie explicitée, reste celui qui tente de classifier les lecteurs du genre. Il est un peu dommage que l'échantillon choisi ait été si limité (27 lecteurs à peine), une telle étude sur une plus grande échelle aurait pu donner des résultats fascinants.

De la même façon, il serait pertinent de pouvoir savoir si cette esquisse du paysage fanique resterait identique dix ans plus tard.

Un livre loin d'être déplaisant même s'il s'éloigne parfois du genre.

Note GHOR : 2 étoiles

15/12/2008

_10 Catastrophes_ & _10 Récits sur le temps_

10 Catastrophes: Fréderick BAAS & Alain GARGUIR & Yves MOUQUET : Maison de la Fiction : 1988 : ISBN -10 2-87765-000-6 : 43 pages : quelques Euros en neuf via e-bay pour un chapbook.

10 Récits sur le temps: Fréderick BAAS & Alain GARGUIR & Yves MOUQUET : Maison de la Fiction : 1988 : ISBN -10 2-87765-001-4 : 43 pages : quelques Euros en neuf via e-bay pour un chapbook.

10 Catastrophes.jpg       10 Récits sur le temps.jpg

Ces deux petits ouvrages sont donc des guides de lectures destinés (je paraphrase) à aider les lecteurs ou les intervenants littéraires à se retrouver dans le maquis de la SF et à constituer une bibliothèque de base sur les thèmes abordés.

Ils partagent la même architecture :
- Une introduction sur le principe des ces guides.
- Un mode d'emploi.
- Une présentation du thème (2 pages).
- 10 fiches de lecture comprenant une sorte de fiche technique (style carte d'index de bibliothèque) et une courte fiche de lecture (1 page).
- Un lexique.
- Une bibliographie annexe (une vingtaine de titres supplémentaires).

Pas grand chose à dire sur ces ouvrages. La sélection des textes étudiés est classique. On va  de Anderson à Wells pour le temps et de Ballard à Wylie pour les catastrophes. Le mélange entre textes récents  et anciens est correct (de Barjavel à Powers) et les équilibres nationaux respectés (30% de francophones + 1 allemand).

La fin du rêve (OPTA 1976).jpg

Les notes de lectures sont très brèves (une quarantaine de lignes au total) et se bornent à un résumé du texte suivi d'un paragraphe d'évaluation. Dans la pratique ce sont donc plutôt des notules et leur côté hyper-schématique vaut aussi pour le reste des guides (les présentations par exemple).

Ajoutons quelques bugs dans les fiches techniques et on obtient des ouvrages dont la plus-value me parait bien mince et l'objectif peu clair.

Une porte sur l'été (JL 1978).jpg


En fait, le point le plus intéressant est, en ce qui me concerne, la tentative que l'on voit transparaître au fil des pages d'une codification des genres de la SF. Ce projet de taxonomie du genre est un serpent de mer qui resurgit périodiquement et auquel tout fan s'est attelé au moins un fois dans sa vie. C'est un vieux rêve que de pouvoir classer tout ouvrage de SF dans un schéma global et bien ordonné.

Comme souvent, cela vire à l'usine à gaz géante avec une multiplication des critères pour pouvoir rendre compte des caractéristiques de chaque oeuvre.

Ici, on a donc pour chaque texte (entre parathèses les valeurs pour un des titres) les critères suivants : un thème (Temps) et un sous-thème (Voyage), un cas (Ramification), un genre (Time-opéra) un genre-bis (Aventure), une caractéristique (Maîtrise), un type (Machine) et une forme (R<N).
Pour info cet ensemble de critères permet de définir La patrouille du temps.

La patrouille du temps (Marabout).jpg

Trop complexe, cette brillante construction intellectuelle s'effondre sous son propre poids en à peine 20 oeuvres, sans atteindre les 42210 univers de la SF de l'inénarable Guy Bouchard.

Note GHOR : 1 étoile (pour le côté sympathique de cette entreprise fanzinesque)

11/12/2008

_Where no man has gone before : Women and science fiction_

Where no man has gone before : Women and science fiction: Lucie ARMITT (éditirice) : Routledge : 1991 : ISBN 0-415-04448-0 : 234 pages (y compris index + bibliographie) : une dizaine d'euros en occase pour un TP.

Where no man has gone before.jpg

Ce livre est un recueil de 13 essais (inédits lors de la parution du livres, puis parfois repris pour certains, IIRC) explorant les rapports entre la SF (ou la fantasy) et les femmes, à la fois quand elles sont actrices (auteures), sources de réflexion ou sujets (personnages).

Il est divisé en trois grandes parties :

- Quatre essais sur des auteures traitées individuellement, à savoir Haldane (pour Man's world), Burdekin (pour son étonnante dystopie nazie écrite en 1931 : Swastika night), C. L. Moore, Le Guin & Lessing (les deux dernières étant des passages obligées pour ce type d'ouvrage à orientation féministe).

- Cinq essais sur l'image de la femme dans la SF, tant écrite que cinématographique (deux essais dont un sur Starman et Blade runner qui est assez féroce dans sa critique plutôt pertinente d'un film culte qui peut se lire comme éminemment patriarcal).

- Quatre essais qui analysent le genre et/ou ses lecteurs (juveniles, fantasy Arthurienne...).

Swastika night (L&W 1985).jpg

 
Les diverses contributrices (100% féminines) sont les "usual suspects" de ce type d'exercice (l'essai) pratiqué dans ce contexte idéologique (une approche féministe) : Tuttle, Lefanu, Jones, Saxton.

Que dire de cet ouvrage ?

Tout d'abord, il s'inscrit dans une lignée importante d'ouvrages du même type, visant (pour les pires) à annexer la SF comme auxilliaire d'un féminisme militant ou à la dénoncer comme outil d'oppression à la solde du patriarcat ou (pour les meilleurs) à montrer que le genre SF est/a été un espace d'expression pertinent pour faire avancer les choses ou pour mener une réflexion sur les rapports entre les sexes.

Ce livre emprunte une voie médiane, en ce sens qu'il ne peut s'empêcher de reprendre pour partie des arguments et un vocabulaire devenus caricaturaux (les éternelles théories sur homme=soleil=bien, femme=lune=mal) ou de sombrer dans les lieux communs sur la SF. Clichés dont la partielle fausseté (les fameuses femmes écrivains forcées de prendre des pseudos féminins pour cacher leur sexe) a été démontrée dans des ouvrages sérieux. Pour rester bien dans la ligne, nous avons droit aux traditionnels et inévitables couplets laudatifs sur Le Guin, Russ ou Bradley (qui joue parfois dans les deux camps) et aux railleries non moins obligées sur les 'traîtresses à la cause" comme McCaffrey.

Une fois ces tics (surtout agaçants par leur prévisibilité) mis de côté, cet ouvrage offre malgré tout un certain nombre de discussions solides :
l'étude de Gamble sur C. L. Moore et les symboliques sexuelles est bien faite et convaincante;  le décryptage des stéréotypes féminins dans Blade runner ou dans Rite of passageest exécuté avec calme et précision, ce qui rend la démonstration assez percutante; le texte de Jones sur les juvéniles est intéressant et la démonstration par Moody de la logique de l'usage d'un cadre "Arthurien" pour des textes à visées féministes est parfaitement claire.

Rite de passage (OPTA 1973).jpg

Dans ce cadre, le texte final de Saxton est une note dissonante et une faute de goût, puisque l'ouvrage se termine par une diatribe de cet auteure qui dit en gros que l'on a mis ses textes dans la SF à tort (la fameuse "défense Atwood" avant l'heure) et que maintenant elle a décidé de se libérer de ce carcan et de quitter ce genre de médiocres. Elle va donc se mettre enfin à écrire la littérature (avec un grand L) qu'elle veut (mais sous un pseudo, comme quoi les réalités du marché s'imposent même aux idéalistes). Cette position courageuse et intègre honore sûrement son auteure mais ressemble fort à un crachat final dans une soupe (généralement) défendue par ses collègues et pourrait être perçue comme un manque de respect pour le cochon (machiste ou autre) de payant.

En conclusion, il s'agit d'un livre qui présente de bons passages, mais reste handicapé par son hétérogénéité marquée (normale pour un recueil d'essais de différentes mains) et un certain manque d'originalité (pour qui pratique ce genre d'ouvrage).

Note GHOR : entre 1 et 2 étoiles suivant la familiarité du lecteur avec le discours féministe sur la SF