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10/02/2009

_Styles of creation : Aesthetic technique and the creation of fictional worlds_

Styles of creation : Aesthetic technique and the creation of fictional worlds  : George SLUSSER & Eric S. RABKIN : University of Georgia Press : 1992 : ISBN-10 0-8203-1455-2 : 270 pages (y compris index global et parfois notices bibliographiques) : trouvable d'occase (parfois) pour une vingtaine d'Euros pour un HC (avec jaquette).

Styles of creation.jpg
(pas de jaquette sur mon exemplaire, voir là pour une vue de l'ensemble de la collection : http://eaton-collection.ucr.edu/EssayCollections.htm).

Ce volume rassemble 18 essais parmi ceux qui ont été présentés lors de la 11ème conférence J. Lloyd Eaton, en 1989. Ils avaient pour objet de traiter du rôle du style dans la SF&F.

A la différence d'autres ouvrages dans cette série, les essais sont ici d'une longueur assez hétérogène, allant de 6 pages (Brin) à plus d'une trentaine. Au niveau des auteurs, on notera qu'il y a peut-être un peu moins de contributions par le petit groupe des intervenants habituels, même si certains sont maintenant bien connus (Westfahl, Landon, Carter, Parrinder, Freedman).

Sont donc abordés les thèmes suivants :
- "Creation and style : Nature and function" : 3 essais sur une définition plus ou moins théorique, avec une analyse du style de PKD par Freedman.
- "Style and grammar : Voice and mood" : 4 essais sur le style au niveau le plus fin (l'écriture), avec un focus sur l'horreur et un texte sur Schachner par Carter.
- "The rhetorics of style : Figures and effects" : 4 essais sur les effets produits par les divers styles (Satire, Utopie).
- "Style and structure" : 3 essais se focalisant sur des auteurs (Leinster) ou des oeuvres (Misery & Herovit's world).
- "Tropes and aesthetic technique" : 4 essais un peu fourre-tout, traitant par exemple le paysage dans la SF britannique, la fréquence des néologismes dans divers textes ou l'image des musées dans la SF.

The passage of light (NESFA 1994).jpg


Au risque de me répéter, mais cet ouvrage, comme les autres de la même série, est un peu une auberge espagnole. Même si ici le thème général (Style & SFF) est globalement au centre des essais, on constate une grande variété d'approches et de hors-sujets plus ou moins importants.

Par exemple, le texte de Stephanie Hammer étudie trois nouvelles (2 de Fantastique, 1 de SF) est-allemandes dans le but de nous montrer qu'elles sont une critique du régime communiste. Les textes évoqués étant 1) non traduits, 2) d'un manque d'originalité impressionnant  (des lunettes magiques, une arche stellaire fictive), 3) non analysés stylistiquement et 4) d'une appartenance à la satire discutable, on se demande le pourquoi de l'inclusion de cet essai d'une qualité intrinsèque plutôt faible.

Il y a donc de tout dans ce recueil avec toutefois un niveau globalement dans les meilleurs de la série.

On appréciera particlièrement Westfahl (encore) avec son étude solide sur les néologismes (construction, fréquence, émetteur), qui avec force tableaux et données montre ce qui semble être une particularité de la SF. Très bons aussi sont les analyses textuelles rapprochées de Dick ou Schachner ainsi que le texte de Miller. On trouvera aussi des analyses pertinentes d'oeuvres de Malzberg ou de King.

Les quelques scories : Brin qui n'a pas grand chose à dire mais qui au moins le fait rapidement, le texte sur l'utopie (Fitting) particulièrement jargonnant et pénible (on en viendrait à penser que TOUS les articles sur les utopies sont aussi chiants à lire que les fictions qu'ils analysent), l'histoire du concept de musée par Crossley; sont certainement inévitables dans ce type d'ouvrage ou sont destinés à une autre public que moi. 

Dans les transcriptions des conférences d'Eaton, cet ouvrage est un de ceux qui m'a fait globalement une des meilleures impressions.

Note GHOR : 2 étoiles

05/02/2009

_Canadian science fiction and fantasy_

Canadian science fiction and fantasy : David KETTERER : Indiana University Press : 1992 : 0-253-33122-6 (ISBN 10) : 206 pages (dont index & bibliographie) : HC avec jaquette encore disponible en neuf pour une vingtaine d'Euros.

Canadian science fiction and fantasy.jpg

Comme son nom, l'indique, cet ouvrage est une histoire de la SF&F au Canada. Il couvre le domaine anglophone et le domaine francophone mais se concentre principalement sur la SFF littéraire (les rares films ou séries TV autochtones ne sont mentionnés qu'en passant).

Il traite à la fois des auteurs natifs et résidents canadiens (Wilson, Kay), des auteurs nés canadiens mais ayant quittés le pays, essentiellement pour émigrer aux USA (Van Vogt, Dickson) et des auteurs qui ont fait le chemin inverse en immigrant au Canada (Vonarburg, Gibson). Cet ouvrage ne se limite pas aux auteurs étiquettés "SFF" mais traite aussi des auteurs classifiés "mainstream" qui utilisent (plus ou moins bien) des thèmes ou des décors SF (Atwood).

Au niveau de l'écriture, rien à dire, c'est du Ketterer, c'est à dire l'un des meilleurs auteurs dans le domaine de la référence. Par contre j'avoue avoir trouvé le plan du livre un peu brouillon avec une division peu pratique en chapitres suivant la langue (Anglais ou Français), le genre (SF ou Fantasy/Fantastique) et l'époque. Cela donne une lecture qui part un peu dans tous les sens et ne permet pas vraiment une vision d'ensemble du (ou des) genre(s) et de leur évolution chronologique, puisque qu'il faut sauter plusieurs chapitres pour retrouver les mêmes acteurs. On pourra aussi reprocher à ce livre un certain découplage vis à vis de la situation économique, diplomatique ou politique dans laquelle se sont trouvés le pays et les auteurs, découplage qui nous prive peut-être de certaines clés d'analyse importantes dans le cas d'un pays qui vit dans l'ombre d'un puissant voisin.

Boulevard des étoiles (Encrage 1998).jpg

De plus, l'ouvrage (qui est en fait assez court : 167 pages de texte) présente des cassures de rythme désagréables. En effet, il se lit parfois comme un simple catalogue d'oeuvres qui ne sont même pas annotées ou explicitées (on a droit à des pleines pages de titres et nom d'auteurs, un peu comme sin on lisait Le rayon SF) mais fait parfois brutalement le choix de s'arrêter sur quelques textes particuliers qui ont droit à plusieurs pages (Consider her ways, Neuromancer...). Même si les analyses sont pertinentes, cela donne une idée très fragmentaire du genre et ne va pas dans le sens de la détermination d'une éventuelle spécificité 'canadienne' en matière de SF&F.

Dernier point : même si le livre date de 1992, on notera qu'il fait globalement l'impasse sur la fin des années 80 (il a été écrit en 1989), d'où un intérêt plutôt historique que lié à l'actualité.

Un sujet certes peu étudié mais un ouvrage en deça d'autres du même type. Son contenu purement bibliographique se retrouve facilement et les oeuvres analysées en profondeur sont assez classiques. Pas mal mais pas indispensable, peut-être parce que paradoxalement pas assez 'canadien'.

Note GHOR : 2 étoiles

04/02/2009

_Aliens and linguists : Language study and science fiction_

Aliens and linguists : Language study and science fiction : Walter E. MEYERS : University of Georgia Press : 1980 : 0-8203-0487-5 : 257 pages (y compris bibliographie et index) : prix (d'occase) 15 Euros pour un HC avec jaquette.

Aliens and linguists.jpg

Cet ouvrage étudie les rapports entre la SF (et la fantasy) et les sciences du langage (linguistique, sémantique) au travers du traitement de ces sciences par les auteurs de SF. Il évalue aussi la qualité de ce traitement ainsi que la justesse des transcriptions des théories linguistiques faites pas les auteurs du genre.

L'ensemble des grandes thématiques associées à ce domaine sont passées en revue : le futur de l'anglais, comment parler avec des ETs ou des machines, les modes et moyens de communication, les traducteurs automatiques (un des clichés de la SF), les langues utopiques ou fabriquées, la Sématique Générale (on notera une large discussion de Heinlein pour Gulf, qui confirme que, contrairement aux idées reçues, Van Vogt n'était pas le seul auteur Campbellien à s'enticher de théories fumeuses).

Même si Meyers est parfois dur avec les auteurs de SF, à qui il reproche de ne pas apporter (généralement) autant de soin à leurs recherches sur la linguistique qu'aux autres sciences (la critique de Babel 17 sur le plan technique est assez féroce et édifiante), on sent bien que l'auteur est un amateur de SF et qu'il a une tendresse particulière pour le genre.

Babel 17 (JL 1980).jpg


Du coup, ce livre est une promenade très agréable dans le genre, où l'on est accompagné par un érudit dont les commentaires techniques sont toujours compréhensibles et dont les connaissances SF extensives. L'ouvrage nous permet de nous souvenir à la fois de grands auteurs et de grandes oeuvres, mais aussi des textes mineurs et des moments de lecture oubliés.

Le seul reproche que je puisse faire à ce livre, solide et bien mené, est sa date de parution (1980 donc) qui en fait plus une oeuvre pour les
vieux amateurs à qui des noms comme Leinster ou Sutton ou des textes comme Old faithful (Gallun) parleront plus qu'à des nouveaux entrants dans le genre.

The best of R Z Gallun (Del Rey 1978).jpg

Un livre assez méconnu sur un thème assez spécifique mais qui mérite largement la lecture.

Note GHOR : 3 étoiles

27/01/2009

_Gateways to forever : The story of the science-fiction magazines from 1970 to 1980_

Gateways to forever : The story of the science-fiction magazines from 1970 to 1980 : Mike ASHLEY : Liverpool University Press : 2007 : 978-1-84631-003-4 : 507 pages (dont nombreuses annexes, index et bibliographie) : de l'ordre de 25 Euros pour un TP (port compris).

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Cet ouvrage, très attendu (et depuis longtemps, puisqu'il sort avec une bonne année de retard), est le troisième tome de la vaste histoire des magazines SF racontée par Ashley. Il vient après The time machines et Transformations et l'auteur nous promet (au moins) un autre volume.

The time machines.jpg

Les puristes noteront qu'il s'agit là de la deuxième histoire des magazines selon Ashley puisqu'une première série de quatre volumes était sortie dans les années 70 (chez plusieurs éditeurs). Elle se présentait sous un forme hybride entre anthologie et étude, mêlant une volumineuse partie analytique et une sélection de nouvelles repésentatives.

The history of SF magazines 2.jpg

Pour en revenir à l'ouvrage qui nous intéresse, il est donc divisé en quatre chapitres principaux :
1- Les magazines de SF 'classiques' (Analog, F&SF, Galaxy...) entre 1970 et 1978.
2- les anthologies originales (Orbit, Quark...) avec une analyse serrée du phénomène Elwood qui est censé avoir tué ce marché, assertion maintes fois lue mais qui semble être réfutée par les chiffres.
3- les autres magazines (fanzines, magazines littéraires, revues d'études, de fantasy, d'horreur ou de JdR...).
4- les magazines SF de 1978 à 198X.

A ceci s'ajoutent des annexes fort utiles :
- les magazines de SF en langue autre qu'anglaise sur une trentaine de pages.
- un listing des numéros effectivement parus.
- une liste des principaux acteurs (rédac-chefs, éditeurs...).
- le listing des illustrateurs (uniquement ceux de couverture).
- des chiffres de diffusion.

Au vu des premiers tomes et de la réputation de son auteur (spécialiste incontestable et incontesté des magazines SF), on pouvait nourrir des grands espoirs en ce livre.

Ces espoirs ne sont pas déçus puisque l'ouvrage est bien à la hauteur des précédent. C'est un ouvrage extrêment dense, à la recherche impeccable (appuyée par de nombreuses correspondances directes avec les acteurs de cette aventure) et à l'érudition très sûre (de nombreuses anecdote, parfois peu connues, le parsèment). Non seulement il se lit d'une façon plutôt agréable (comme un roman ?) mais il offre, plus que les précédents, de nombreux éléments factuels, généralement sous fome de chiffres (tirages, paiements, abonnements, sell-through...). Ces données sont importantes et bienvenues car elles permettent d'apprécier les facteurs (souvent et de plus en plus purement écomomiques) qui décident de la vie ou de la mort des titres.

C'est donc quasiment l'ouvrage définitif sur le sujet, même si on peut éventuellement lui reprocher :
- un plan un peu artificiel ( deux chapitres séparés pour les magazines) qui nécessite une certaine gymnastique mentale (un défaut qui était plus présent dans les tomes précédents).
- certains passages (comme celui sur le féminisme et la SF) qui font un peu 'verrues' (ou passages obligés) et interrompent le flot de la narration. On notera que Ashley s'appuie et valide les travaux de Davin (exposés dans Partners in wonder) qui montrent que l'absence de femmes dans la SF à ses débuts est une plus une légende urbaine qu'une réalité attestée.
- une place un peu trop importante donnée aux fanzines (difficiles à exploiter) ou à des magazines ne publiant pas de fiction (newszines) ou ne traitant généralement pas de SF (Playboy et autres).

Partners in wonder.jpg

Un livre qui fait assurément partie des lectures obligées pour toute personne intéressée par l'histoire du genre.

Note GHOR : 4 étoiles

23/01/2009

_To seek out new worlds : Exploring links between science fiction and world politics_

To seek out new worlds : Exploring links between science fiction and world politics  : Jutta WELDES (editor) : Palgrave McMillan : 2003 : ISBN-10 1-4039-6058-5 : 230 pages (y compris index -noms propres et thématique- et notices bibliographiques) : une grosse dizaine d'Euros pour un TP.

To seek out new worlds.jpg


Cet ouvrage est un recueil d'essais rassemblés par Jutta WELDES (elle signe d'ailleurs le premier) sur le thème de la rencontre entre les International Relations (IR en abrégé, diplomatie en VF) et la SF. Cette interaction est une chose qui est assez régulièrement étudiée aux USA, à tel point qu'il existe même une anthologie commentée qui s'appelle International relations through SF  (New Viewpoints 1978).

International relations through SF (NV 1978).jpg

La possibilité d'un tel lien est due au fait que les "clients" des deux systèmes sont les mêmes (les citoyens US) et qu'ils se nourrissent un peu l'une de l'autre, la SF offrant un terrain de simulation vierge et la diplomatie utilisant parfois des métaphores SF pour se justifier.

Le livre est organisé en neuf essais d'une longueur assez homogène (une vingtaine de pages chacun) qui traitent des sujets suivants :
- Une introduction globale au projet (Weldes).
- La diplomatie dans Star Trek et ses parallèles avec la diplomatie US réelle (Neumann).
- Les problèmes de communication posés par les situations de "first contact" dans Star Trek : The next generation (Inayatullah).
- Le concept de l'alien dans trois films dont deux de SF (Blade runner, Chute libre et Matrix) (Lipschutz).
- La souveraineté et l'espace social dans Buffy (et ses spin-offs) (Molloy).
- Une étude de Stalker  (le film) sous l'angle de la loi et de la souveraineté (Hozic).
- Une analyse de l'évolution de la réprésentation des Borgs (dans STTNG) passant du statut de collectif étranger et menaçant à une simple dictature à abattre (Jackson & Nexon).
- Le problème de la représentation de l'autre au travers de Star Trek, Starship troopers (le film ici aussi) et Chroniques martiennes (Whitehall).
- Les utopies féministes (Crawford).

La lecture de la liste des sujets permet de voir qu'il s'agit d'un ouvrage qui se concentre d'une façon quasi-exclusive sur la SF portée à l'écran (petit ou grand). Du coup, ma modeste connaissance de Star Trek (je n'ai vu que trois long-métrages et une partie des épisodes de la série TV originelle) m'a peut-être empéché de saisir tout le sel des démonstrations. En effet, la plus grande partie des analyses et des exemples (largement plus de 50%) lui est consacrée, certainement à cause de son côté populaire et emblématique de la SF dans l'esprit du grand public.

Malgré cette ignorance de ma part, les essais sont intéressants à lire et l'éclairage fourni sur la politique diplomatique US tant dans sa philosophie que son exécution est le bienvenu. Il est frappant de voir comment la sphère de l'imaginaire peut souvent prédater/influencer/être utilisée par les discours officiels dans le domaine de la diplomatie US, un constat similaire ayant aussi pu être fait pour les questions de défense nationale par Franklin. Il y a aussi des petits bouts bien sympathiques comme une évaluation négative (mais assez juste AMHA) de la baudruche Matrix.

War stars.jpg

Ce sont donc des textes d'un bon niveau général à l'exception de 1) l'avant dernier pour cause de jargon envahissant et d'un abus de Kant & Heidegger et 2) le dernier essai, couplet obligé dans tout ouvrage universitaire sur la SF, dont le traitement des utopies féministes manque singulièrement d'originalité (et encore une couche de Russ, Le Guin, Piercy, Sargent, Gilman...) et surtout d'un quelconque lien avec la diplomatie.

Un ouvrage plus agréable que je ne l'aurais cru de prime abord, mais qui sera certainement encore plus apprécié par un trekkie confirmé.

Note GHOR : 2 étoiles