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02/05/2022

_La parodie monstrueuse_

La parodie monstrueuse : La naissance des monstres modernes : Marc ATALLAH (editor) : 2020 : Cernunnos : ISBN-13 9782374951614 : 255 pages (pas d'index ni de bibliographie) : coûte 26.95 Euros pour un petit hc illustré en couleur et n&b, disponible en ligne et en librairie.

français,1 étoile

Comme souvent avec les ouvrages de Marc Atallah, ce livre est lié à une exposition ("Je est un monstre") qui s'est tenue en 2020 à La Maison d'Ailleurs, le (seul) musée de la SF qui se trouve en Suisse à Yverdon. En terme de contenu, on a presque trois sections entremêlées : une demi-douzaine d'essais d'une vingtaine de pages (sous les plumes de divers professeurs de français de l'université de Lausanne ainsi que de l'editor), deux portfolios (un au début et un à la fin) de Benjamin Lacombe (divers monstres) et de Laurent Dureiux (des affiches de films célèbres revisitées) et plusieurs séquences d'illustrations (couvertures de livres ou de pulps, photos de films). Comme souvent avec les productions de la MdA, il n'y a pas d'index.

français,1 étoile

Pour être franc, j'estime que ce livre n'offre strictement aucun intérêt. Texte prétentieux (je cite : "Considéré ainsi, le monstre se constitue, d'une part en unité signifiante d'une représentation collective qui participe de l'élaboration d'un mythe de la modernité technologique et, d'autre part, en instrument théorique et critique permettant de questionner l'identité ontologique des machines et leur rapport trouble et déstabilisant à l'humain et aux environnements naturels et sociaux", Marta Caraion p177-178) et sans intérêt pour l'amateur (on est plutôt dans la philosophie classique grecque ou romaine), autoréférences constantes (Marc Atallah aime beaucoup citer Marc Atallah), essais hors sujets (le triste sort de la reine malgache Ranavalona (ou Ranavalo, le livre n'est pas très sûr), illustrations massacrées (il manque toujours un partie des couvertures - un problème de droit ?-) ou photos de livres en mauvais état (cf. page 93), couvertures  pillées ça et là (encore un coup de l'agence martienne ?) sans même l'effort de les créditer ou de simplement les légender, la liste de mes griefs est longue. Cela ne fait pas beaucoup de travail pour une trentaine d'euros.

français,1 étoile

Note GHOR : 0 étoile (1 étoile pour ceux qui ont un devoir de philo à rendre sur le thème de l'altérité)

05/03/2022

_Bob Morane_

Bob Morane : Profession Aventurier : Rémy GALLART & Francis SAINT-MARTIN : 2007 : Encrage (série "Travaux" #51) : ISBN-13 978-2-251-74143-7 (mais aussi 978-2-911576-79-9) (la fiche ISFDB du titre) : 287 pages (y compris bibliographie) : coûte 25.00 Euros pour tp carré légèrement illustré en n&b, disponible chez l'éditeur ().

Bob Morane Profession aventurier.jpg

Héros populaire par excellence, Bob Morane, créé par Henri Vernes dans les années 50, est une icône de la littérature jeunesse. Adapté dans de nombreux médias (livres, nouvelles, disques, BDs, série télévisée...), sa popularité n'a commencé à décliner que récemment. Même si le commandant Morane n'est pas un héros de SF stricto-sensu, une partie non négligeable (un quart au moins) de ses aventures peut se rattacher au genre, d'où ma lecture de cet ouvrage et son évocation dans cet espace.

La prison de l'Ombre Jaune (Mbt T11).jpg

Ce volume de la collection Travaux de chez Encrage (collection dans la quelle figurent par exemple les diverses "Années de la Fiction") est divisé en huit chapitres de taille très variable et quelques annexes. Après une courte introduction, sont abordés successivement la description physique et morale du héros, les personnages récurrents (sauf L'Ombre Jaune), les différents genres littéraires auxquels appartiennent les textes, les parallèles entre Jean Ray et Henri Vernes, L'Ombre Jaune, les précurseurs littéraires de Bob Morane, les "nègres" de Vernes et enfin, format la partie la plus importante, un résumé détaillé (un demie-page écrit petit) des 207 romans existants à l'époque. Plusieurs annexes (lexique, bibliographie, chronologie) complètent l'ensemble qui est illustré d'une petite dizaine de reproductions de couvertures en n&b.

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À la lecture, cet ouvrage donne en fait plus l'impression d'être une collection d'articles de taille et d'intérêt variable qu'un ouvrage unitaire. Il est dommage de trouver dans les sept premiers chapitres beaucoup trop de suppositions et d'hypothèses (sur Vernes, ses influences, ses positions, ses nègres...) rapidement rétractées du fait de l’absence d'éléments très probants. De plus les auteurs n'évitent pas toujours les lieux communs et abusent parfois de périphrases répétées (ainsi jean Ray est l’écrivain Gantois, l'ami Gantois, le maître Gantois, l'auteur Gantois...). Par contre la dernière partie (les résumés) est sans doute la raison suffisante pour se procurer cet ouvrage car elle permet au lecteur pressé d'avoir à la fois une bonne vue d'ensemble de la saga Moranienne et de déterminer quels titres, parmi les 207 listés, méritent d'être lus. Au final un ouvrage qui n'est pas exempt de défauts mais qui génère un indiscutable effet "Madeleine de Proust" pour les lecteurs qui ne sont plus tous jeunes.

The dinosaur hunters (Corgi 1966).jpg

Note GHOR : 1 étoile (plus si vous êtes un aficionado de Bob Morane)

09/02/2022

_Space-O-Matic_

Space-O-Matic : MANCHU : 2017-10 : Delcourt : ISBN-13 978-2-7560-9737-4 (la fiche ISFDB du titre) : 95 pages (y compris bibliographie) : coûte 29.95 Euros pour un grand hc évidemment illustré en couleurs et n&b (pour les roughs), disponible chez l'éditeur, existe aussi en ebook.

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Aussi présenté comme le Art of Manchu T03, ce titre de chez Delcourt (un éditeur plutôt orienté BD) est un recueil des illustrations de l'artiste, réalisées soit pour des livres de SF soit pour des BD de l'éditeur (à noter que dans ce cas, le dessinateur des albums correspondants n'est pas Manchu). Outre les illustrations en pleine page (voire sur deux pages), nous sont aussi dévoilés les divers roughs (parfois très différents) ayant permis le choix définitif de la couverture. Quasiment le seul texte du livre est une préface de Gérard Klein, qui, comme d'habitude, est confondante d'autosatisfaction et strictement sans aucun intérêt (sauf pour les amateurs de GK).

Vortex (Denoel 2012-09).jpg

Comme d'habitude avec cet illustrateur (j'avoue que je suis fan de lui depuis le début des années 80), c'est superbe. Un régal, mais qui n'est quand même pas donné pour un livre de moins de 100 pages. On aurait peut-être aussi apprécié d'entendre la voix de l'artiste (plutôt que celle de inénarrable GK).

Fantascienza 2-3.jpg

Note GHOR : 2 étoiles

25/01/2022

_Alien abduction_

Alien abduction : L'enlèvement extraterrestre de la fiction à la croyance : Michel MEURGER : 1995 : Encrage (série "Interface" et/ou revue "ScientifictionS #1-1") : ISBN-10 2-906389-62-5 (la fiche ISFDB du titre) : 253 pages (y compris index) : coûtait 250 Francs pour un petit hc illustré en n&b, parfois trouvable d'occase.

français,2 étoiles

Cet ouvrage est donc un objet un peu hybride, à la fois ouvrage de référence et numéro d'une revue (qui n'aura visiblement que deux numéros). Dans la pratique, il s'agit d'une étude complète sur les interactions entre la SF et les croyances "soucoupistes" (en fait tout ce qui est relatif aux visites extraterrestres sur Terre). Meurger déroule donc l'histoire de ce type de récits d'enlèvements d'hommes par des créatures autres, que cela soit d'abord par des fées (ou des lutins ou de trolls ou des dieux) ou par la suite perpétrés par des petits hommes verts (ou gris) avec examens médicaux et tout le folklore des "abductees". Pour chacune de ces vagues de superstitions, il montre comment elle sont généralement l'écho d'une imagerie préexistante qui trouve sa source dans la SF légèrement antérieure (les "airships" après Jules Verne, les Martiens après Wells, les vaisseaux en forme de soucoupes après les pulps des années 30 et les civilisations souterraines nous influençant d'une façon maléfique après Palmer). Le tout en une dizaine de chapitres bourrées de notes de bas de page, illustrés et ordonnancés dans l'ordre chronologique. On notera l'absence d'une bibliographie regroupée (les références doivent se prendre à la volée en bas de page) et la présence d'un index qui n'est hélas que thématique.

français,2 étoiles

À la lecture, on ne peut qu'être fasciné par l'érudition de l'auteur, que cela soit dans le domaine de des para-sciences que dans celui de la SF (en VO ou en VF). L'ensemble est très dense (c'est écrit assez petit !) et nécessite une certaine attention à la lecture. De plus, la thèse de Meurger, à savoir que les récits d'enlèvements ont de nombreux points communs avec les récits SF caractéristiques de chaque époque, est parfaitement étayée et démontrée par de nombreux rapprochements.

français,2 étoiles

Là où je suis moins enthousiaste, c'est sur une certaine dérive "Moskowitzienne" de l'auteur. Comme Moskowitz, Meurger partage un peu le célèbre travers de l'érudit américain qui est de détecter des influences entre textes de SF (pour Moskowitz) ou entre fictions et récits pour Meurger en se basant uniquement sur des ressemblances dans les descriptions (on trouve dans X presque le même ET/vaisseau/mode opératoire que dans Y, donc Y, qui est postérieur, a dû lire X) sans aller beaucoup plus loin (par exemple en se basant sur des recoupements ou des informations sur les auteurs, informations qui sont effectivement presque inexistantes). En gros (et AMHA), ce n'est pas parce que Kenneth a parlé de soucoupes volantes qu'il a "péché" cette idée dans tel ou tel numéro de magazine de SF (par exemple celui qui illustre la couverture de l'ouvrage). On apprend seulement que une petite partie des "contactees" ou des "abductees" sont des amateurs de SF, ce qui est assez mince pour en tirer une relation de cause à effet. Du coup, j'ai bien plus apprécié le côté historique extrêmement détaillé de l'ouvrage plutôt que sa partie plus analytique.

français,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles (pour le travail de fourmi et le côté un peu "barré" du sujet)

14/12/2021

_Cyberpunk's Not Dead_

Cyberpunk's Not Dead : Laboratoire d'un futur entre technocapitalisme et posthumanité : Yannick RUMPALA : 2021 : Le Bélial' (série "Parallaxe") : ISBN-13 978-2-84344-984-0 (la fiche ISFDB du titre) : 252 pages (y compris bibliographie) : coûte 16.90 Euros pour un petit tp non illustré, disponible chez l'éditeur, existe aussi en ebook (978-2-38163-026-7).

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Je dois avouer que je n'ai pas vraiment saisi le projet qui sous-tend ce livre. À en croire la 4ème de couverture, il s'agit à la fois d'une perspective historique sur ce "mouvement" et d'une sorte de comparaison de ses projections avec la réalité, quarante ans après l'écriture des œuvres étudiées. Dans la pratique, l'ouvrage se révèle plus comme être une sorte de précis sociologique du monde cyberpunk "standard" (avec cowboys de la console, métropoles asiatiques, publicité envahissante, pauvreté endémique  et toute l'imagerie issue de Blade Runner). Outre une introduction et une conclusion qui discute de l'aspect utopique (ou pas) des textes, le livre est divisé en six grands chapitres correspondants à autant de thématiques (l'informatique, le capitalisme, la ville, le corps, le crime et le cyberspace). On notera de copieuses notes (20 pages), une bibliographie rachitique (voir plus bas) et, hélas, l'absence d'index qui rend le livre difficilement utilisable comme référence.

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Pour être encore plus précis, cet ouvrage peut être en fait considéré comme une sorte de guide touristique (et un peu sociétal) de la trilogie Sprawl de Gibson et plus particulièrement de son premier volume (Neuromancer pour ceux qui ne suivent pas). En effet Rumpala peine particulièrement à couper le cordon avec les mondes Gibsoniens (à la louche une référence sur deux est à Neuromancer et un autre quart concerne les deux autres tomes de la trilogie). Du coup, il les parcourt  en long en large et en travers, presque comme s'ils étaient réels (on y suit par exemple les grandes manœuvres capitalistiques des conglomérats telles qu'interprétées par Rumpala).

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Déjà que j'ai toujours trouvé que le "mouvement" cyberpunk était une énorme baudruche (voir ici par exemple), on ne peut pas dire que le travail de Rumpala m'ait fait changer d'avis. La pauvreté de la bibliographie de cet ouvrage (deux petites pages dont une uniquement de textes de Gibson) est sans doute soit la marque d'une certaine légèreté dans la recherche de sources (ce manque de profondeur est d'ailleurs aussi le cas d'un autre titre de la même série) soit la confirmation que le cyberpunk ne "tient" qu'en une petite dizaine de romans. Il est dommage pour ses théories que Rumpala fasse l'impasse sur un tel nombre d'auteurs moins connus (de lui ?) comme Baird, Platt, Maddox, Laidlaw et tant d'autres.

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Au final, un ensemble beaucoup trop léger qui, même s'il montre que l'auteur a bien digéré ses classiques sur le genre (Suvin, Abbott, Jameson, Vint...), n'apporte pas grand chose de plus que la simple lecture des quelques romans listés dans la bibliographie, si ce n'est un certains nombre de lieux communs (le futur CP c'est pas cool sauf si on est riche, les gens peuvent devenir des drogués de l’ordinateur, le futur sera asiatique...). En tout cas, ce ne sont pas les tics employés par l'auteur (les numéros de chapitres écrits en binaire) qui me rendront l'ensemble plus sympathique. A ce prix là, je m'attendais à mieux.

Neuromancien (JL 2016-01).jpg

Note GHOR : 1 étoile