Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/09/2021

_L'Antiquité dans l'imaginaire contemporain_

L'Antiquité dans l'imaginaire contemporain : Fantasy, science-fiction, fantastique : Mélanie BOST-FIÉVET & Sandra PROVINI (editors) : 2014 : Classiques Garnier (série "Rencontres" #88) : ISBN-13 978-2-8124-2993-4 (a href=http://www.isfdb.org/cgi-bin/title.cgi?2876713 la fiche ISFDB du titre) : 617 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 39.00 Euros pour un tp non illustré, disponible chez l'éditeur (), existe aussi en hc (pour 68.00 Euros) et peut même s'acheter par petits bouts (article par article) en ligne.

français,2 étoiles

Ce livre de belle taille est le recueil des actes d'une conférence universitaire qui s'est tenue en juin 2012 sur le sujet de la présence de l'Antiquité (dans ses mythes, ses images, ses récits ou ses personnages) dans la littérature de l'imaginaire, c'est à dire comme indiqué dans le sous titre dans la fantasy, la science-fiction et le fantastique (ce dernier étant d'ailleurs réduit à la portion congrue par manque de matière). Cette période historique est en effet relativement peu "exploitée" par les auteurs, avec en ce qui concerne la fantasy, un cadre de référence qui est essentiellement celtique et/ou moyenâgeux, d'où l’intérêt de cette étude.

français,2 étoiles

L'ouvrage, une fois passées les multiples introductions et préfaces, est divisé en quatre parties qui rassemblent chacune une demi-douzaine d'essais (assez longs). Sont abordés successivement la réécriture des textes antiques, les mythes, les emprunts et les détournements. Les auteurs sont uniquement des universitaires de plusieurs pays et sont clairement des spécialistes de l'Antiquité plutôt que de l'Imaginaire. Une bibliographie copieuse est fournie ainsi que plusieurs index (auteurs, personnages, lieux, œuvres).

français,2 étoiles

L'ensemble, au vu de du vaste sujet abordé, est forcément éclectique. Il mêle donc tous les genres de l'imaginaire : SF avec la duologie Illium de Dan Simmons, Berthelot ou certains textes de Dick, Fantasy (la majorité) avec Gemmell, Tolkien (plusieurs fois) ou George R. R. Martin, Fantastique avec Neil Gaiman. Il évoque aussi divers média : littérature essentiellement mais aussi cinéma (Harry Potter), séries télévisées (Babylon 5 ou Battlestar Galactica qui semble être une des favorites), dessin animés (Ulysse 31 pour les nostalgiques) voire bande dessinées.

français,2 étoiles

En terme de qualité, le tout se laisse lire même si la profondeur de l'analyse au niveau "imaginaire" laisse parfois un peu sur sa faim, ce qui n'est pas illogique au vu du pédigrée des intervenants. Il y a quand même un certain nombre de textes qui proposent une approche originale, comme le parallèle fait par Maureen Attali entre les religions imaginaires de Game of Thrones et et les religions romaines de l'Antiquité, celui de Louis L'Allier sur le réemploi de l'Anabase ou le texte d'Anne Berthelot sur les rapports entre Atlantide et Fantasy. On trouvera aussi quelques exercices imposés (l'épopée au féminin) et des choses simplement pas palpitantes, trop jargonnantes (ou peut-être trop pointues pour moi) ou trop éloignées de l'imaginaire. Un ensemble pas désagréable mais assez inégal dans la qualité ou l'intérêt (variable selon le rapport du lecteur au sujet).

français,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

21/06/2021

_Dune le Mook_

Dune le Mook : Lloyd CHERY (editor) : 2020 : L'Atalante & Leha : pas d'ISBN, EAN-13 9791036000591 : 256 pages (pas d'index ni de bibliographie) : coûte 22.50 Euros pour un grand tp largement illustré en couleurs, disponible un peu partout.

français,herbert,1 étoile

A mon avis, il doit se passer quelque chose autour de Dune en ce moment. Peut-être un film ? Par un canadien ? Mieux que les précédents ? C'est en tout cas visiblement l'occasion rêvée d'écrire sur cette œuvre majeure du genre histoire de profiter de l'aubaine, vu qu'il s'agit là du quatrième livre sur le sujet que je vois passer ces temps-ci (et le premier que j'achète) avec le Allard, le Bélial' et un titre canadien, sans parler des titres "autour" du film lui-même. Même si Herbert (et Dune en particulier) a toujours été un des chouchous des ouvrages de référence, une telle rafale de titres, en VF qui plus est, est exceptionnelle.

français,herbert,1 étoile

Sous la direction de Lloyd Chéry (journaliste et podcasteur) cet ouvrage est en fait un Mook (ça veut dire un Magazine-bOOK) suivant la mode actuelle (cf. cet autre représentant de ce genre hybride). On a donc beaucoup d'articles (pas loin de soixante-dix) et d'interviews (une petite dizaine), d'une taille très limitée (en moyenne deux pages, parfois moins) illustrés et séparés par des illustrations pleine page. L'ensemble est organisé en cinq grandes parties : Frank Herbert, L'univers de Dune, Les personnages de Dune, Les adaptations (ciné, TV, jeux, comics...) et Réflexions (pour aller plus loin). Les intervenants sont multiples (même si certains signent plusieurs articles) et se partagent entre plumes connues et nouveaux venus. On regrettera l'absence de bibliographie et d'index.

français,herbert,1 étoile

Tout d'abord, une confession : je n'ai lu que le premier livre de la série et je l'ai (à l'époque, c'est à dire il y a 40 ans) trouvé extrêmement chiant à lire et du coup je n'ai même pas attaqué Le Messie de Dune. Par contre, j'ai beaucoup joué aux "Dune" sur PC. En ce qui concerne cet ouvrage, je suis au regret de confirmer que je ne suis pas le client idéal pour ce type de produit. J'ai effectivement eu l'impression de lire un magazine du type presse féminine ou people avec des articles (on ne peut pas décemment parler d'essais pour des textes aussi courts) qui ne sont que des survols à très haute altitude. Le plus frappant étant sans doute le texte de Genefort sur les livres-univers qui est une sorte de résumé en une seule page de sa thèse qui en fait deux cents à la base (et qui n'est même pas mentionnée). Quel est l'intérêt de ce genre d'exercice ? Doit-on supposer que les lecteurs potentiels de ce magazine ont la capacité d'attention d'un moineau ? Tout cela m'échappe mais je ne dois pas être assez dans le coup pour apprécier cette culture à la Wikipédia faite de snippets d'information en lieu et place d'une réflexion plus creusée mais moins globalisante.

français,herbert,1 étoile

Il est clair que l'ouvrage est séduisant avec une profusion d'illustrations dont certaines (qui semblent originales) sont particulièrement réussies. Même s'il s'appuie un peu trop, à mon avis, sur le -inédit pour l'instant- film de Villeneuve (quatre pages sur le casting, c'est sans grand rapport avec Dune), la multiplicité des angles d'attaque donne un bon aperçu de l'immensité de l'ensemble fictionnel créé par Herbert. Hélas, tout cela, à cause de ce côté butineur, peine à aller plus loin que des banalités lues des milliers de fois (par exemple sur l'écologie ou le pouvoir) ailleurs et qui sont répétées à de nombreuses reprises dans le mook.  Si vous en voulez plus, on vous renvoie gentiment à des (vrais ?) livres où l'on peut trouver "la version longue" des articles (en fait c'est un peu comme un numéro de Sélection du Reader's Digest). En ce qui concerne la qualité des analyses, on peut sans doute être plus rigoureux en évitant les affirmations du genre "Herbert/Dune était féministe" qui ne sont que des maladroites tentatives de récupération pour être dans l'air du temps. Pour tout dire, Dune est tellement un texte féministe que que Villeneuve s'est senti obligé de changer le sexe d'un des principaux protagonistes. Pour revenir au factuel, outre une qualité de production plutôt moyenne (pour 22.50 € la couverture se vrille et le dos ne semble pas d'une solidité à toute épreuve), je n'ai pas trop apprécié la lecture de textes en marron clair sur blanc et je déplore l'absence de bibliographie (même si j'en ai une vague idée) et surtout d'un index. Globalement, je suis assez déçu du résultat. C'est un produit parfaitement bien packagé, mais qui est bien trop superficiel pour moi qui attend de mes lectures sur le genre des réflexions un peu plus roboratives. Tout cela veut sans doute dire que je ne suis pas vraiment dans la cible des clients pour ce type d'ouvrage (qui m'a aussi fait penser à celui-là) parce que je suis clairement bien plus Book que Magazine. 

français,herbert,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile (plus si vous aimez lire Closer, Gala ou Première -on y trouve le même cirage des pompes de Villeneuve-)

français,herbert,1 étoile

NdA : Il y a quelque temps, l'association Noosfère (que recommande à tous ceux qui ne veulent pas faire de bibliographie sérieuse) m'a demandé de fournir des scans en haute définition de certains ouvrages que je détenais (des titres en VO et des numéros d'Analog) sans doute parce qu'il n'en existe pas des dizaines de copies accessibles en France. J'ai donc farfouillé dans ma collection et numérisé divers ouvrages intéressants. Les résultats peuvent (je le pense) se retrouver en pages 12, 13 et 14 (pour les Analog) et possiblement en pages 250 et 251 (pour les prequels) de ce mook. Je tiens particulièrement à souligner ici l'immense élégance des créateurs de cet ouvrage qui n'ont JAMAIS pris la peine de me remercier sous quelle forme que ce soit pour le (petit) coup de main que j'ai apporté à leur entreprise. Jolie preuve de savoir-vivre et de respect. 

04/02/2021

_Cyberpunk_

Cyberpunk : Histoire(s) d'un futur imminent : Stéphanie CHAPTAL & Jean ZEID & Sylvain Nawrocki : 2020 : Ynnis Editions : ISBN-13 978-2-37697-189-4 : 208 pages (y compris bibliographie "sélective" et index) : coûte 29.90 Euros pour un grand tp au format carré largement illustré en couleurs, disponible chez l'éditeur.

français,cyberpunk,2 étoiles

Ah, le Cyperpunk ! Comme le Steampunk, ce sous-genre éphémère a toujours eu la grosse cote auprès des amateurs francophones au point même que l'on a pu parfois penser que, pour certains, la SF n'a été à un moment donné constituée que de textes d'inspiration CP. Sans doute est-ce là l'expression de l'inconfort fondamental de la culture française vis-à-vis de ce pur produit US qu'est la Science Fiction.

français,cyberpunk,2 étoiles

C'est donc à une promenade dans cette sous-section de la SF que nous convient les trois auteurs (inconnus) de cet ouvrage qui joue clairement dans la catégorie des "beaux livres". Pour toucher un large public, la structure de l'ouvrage est parfaitement claire avec une division en sept parties de taille variable (la partie littérature étant la plus fournie, la partie musique la moins riche) : les origines du Cyberpunk (qui sont essentiellement littéraires), le CP à l'écrit (y compris en BD/mangas/Comics), le CP à la télévision, le CP au cinéma, le CP dans le jeu (surtout vidéo), le CP dans la musique et enfin une conclusion sur le futur du CP. Le tout est très richement illustré (mais pauvrement légendé) et propose un nombre significatif d'interviews de divers acteurs. Un index (trop léger pour être exploitable) et une bibliographie "sélective" (c'est à dire réduite à une petite dizaine de références) complètent l'ensemble.

français,cyberpunk,2 étoiles

Le résultat est sans doute conforme au cahier des charges que l'on peut supposer avoir été celui des auteurs : présenter le Cyberpunk dans ses multiples expressions et montrer visuellement sa présence indiscutable dans la culture geek actuelle. C'est parfaitement flashy, d'une mise en page sans doute branchée (la lisibilité est un autre problème), très largement illustré (mais comme d'habitude dans l'édition française sans aucun détail) et assez facile à lire. J'avoue que j'ai quand même eu un gros instant de doute dès les premières pages quand j'ai lu que Van Vogt écrivait de la Hard Science et que Flow My tears de PKD était la suite de Blade Runner. Heureusement, l'ensemble s'est ensuite révélé d'une facture beaucoup plus sérieuse avec des recherches un peu plus approfondies même si quelques membres du "club" CP ont été un peu laissés de côté (on pensera à Pat Cadigan ou à Wilhelmina Baird).

français,cyberpunk,2 étoiles

Conceptuellement, il y a deux problèmes avec les positions de cet ouvrage. Tout d'abord, et comme de nombreux interviewés le soulignent, le Cyberpunk est une branche de la SF qui est morte depuis longtemps en tant que mouvement autonome et structuré. Il est donc assez trompeur de vouloir en dresser une chronologie qui s'étend jusqu'en 2020. Comme d'autres mouvements/clubs/courants/sous-genres avant et après lui (de la New Wave à la climato-fiction en passant par le Steampunk ou les mouvements féministes), les spécificités de ce mouvement (ses thématiques, son "ton", ses techniques narratives voire même ses stéréotypes) ont fini par être intégrées dans le discours "général" de la SF et ne sont plus au mieux qu'un des "modes" du genre (et au pire une étiquette commerciale). Du coup, et face à un mouvement défunt, la tentation est parfois de coller systématiquement l'étiquette CP sur tout ce qui passe et qui comporte un ordinateur (ou des bas-fonds). C'est ce choix de "ratisser large" qui a été visiblement fait par les auteurs. Pour eux, un texte CP doit : 1) être situé dans le futur, 2) contenir des ordinateurs et/ou des robots et 3) explorer la thématique d'un monde inégalitaire (souvent suivant l'axe Riches vs. Pauvres). Ces critères particulièrement généraux expliquent comment une large partie de la SF se trouve rattachée au CP par les auteurs. C'est aussi la raison pour laquelle on peut trouver dans cet ouvrage des essais aussi incongrus que ceux sur John Scalzi, Red Dwarf ou Une créature de rêve qui sont respectivement présentés comme un auteur CP, une série télévisée "d'inspiration" CP et un film CP. Au final un ensemble plutôt intéressant et pas mal exécuté (même si un peu fouillis) mais qui donne parfois l'impression dans son désir d'annexer la majorité du genre que la grenouille Cyberpunk a voulu se faire aussi grosse que le bœuf Science Fiction.

français,cyberpunk,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

15/01/2021

_La science fiction_

La science fiction : Xavier DOLLO & Djibril MORISSETTE-PHAN : 11-2020 : Critic / Les Humanoïdes Associés (série "Histoire de... En bande dessinée") : ISBN-13 978-2-7316-7600-6 (inconnu de l'ISFDB, la fiche Noosfère du titre) : 216 pages (pas d'index ni de bibliographie) : semble coûter 22 Euros pour un hc sans jaquette (au format d'un petit A4) bien évidemment illustré en couleurs, disponible partout.

La science fiction (Dollo).jpg

Cet ouvrage est un projet d'une grande originalité qui, à ma connaissance, n'a jamais été tenté sur une telle longueur (on se souviendra principalement de quelques planches de Gotlib). Il s'agit donc d'une histoire de la science-fiction (même si l'on y croise des acteurs ayant oeuvré dans d'autres genres) racontée par le Français Xavier Dollo (Thomas Geha) sous la forme d'une bande dessinée illustrée par le Canadien Morissette-Phan. On notera que le livre se consacre essentiellement à SF écrite (le cinéma, la BD font l'objet de seulement quelques annexes) et ce dans le monde entier.

La littérature française d'imagination scientifique.jpg

Le livre est organisé d'une façon peu évidente (sans doute à cause du principe même de la bande dessinée) en douze "chapitres" de taille très variable (le plus long étant celui consacré à l'âge d'or de la SF américaine) au milieu desquels sont insérés des sortes d'annexes ou de notes (du type "Cinq incontournables du space opera" ou "Portrait de Frank Herbert" ou "Six romans pour découvrir (ou redécouvrir !) le merveilleux scientifique" qui bizarrement liste cinq ouvrages de référence -dont l'exécrable Bridenne- et un seul omnibus) qui partagent parfois l'espace des pages avec le récit principal. Celui-ci suit tout d'abord une progression chronologique puis bascule d'une façon classique sur une division plutôt géographique afin de suivre l'évolution des diverses SF "nationales" (américaine, britannique, française et "reste du monde"). L'ouvrage propose une préface de Bordage, mais pas de bibliographie (à part quelques lignes en page 4) ni d'index.

Astounding (Dey 2018).jpg

J'ai beaucoup de mal à affiner ma réaction face à ce livre qui pourtant est "Recommandé par ActuSF" (c'est ce que dit le sticker sur la couverture) comme si c'était un gage de qualité (sic). A l'évidence, il faut saluer l'audace du concept et la qualité de la réalisation sachant que je ne suis pas en capacité de me prononcer sur le style graphique (même si j'avoue avoir eu du mal à reconnaître certains auteurs et tiqué sur la guillotine anachronique de la page 8) qui m'a paru parfaitement servir le texte de Dollo. En ce qui concerne celui-ci, qui est pour moi le coeur du livre, je n'ai en fait pas grand chose à dire. Il n'y a pas d'erreurs manifestes (même si j'ai bloqué sur les multiples Wolheim), tous les grands auteurs sont cités, l'histoire racontée colle à celle d'une certaine école d'une façon hyper classique (ici, comme chez Aldiss, la SF est enfantée par Mary Shelley), on a bien le chapitre obligatoire sur la SF féminine (ici exclusivement sous l'angle US) dans lequel est enchâssé le couplet -obligatoire aussi- sur les minorités qui nous épargne les leçons de morale de Jeannette Ng au profit de celles de Rebecca Kuang, les conseils et pistes de lectures sont présents (même si un esprit soupçonneux pourrait trouver le nombre de titres publiés par Rivière Blanche qui sont mentionnés extraordinairement élevé) et le tout témoigne d'une recherche certaine.

Building new worlds 1946-1959.jpg

En y réfléchissant, il y a deux aspects de l'ouvrage qui m'ont gêné. Le premier est le fait que, au bout des 216 pages du livre, je n'ai strictement rien appris de nouveau. J'ai souvent eu l'impression de lire une sorte d'article Wikipédia sur la SF avec à peu près le même dosage d'anecdotes (ou de trivia) et de généralités empruntées à des sources fiables. Tout cela donne l'impression d'être simplement du réchauffé superficiel et, pour qui veut s'en donner la peine, serait d'une façon profitable remplacé par des choses autrement roboratives. Si vous voulez connaître l'histoire de l'âge d'or d'Astounding, lisez Nevala-Lee (comme l'a visiblement fait Dollo), si vous voulez connaître l'aventure de New Worlds, lisez Boston & Broderick, Ashley ou directement Moorcock lui-même; si le merveilleux scientifique vous passionne, il existe pas mal de titres récents sur le sujet. Ce côté Wikipedia est d'ailleurs aussi frappant dans la quasi-transparence de l'auteur dont le lecteur est bien en peine de deviner quelles sont les positions personnelles. Mon second souci est lié à la tendance uchroniste (pour ne pas dire révisionniste) que manifeste cet ouvrage au sujet de la SF française de l'entre deux guerres. Comme le font d'autres titres récents, Dollo se complait dans le récit d'une sorte d'uchronie située dans un monde où la SF a émergé en France en même temps (mais en mieux) qu'elle l'a fait aux USA. Avec toujours la même poignée d'auteurs (Renard, Rosny, Spitz...), le même magazine (Sciences et Voyages) et la même collection aux trois volumes dont un américain (Les Hypermondes de Messac), il nous refait le coup du presque avènement de la SF en France. Désolé, mais la SF est non seulement née aux USA en 1926 mais elle est restée au moins jusqu'au années 50 un pur produit américain. Dommage pour notre égo littéraire mais les scénarios imaginaires possibles que l'on peut bâtir et développer à longueur de pages n'effaceront pas cette réalité : la SF n'existait pas en France en tant que genre autonome et structuré avant 1955.

Michael Moorcock Death is no obstacle.jpg

Au final, on est là face à un ouvrage bien fait, relativement classique et mesuré dans son approche historique et qui propose une forme narrative particulièrement originale et réussie. C'est juste que je me suis profondément ennuyé à sa lecture tellement tout m'y était connu et prévisible. Toujours les mêmes jalons (Verne & Wells, PKD, la New Wave), les mêmes exemples rabâchés (Weinbaum le Stendhal de la SF fauché au seuil d'une carrière glorieuse, RAH forçant le marché des slicks) et les mêmes anecdotes lues des milliers de fois : Hugo Gernsback et sa pingrerie, la librairie La Balance, Campbell Hubbard Van Vogt et la scientologie, clichés faciles dont certains nécessiteraient des pages et des pages d'analyse. Après m'être fadé en plus de quarante ans un bon gros millier de livres sur la SF, c'est juste un ouvrage qui n'est pas pour moi, j'ai plus intéressant et plus "creusé" à lire.

français,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles (pour le concept)

25/02/2020

_Présence de la Tradition Primordiale _

Présence de la Tradition Primordiale : Paul-Georges SANSONETTI : 2019 : L’œil du Sphinx (série "Les cahiers d’Irem" #6) : ISBN-13 978-2-38014-012-5 (inconnu sur les sites de référence) : 250 pages (y compris bibliographie mais pas d’index) : coûte 19 € un tp légèrement illustré en n&b, disponible chez l’éditeur.

Présence de la tradition primordiale.jpg

On tombe de temps en temps sur des ouvrages complètement barrés, celui-ci en est un exemple. A base de gématrie, de théories raciales nauséabondes et de raisonnements fumeux, l’auteur montre que Poe, Lovecraft, Kubrick ou Tolkien s’inscrivent (consciemment ou pas) dans la Tradition Primordiale (un système mystique à base d’Hyperborée et autres trucs nordiques). C’est du genre : Gandalf vaut 112 (dans une table de gématrie précise et un alphabet runique précis) or 112 c’est 111 + 1 c’est-à-dire le nombre du pôle (111) + la rune propre à Gandalf (le f en fin de son nom qui vaut 1) qui dissimule le tout, ce personnage (je cite) est donc le gardien et le transmetteur de ce qui vient du commencement. Dont acte.

Histoires extraordinaires (LDP 1977-2T).jpg

J’avoue qu’à la deux-centième page de ce genre de "démonstration" j’étais content que l'ouvrage se termine. Un livre grave.

2001 L'odyssée de l'espace (FL 1976-03).jpg

Note GHOR : 0 étoile