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10/02/2020

_Comment parler à un alien ?_

Comment parler à un alien ? : Langage et linguistique dans la science-fiction : Frédéric LANDRAGIN : 2018 : Le Bélial' (série "Parallaxe") : ISBN-13 978-2-84344-943-7 (la fiche ISFDB du titre) : 263 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 14,90 € pour un petit tp non illustré avec couverture à rabats, disponible chez l'éditeur (), existe aussi en ebook.

français,2 étoiles

Cet ouvrage, le premier de la collection Parallaxe que j'ai lu, me fait furieusement penser aux titres de la série "Science & Fiction" de chez Springer (voir les livres de Broderick ou de Nahin évoqués ici même, sachant qu'il en existe d'autres dans la collection). Dans tous les cas, il s'agit donc de mélanges de vulgarisation scientifique et d'ouvrages sur le genre qui mettent en parallèle les avancées dans un domaine et les textes de SF qui ont abordé le même sujet de façon plus ou moins réussie ou plus ou moins compétente.

français,2 étoiles

Le champ d'étude choisi par Landragin est logiquement la linguistique (il est directeur de recherche au CNRS). Partant de la question rhétorique (pour l'instant) de "Comment parler à un alien ?", il nous présente donc en 5 chapitres conséquents (dont deux ne sont pas inédits) soit l'état de l'art dans sa spécialité, soit l'évocation des traitements science-fictifs des grandes théories linguistiques les plus connues (thèse de Sapir-Whorf, hypothèse de Chomsky). Après une partie conclusive, une (relativement courte) bibliographie (non-fiction et fiction) et un index clôturent l'ouvrage.

français,2 étoiles

L'ouvrage n'est pas très épais et se lit d'une traite, porté par le talent de vulgarisateur de l'auteur en ce qui concerne la partie scientifique. On apprend donc plein de trucs intéressants sur le langage et son étude. Pour la partie strictement SF, on pourra regretter que la quasi-totalité du propos ne repose essentiellement que sur 4 oeuvres (L'enchâssement de Watson, Les langages de Pao de Vance, Babel 17 de Delany et le couple nouvelle/film formé par L'histoire de ta vie de Chiang et Premier contact de Villeneuve). Ce petit nombre de titres composant pour Landragin ce qu'il appelle la Linguistic-Fiction a tendance à limiter son étude et à donner l'impression de tourner en rond (particulièrement vu le nombre très important de références faites au couple Chiang/Villeneuve).

français,2 étoiles

Du coup, on peut avoir le sentiment d'un certain manque de profondeur, surtout quand on compare ce livre à l'ouvrage de Meyers (évoqué ici) qui bénéficie d'un corpus étudié nettement plus vaste (mais parfois non traduit ici). On pourra aussi regretter que l'imbrication du double discours (vulgarisation et réflexion sur la SF) ne soit parfois pas très harmonieuse avec de longs pans d'exposition historico-scientifique (par exemple sur l'Espéranto ou le Volapük) qui forment des blocs clairement séparés du reste du livre (comme le chapitre 2). On se demande parfois à quel type d'ouvrage on a affaire : hors-série de Pour La Science ou numéro de Foundation.

français,2 étoiles

Note GHOR : 2 étoiles

24/12/2019

_Tout le Steampunk !_

Tout le Steampunk ! : Etienne BARILLIER & Raphaël COLSON : 2014 : Les Moutons Electriques (série "Bibliothèque des miroirs") : ISBN-13 978-2-36183-182-0 (inconnu de l'ISFDB) : 350 pages (avec index, mais sans bibliographie) : coûtait 29.90 € pour un hc carré avec jaquette, illustré en couleurs et disponible pour pas cher chez l'éditeur.

Tout le steampunk !.jpg

Sous la plume de Barillier & Colson (comme quoi on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même), auteurs récurrents du monde des ouvrages de références francophones, cet ouvrage est une sorte d'ode au Steampunk. Ce "genre" autoproclamé par des amateurs de marketing m'a toujours fait penser à la grenouille qui tente de se faire aussi grosse qu'un bœuf. Malgré toute l'emphase des auteurs (et pourtant il y en a des tonnes), je reste convaincu que le Steampunk n'est juste qu'un vernis superficiel caractérisé par quelques signes distinctifs (le dirigeable, la vapeur, le cuivre...) que l'on "plaque" d'une façon opportuniste sur des genres existants (essentiellement l'uchronie et les super-héros). Du coup, j'ai du mal à m'enthousiasmer sur ce catalogue déjà vieux de plusieurs années qui encense un mouvement qui est d'une façon logique proche de la fin de son cycle commercial (comme le Cyberpunk avant lui ou les zombies).

français, 0 étoile

De plus, le discours des auteurs (on ne sait d'ailleurs pas trop qui a écrit quoi) vise beaucoup trop large et à force de nous servir des sous-sous-genres (Dieselpunk, Atompunk, Biopunk, Clockpunk, Néo-pulp et j'en passe sûrement) finit par juste donner une impression de remplissage, impression accentuée par un certain nombre de redites. Comme souvent, le côté "catalogue" prend l'ascendant sur une éventuelle réflexion sur le pourquoi de cette imagerie et de son succès (qui n'apparaît brièvement qu'à la toute fin de l'ouvrage) qui aurait sans doute été intéressante. L'absence de bibliographie, qu'elle soit primaire ou secondaire, est d'ailleurs révélatrice du fait que ce livre n'a visiblement pas été pensé comme un ouvrage de référence.

français, 0 étoile

Pour continuer à être méchant, il faut d'abord indiquer que mon exemplaire est d'une qualité de fabrication déplorable : massicoté à la hache et horriblement relié en carton par un club du troisième age tchèque. Tellement que je me suis même demandé si ce n'était pas un ARC. Ensuite, l'on y retrouve toutes les qualités habituelles des ouvrages de référence des Moutons : fautes d'orthographe, police de caractère maniérée (un sorte de virgule sur certains "t" et "p"), affirmations hâtives (John Clute présenté comme américain), chronologie à revoir (pour Priest, La machine à explorer l'espace est donnée comme antérieure à Le monde inverti), références obsolètes (le Barets, quand même !), illustrations massacrées (bouffées par le cadre vaguement art-déco, sauvagement rognées, tout cela sans doute pour des raisons de copyright) et non légendées, recherches insuffisantes (comme ignorer l'école rétrofuturiste des débuts de Métal Hurlant - Sire, Chaland, Benoît-), auto-publicité envahissante (la plupart des rares références citées concernent -Oh surprise !- d'autres ouvrages du même éditeur).

français, 0 étoile

Au final, il n'y a pas grand chose à sauver de ce livre sauf quelques illustrations ayant échappé au massacre, sous réserve de retrouver à quoi elles correspondent. Cette opinion doit vouloir dire que je ne suis pas dans la cible visée par cet éditeur.

français, 0 étoile

Note GHOR : 1 étoile (à réserver à ceux qui pensent que le Steampunk est la dernière chose à la mode)

26/11/2019

_Cthulhu !_

Cthulhu ! : Patrick MARCEL : 2017 : Les Moutons Electriques (série "La bibliothèque des miroirs") : ISBN-13 978-2-36183-332-9 (inconnu de l'ISFDB) : 230 pages (y compris bibliographie mais pas d'index) : coûte 19.00 € pour un tp format carré illustré en n&b + planches couleurs, disponible chez l'éditeur (), existe aussi en ebook.

Chtulhu !.jpg

Cet ouvrage semble être une sorte de reprise de Les nombreuses vies de Cthulhu avec un certain nombre de modifications dont l'étendue n'est pas précisée (comme je n'ai pas les deux ouvrages, je ne peux pas comparer mais il manque les nouvelles de la première version). L'ayant trouvé en bouquinerie, je l'ai pris sans trop me poser de questions quant au contenu, m'attendant à une sorte d'étude sur le mythe de Cthulhu. En fait, j'ai rapidement découvert que l'essentiel du livre (les 185 premières pages) est une métafiction qui postule l'existence réelle des éléments décrits par un certain nombre d'écrivains, Lovecraft au premier chef, et qui nous les décrit et les interroge comme s'ils étaient authentiques.

L'abomination de Dunwich (JL 1997-01).jpg

C'est donc en fait un livre de non-fiction fictif, un peu comme ces biographies de héros, ces ouvrages savants ou ces encyclopédies que l'on peut trouver sur Dune, Star Wars, Bob Morane ou La Terre du Milieu. C'est sans doute très intéressant pour les amateurs mais j'ai hélas passé l'âge d'être emballé par ces "histoires secrètes du monde". Du coup j'ai survolé l'ensemble et je me suis arrêté uniquement sur la courte partie biographique consacrée à HPL (une petite douzaine de pages très classiques avec les habituels conflits entre thuriféraires), la bibliographie d'HPL relative à Cthulhu (inexploitable) et les jolies photos couleurs des dernières pages. Un ouvrage décevant mais sans doute ne fais-je simplement pas partie du public visé.

français,0 étoile,lovecraft

Note GHOR : 0 étoile (juste pas ma came)

16/04/2019

_Il venait de Céphée Il s'appelait Versins_

Il venait de Céphée Il s'appelait Versins : Martine THOME (d'après la préface) :2003 : L'Age d'Homme : ISBN-10 2-8251-1736-6 : 161 pages (+ cahier photographique de 8 pages) : prix inconnu pour un tp à la diffusion sans doute limitée.

Il venait de Céphée Il s'appelait Versins.jpg

Pierre Versins était l'un des hommes-orchestre de la SF francophone. Tour à tour écrivain, scénariste, collectionneur, auteur d'ouvrages de référence, critique, créateur du seul musée de la SF (La Maison d'Ailleurs), il a été au coeur du genre depuis ses débuts en France. Peu après son décès (le 19 avril 2001), l'association des amis de la maison d'ailleurs (AMDA) a décidé de rassembler ce fascicule souvenir, tache coordonnée par Martine Thomé (sa première épouse) et publiée par l'éditeur "habituel" de Versins.

En avant Mars (Métal 1955-2T).jpg

Cet ouvrage se présente donc sous la forme d'un recueil d'essais de taille variable (au mieux une dizaine de pages) dans l'ordre alphabétique des contributeurs (pour ne pas froisser les susceptibilités !), de Forrest J. Ackerman (en anglais dans le texte) à Elisabeth Vonarburg. Une "bio-bliographie sommaire" termine l'ouvrage qui offre aussi un cahier photographique central en n&b. Il n'y a pas d'index. D'une façon logique, la plupart des témoignages et réminiscences tournent autour des deux œuvres maîtresses de Versins : sa massive Encyclopédie de l'utopie et de la science-fiction (évoquée ici) et la Maison d'Ailleurs (située à Yverdon en Suisse pour ceux qui ne la connaissent pas).

français,2 étoiles,VersinsComme souvent avec ce type d'ouvrage à vocation "eulogique", la participation de Versins à la vie de la SF française/francophone est un peu présentée comme un long fleuve tranquille. Ce déluge de bons sentiments et d'appréciations positives est parfois un peu répétitif et le plus intéressant est ce que l'on peut lire "en creux" dans certains articles (brouilles avec certains, péripéties autour de la gouvernance de la MDA, retrait du genre et exil, sort de sa collection). Il serait sans doute important pour l'étude du genre en VF qu'une bibliographie critique de Versins soit entreprise mais cette perspective semble peu probable, ce qui est dommage.

français,2 étoiles,Versins

Note GHOR : 2 étoiles (parce que c'est un hommage)

21/03/2019

_Theodore Sturgeon : Le plus qu'auteur_

Theodore Sturgeon : Le plus qu'auteur : Jérôme DIDELOT (rédacteur en chef) : 2018 : Forum Les Débats & ActuSF : ISBN-13 978-2-36629-956-4 : 98 pages (pas d'index ni bibliographie) : coûte 14.90€ pour un grand tp illustré en couleur et n&b disponible .

français,sturgeon,1 étoile

Theodore Sturgeon jouissant, comme PKD, d'une réputation flatteuse et durable en France, il était logique que le centenaire de sa naissance soit salué par la parution d'ouvrages lui étant consacrés. Il y a donc eu un numéro spécial de Bifrost et donc cet hybride entre livre et magazine (il semble que cela s'appelle un mook). Sous la houlette de gens un peu aux marges du genre (une traductrice et un rockeur audiovisuel), ce projet se veut un hommage à un auteur qui a marqué beaucoup de lecteurs francophones.

français,sturgeon,1 étoile

Le plus simple pour évoquer ce type d'ouvrage composite est sans doute d'en lister le contenu. Il débute donc par une interview de Noël Sturgeon (la fille de l'auteur) qui nous livre ses souvenirs de son père. On trouve ensuite plusieurs pages de fac-similés de divers documents (croquis, lettres écrites ou reçues par Sturgeon, projets...) issus des archives de l'auteur. Suit le "gros" morceau de l'ouvrage (20 pages) qui est en fait une reprise plus ou moins expurgée de la préface de Marianne Leconte au "Livre d'or" paru chez Presses Pocket. Ce texte précède une réminiscence de Thomas Monteleone sur sa rencontre avec Sturgeon (où ce dernier était nu), une interview de Philippe Hupp sur le festival de Metz (et accessoirement Sturgeon), une "analyse" (en trois pages !) de l'auteur comme "romancier de Star Trek", une interview du cinéaste Bertrand Tavernier qui a failli adapter Sturgeon (mais ne l'a pas fait), une interview avec deux réalisateurs (Christian de Challonge et Laurent Heynemann) qui eux ont vraiment adapté des textes de l'auteur pour la télévision. On trouve ensuite une autre "analyse" (une page !) à base d'extraits de l'émission Temps X; deux pages de couvertures US/GB sans grande logique, explications (par exemple que The Synthetic Man c'est Cristal qui songe) ni crédits; et un guide de lecture (sic) avec plusieurs intervenants (que du beau linge : universitaire, philosophe, déléguée artistique littéraire...). On termine par six citations.

français,sturgeon,1 étoile

Comme moi aussi j'ai une tendresse particulière pour Sturgeon, je vais réfréner ma méchanceté naturelle en disant qu'au final cet ouvrage est "gentillet". Tout d'abord, hormis celle de Leconte, les "analyses" sont d'une profondeur très limitée ou sont basées sur de vagues suppositions (avec par exemple des phrases du genre "il est donc fort possible qu'il ait lu du Sturgeon" page 90). Ensuite les interviews sont souvent plus centrées sur les interviewés et leur carrière que sur Sturgeon (la palme revenant à Tavernier) alors qu'il était sans doute possible de récupérer une interview de l'auteur lui-même (l'ISFDB en liste presque une quinzaine, y compris plusieurs en français). A cela s'ajoutent des choses anecdotiques, que ce soient les 3 pages de Monteleone pour nous expliquer qu'il a vu les c.... de Sturgeon ou les copies de courriers.

français,sturgeon,1 étoile

Tout cela nous donne un produit joliment fait et agréable à lire mais qui manque singulièrement de substance. Pour 14.90€, je connais nombre de numéros spéciaux de revues qui offrent un travail autrement plus sérieux et original qu'un vague collage de choses déjà lues ou strictement périphériques (au hasard, les deux tomes de Lucien Morareau sur l'aéronautique navale française en 1939-1940 chez Lela Presse à 14.50€ chacun). Quand on voit que le texte avec largement le plus de substance est celui extrait du LdO et la vacuité de certains des articles, on ne peut que penser que le résultat est bien plus un Magazine (un truc vite fait et distrayant à lire chez le coiffeur) qu'un bOOK. L'intention est louable mais l'auteur méritait sans doute mieux. Sinon, vous pouvez toujours (re)lire Sturgeon.

français,sturgeon,1 étoile

Note GHOR : 1 étoile (pour Sturgeon)