Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01/10/2009

_The detached retina : Aspects of SF and Fantasy_

The detached retina : Aspects of SF and Fantasy : Brian W. ALDISS : 1995 : Liverpool University Press (série "Science fiction texts and studies" #4) : ISBN-10 0-85323-299-7 : x + 224 pages (y compris index) : coûtait 12 GBP pour un TP, existe aussi en HC (-289-X).

The detached retina.jpg

Comme d'autres personnages influents dans le domaine, Brian Aldiss est à la fois un auteur de SF réputé (on pensera à Hothouse ou la trilogie "Helliconia") doublé d'un commentateur expérimenté du genre. Il est particulièrement connu pour son histoire de la SF : Billion year spree, révisée comme Trillion year spree, un livre dont la particularité est de faire débuter l'histoire de la science-fiction avec Frankenstein. Outre ces ouvrages massifs, il a aussi écrit de nombreux textes courts autour du genre dont il existe plusieurs recueils (The pale shadow of science, This world and nearer ones, etc...).

This world and nearer ones.jpg

Ce volume contient un grosse vingtaine de courts (souvent moins de dix pages) textes parus globalement entre 1980 et 1995 (certains sont inédits). Une partie d'entre eux se trouvaient déjà dans le duo de recueils parus chez Serconia (The pale shadow of science et And the lurid glare of the comet) mais ont été révisés pour cette parution. En matière de provenance, il y a un peu de tout : des préfaces (The quincunx of time), des postfaces (Orbit SF yearbook two), des articles parus dans divers magazines (Locus, Foundation, Extrapolation), des nécrologies (Sturgeon), des  retranscriptions de discours ou interventions voire des entrées relatives à un auteur écrites initialement pour d'autres ouvrages de référence (celle sur Shelley tirée du Science fiction writers de Bleiler).

The pale shadow of science.jpg

Un des textes du recueil s'intitule Campbell soup (un court article sur Astounding/Analog sous l'ère Campbell), le terme de soupe est tout à fait adapté à l'impression que l'on peut retirer de cet ouvrage. Comme souvent avec ce genre de compilation, il y a vraiment à boire et à manger. Cela va de textes à tendance historique (comme cette intéressante recension de plusieurs des premiers voyages fictifs vers la Lune) à des souvenirs plus personnels en passant par des textes de commande ou de circonstance. Ceci garantit un effet "patchwork" que l'on peut trouver agréable et léger mais qui, en ce qui me concerne, me laisse sur ma faim devant des théories intéressantes ou discutables qui ne sont pas suffisamment approfondies.

The orbit science fiction yearbook 2 (Orbit 1989).jpg

On retrouve quand même bien la plume parfois acérée de Aldiss, un grand monsieur de la SF qui a le mérite d'avoir des positions et un avis tranchés sur le genre même si ils ne sont pas forcément partagées par tous. Il y a quand même chez l'auteur un certain "britannico-centrisme" qui le fait traiter de certains sujets mille fois rebattus (Shelley, Wells, Stapledon) et qui colore parfois ses propos d'un certain mépris pour les autres SF (surtout US). Au final c'est un livre qui offre une lecture agréable mais qui reste un ensemble trop léger pour laisser une impression durable.

Helliconia spring (Granada 1983).jpg

Note GHOR : 1 étoile

30/09/2009

_Démons et merveilles de la science fiction_

Démons et merveilles de la science fiction : Henri GOUGAUD (assisté de Alain LACOMBE) : 1974 : Julliard : pas d'ISBN : 189 pages (pas d'index) : TP grand format abondamment illustré en N&B qui se trouvait en neuf il n'y a pas si longtemps.

Demons et merveilles de la SF.jpg

Henri Gougaud ne fait pas vraiment partie du milieu de la SF. Ce personnage est un poète et un conteur qui nous donne ici un ouvrage inclassable. C'est la fois "coffee-table book" par sa taille, son papier de qualité et son iconographie et c'est aussi une réflexion fleurie sur le genre et une tentative de démontrer les liens entre les archétypes fantastiques et les thèmes les plus couramment abordés par la SF, la thèse de Gougaud étant (semble t-il) que celle-ci n'existe pas, étant une simple réincarnation du Fantastique (une théorie assez courante dans le milieu intellectuel français, cf. Sternberg).

Une succursale du fantastique nommée science-fiction.jpg

Ce livre est divisé en exactement dix chapitres d'une petite vingtaine de pages. Chacun d'eux est consacré à un thème ou à une image soit propre au genre (le robot, le vaisseau spatial, l'extraterrestre) soit tel que traité par la SF (la femme, la ville, le vertige). Gougaud y passe en revue l'historique partiel de ce concept au sein du genre tout en l'entourant de ses propres réflexions. Le tout est illustré de nombreuses images pleine page, des images qui sont essentiellement tirées du cinéma (japonais en particulier) ou de l'illustration fantastique "classique" (Escher, Piranèse, Bosch). D'une façon somme toute assez logique, l'ouvrage ne comporte pas d'index ni de bibliographie.

Planète interdite (RF 1957).jpg

Il faut reconnaître à Gougaud une grande connaissance du genre, le nombre et la variété des exemples qu'il fournit pour illustrer les thèmes étudiés en attestant (de Butler à Smith, de Orwell à Vance, du roman fleuve à la nouvelle isolée, y compris en VO). Malgré tout, le discours n'est pas d'une limpidité évidente et le style parfois surchargé complexifie la lecture inutilement. De toute façon, je ne pense pas qu'il ait été dans le projet de l'auteur d'écrire un ouvrage analytique mais plutôt une sorte d'ensemble quasi onirique crée par associations libres. Cette construction explique aussi un certain nombre d'approximations (dont une : la traduction de "fantasy" dans une citation de Van Vogt par "fantastique", au tout début du livre révèle nettement le parti pris de l'auteur) et d'ellipses (des résumés de texte non attribués qui les rendent non identifiables).

La machine à tuer (OPTA 1969).jpg

L'iconographie souffre d'un nombre de faiblesses plus inquiétant. On passera sur le fait que pour Gougaud (ou pour Lacombe qui semble avoir réalisé cette partie du livre), la SF soit visuellement représentée par des images "acceptables" par un public cultivé soit parce qu'elles n'en sont pas vraiment (il y presque une dizaine de gravures d'Escher), soit parce qu'elles sont aux marges de l'art (Druillet) soit parce qu'elles sont suffisamment exotiques (les films japonais). En tout cas, il n'y a aucune image issue d'un pulp et aucune illustration de couverture, un point paradoxal pour un ouvrage qui traite essentiellement de la SF écrite. Plus inquiétant est le fait que la personne qui a légendé les illustrations ne connaît pas grand chose au genre. En effet, une image (les fameux robots policiers au visage métallique) tirée de THX-1138 est par exemple libellée "Robot cosmonaute", on trouve aussi ce qui semble bien être l'arrivée sur la lune de la navette dans 2001 comme représentant un "extraterrestre machinal" (sic). Tout cela n'est guère sérieux. 

Patrouilles (FN 1984).jpg

Dommage pour ce livre qui est une sorte d'ode à la SF. Un acte courageux (pour l'époque) mais qui est à la fois plombé par une théorie sous-jacente (SF = Fantastique modernisé) largement discutable ou méritant au moins plus de sérieux dans la démonstration et par une iconographie choisie à la va-vite.

 

Note GHOR : 1 étoile

29/09/2009

_Demand the impossible : Science fiction and the utopian imagination_

Demand the impossible : Science fiction and the utopian imagination : Tom MOYLAN : 1986 : Methuen (série "University Paperbacks" #943 : ISBN-10 0-416-00022-3 : 242 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 8 GBP pour un petit TP aisément trouvable, existe aussi en HC (-00012-6).

Demand the impossible.jpg

Ce livre est l'oeuvre de Tom Moylan, un critique plutôt connoté comme marxiste et féministe dans le monde académique anglo-saxon (le premier qualificatif est parfois considéré comme un défaut, le second comme une qualité). Son propos est de nous confronter à ce qu'il appelle les "utopies critiques" par le biais de quatre romans appartenant à ce courant. Pour Moylan, ce genre d'utopie constitue en quelque sorte la troisième génération de textes. Après les premières utopies plutôt statiques et presque trop parfaites est venu le temps des dystopies, sorte d'inverses des précédentes. Finalement, dans les années 60 et dans le sillage des divers mouvements d'émancipation, arrivent ces utopies critiques qui sont certes en réaction vis à vis des excès de la société (libérale) mais proposent aussi un "mode d'emploi" pour réaliser la transition.

Triton (CL 1977).jpg

L'ouvrage se divise en deux parties principales. La première ("Theory") expose donc en une cinquantaine de pages cette évolution des écrits utopiques suivant la progression définie par l'auteur. La seconde ("Texts") se consacre, comme son nom l'indique, en une étude détaillée (plus de trente pages) de quatre romans représentatifs de ces utopies critiques : The female man (Russ), The dispossessed (Le Guin), Woman on the edge of time (Piercy) et Triton (Delany). Chacun des romans fait l'objet d'un chapitre qui le situe d'abord dans le contexte général du genre et dans la carrière de l'auteur, puis qui le dissèque méticuleusement avec l'appui de nombreux extraits. Une bibliographie (primaire et secondaire mélangés) et un index complètent l'ouvrage.

The new atlantis (Tor Double 13).jpg

Il n'y a pas grand chose à dire sur les démonstrations de Moylan qui bénéficient de la longueur suffisante pour se déployer, d'une lecture très fine et d'une contextualisation appréciable. On pourra parfois lui reprocher un certain dogmatisme lié à une idée parfois trop bien arrêtée de ce que devrait être une utopie pour ses semblables. On notera aussi certains passages (surtout dans la première partie) parfois un peu pesants. L'ensemble est toutefois abordable et parvient à rendre intéressant un sujet assez austère.

Rocannon's world (Ace Double G-574).jpg

En fait, ce qui est un peu dommage est que, une fois de plus, ce livre fait la démonstration de l'étroitesse du canon acceptable pour les études sur le genre dès lors qu'elles sont issues du système universitaire. Les processus de formation du canon sont certes assez connus (voir Westfahl & Slusser), mais j'avoue que je suis victime d'une overdose massive de LeGuin/Delany/Russ (avec un zeste de Piercy ou Lem), des auteurs importants par la qualité de leur production mais dont l'influence sur la SF "réelle", celle qui est écrite, vendue, lue et par opposition au tout petit monde des "SF Studies" ne semble pas être proportionnelle à leur présence dans les ouvrages académiques.

 

Note GHOR : 2 étoiles

28/09/2009

_Critical encounters : Writers and themes in science fiction_

Critical encounters : Writers and themes in science fiction : Dick RILEY (éditeur) : Ungar (série "Recognitions") : 1978 : ISBN-10 0-8044-2713-5 : 183 pages (pas d'index) : un HC avec jaquette qui se trouve d'occasion pour presque rien, existe aussi en TP (-6732-3).

Critical encounters.jpg

Cet ouvrage, que je n'ai acquis que récemment, est (logiquement) le prédecesseur de Critical encounters II (voir http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/09/03/fa4b17a1476...). Il s'agit donc d'un recueil d'essais dus à diverses plumes dont la plupart sont assez obscures et assez éloignées du genre si l'on excepte O'Reilly (auteur d'un livre sur Herbert chez le même éditeur et dans la même collection) et des gens comme Fiedler ou Samuelson.

Frank Herbert (Ungar).jpg

Dans la pratique, ce livre rassemble neuf textes d'une taille assez homogène (une petite vingtaine de pages) qui se consacrent soit à un auteur, un cycle ou un ouvrage en particulier. On trouve donc, dans l'ordre : Fiedler & Mele sur la série "Robots" d'Asimov, Johnson sur les nouvelles d'invasion (de la Terre ou par les Terriens) de Bradbury, O'Reilly sur Dune, Bucknall sur l'androgynie dans The left hand of darkness, Podojil sur Daughters of Earth de Merril, Menger sur les attraits de Childhood's end, Von Glahn sur The Einstein intersection de Delany, Sackmary sur divers textes de Sturgeon et Samuelson pour une analyse de Stranger in a strange land (Heinlein). Plusieurs pages de notes sont rassemblées à la fin mais l'ouvrage ne comporte pas d'index (une habitude dans cette série).

Homecalling (NESFA 2005).jpg

Pour ce premier volume, il est clair que le choix des sujets traités a été fait pour attirer un maximum de clients potentiels. Les novices es-SF avec des auteurs ou des oeuvres connus (Asimov, Bradubury, Dune), les étudiants ou le secteur littéraire avec des textes qui figurent dans les cursus universitaires ou qui ont une réputation de sérieux (The left hand of darkness, The Einstein intersection) et même les connaisseurs du genre avec des auteurs appréciés en interne (Sturgeon) ou des textes moins connus (Merril).

L'intersection Einstein (OPTA 1977).jpg

En matière de qualité des articles, il y a tout de même quelques scories comme le premier essai (sur Asimov) qui "rame" un peu et ne semble pas très documenté (aucune mention de l'influence de Campbell sur les trois lois de la robotique) ou celui sur Sturgeon dont on ne voit pas trop où l'auteur veut arriver malgré un thème (les trios) séduisant. En positif on notera (parmi d'autres) l'essai sur Heinlein qui place le roman dans le contexte des années 60 et celui sur Merril, une grande dame de la SF mais qui n'est que rarement considérée sous l'angle de l'écrivain.

En terre étrangère (ES 1974).jpg

Un bon petit ensemble, parfois inégal et pour lequel on pourra peut-être regretter un trop grand classicisme dans le choix des sujets traités.

 

Note GHOR : 2 étoiles

25/09/2009

_The jewel-hinged jaw : Notes on the language of science fiction_

The jewel-hinged jaw : Notes on the language of science fiction : Samuel R. DELANY : Wesleyan University Press : 2009 : ISBN-13 978-0-8195-6883-0 : 254 pages (y compris index) : plus d'une vingtaine d'Euros pour un TP, disponible chez l'éditeur (http://www.upne.com/0-8195-6883-X.html).

The jewel-hinged jaw.jpg

Samuel R. Delany est un de ces auteurs/critiques qui sont un peu une spécialité du genre (on pensera à Blish, Knight ou plus récemment à Broderick). Il est donc aussi connu pour ses écrits de fiction (Nova, Babel 17) que pour ses positions théoriques sur le genre, parfois féroces mais empreintes d'une passion pour celui-ci sans être jamais complaisantes. Cet ouvrage est globalement la reprise d'un recueil d'essais de l'auteur initialement paru en 1978. Pour cette parution et par rapport à l'édition originale, on notera que le contenu de l'ouvrage n'est pas le même, que certains textes ont été révisés et que l'ordre des essais a été modifié.

Babel 17 (Sphere 1969).jpg

Cette version contient donc une dizaine de textes de longueur très variable (de moins de dix à soixante pages) qui datent des années 65-75. Comme souvent chez Delany, les thématiques abordées sont multiples (le féminisme, la définition et la réception de la SF, les protocoles de lecture du genre) et les essais ont parfois tendance à partir dans de multiples directions, alimentés par de nombreuses expériences personnelles. Malgré tout, un certains nombres de textes se concentrent sur des oeuvres précises (la série Alyx de Russ ou une longue lecture de The dispossessed de Le Guin) ou certains auteurs particulièrement appréciés par Delany (Disch et Zelazny). En annexe on remarquera le seul texte récent (2003) qui est une sorte d'analyse de la société américaine des années 50 sous l'angle des discriminations (raciales ou sexuelles). Un index thématique complète cet ouvrage.

The genocides (Panther 1968).jpg

A la lecture de ces textes qui ont plus de trente ans, on est frappé de la qualité de l'analyse de Delany et surtout de son actualité. A l'époque il explorait déjà la problématique des protocoles de lecture propres au genre (dans le très connu essai About 5,750 words) et s'interrogeait déjà sur la signification de la propension de la SF à générer des cycles. Même s'il est clairement ancré dans un paysage SF de son époque, les réflexions de l'auteur sont toujours pertinentes de nos jours. Ses analyses de textes précis sont assez pénétrantes malgré un choix d'oeuvres plutôt convenues (Le Guin, Russ, Disch) et font regretter qu'il ne se soit pas plus souvent livré à cet exercice.

Nova (LDP 1988).jpg

On regrettera que le très intelligent Delany ait les défauts de ses qualités, à savoir un discours parfois complexe et qui peine à se maintenir sur une seule ligne directrice avec des changements assez abrupts au sein d'un même essai. Un défaut récurrent, y compris dans le seul texte récent (celui sur les années 50) dont l'inclusion, malgré son intérêt général, dans l'ouvrage n'obéit à aucune logique évidente. La lecture de l'ensemble n'est d'ailleurs guère facilitée par une présentation peu aérée qui oblige à une lecture appliquée. Ce recueil ressemble des pièces indispensables pour qui veut connaître l'histoire de la réflexion sur le genre même si le contexte éditorial (tel que décrit dans Letter to a critic) a nettement changé.

 

Note GHOR : 2 étoiles