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09/06/2010

_La nouvelle science-fiction américaine_ (Cordesse)

La nouvelle science-fiction américaine : Gérard CORDESSE : 1984 : Aubier (collection "USA") : ISBN-10 2-7007-0350-2 : 222 pages (y compris index et bibliographies) : coûtait 89 Francs pour un TP non illustré.

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Ecrit par un universitaire français ayant aussi enseigné aux USA et paru dans une collection d'essai consacrés à ce pays, cet ouvrage est un passage en revue du paysage de la science fiction américaine dans les années 60 à 80. Présentée sous l'angle relativement trompeur (Cordesse l'évacue d'ailleurs dès sa préface) de la nouveauté, il s'agit en fait d'une histoire du genre depuis ses débuts qui ne se limite pas strictement aux USA mais englobe aussi la sphère britannique.

Analog 1975-10.jpg

L'ouvrage est divisé en plusieurs grands ensembles mêlés. Le premier (correspondant au premier chapitre) et le plus court est une présentation des mécanismes de communication et de feedback qui se sont mis en place au sein du genre et sont une de ses spécificités (existence d'editors puissants, d'agents littéraires influents, d'un fandom impliqué et critique). Le deuxième (constitué du quatrième chapitre) est une réflexion théorique sur le genre avec ses oppositions à d'autres (Fantastique, Mainstream) et ses promesses (sense of wonder, extrapolation). Le dernier et le plus volumineux (trois chapitres sur cinq) est une histoire du genre divisée en trois époques : avant la new-wave, pendant new-wave et après la new-wave. Dans chacun de ces chapitres un certain nombre d'auteurs typiques sont évoqués. Plusieurs bibliographies ainsi qu'un index clôturent l'ouvrage.

Dangereuses visions T1 (JL 1975).jpg

L'ensemble forme un tout qui est relativement intéressant pour le lecteur francophone en particulier grâce à une bonne explication des nombreux mécanismes spécifiques d'interaction entre les forces en présence (auteurs, editors, éditeurs, lecteurs, critiques, fans) qui ont de tout temps guidé l'évolution du genre (sous sa forme écrite) aux USA et, par effet d'imitation, l'évolution de la SF au niveau mondial. Cette sorte de co-pilotage de la SF par plusieurs groupes de personnes aux intérêts parfois divergents est en effet une chose assez propre à la SF que l'on ne retrouve pas forcément dans d'autres genres.

All our yesterdays.jpg

En fait le maître mot de cet essai pourrait être "synthétique". Sa partie historique est d'un grand classicisme et cite bien les auteurs attendus pour les périodes considérés (Dick, Bradbury, Moorcock, Ellison, Varley, Vinge). Dans cette partie historique, comme pour sa partie théorique, on ressent à la lecture de ce livre une curieuse impression de "déjà-vu" (ou ici de "déjà-lu") quand on tombe sur des éléments ou des réflexions qui sortent directement d'autres ouvrages de référence. Même si les emprunts sont clairement indiqués par Cordesse, on peut parfois être surpris (malgré une évidente proximité thématique) par l'intrusion de données ou d'idées toutes droit sorties du quasi homonyme La nouvelle Science Fiction Américaine de Rey & Thomas. Globalement ce livre est un bon récapitulatif sur son sujet (la SF depuis 1950 aux USA) mais il manque trop d'originalité pour être pleinement satisfaisant.

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Note GHOR : 2 étoiles

08/06/2010

_La nouvelle Science Fiction Américaine_ (Rey & Thomas)

La nouvelle Science Fiction Américaine : Pierre K. REY & Pascal J. THOMAS : 1981 : A&A (no 72 Bis de la revue et #12 de la collection "Documents SF") : pas d'ISBN ni ISSN : 64 pages (pas d'index) : coûtait 25 Francs pour un petit TP plus solide que le fanzine correspondant, illustré de photos en N&B.

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Ce fascicule est un numéro spécial du fanzine A&A (Ailleurs & Autre). Cette revue à la vie longue et tourmentée (elle a connu plusieurs hiatus) est l'oeuvre majeure de Francis Valéry (pourtant un boulimique de l'édition) et probablement la revue amateur ayant eu la plus longue carrière (elle a dû maintenant dépasser les 150 numéros). Sous la double de signature de Pierre K. Rey (à qui l'on devra la série des Univers 19XX) et de Pascal J. Thomas (un vieux complice de Valéry), il s'agit donc d'un panorama de la SF US à l'orée des années 80, avec un focus particulier sur les "nouveaux" auteurs.

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L'ouvrage se divise en trois parties principales. La première est une sorte d'état des lieux du genre aux USA qui comprend un premier chapitre ("Tendances") écrit par Rey qui donne le cadre général (état et évolutions de la société américaine et leurs impacts sur la SF) et un second ("Intendances") qui est surtout une description de l'évolution de l'édition (romans, anthologies, magazines, ouvrages de référence, prix) sur la période 75-80.  La deuxième grande partie est un dictionnaire des nouveaux auteurs qui rassemble une cinquantaine d'entrées, allant de Greg Bear à George Zebrowski. Pour chacun on trouve (parfois) une photographie, les informations biographiques essentielles, un bref (rarement plus d'une demi page) aperçu de leur carrière et une liste des autres oeuvres (romans et nouvelles) non évoquées. La dernière partie est une bibliographie VF de ces auteurs dans un chronologique de parution US avec séparation entre textes et livres.

The omega point (NEL 1974).jpg

Même si, à l'évidence, une partie de cet ouvrage doit beaucoup à une revue comme Locus, celui-ci doit être replacé dans le contexte de l'époque. Dans cette optique c'est une réussite puisque la mission d'informer les amateurs francophones sur l'état réel de la SF US, par opposition à une vue parfois fantasmée et en tout cas nettement distordue par les divers prismes (choix éditoriaux, délais de traduction, etc.), est parfaitement accomplie par ce petit livre que l'on peut voir comme une sorte de parallèle des préfaces de Rey pour ses anthologies chez J'ai Lu.

Univers 1981 (JL 1981).jpg

La bibliographie est sérieuse malgré l'absence d'index qui la rend peu exploitable (même si elle n'est parfois guère volumineuse avec par exemple un seul texte traduit pour Sheffield, Shirley ou Sky). La série de portraits est plutôt synthétique mais convenable, le plus amusant étant soit de contempler l'apparence des auteurs à l'époque (avec une profusion de barbus à cheveux longs et lunettes) pour la comparer avec des photographies récentes, soit de s'amuser à recenser les écrivains présents dans ce dictionnaire (de Broxon à Yep en passant par Chilson) qui disparaîtront de la scène SF corps et biens. Finalement quelque chose de plutôt performant pour l'époque et le contexte mais dont l'utilité est très limitée de nos jours. 

Cimetière de rêves (Le Masque 1977).jpg

Note GHOR : 2 étoiles

07/06/2010

_Northern dreamers : Interviews with famous Science Fiction, Fantasy, and Horror writers_

Northern dreamers : Interviews with famous Science Fiction, Fantasy, and Horror writers : Edo VAN BELKOM : 1998 : Quarry Press : ISBN-10 1-55082-206-3 : 254 pages (pas d'index) : coûtait 20 CND (dollars canadiens) pour un TP illustré d'une vingtaine de photos en N&B.

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Comme l'indique clairement son sous-titre, cet ouvrage est donc un recueil d'interviews, un type de livre qui ressort assez régulièrement (plusieurs fois par décennie) dans le paysage éditorial du genre dans le monde anglo-saxon. Ici, le principe de sélection est assez simple puisqu'il s'agit uniquement d'auteurs canadiens, qu'ils (elles) le soient de souche ou d'immigration récente. Ce positionnement explique d'ailleurs que cet ouvrage ait été financièrement aidé par le gouvernement canadien, toujours très protecteur pour tout ce qui touche à sa culture face à son puissant voisin du sud.

Chroniques du pays des mères (LDP 1996).jpg

Après une courte introduction, ce recueil rassemble donc vingt-deux interviews inédites (me semble t-il) d'auteurs canadiens des genres de l'imaginaire. Reflétant globalement la ventilation du marché à l'époque (c'est à dire il y a une quinzaine d'années), la majorité des auteurs présents font plutôt de la SF (Coney, Gardner, Gibson, Gotlieb, Hughes, les Robinson, Sawyer, Vonarburg, Weiner, RCW) avec une minorité de pratiquants de Fantasy (De Lint, Duncan, Greenwood, Kay) ou de l'Horreur (Baker, Huff, Kilpatrick). Précédées d'une page de présentation de l'auteur en question, les interviews (réalisées principalement en face à face ou par mail) font une petite dizaine de pages chacune et se présentent sous forme de suite de questions/réponses. A noter l'absence d'index et la présence d'un portrait photographique pleine page de chacun des participants.

Psycataclysme (Le Masque 1976).jpg

Un ensemble finalement assez agréable même si la logique purement géographique qui a présider à la réalisation de l'ouvrage n'apporte pas grand chose puisqu'il est difficile de discerner un côté commun spécifiquement canadien dans les réponses des auteurs. Le niveau des interviews est assez hétérogène en fonction de la personnalité de l'interviewé, certains étant assez laconiques dans leurs réponses alors que d'autres sont nettement plus prolixes. En tout cas Van Belkom sait se faire suffisamment discret pour ne pas tenter de voler la vedette aux auteurs, une chose qui arrive parfois dans ce type d'ouvrage.

Expendable (Avonova 1997).jpg

Malgré la présence de stars (Gibson, Kay) ou d'habitués de l'exercice (Vonarburg, Sawyer) qui livrent la prestation attendue, la plus-value de ce recueil est amenée par les auteurs que l'on a moins l'habitude d'entendre et pour lesquels c'est parfois la première fois à ce niveau. A ce titre les contributions de nouveaux comme Gardner ou d'anciennes comme Gotlieb sont précieuses, de même que les propos de Greenwood, un de ces "hack writers" qui produit de la Fantasy dérivée de RPG à la chaîne (ici pour TSR). Une expérience plutôt sympathique.

Starplex (Ace 1996).jpg

Note GHOR : 2 étoiles

04/06/2010

_New worlds for old : The apocalyptic imagination, science fiction, and American literature_

New worlds for old : The apocalyptic imagination, science fiction, and American literature : David KETTERER : 1974 : Doubleday Anchor (# A921): ISBN-10 0-385-00470-2 : xii+347 pages (y compris index) : coûtait 3 USD pour un poche non illustré assez facilement trouvable d'occase.

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Cet ouvrage (publié initialement en HC par les presses universitaires de l'Indiana) est une (des nombreuses et récurrentes) tentative de placer la SF sous les projecteurs du monde académique qui, comme on l'a souvent vu, au mieux ne s'y intéresse pas et au pire lui réserve son mépris comme à toutes les littératures de genre. Ecrit par David Ketterer (à qui l'on doit plusieurs ouvrages évoqués ici comme son livre sur Blish ou son histoire de la SF canadienne), ce livre place côte à côte des textes de la littérature américaine classique (Moby Dick, Wieland) et des oeuvres de SF, ou plus précisément, de "Apocalyptic literature" comme la rebaptise l'auteur.

The sirens of Titan (Coronet 1972).jpg

Ce livre est organisé en douze chapitres (à noter que la majorité ne sont pas inédits) qui se ventilent en six parties elles-mêmes groupées en trois grands ensembles : une partie introductive ("New worlds for old"), une partie consacré à l'ailleurs ("Other worlds") et une qui nous ramène à notre monde mais transformé ("The present world in other terms"). Certains des chapitres sont dédiés à l'étude d'une seule oeuvre (The left hand of darkness, Solaris, A Connecticut Yankee) alors d'autres se concentrent sur un auteur (Poe, Vonnegut, Brockden). Un index termine l'ouvrage.

Solaris (Rencontre).jpg

On ne peut nier que le projet de Ketterer soit particulièrement ambitieux et courageux. Faire accepter et traiter sur un pied d'égalité la SF au monde universitaire des années 70 est une entreprise risquée qui n'aura d'ailleurs pas vraiment de succès, la mode de la SF comme sujet légitime d'étude et/ou de publication n'apparaissant que nettement plus tardivement. On comprend mieux alors que Ketterer se soit cru obligé de donner des gages à l'establishment.

Barefoot in the head (Corgi 1974).jpg

Le premier est bien sûr le choix de remplacer le terme de SF par celui d'Apocalyptic literature qui, avec ses connotations religieuses, est nettement plus acceptable. Le problème est que sa définition est tellement vague (en gros c'est une littérature du changement) que la distinction avec la littérature générale devient extrêmement mince, ce qui arrange Ketterer (en légitimant le genre qui n'en est plus vraiment un) mais ne correspond guère à la réalité. Autre gage, un certain américano centrisme (logique puisque l'auteur veut montrer que la SF est congruente avec la littérature US) qui fait fi des origines européennes du genre. Enfin, on pourra regretter que les auteurs étudiés soient les plus présentables et que Ketterer tombe dans l'habituel cliché de la trilogie Lem/Vonnegut/Le Guin qui correspond plus à une SF idéale et bien propre sur elle qu'à la réalité d'un ensemble qui comprend certes ces auteurs mais qui accueille aussi Perry Rhodan, John Norman ou David Weber.

Les esclaves de Gor (OPTA 1985).jpg

En résumé, un livre qui n'est satisfaisant ni dans sa méthodologie ni dans son résultat tellement il veut faire passer le clown SF pour un voisin respectable. Les amateurs de théorie pourront lire dans la revue Science Fiction Studies (#6-2) une réfutation (et les réponses de Ketterer) bien plus savante de cet ouvrage sous la plume de gens nettement plus compétents que moi.

La main gauche de la nuit (PP 1989).jpg

Note GHOR : 0 étoile

03/06/2010

_The new encyclopedia of science fiction_

The new encyclopedia of science fiction : James GUNN : 1988 : Viking : ISBN-10 0-670-81041-X : xx+524 pages (logiquement pas d'index) : coûtait 18 GBP ou 25 USD pour un gros HC avec jaquette illustré principalement en N&B, trouvable d'occase assez aisément.

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Ce volumineux ouvrage fait partie du petit groupe des encyclopédies exhaustives du genre. Paru simultanément dans l'ensemble du monde anglo-saxon, il se situe dans la continuité de l'opus précédent de Gunn (Alternate worlds) et dans celle de la première version du C&N qui date de 1979. Il s'agit d'un gros travail en coopération puisque Gunn s'est entouré de presque une centaine de contributeurs (les entrées sont signées), un groupe qui rassemble de Ackerman à Zebrowski toutes les plumes connues de la réflexion sur le genre (y compris des écrivains actifs).

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Ce livre contient environ 900 entrées organisées par ordre alphabétique et sur deux colonnes qui, très classiquement, se divisent en plusieurs catégories au format standardisé : personnes (la plus nombreuse : auteurs, illustrateurs, cinéastes, acteurs), oeuvres (essentiellement des films et des feuilletons), thèmes (une petite centaine d'essais de Agents -lire littéraires- à Women) et divers (magazines, prix). Les plus grosses entrées dépassent rarement une page, certaines étant très courtes (une dizaine de lignes). De nombreuses illustrations en N&B parsèment le livre (photographies d'auteurs, couvertures, affiches) et un cahier central de quatre pages en couleur en met certaines en valeur. Le seul index est celui des entrées relatives au cinéma et à la télévision. Un système de références croisées permet une certaine navigation dans l'ouvrage.

Friday (NEL 1983).jpg

Il est difficile d'évaluer ce livre avec objectivité du fait d'un placement quand au public visé assez hésitant. En effet, il est très agréable à feuilleter et propose des essais généralement de qualité (normal au vu des contributeurs) avec une riche iconographie d'un niveau de reproduction flatteur. On appréciera l'attention portée à certains auteurs peu connus (Edwards S. Ellis ou Alun Llewellyn par exemple) ainsi qu'une bonne anticipation de certaines vedettes futures (John Kessel, Jack McDevitt).

The Baum plan for financial independence (Small Beer 2008).jpg

D'un autre côté, il souffre de l'habituel syndrome des encyclopédies de la SF qui choisissent une orientation qui les destine plus au "grand public" qu'aux passionnés, à savoir une nette surreprésentation de la SF visuelle. Comme dans la fameuse (fumeuse) encyclopédie de Piton & Schlockoff, la part relative de certaines entrées peut conduire à s'interroger sur les critères utilisés pour allouer l'espace. A la lecture de cet ouvrage, on pourrait donc penser que le film Gorgo (un film de monstres de 1961) est plus important pour le genre que William Tenn. Une position que je trouve assez difficilement justifiable. A cela s'ajoutent des entrées thématiques plutôt maigres alors que certains thèmes forment l'épine dorsale du genre et une absence d'index qui rend impossible la récupération d'informations sur des oeuvres ou des personnes disséminées ailleurs que dans leur entrée principale.

Des hommes et des monstres (OPTA 1970).jpg

Un ensemble qui est loin d'offrir les mêmes services que le C&N pour l'amateur pur et dur mais sans doute nettement plus "sexy" pour le néophyte. Un bilan somme toute assez mitigé.

The encyclopedia of SF (Granada).jpg

Note GHOR : 2 étoiles