Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/11/2009

_Eric Frank Russell : A bibliography_

Eric Frank Russell : A bibliography : Francis VALERY : 1990 : Editions de l'Académie de l'Espace (Collection "Orion" #9) : Pas d'ISBN : 47 pages : petit fascicule format A5 agrafé au centre, tirage limité (100 exemplaires).

E F Russell AE.jpg

Voici un ouvrage assez particulier. Il s'agit en effet d'une bibliographie de l'auteur britannique (mais ayant principalement fait carrière aux USA) Eric Frank Russell, surtout connu en France comme l'auteur du Fortéen Guerre aux invisibles. L'originalité de cette bibliographie est qu'elle a été rédigée (en anglais) par un français, le célèbre fan Francis Valéry, l'homme (parmi ses nombreuses casquettes) du fanzine A&A. A noter qu'une partie du tirage (les trois quarts) était prévue pour être distribuée directement sur le marché américain.

A&A 119.jpg

Comme la plupart des bibliographies anglo-saxonnes, l'auteur adopte une division en plusieurs sections. La première et la plus importante concerne les textes de fiction qui sont à la fois mélangés (les romans côtoient les nouvelles) et classés par ordre chronologique de parution. Pour chacun les informations pertinentes adaptées sont données (parutions en anthologies pour les nouvelles, diverses éditions pour les romans). La seconde partie regroupe les recueils de nouvelles et, comme la première, ne concerne que la VO. La troisième section est un index par titre qui permet d'accéder aux textes recherchés dans les deux parties précédentes. La section IV couvre les VF de Russell sur le même principe (mais sans index par titre cette fois). Suivent plusieurs courtes parties assez classiques : V "Non fiction", VI "Miscellaneaous", VII "Articles about EFR", VIII "Reviews" (VO & VF) et IX "Sources".

Men, martians and machines (Berkley 1958).jpg

Globalement, l'initiative est louable et concerne un auteur assez méconnu mais non dénué de qualités. En matière strictement bibliographique, ce n'est toutefois pas un travail complètement exempt de défauts. Tout d'abord, un certain nombre de données permettant l'identification précise des livres ne sont pas fournies (ISBN, pagination, illustrateur, prix) ou sont fausses quand elles sont fournies, comme cette une troisième édition de Far Stars chez Dobson qui est indiquée comme non datée (il est pourtant distinctement indiqué 1975 sur mon exemplaire) et ayant un prix de £ 6.95, ce qui est non seulement faux mais peu réaliste (le prix marqué est de £ 3.00). Pour la VF, on pourra aussi noter un certain nombre de manques dans les listes de réimpression (en particulier pour la GASF, plus souvent réimprimée que l'on ne le croit généralement).

Far stars (Dobson 1975).jpg

Au final, une bonne idée qui aurait pu déboucher sur une collection de bibliographies intéressantes avec un peu plus de vérifications. Hélas, elle restera sans suite. Dans la pratique, les amateurs désirant se pencher sur cet auteur trouveront dans la bibliographie de Russell chez GCP (signée Stephensen-Payne & Wallace) un ouvrage plus récent, nettement plus complet, de meilleure qualité et offrant une aussi bonne couverture de la VF.

E F Russell GCP.jpg

 Note GHOR : 2 étoiles 

27/11/2009

_The entropy exhibition : Michael Moorcock and the British 'New wave' in science fiction_

The entropy exhibition : Michael Moorcock and the British 'New wave' in science fiction : Colin GREENLAND : 1983 : Routledge & Kegan Paul : ISBN-10 0-7100-9310-1 : 244 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 12 GBP à l'époque pour un HC avec jaquette.

The entropy exhibition.jpg

Cet ouvrage est dû à Colin Greenland, un auteur de SF britannique surtout connu par sa série Tabitha Jute, un space opéra rétro. Basé sur sa dissertation de doctorat d'Anglais, il s'agit d'une sorte d'histoire de la New Wave au travers du magazine New Worlds et de trois de ses figures marquantes (Aldiss, Ballard et Moorcock). Ce mouvement typique des années 60 fut une tentative (principalement britannique) pour réformer la SF de l'époque, considérée comme sclérosée (particulièrement celle parue dans Analog) en y injectant à la fois des techniques littéraires novatrices et des thématiques plus dérangeantes (sexe, mort, entropie) et plus tournées vers le fameux 'inner space'.

Take back plenty (Avonova 1992).jpg

Le livre est découpé en onze chapitres d'une longueur inégale (de dix à quarante pages). Les cinq premiers forment une réflexion historique sur l'évolution des magazines de SF dans les années 60 en abordant plusieurs thèmes (le sexe, la fiction 'anti-spatiale' et l'espace intérieur). Ils sont suivis par trois chapitres consacrées chacun spécifiquement à un auteur (Aldiss, Ballard et Moorcock), le plus long étant celui sur le dernier cité. On trouve ensuite deux chapitres sur les problèmes de style, la touche finale étant donnée par une analyse de l'entropie et/ou la catastrophe (un terme cher à la New Wave). Une bibliographie (primaire et secondaire mélangée) ainsi qu'un index terminent l'ouvrage.

The wrecks of time (Ace Double H-36).jpg

Il est toujours difficile et parfois injuste de critiquer un livre au motif de ce qu'il n'est pas. Il ne faut donc pas penser que l'on a affaire ici à une histoire de la New Wave ou même de New Worlds telle que peut la raconter Ashley par exemple. Il s'agit plutôt d'une ensemble de choses assez disparates, avec un premier groupe de réflexions allant de l'état des magazines de SF au début des années 60 (y compris le couplet habituel sur la dégénérescence d'Astounding/Analog que l'on a lu sous bien des plumes tant britanniques que françaises) à des considérations  sur la série des Jerry Cornélius. On devine un deuxième ensemble constitué des trois études mono-auteurs, des textes intéressants mais qui sortent parfois nettement du cadre de l'ouvrage.

L'assassin anglais (Lattès 1981).jpg

Au final c'est une impression de dispersion qui ressort de cet ouvrage. Au lieu de s'en tenir à un sujet (on peut d'ailleurs se demander lequel, Moorcock, New Worlds, la New Wave ?), on a un collage de diverses pièces dont le lien assez ténu est constitué par un vague rapport avec ces trois sujets. Ce manque de cohésion est d'autant plus regrettable que les théories de Greenland sont pertinentes et argumentées même si elles n'échappent pas à certains lieux communs de la critique SF, certains jugements hâtifs (sur l'imagerie utilisée par les magazines SF) ou des influences un peu trop pesantes (celle d'Aldiss en particulier).

Trillion year spree.jpg

Il s'agit globalement d'un bon ouvrage qui est  à décortiquer pour en extraire les éléments les intéressants. A mon avis, il aurait certainement gagné en force en étant traité d'une façon historiographique plus classique de façon a faire clairement ressortir l'histoire et l'impact de la New Wave sur la SF, un sujet important qui est trop souvent source de fantasmes.

 

Note GHOR : 2 étoiles

26/11/2009

_Envisioning the future : Science fiction and the next millenium_

Envisioning the future : Science fiction and the next millenium : Marleen S. BARR (editor) : 2003 : Wesleyan University Press : ISBN-10 0-8195-6652-7 : xxi + 205 pages (pas d'index) : coûte 23 USD pour un TP, en neuf pour un grosse quinzaine d'Euros.

Envisionning the future.jpg

Cet ouvrage est un hybride assez particulier. Sous la direction de Marleen S. Barr, une spécialiste des relations entre féminisme et SF (on lui doit par exemple le recueil d'essais Lost in space), il rassemble à la fois des textes de fiction (inédits pour la plupart, me semble t-il) et des essais théoriques sur la question de "notre relation avec le futur au travers du double prisme de la SF et des cultural studies" pour paraphraser la quatrième de couverture.

Lost in space (Barr).jpg

Après une longue préface et une introduction (bourrée de spoilers) en partie consacrées à une sculpture (Quantum cloud de Gormley) qui semble être importante pour l'auteur, l'ouvrage se divise en quatre parties principales : "Future past" (texte de Postman sur le 18ème siècle, fiction de Gunn datant de 1989); "Future present" (essai de Suvin sur We de Zamyantine, fictions de Zebrowski et Ellison); "Future Perfect" (fictions de Barr, Sargent et Piercy, texte de Braidotti sur les cyborgs féminins) et "Future Critical" (texte de Parrinder sur la SF située dans un futur "intermédiaire", méta-fictions de Robinson et Rabkin, billet de Mosley). Les essais sont parfois suivis d'une bibliographie des ouvrages cités mais l'ensemble ne comporte pas d'index.

quantum_cloud.jpg

Parfois, on peut se demander pour quelle raison certains livres sont publiés. C'est le cas de cet ouvrage qui n'a globalement ni queue ni tête et pas plus de raison d'être. Le mélange de la fiction et de la non-fiction est toujours un art assez difficile vu que les publics visés possèdent probablement des motivations différentes pour lire chaque type de texte. Dans ce cas précis, cette difficulté est multipliée par le fait que l'ensemble n'a aucun sens et que les contributions prisent individuellement sont d'un niveau assez faible et mêmes pas toutes inédites.

Human voices (Five star 2002).jpg

Plombé dès l'introduction qui nous raconte d'avance toutes les fictions, sentant bon l'autopromotion (Barr nous y inflige sa propre nouvelle à message, d'une médiocrité attristante), d'une rapport parfois nul avec le genre (Postman) ou traitant de textes antédiluviens et peu importants pour l'évolution du genre (Suvin), cet ensemble fleure bon l'artefact feministo-postmoderniste branchouille avec références obligatoires aux écrits de Haraway ou de Robinson et participation de légendes de la cause comme Sargent ou Piercy.

Femmes et merveilles (Denoel 1975).jpg

Un "truc" globalement illisible et qui défie toute logique. A oublier rapidement.

 

Note GHOR : 0 étoile

25/11/2009

_Encyclopédie de l'utopie et de la science-fiction_

Encyclopédie de l'utopie et de la science-fiction (c'est le titre indiqué sur la jaquette) : Pierre VERSINS : 1984 : L'âge d'homme : pas d'ISBN : 1037 pages (y compris index) : coûtait 450 F à l'époque pour un énorme HC illustré en N&B à la jaquette étonnamment fragile, semble pouvoir se trouver en neuf pour une centaine d'Euros.

Encyclopédie de l'utopie et de la SF.jpg

Initialement paru en 1972, cet ouvrage est le seul d'origine francophone à jouer dans la catégorie des encyclopédies du genre significatives (style Tuck, C&N, Gunn). Compilé par Pierre VERSINS, un des grands érudits sur tout ce qui touche à la SF et la proto-SF (quel que soit le nom qu'on veut bien lui donner), ce livre est un monument du genre, important par sa taille et par sa date de parution (on est alors au tout début de l'explosion de la SF en France via les collections de poche et le CLA). Il est à noter que la réédition de 1984 (celle-ci) est strictement identique à celle de 1972 SAUF pour l'inclusion d'un index dont la taille (quarante pages) indique combien il est précieux.

Amazing 1963-05.jpg

En matière de structure, c'est le schéma classique des entrées par ordre alphabétique (de A l'aventure à Ludovico ZUCCOLO) qui couvrent des personnages liés au genre (auteurs essentiellement), des oeuvres individuelles (quelques films), des thèmes, supports ou termes propres au genre et tous les mots (fort nombreux) pour lesquels Versins pouvait discerner une connexion avec la SF (Impôts, Billards). L'ensemble est imprimé sur deux colonnes et est largement illustré, principalement par des vignettes (quelques pleines pages sont à noter) en N&B à la qualité de reproduction parfois assez faible. Pour aider à leur recensement, une table des illustrations est d'ailleurs fournie, elle est suivie par le fameux index tant attendu.

Le monstre de métal (RF 1957).jpg

Il est difficile de rendre justice à un tel monument dont la conception et la réalisation ont dû représenter une aventure exceptionnelle surtout vu l'époque. Incontestablement, c'est un texte immensément érudit qui traite d'auteurs et de pays dont certaines encyclopédies de la SF prestigieuses n'ont peut-être jamais entendu parler. A noter qu'il est un des rares ouvrages européens à avoir obtenu un Hugo (en 1973).

Ce n'est pas pour cette année (Satellite 1962).jpg

Hélas cette richesse foisonnante est un peu, en ce qui me concerne, presque la marque d'un défaut de concentration. C'est probablement la raison du peu d'intérêt que je porte à cet ouvrage (je ne le consulte que très rarement). Par exemple, prenons les pages 44-45. On y trouve l'entrée sur Poul ANDERSON (une vingtaine de lignes + un tableau de l'histoire du futur), celle sur Marianne ANDRAU (auteur français, quinze lignes), Dominique ANDRE (idem, trente lignes) et Valentin ANDREAE (auteur allemand du 17ème écrivant en latin, vingt lignes). Même à l'époque, et surtout pour quelqu'un aussi pointu que Versins, il est difficile de justifier une telle différence entre l'influence réelle de ces quatre auteurs sur le genre et la place qui leur est accordée. C'est là tout le reproche que je fais à ce livre qui est parfait pour explorer les détails de la proto-SF ou de la quasi-SF publiée en 1867 en Béssarabie Occidentale mais dont la pertinence pour l'étude du genre dans son acceptation actuelle est fortement limitée, et ce d'autant plus que les compteurs sont arrêtés par la force des choses à la fin des années 60.

Satellite 1.jpg

Au risque d'être taxé d'iconclastie, cette encyclopédie est une merveilleuse construction intellectuelle et une mine d'informations sur des pans anciens et européens de la SF-avant-la-SF; mais au final c'est un ouvrage à peu près inexploitable ou inutile (car trop elliptique) pour un travail sur la SF considérée comme un genre né en 1926 aux USA.

 

Note GHOR : 2 étoiles

24/11/2009

_The encyclopedia of Fantasy_

The encyclopedia of Fantasy : John CLUTE & John GRANT : 1997 : St Martin's : ISBN-10 0-312-15897-1 : xvi+1049 pages : coûtait 75 USD pour un énorme HC avec jaquette, non illustré.

The encyclopedia of fantasy.jpg

Cet ouvrage est une sorte de compagnon thématique à la fameuse Encyclopedia of Science Fiction de Clute & Nicholls. Partageant avec cette dernière un auteur principal (Clute) et un certain nombre de collaborateurs, ce livre a aussi été édité des deux côtés de l'Atlantique par les mêmes maisons. Il s'agit ici de l'édition américaine, la britannique, légèrement antérieure, étant sortie chez Orbit. Il s'agit de la première tentative majeure de déployer un système de réflexion sur la Fantasy (et uniquement sur elle), un genre qui, même s'il est historiquement plus ancien que la SF, avait tendance à être étudié au travers du le prisme de cette dernière.

Bilbo le hobbit (JL 1977).jpg

D'une façon logique, on a une typologie des entrées assez proche de celle du C&N avec des notices sur les personnes (de Donald AAMODT à Jack ZIPES avec un majorité d'écrivains), sur les oeuvres (surtout des films) et un vaste (plus que dans le volume sur la SF) d'entrées diverses couvrant des thèmes (INVISIBILITY, PACTS WITH THE DEVIL), des concepts théoriques (INSTAURATION FANTASY, POLDER) et des termes souvent d'origine mythologique utilisés dans le genre (ELVES, FINBULWINTER). A noter que la partie strictement bibliographique est intégrée dans les notices par auteurs sous forme de liste des ouvrages non cités dans le corps de la note.

The devil's game (Pocket 1980).jpg

Comme pour l'encyclopédie sur la SF, on est clairement face à un travail assez colossal (même si celle-ci rend presque trois cents pages à l'ouvrage sur la SF). D'un sérieux remarquable, ce livre est une mine de renseignements sur un genre aux contours parfois nébuleux. C'est d'ailleurs un des problèmes du livre qui mêle joyeusement des choses assez éloignées allant de l'horreur de King à Tolkien en passant par le magicien d'Oz et Dracula. Ce manque d'unité du champ étudié n'est pas du fait des auteurs mais recouvre bien la définition anglo-saxonne de la Fantasy qui englobe nettement plus de choses (en gros l'imaginaire moins la SF) que son acceptation francophone.

The broken sword (Sphere 1982).jpg

Une autre difficulté est générée par le côté "défricheur" de l'ouvrage sur le plan d'une théorie de la Fantasy. Comme tout est à inventer ou presque, on assiste (surtout de la part de Clute) à une débauche de création terminologique. Par exemple, Clute est forcé de nommer (voire d'identifier pour la première fois) les sous genres de la Fantasy. A la différence de la SF où ce travail est déjà fait, cela nous vaut un certain nombre de néologismes (DYNASTIC FANTASY, CHRISTIAN FANTASY, DETECTIVE/THRILLER FANTASY, NORDIC FANTASY, POSTHUMOUS FANTASY, SCIENCE FANTASY, etc.) dont la multiplication a tendance à obscurcir le discours. Plus gênant, une (grande) partie de ces termes resteront confinés à cet ouvrage sans être repris par d'autres commentateurs souvent faute d'une réflexion autonome sur le genre.

The magic goes away (Orbit 1998).jpg

Reste au final une excellente encyclopédie "classique" qui commence quand même à dater un peu et une partie théorique moins convaincante sans doute à cause de la difficulté de la tâche. A noter qu'elle obtiendra le Hugo dans la catégorie "Non-fiction book" en 1998.

Le tarnier de Gor (OPTA 1985).jpg

Note GHOR : 3 étoiles