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08/10/2009

_Divine invasions : A life of Philip K. Dick_

Divine invasions : A life of Philip K. Dick : Lawrence SUTIN : 1991 : Citadel Twilight : ISBN-10 0-8065-1228-8 : 352 pages (y compris annexes et index) : coûtait 20 USD pour un TP (avec cahier central de photographies N&B), se trouve aisément en VO ou VF au vu du grand nombre d'éditions existantes.

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Comme son sous-titre l'indique, cet ouvrage est une biographie de Philip K. Dick. Cet auteur est l'un de ceux qui fascinent le plus les amateurs du genre, en particulier en France comme l'atteste l'importante (pour notre pays s'entend) littérature qui lui est consacrée (y compris une autre biographie "romancée" par Carrère). Il est d'ailleurs symptomatique de voir que ce titre est l'une des rares biographies d'un auteur de SF à avoir été traduite et qu'il en existe même deux éditions (Denoël "Présences" & Folio-SF). A noter que cet ouvrage est une reprise en format plus accessible de l'EO éditée par Harmony Books fin 1989.

Solar lottery (Arrow 1972).jpg

Ecrite par Lawrence Sutin, un professeur d'université américain, cette biographie suit logiquement le format standard de l'ordre chronologique. Elle est découpée en douze chapitres qui, suivant leur importance dans la vie de l'auteur, couvrent une durée variable. Par exemple un chapitre entier est consacré à l'année suivant les fameuses visions de PKD (1974-1975).  Plusieurs annexes complètent cette biographie : une sorte (puisque n'apportant que le strict minimum en matière de données) de bibliographie commentée et notée (sur 10) qui discute les livres (recueils ou romans), un liste de sources et un index thématique. Un petit (8 pages) cahier central de photos est inséré au milieu du livre mais se révèle d'un rendu d'une piètre qualité (style photocopie) probablement à cause du papier utilisé.

Galactic pot-healer (Berkley 1974).jpg

Il est difficile de reprocher quoi que soit au travail immense de Suvin. Son récit de la vie de l'auteur s'appuie largement appuyé sur la masse des écrits "périphériques" laissés par Dick (certains étant d'ailleurs inédits) et par de nombreuses rencontres avec ses amis, les membres de sa famille ou certains de ses confrères et/ou admirateurs (on croisera fréquemment Jeter ou Bishop). L'ouvrage est très dense, y compris au niveau de la police de caractère (un peu petite) et demande une lecture attentive.

Deus irae (Sphere 1978).jpg

Même je déplore que les éléments bibliographiques soient un peu traités par dessus la jambe, mon principal problème avec ce livre très fouillé est son personnage principal. Pour faire simple, il ressort de tout ceci qui Dick était parfois (souvent ?) "borderline". Du coup, le spectacle de la lente descente aux enfers d'un esprit presque dérangé ne m'a pas particulièrement passionné, d'autant plus que je ne suis pas un grand admirateur de ses oeuvres les plus récentes. Lire des pages sur ses expériences (soit-disant) mystiques et sur la signification de l'univers telle qu'elle lui a été révélée par un rayon rose n'a pu que me conforter dans cette posture.

Le dieu venu du Centaure (Marabout 1977).jpg

Un très bon livre sur un auteur central du genre mais à réserver à ceux qui sont intéressés par le fonctionnement d'un esprit "différent" et auto-destructeur.

 

 Note GHOR : 2 étoiles

08/09/2009

_This is me, Jack Vance ! (Or, more properly, this is "I")_

This is me, Jack Vance ! (Or, more properly, this is "I") : Jack VANCE : Subterranean Press : 2009 : ISBN-13 978-1-59606-245-0 : 208 pages (y compris cahier de photographies N&B) : 40 USD pour un HC avec jaquette.

This is me, Jack Vance !.jpg

Jack Vance (né en 1916) est probablement l'un des derniers grands auteurs de l'age d'or encore en vie. Il nous livre ici son autobiographie telle qu'il l'a dictée puisque sa vue défaillante ne lui permet plus d'écrire lui-même. Elle est publiée par Subterranean Press, un petit éditeur américain spécialisé dans les ouvrages luxueux à destination des collectionneurs et qui a à son catalogue une certain nombre de titres de Vance ou autour de lui.

Wyst Alastor 1716 (Coronet 1980).jpg

Comme il s'agit d'une autobiographie, Vance ne déroge pas au format chronologique habituel. Il nous raconte donc sa vie en 13 chapitres d'une longueur assez variable et qui se concentrent plutôt sur ses jeunes années (on atteint à peine 1974 au trois quart du livre). En fait, le terme d'autobiographie est assez trompeur puisque la majeure partie du livre est plutôt ce que les anglo-saxons appellent un travelogue (un journal de voyages en VF), un type de texte que l'on rencontre parfois sous la plume d'autres auteurs de SF (Heinlein en est le meilleur exemple). Dans la pratique, le Jack Vance "auteur" est totalement absent du livre à l'exception d'une partie intitulée "Final word" qui nous donne, visiblement à contrecoeur, quatre pages sur l'écriture. Le livre se termine par un cahier photographique (en N&B) d'une dizaine de pages. Il n'y a pas d'index.

The star king (Coronet 1980).jpg

Etant un grand amateur de Vance, je dois bien avouer que cet ouvrage m'a particulièrement énervé. J'ai tout d'abord été profondément déçu par le texte lui-même. Au début (la jeunesse de l'auteur et les années de marin), on se dit que c'est assez normal qu'il ne se passe pas grand chose d'intéressant et que l'extrême platitude de la narration n'est que le prélude à des parties autrement savoureuses comme Vance sait si bien les faire. Et bien non. Est-ce un symptôme de facultés intellectuelles sur le déclin ? En tout cas, le livre n'offre aucun plaisir en tant que texte. C'est plat, mal écrit et surtout absolument sans intérêt. L'auteur égrène un liste de destinations dont la lecture est aussi passionnante que celle d'un billet d'avion : "Next day we retrurned downriver and flew back to Singapore, then to Hong Kong and finally back to Oakland.". Il nous raconte des trucs aussi importants que le fait qu'il ait donné sa voiture à un garagiste en Allemagne (et c'est tout). Le tout est parsemé d'anecdotes sans aucun intérêt (deux légionnaires français qui sont bousculés lors d'une soirée à Tahiti) ou dont le traitement déçoit de la part de Vance qui nous explique qu'il a dîné dans le meilleur restaurant français (La Pyramide) et que c'était génial mais qui ne nous indique même pas ce qu'il a mangé (on apprend juste que son fils est resté dans la voiture à lire), chose surprenante venant d'un auteur si à l'aise avec la description des plaisir de la table. Il n'y a aussi aucun romantisme. Pour un ouvrage dédicacé à sa femme Norma (décédée en 2008), celle-ci est étrangement absente et traverse le livre comme une silhouette traitée sans émotion ni affection.

Galactic effectuator (Coronet 1983).jpg

Pour ajouter à cette déception vis à vis du texte lui-même, je suis aussi en colère contre l'éditeur. Si, en tant qu'amateur de SF ou de Fantasy, je crache 40 USD pour un livre de 200 pages bien aérées (presque deux fois le prix d'un HC de ce type), c'est parce qu'il s'agit de l'autobiographie de JACK VANCE et que je m'attends à lire des choses sur le Jack Vance qui m'a fait rêver, à savoir l'auteur, mais pas une liste non commentée de noms de lieux et de moyens de transport. Pour être franc, on est presque dans l'abus de confiance et on retrouve bien le positionnement de l'éditeur dont la spécialité est justement les ouvrages hors de prix pour une population de pigeonsclients dans mon genre prêts à mettre la main au portefeuille pour un texte supplémentaire ou un bonus inédit. Je veux bien passer sur le Reynolds à 35USD pour 85 pages mais là je trouve que les limites de l'honnêteté sont atteintes : produit très cher, trompeur (un travelogue pour une autobiographie) et de mauvaise qualité. Cela fleure bon l'exploitation à outrance d'un filon.

The six directions of space (Subterranean 2008).jpg

Globalement, ce livre ne vous apprendra rien sur Vance l'écrivain (si, qu'il utilise un stylo à plume avec de l'encre bleue ou noire), ne vous donnera qu'une vision fugace de Vance l'homme (le jeune homme, le père, le mari, le patriarche) et vous dira presque rien sur le monde vu par l'auteur. Au final cet ouvrage est un joli attrape-gogo ou l'illustration parfaite de la crédulité des passionnés. Lisez et faites lire les fictions de Vance, c'est sûrement le plus bel hommage à lui rendre. 

Marune Alastor 993 (Coronet 1978).jpg

Note GHOR : 0 étoile

05/08/2009

_C'est dans la poche ! Mémoires_

C'est dans la poche ! Mémoires : Jacques SADOUL : Bragelonne (Collection Essais) : 2006 : ISBN-10 2-915549-64-8 : 206 pages (pas d'index) avec un cahier photographique central en N&B sur papier glacé (non paginé) : 17 Euro pour un TP format carré.

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Cet ouvrage est donc l'autobiographie de Jacques Sadoul. Ce dernier a longtemps été l'un des acteurs majeurs du genre en France depuis la fin des années 60. Directeur du CLA à ses débuts puis directeur de J'ai Lu, ses choix éditoriaux (sa Van Vogt mania par exemple) ont durablement marqué le paysage de la SF dans notre pays. C'est aussi un auteur de romans (plutôt fantastiques) et d'ouvrages de référence dont sa célèbre Histoire de la Science-Fiction moderne, texte incontournable et rarement égalé (malgré ses défauts) y compris dans le monde anglo-saxon.

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Le livre est organisé de façon logiquement chronologique avec un chapitre par année de 1956 à 2001 dans lesquels Sadoul nous raconte son quotidien de directeur de collection ainsi que les nombreuses rencontres qu'il a pu faire au cours de sa carrière. L'ouvrage est illustré par un important (32 pages) cahier central qui rassemble des photographies en N&B montrant plus les personnages cités dans le livre que Sadoul lui-même. En bonus, on trouve une sorte de "bêtisier" de l'auteur compilé par sa secrétaire.

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Loin d'autres autobiographies pompeuses, on appréciera l'autodérision dont fait preuve Sadoul et qui rend cette plongée dans le monde de l'édition "à l'ancienne" très agréable à lire. On y croise pas mal d'acteurs du genre (écrivains, illustrateurs, éditeurs) que Sadoul remet parfois à leur place. C'est un livre au ton léger et sans grandes prétentions mais qui donne une idée des contraintes de l'édition, même si tout cela semble parfois d'un grand amateurisme comparé aux méthodes modernes de gestion.

Histoire de la science-fiction moderne T1 (JL).jpg

Comme J'ai Lu faisait aussi bien autre chose que de la SF, l'amateur ne devra pas être surpris de la portion somme toute congrue qui est réservée au genre (même si la majorité des photos le concerne). L'intérêt de cet ouvrage s'en trouvera donc d'autant diminué et ce malgré ses qualités. On pourra aussi regretter de ne pas trouver plus de scoops croustillants ou de révélations fracassantes dans cet ouvrage assez intimiste. Au final, un livre paisible, sans comptes à régler, qui résume bien une longue et productive carrière.

 

Note GHOR : 1 étoile (pour la trop petite partie SF)

03/08/2009

_Other spaces, other times_

Other spaces, other times : Robert SILVERBERG : Nonstop Press : 2009 : ISBN-13 978-1-933065-12-0 : 199 pages (y compris index et bibliographie) : 30 USD pour un HC format carré abondamment illustré (disponible chez l'éditeur : http://www.nonstop-press.com/).

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Cet ouvrage est une sorte d'autobiographie de Robert Silverberg. Je dis une sorte parce qu'il s'agit en fait d'une compilation des écrits existants de Silverberg qui ont une connotation biographique. Sont donc rassemblés ici des éditoriaux, des introductions à des nouvelles et une mise à jour datant de 1998 de son récit autobiographique (Sounding brass, tinkling cymbal) paru initialement dans Hell's cartographers.

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Cet ensemble est organisé en quatre parties très inégales : "Beginnings" (la jeunesse de l'auteur), "On writing SF" (des focus sur certains textes précis), "Autobiography" (la mise à jour de son autobiographie officielle) et "Miscellany of a life" (sujets divers). Ces textes de Silverberg sont suivis par une copieuse bibliographie (à la mesure de la productivité de l'auteur mais néanmoins partielle) organisée de façon classique, à savoir avec une partie pour les livres (romans, recueils et non fiction) et une partie pour les nouvelles. On notera une couverture géographique assez variable qui ne traite que certaines traductions (VF par exemple). L'ouvrage se termine par un index et le tout est magnifiquement illustré par de nombreuses reproductions (moitié couleurs, moitié N&B) tant de couvertures des diverses éditions internationales des textes de l'auteur que de photos ou documents personnels.

Collision course (Ace Double F-123).jpg

Il est toujours très intéressant de pouvoir lire les propos d'un auteur sur sa propre carrière, puisque c'est souvent riche d'enseignements de première main (évidemment). Silverberg étant de plus un raconteur d'histoires né, ce livre se lit avec facilité et plaisir. Bien sûr, on regrettera que certains épisodes clés soient un peu escamotés (on pensera à son départ théoriquement définitif du genre dans les années 70, son premier mariage ou ses relations avec Randall Garrett) et un ton général dont la modestie n'est pas le point fort (on croirait parfois lire du Asimov), mais ce qui gêne le plus la lecture est le côté épisodique de l'ensemble. Cette succession de textes écrits en des occasions diverses sur plusieurs décennies n'évite pas les redites et manque surtout d'une vraie ligne directrice autobiographique, certes classique mais éprouvée. En fait, il aurait mieux valu que Silverberg reprenne sa troisième partie et l'enrichisse plutôt que de se livrer à ce collage de divers documents qui a surtout dû lui demander nettement moins de travail.

Invaders from earth (Ace Double D-286).jpg

Autre point regrettable, la bibliographie fournie est difficilement exploitable. Incomplète (des éditions sont omises tant en VO qu'en VF), parfois erronée (on y lit par exemple pour la VF que les J'ai Lu sont des HC), elle souffre surtout de l'absence de choix clairs dans ce qui est couvert (tout ? les premières éditions ? les premières éditions par pays et format ?...) et d'un niveau de détail variable (certains textes sont commentés, d'autres non). C'est donc une partie importante du livre (une trentaine de pages) qui est à la fois inutilisable pour faire de la recherche parce que manquant de fiabilité et de précision mais qui est alors presque trop détaillée pour un simple listing. En fait cela ressemble plus à la compilation du contenu d'une bibliothèque (celle de l'auteur ?) qu'à un travail de fond.

Next stop the stars (Ace Double F-145 1962).jpg

Tout cela ne doit pas faire oublier que c'est un ouvrage qui se lit bien et qui apportera à ceux qui n'ont pas déjà lu Silverberg sur lui-même un éclairage bienvenu. En plus, physiquement l'ouvrage est très beau, solide, agréable à manipuler et comporte de magnifiques illustrations. Ce n'est pas la biographie définitive de l'auteur mais un bon moment à passer avec lui.

Note GHOR : 2 étoiles

17/06/2009

_Astounding days : A science fictional autobiography_

Astounding days : A science fictional autobiography : Arthur C. CLARKE : Gollancz : 1990 : ISBN-10 0-575-04774-7 : 224 pages (y compris appendice mais pas d'index ni de bibliographie) : coûtait à l'époque 5 GBP pour un TP (existe aussi en HC).

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Cet ouvrage est la reprise en TP d'un titre paru l'année précédente (1989) en HC. Comme son sous-titre l'indique c'est à la base une autobiographie de Clarke qui s'étend schématiquement de 1930 (sa rencontre avec la SF) à 1945 (la fin de l'âge d'or). L'originalité de ce livre est que Clarke met en parallèle d'une façon permanente son existence de jeune adulte avec et l'évolution du magazine Astounding (qui n'était pas encore devenu Analog à l'époque).

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Organisé en quatre grandes parties dont les trois premières correspondent chacune à un des "editors" de la revue (Bates 1930-1933, Tremaine 1933-1937, Campbell 1937-1971), l'ouvrage est donc un mélange de réminiscences strictement personnelles (découverte de la SF, études, premier travail, guerre, activité au sein de la British Interplanetary Society, premiers textes...), d'histoire du magazine, de relation des évènements ayant impacté le genre naissant (chute de la maison Clayton, décès de Weinbaum...) et de tout un tas d'autres informations qui "viennent" à Clarke lors de sa narration.

Le livre ne comporte pas d'index ni de bibliographie mais offre en appendice la liste des contributions de Clarke à Astounding/Analog : fictions (7 nouvelles dont une est reproduite ici) et non-fictions. Sont aussi reproduites intégralement les quelques lettres de Clarke publiées dans le magazine.

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C'est un livre qui offre une expérience de lecture un peu bizarre. En effet, le côté "patchwork" de l'ensemble mêle trois lignes directrices distinctes (la vie de Clarke, l'histoire d'Astounding/Analog, les réflexions générales sur la SF) dans une certaine absence de cohérence (thématique ou chronologique). Du coup on peut lire dans un même chapitre une discussion sur Williamson et Cummings, une histoire du microscope, un avis scientifique sur la possibilité d'insectes géants et une anecdote sur le frère jumeau de Robert Goddard (le pionnier américain des fusées).

Spider island (Haffner 2002).jpg

Au final un livre qui, grâce au talent de Clarke, se révèle plutôt agréable à lire et solidement documenté, mais qui aurait très nettement gagné à être divisé en plusieurs parties homogènes (autobiographie, histoire du magazine, portraits d'auteurs et divers) plutôt que de forcer le lecteur à suivre un discours qui pourrait paraître assez décousu. L'absence d'index ne peut d'ailleurs que réduire très fortement l'utilisation de cet ouvrage comme source exploitable de références alors qu'il s'agit quand même de la parole (ou des souvenirs) de l'un des auteurs majeurs du genre.

 

Note GHOR : 2 étoiles