24/02/2013
_L'imaginaire médical dans le fantastique et la science-fiction_ & _L'imaginaire du temps dans le fantastique et la science-fiction_
L'imaginaire médical dans le fantastique et la science-fiction : Jérôme GAUFETTE & Lauric GUILLAUD (editors) : 2011 : Bragelonne (Collection "Essais") : ISBN-13 978-2-35294-442-3 : 376 pages (pas d'index, bibliographies variables) : coûte 40€ pour un tp non illustré disponible en neuf.
L'imaginaire du temps dans le fantastique et la science-fiction : Natacha VAS-DEYRES & Lauric GUILLAUD (editors) : 2011 : Presses Universitaires de Bordeaux (#91 de la revue Eidôlon) : ISBN-13 978-2-903440-91-6 : 290 pages (pas d'index, bibliographies variables) : coûte 23€ pour un tp non illustré disponible en neuf.
Chers amis lecteurs, afin de vous faire gagner du temps, le GHOR a décidé de vous proposer d'évoquer deux livres en un seul et même avis. Deux ouvrages aux titres très proches, parus la même année, l'un dans la méritante collection d'essais de l'éditeur maudit Bragelonne et l'autre au sein d'une revue littéraire, deux volumes basés sur le même principe (une collection d'essais autour d'un thème suffisamment vague), impulsés par la même structure (le CERLI d'Angers) et ayant de nombreux auteurs en commun (presque la moitié). Dans un souci (louable) de rationalisation, ils feront donc critique commune.
La toute première constatation qu'appelle ce duo d'ouvrages est que l'étude de la SF ne doit pas bien se porter dans notre pays. En effet, la portion réservée à la SF stricto-sensu est particulièrement faible puisque, à la louche, un petit tiers de l'ensemble doit lui être consacré (à noter que le cas de la Fantasy est pire, avec un nombre d'essais se comptant aisément sur les doigts d'une seule main). Même si le terme à la mode de l'Imaginaire englobe plusieurs genres, je ne suis pas convaincu que les amateurs d'horreur soient forcément intéressés par une étude sur Greg Bear (par Minne), et que les fans de SF aient envie de se passionner pour des nouvelles "irréalistes" (ce qui semble vouloir dire vaguement policières et vaguement fantastiques) britanniques parues entre 1850 et 1900 (le sujet de l'essai de Desmarets). Cette alliance de la carpe et du lapin qui se manifeste trop souvent dans les ouvrages de référence francophones est soit due au manque d'intervenants potentiels, soit à un certain mépris des genres mineurs qui peuvent aisément être parqués ensemble.
L'idée exprimée plus haut qu'il manque peut-être de spécialistes francophones pour discourir sur la SF (ou la Fantasy) peut être accréditée par la deuxième constatation, à savoir qu'il y a, dans ces ouvrages, des textes qui n'ont strictement aucun rapport avec genre. On va y trouver une étude sur l'image de l'hôpital (Jandrok), sur le "transcorps" (Andrieu) ou sur Gödel où l'auteur (Cassou-Noguès) a cette touchante confidence : "Je n'étudierai pas à proprement parler ces textes de science-fiction..." ce qu'il s'empresse de d'ailleurs de faire. Cet état de fait (peu d'intervenants) est aussi perceptible dans les nombreux auteurs qui apparaissent dans les deux sommaires (Minne, Ménégaldo, Lagoguey, Vas-Deyres, Jandrok, Guillaud, Dupeyron-Laffay, André) et qui pour certains (Lagoguey) traitent de sujets similaires (PKD).
La troisième constatation est que la crédibilité des papiers présentés serait sans doute renforcée par un minimum de relecture et d'attention portée aux détails. Même si le lecteur un tant soit peu connaisseur du genre est capable de corriger l'information instantanément, la mention dès la page 11 du Bragelonne du célèbre texte de John Varley Blood Music pique un peu les yeux. On peut sans doute imputer à ce qui semble être un manque de travail un certain nombre de curiosités : Robert Matheson, Marck Reynolds, plusieurs Frederick Pohl (comme sur certains PdF), plusieurs Man in the hight castle, des affirmations un peu rapides (les textes de Guardians of Time/La patrouille du temps écrits dans les années 60, Les temps parallèles traduit en 2004) ou le fait que les titres soient parfois donnés en VO et parfois traduits, le tout sans aucune logique apparente. Dans le même esprit, il est dommage que l'essai sur l'immortalité de Guillaud dans le Bragelonne (qui à la lecture semblait un article d'encyclopédie) fasse, après vérification, de très larges emprunts non crédités à des entrées de la SFE de Clute & Nicholls, puisque l'on y retrouve des pans entiers (les plus visibles étant par exemple des listes d'oeuvres) issus directement des articles CRYONICS & SUSPENDED ANIMATION. A 40€ le volume, on pouvait espérer un peu mieux.
Globalement et en ce qui concerne les textes relatifs à l'ensemble SF&F (je n'ai pas d'avis sur ceux traitant de l'horreur ou du fantastique) les deux ouvrages donnent une impression d'approximation et de hors-sujet, en ce sens que les auteurs (comme souvent avec certains universitaires spécialisés) partent souvent de quelques textes de SF pour bifurquer le plus rapidement possible sur leur vrai domaine d'expertise. On pourra quand même sauver de ces recueils ratés quelques essais : Besson sur les guérisseurs dans la Fantasy, les deux textes de Lagoguey sur PKD, l'étude de Héraud sur Les temps parallèles. Au final, un couple d'ouvrages dont l'intérêt pour l'amateur de SF est très limité et dont la qualité de finition laisse à désirer, un point regrettable vu leur prix surtout pour le Bragelonne, qui n'est vraiment pas donné. Sur l'ensemble, L'Eidôlon est quand même un cran au dessus.
Note GHOR : 1 étoile pour l'ensemble (0 pour le Bragelonne, 1 pour le PUB)
17:46 | 17:46 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : français, 1 étoile | Tags : français, 1 étoile
08/12/2012
_La Science-Fiction en France_
La Science-Fiction en France : Théorie et histoire d'une littérature : Simon BREAN : 2012 : Presses de l'Université Paris-Sorbonne : ISBN-13 978-2-84050-851-9 : 501 pages (y compris index et bibliographies) : coûte 22 Euros pour un TP non illustré, disponible dans toutes les bonnes librairies et chez l'éditeur (http://pups.paris-sorbonne.fr/pages/aff_livre.php?Id=991).
Attendu comme le messie par une partie des amateurs français grâce à un buzz persistant, cet ouvrage est dû à la plume de Simon Bréan, un chercheur et professeur français en littérature rattaché à la Sorbonne, spécialiste de la SF française. Ce livre est donc la publication remaniée de sa thèse qui a été soutenue en 2010. Vu les ambitions affichées et le niveau supposé du livre, il s'agit là de l'une des parutions majeures dans le domaine des ouvrages de référence en français de ces dernières années, ce qui explique probablement toute l'exposition médiatique (en tout cas dans le petit milieu de la SF) qui l'a entouré.
L'ouvrage débute par une préface de Gérard Klein, un des hommes orchestre de la SFF, un auteur que l'on aura d'ailleurs souvent l'occasion de croiser au fil de la lecture. Suit une longue introduction théorique de l'auteur qui définit la SF comme un régime ontologique matérialiste spéculatif et qui la place par rapport à d'autres "genres" ou productions littéraires. Les quatre chapitres suivants s'étendent sur la moitié du livre et brossent une histoire de la SF française et en France. On aborde donc d'abord les précurseurs et l'état du genre en 1950 puis chaque décennie est ensuite étudiée dans un chapitre dédié (le tout s'arrête en 1980 même si un bref bilan historique nous amène jusqu'au présent). Après cette séquence historique on bascule ensuite dans la partie théorique avec tout d'abord un chapitre sur les spécificités du genre tant au niveau de la construction littéraire que du processus de lecture lui-même. La partie suivante est plutôt d'essence thématique puisqu'elle balaye les principaux thèmes (voyage spatial, machines pensantes, extraterrestres, etc.) du genre en liaison avec la section historique. Le chapitre suivant développe la théorie du "macro-texte" commun qui encapsule tous les récits de SF et approfondit les parcours littéraires de deux auteurs : Gérard Klein et Pierre Pelot (sur la période étudiée). Une brève conclusion termine l'ouvrage et précède de volumineuses annexes : chronologie du genre, chronologie des régimes ontologiques, tableaux synthétiques des ouvrages parus en France, bibliographie primaire et secondaire et deux index (général et des oeuvres).
Avant d'aborder le contenu de cet ouvrage, il me paraît important de le redéfinir un peu. Sans avoir d'idée préconçue quant au contenu de l'ensemble et en me fiant au titre (et au sous-titre) : La Science-Fiction en France : Théorie et histoire d'une littérature, le livre que j'ai été amené à lire ne correspondait pas vraiment au ce qui était annoncé. En effet, j'ai plutôt lu un ouvrage qui aurait pu majoritairement s'appeler : Les romans de la Science-Fiction française des origines aux années 1980 tels que perçus par la revue Fiction. En effet, hormis quelques paragraphes contextualisants, seuls les auteurs et le domaine français sont étudiés (et encore uniquement les romans) et la partie historique est placée sous le prisme quasiment unique des analyses et avis donnés dans Fiction. Il est vrai que l'auteur s'en explique dès l'introduction, mais j'avoue bêtement aimer acheter le produit promis et non un autre.
Ensuite, j'ai eu parfois du mal avec le projet du livre et son articulation. L'introduction laissait présager d'un ouvrage théorique sur le genre dans la lignée de Langlet ou de Saint-Gelais avec la classique tentative de définition du genre et les habituelles problématiques de l'exercice. Pourtant la suite bascule dans une histoire de la SF française en France qui ressemble beaucoup dans son esprit et son exécution (vie et mort des collections, résumés -parfois longs- des intrigues, querelles de personnes, etc.) à la partie française de l'histoire du genre racontée par Sadoul, aux bémols près 1) d'une certaine tendance à réécrire l'histoire en se basant souvent sur des commentaires (par exemple les préfaces de Klein) rédigés des années après les évènements évoqués et 2) d'une utilisation trop exclusive du matériau extrait de Fiction. Outre le fait que je n'ai jamais été vraiment Fiction mais plutôt Galaxie (je confesse aussi n'apprécier guère le F&SF original), il me paraît dommage de n'avoir retenu qu'un son de cloche. Même si les autres sources sont certainement plus difficiles à obtenir (fanzines, autres magazines, rares articles ou ouvrages de référence), il existait un "autre" discours critique (parfois écrit par les mêmes personnes, cf. le cas de Satellite) même s'il était moins développé ou moins influent que la "mafia" de Fiction. Cette copieuse (mais limitée dans son horizon) histoire du genre contée, retour à la théorie avec la meilleure partie du livre sur les objets et leur positionnement, même si le remplacement de la xénoencyclopédie de Saint-Gelais par le vade-mecum de Bréan n'est pas forcément une avancée fulgurante. J'ai beaucoup apprécié le travail passionnant sur les réécritures de Drode ou Curval qui est hélas bien trop court. Le chapitre suivant, une sorte de catalogue thématique, m'a complètement échappé, d'autant plus qu'une partie est constituée de redites d'éléments d'intrigues déjà dévoilés dans les chapitres historiques (j'ai même eu l'impression -peut-être fausse- d'y lire les mêmes phrases). Le retour à la théorie est alors le bienvenu surtout que (AMHA) on touche là à la vraie spécificité de la SF, à savoir l'aspect hyper-référentiel du genre et les demandes qu'il impose tant au lecteur (via les protocoles de lecture chers à Delany) qu'à l'auteur (qui doit intégrer tout un corpus à l'aune duquel il est jugé). Toutefois, les théories de Broderick sont plutôt à lire directement chez l'auteur (même si Reading by Starlight est parfois indigeste). De plus, j'ai été littéralement arrêté dans ma lecture par la fin de ce chapitre qui est constituée par deux études d'auteurs (dont l'omniprésent GK) certes très intéressantes mais dont la présence semble pour le moins incongrue tant elles semblent être autonomes (les liens avec le macro-texte qui les parsèment me paraissant presque "rajoutés"). L'étude sur Klein (et les parties du livre consacrées aux débuts du FNA) entrent d'ailleurs particulièrement en résonance avec les travaux contemporains de Lyau sur le même sujet (là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2011/04/26/the-anticip...).
Même si l'on ne peut qu'être admiratif devant la quantité de travail fournie par l'auteur (et de son courage pour avoir lu certains vieux FNA), un certain nombre de détails auraient gagné à être approfondis et vérifiés directement à l'origine ou recoupés avec des sources fiables. Par exemple, et contrairement à ce qui est écrit par Bozzetto (là-dedans : http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/08/31/rah-peyresq...), Slan n'est pas un fix-up; le passage du format pulp à un format plus modeste ne date pas forcément de la fin des années 40 mais plutôt du milieu de la décennie (1943 pour le leader Astounding); le fait est que, contrairement à l'idée reçue, les nouvelles parues dans Galaxie (surtout dans sa deuxième incarnation) proviennent souvent d'autres magazines que de Galaxy (WoT, If et même New Worlds); ou l'anthologie Marginal (telle que publiée par OPTA) n'a pas eu 16 numéros dans notre réalité. Cette (fugitive) impression d'approximation est aussi présente en règle générale dans les parties consacrées au survol historique de la SF anglo-saxonne qui sont tellement résumées qu'elles pourraient parfois donner une image un peu déformée de la réalité, un lecteur non averti pourrait penser à la lecture de l'ouvrage que le New Worlds des années 70 est le descendant direct de celui de 1946. Pour terminer les reproches, il est dommage que la riche bibliographie secondaire soit tellement segmentée qu'elle en est inexploitable (même si cette problématique de classement se retourve pour toute liste d'ouvrages de référence, y compris ici).
Au final, pour un lecteur récent du genre, le livre représente une très pertinente synthèse d'un certain nombre de concepts théoriques et permet de connaître l'histoire de la production autochtone de la SF dans notre pays (au moins jusqu'en 1980). A ce titre, il est une addition bienvenue au catalogue des ouvrages de référence en VF. Toutefois, les amateurs plus au fait des travaux sur le genre pourront percevoir ce livre comme une certaine concaténation d'ouvrages existants (Lyau+Fiction+Saint-Gelais+Langlet+Sadoul+Wolfe+Broderick+Le Rayon SF) qui détaillent parfois de façon plus approfondie les mêmes sujets. A ce titre, il est au final d'un intérêt moindre.
Note GHOR : 2 ou 3 étoiles ("your mileage may vary" comme disent nos amis anglo-saxons)
17:21 | 17:21 | Ouvrages généraux sur la SF | Ouvrages généraux sur la SF | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (4) | Commentaires (4) | Tags : français, 2 étoiles | Tags : français, 2 étoiles
19/11/2012
_Fleuve Noir : 50 ans d'édition populaire_
Fleuve Noir : 50 ans d'édition populaire : Juliette RAABE : 1999 : Bibliothèque des littératures policières : ISBN-10 2-84331-046-6 : 191 pages (pas d'index ni de bibliographie) : coûtait 130 FF pour un TP illustré en N&B.
Cet ouvrage est chroniqué ici pour mémoire. En effet, il s'agit d'un dossier réalisé conjointement à une exposition organisée (fin 1999 - début 2000) par les bibliothèques de la ville de Paris. Cette exposition portait sur l'éditeur populaire Fleuve Noir. Cet éditeur ayant eu à son catalogue plusieurs collections de SF dont bien sûr la mythique "Anticipation", le contenu de cet ouvrage pourrait être susceptible d'intéresser les amateurs du genre même s'il est clairement axé sur le policier.
Hélas (pour l'amateur du genre), à la lecture, on ne peut que constater que la partie consacrée à la SF est minimale. Seules quelques pages de RCW traitent de la collection "Anticipation" et les interviews des auteurs liés au genre (Houssin, Pelot, Mazarin, Arnaud, Morris) sont soit anecdotiques (1 page pour les deux premiers) soit évoquent leur travail dans d'autres domaines. Comme l'analyse contextuelle ou économique n'est pas le fort de l'ouvrage, l'histoire du FNA reste encore à écrire (malgré le Douilly qui représente un petit pas dans cette direction).
Pas de note GHOR
08:33 | 08:33 | Ouvrages de référence divers | Ouvrages de référence divers | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : français | Tags : français
07/07/2012
_Le petit guide à trimbaler de Philip K. Dick_
Le petit guide à trimbaler de Philip K. Dick : Etienne BARILLIER : Les 3 souhaits - Editions ACTU-SF : 2012 : ISBN-13 978-2-917689-37-0 : 183 pages : 6 Euros chez l'éditeur (http://www.editions-actusf.fr/) pour un petit poche format carré non illustré.
Cet ouvrage au format si particulier est le dernier opus dans la série des guides de poche publiés par les éditions ActuSF, après ceux sur la SF (anglo-saxonne et française), la Fantasy et la Bit-Lit. Vu la réputation quasiment "culte" que possède cet auteur auprès du lectorat français et compte tenu de certains projets éditoriaux en cours, il n'est guère étonnant que PKD soit le premier écrivain à être traité en détail dans cette série. Ce volume s'ajoute donc à la copieuse (toutes proportions gardées) liste de titres en VF consacré à Dick. Son positionnement est par contre différent de la plupart des autres études sur PKD en ce sens qu'il se veut comme un "simple" guide permettant au néophyte de choisir dans la production parfois inégale de l'auteur.
L'ouvrage est divisé en 8 chapitres de taille très variable. Le premier (une dizaine de pages) est une préface qui se présente sous la forme originale de dix questions sur PKD. Il est suivi par la partie la plus importante (presque la moitié du texte) qui est consacrée aux livres (comprendre les romans) de l'auteur. Elle est classée par ordre chronologique et est découpée en époques (des premières années à l'Exégèse). Chaque titre est présenté d'une façon standard avec éléments bibliographiques, synopsis et commentaires, le tout sur une ou deux pages. Le chapitre 3 est une biographie de l'auteur et le 4 traite des adaptations, de fait surtout cinématographiques. Suit une partie sur les influences Dickiennes dans divers médias, un chapitre de deux pages sur jeux vidéo, un autre sur les études existantes sur PKD (incluant des sites web). Les nouvelles sont l'objet du dernier et court (5 pages) chapitre qui est suivi par une sélection de romans, une conclusion lapidaire et un index des titres.
Au risque de paraître m'acharner sur cette maison d'édition, je dois avouer n'avoir guère goûté ce titre. Tout d'abord, on va retrouver dans cet ouvrage un certain nombre de "tics" propres à la bibliographie Dickienne, citons pêle-mêle la mention systématique des titres de travail, celle des dates d'écriture et surtout l'habitude de discuter assez longuement (et vainement) d'oeuvres aujourd'hui disparues que l'on ne connaît que par quelques lignes à leur sujet dans des courriers professionnels, ou de films purement virtuels. Ensuite, l'ensemble de l'entreprise (un guide sur PKD) et son timing semblent assez connectés avec la (re)mise sur le marché des oeuvres de PKD par J'ai Lu. On notera que cet éditeur, d'ailleurs souvent cité en exemple (cf. la préface), s'est justement offert deux pages de publicité dans l'ouvrage. Une synchronicité qui ressemble assez à une sorte de joint-venture.
Mais le point le plus gênant est que cet ouvrage, en tout cas dans son deuxième chapitre, ressemble BEAUCOUP au petit opus consacré à PKD par Andrew M. Butler en 2007 (chez Pocket Essentials, voir là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2010/06/18/philip-k-di...). On va non seulement retrouver chez Barillier une présentation des romans qui est visiblement décalquée sur celle de Butler (avec les mêmes informations présentées dans le même ordre), mais aussi retrouver des parties de texte qui sont de simples traductions du travail de Butler. Par exemple dans le cas de The Broken Bubble/La bulle cassée, après des éléments bibliographiques strictement identiques (sauf que Butler donne le jour précis de la fin d'écriture) on va trouver le texte suivant en VO : "Story: July 1956, San Francisco. Jim Briskin is suspended from his radio programme for refusing to read an advert over the air. He meets Art and Rachel Emmanual, a teenaged married couple..." et dans la VF "Synopsis: Juillet 1956, San Francisco. L'animateur de radio Jim Briskin est mis à pied parce qu'il a refusé de lire à l'antenne une publicité ridicule. Il rencontre peu après un très jeune couple, Art et Rachel Emmanual...". Il est certes logique que le synopsis d'un même roman présente des similitudes (après tout c'est le résumé de la même histoire), mais à ce point c'est assez étrange. D'autant plus que ces ressemblances de structure, de tournures de phrases ou de discours sont récurrentes dans tout le deuxième chapitre. Du coup quand Barillier évoque l'ouvrage de Butler par : "Un petit précis dans le même esprit que celui que vous tenez entre vos mains !", un esprit chagrin pourrait penser que ces deux ouvrages ne partagent pas seulement le même esprit. Ces affections bibliographiques, ce mercantilisme et ces emprunts sont au final dommageables à un ouvrage plutôt sympathique et dont certaines parties (on pensera à la biographie, claire et allant à l'essentiel pour aborder l'auteur ou au chapitre sur les adaptations de PKD) sont parfaitement maîtrisées et adaptées à leur but d'initiation à l'univers de Dick.
Note GHOR : 1 étoile
11:53 | 11:53 | Etudes mono-auteur | Etudes mono-auteur | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : philip k. dick, français, 1 étoile | Tags : philip k. dick, français, 1 étoile
02/06/2012
_La Science Fiction illustrée_
La Science Fiction illustrée - Une histoire de la S.F. : Franz ROTTENSTEINER : 1975 : Seuil : pas d'ISBN : 160 pages (y compris bibliographie) : mon exemplaire affiche un prix de 35 FRF pour un livre grand format à la couverture souple et largement illustré.
Dû à la plume de Franz Rottensteiner, un auteur/critique/anthologiste/directeur de collection autrichien surtout connu pour avoir été l'agent et l'ardent défenseur de Stanislas Lem, cet ouvrage a été publié en plusieurs langues (il est ici traduit de l'anglais). Il est globalement contemporain de divers projets similaires (Gunn, Kyle) dont les buts étaient une présentation de la SF au fameux "Grand Public" (comme l'indique bien le fait qu'il ait été publié par un éditeur généraliste), en attendant l'arrivée d'encyclopédies plus pointues (Ash, Holdstock).
L'ouvrage est organisé en une cinquantaine de courts (deux à trois pages en moyenne) chapitres qui abordent un des aspects du genre. On trouvera à la fois des entrées sur des personnages clés de la SF (de Wells à Bok en passant par -surprise !- Lem ou Asimov), sur les grands thèmes du genre (les robots, le premier contact, les contre-utopies...), sur les diverses SF nationales (y compris la SFF) et sur les habituels sujets propres au genre (le fandom, les prix, les pulps...). Chaque chapitre bénéficie d'illustrations (couvertures, photos de films) souvent pleine page, soit en N&B, en couleur (les moins fréquentes) ou dans une sorte de sépia à couleur variable (marron mais aussi violet, bleu ou rose). Une chronologie et une bibliographie secondaire (mais pas d'index) clôturent ce volume.
Voilà un livre qui présente de nombreuses qualités même si son objectif (une histoire de la SF en moins de cinquante pages de texte) reste évidemment inatteignable. Les éléments factuels sont maîtrisés, les références sont correctes et l'analyse, même si elle est parfois forcément lapidaire, est généralement pertinente et mesurée (on excusera la pleine page consacrée à un auteur polonais inconnu et l'article sur Lem dont le côté dithyrambique peut faire sourire). De plus, Rottensteiner nous permet de nous rendre compte qu'il existe d'autres SF que l'anglo-saxonne y compris grâce à une iconographie très rarement vue car d'origine allemande, roumaine, polonaise, espagnole ou russe.
En ce qui me concerne, deux aspects formels ont eu tendance à plomber cet ouvrage. Tout d'abord, une organisation trop anarchique au point que le sommaire du livre semble être dû seulement au hasard (avec des articles dans l'ordre suivant Robida=>Poe=>Heinlein=>Zulawski dont la logique m'échappe). Ensuite, je dois avouer que le parti pris artistique de l'ouvrage à base de retranscriptions monochromes, de fonds colorés et d'images colorisées de façon assez étrange peut entraîner un certain rejet (tout cela pour dire que je trouve la mise en page et les choix de couleurs très laids). Feuilleter ce livre est même une expérience assez déplaisante et ne met en tout pas vraiment en valeur le travail des artistes (transcrire Bok en marron et noir ou Finlay en mauve et noir ne me semble pas très pertinent ni très réussi). Au final un livre plutôt bon dans son discours mais que sa présentation n'aide pas vraiment.
Note GHOR : 2 étoiles (pour le contenu textuel)
11:20 | 11:20 | Ouvrages généraux sur la SF | Ouvrages généraux sur la SF | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : français, 2 étoiles | Tags : français, 2 étoiles