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14/04/2010

_Littérature de science-fiction et bibliothèques publiques_

Littérature de science-fiction et bibliothèques publiques : Christian L'HOEST : 1988 : Editions du C.L.P.C.F. (Centre de Lecture Publique de la Communauté Française) : ISBN-10 2-87130-012-7 : 424 pages : pas de prix, gros TP non illustré qui peut se trouver d'occase.

Littérature de SF et bibliothèques publiques.jpg

C'est un drôle de livre que nous avons là. Cela commence par la mention "Ouvrage publié avec l'appui de la Loterie Nationale", puis se poursuit avec la réalisation qu'il s'agit en fait d'un ouvrage Belge (chose que l'on comprend en décryptant le nom de l'éditeur). Cela continue par le casse-tête de savoir à quoi peut bien servir ce livre, même si le "qui" (les bibliothécaires) semble acquis. En lisant la courte introduction, le projet de l'auteur est en fait  "...de faciliter une approche, d'établir un premier contact entre la science-fiction et les demandes éventuelles des usagers de la bibliothèque.". C'est en gros un ouvrage de référence pour bibliothécaires qui leur donne une photographie du genre d'après les livres qui le constituent et qu'ils peuvent être amenés à acquérir ou à se voir réclamer par les usagers.

Repères dans l'infini (Denoel 1975).jpg

Ce livre est divisé en une série de sections d'une taille très variable (de huit à soixante-dix pages) repérées par une lettre (de A à N). Le plus simple est de les passer en revue. Après une introduction qui liste un nombre non négligeable de définitions de diverses sources, on rencontre donc successivement les parties : A. Orientation bibliographique (liste commentée et évaluée des principaux ouvrages de référence en Français); B. Les Genres (en fait les sous-genres dont sept sont identifiés); C. Les thèmes (une vingtaine parmi les thèmes classiques); D. Les collections (liste commentée et évaluée des principales collection francophones, vivantes ou disparues); E. Les périodiques (Idem pour les revues); F. Récompenses attribuées (les principaux prix anglo-saxons et francophones expliqués); G. Dictionnaire des auteurs (liste des auteurs et de leurs oeuvres par domaine géographique, comme le veut l'usage des bibliothèques); H. Anthologies (liste des anthologies avec une partie de leur contenu, ici se trouvent aussi certains recueils de nouvelles); I. Petite (sic) Lexique Scientifique (comme son nom l'indique); J. Terminologie SF (lexique SF); K. SF et bibliothèques publiques (le résultat d'une étude menée sur une quarantaine de bibliothèques en Belgique ainsi que des listes d'acquisitions proposées soit globalement ou en fonction d'un budget donné). On termine par une conclusion (L) et par deux volumineux index, par nom (M) et par titre (N).

La rivière du crépuscule (PC 1980).jpg

C'est vrai que ce livre a tout d'un mouton à cinq pattes. On dirait parfois un improbable croisement entre Le rayon SF, une série de bibliographies, une encyclopédie basique du genre, ce site (pour la partie ouvrages de référence) ou une étude sociologique sur la lecture de la SF. Il touche à tout et finalement n'est excellent nulle part malgré un évidente maîtrise du domaine et de ses méandres (cf. la partie sur les collections, riche d'informations certes connues mais rarement synthétisées). Il présente aussi une certaine aridité due à la très grande quantité de données brutes proposée.

La clé des étoiles (Le Masque 1977).jpg

Mais au final, malgré des scories (le terme de "anthologie individuelle" aurait gagné à être remplacé tout simplement par "recueil"), des oublis ou des choses irritantes au niveau statistique (1 livre sur 34 cela ne fait pas  vraiment 1%), c'est un livre plutôt attachant qui peut justement servir à en remplacer plusieurs autres plus spécialisés. Bien sûr, cela sera sans le même niveau de détail mais avec une approche synthétique séduisante pour qui veut, par exemple, voir d'un seul coup d'oeil la production d'un auteur. Il y a aussi des choses originales (l'étude sur le traitement de la SF dans les bibliothèques) et des avis parfois tranchés (entre autres sur les ouvrages de référence) que je partage complètement. Un livre dont je ne connaissais pas l'existence et que j'ai acheté un peu par hasard. Il se révèle finalement comme une bonne pioche.

Le livre d'or de Roger Zelazny (PP 1985).jpg

Note GHOR : 2 étoiles

13/04/2010

_Une lecture de la science-fiction_

Une lecture de la science-fiction : Automne 1977 : Revue Opus International #64 : pas d'ISBN (titre presse) : 96 pages : coûtait 20 F pour une revue cartonnée copieusement illustrée (en N&B seulement pour la partie SF) qui a longtemps été disponible neuve chez les soldeurs.

Opus 64.jpg

Cet ouvrage est donc un numéro "Spécial SF" d'une revue (Opus International) d'art basée à Paris et liée aux éditions Georges Fall. Périodiquement, des revues de divers domaines (mais souvent artistique) décident de consacrer un de leurs numéros à la SF. On se rappellera des tentatives des revues Europe (tendance littéraire), Phosphore (pour lycéens) ou Revue de la BNF (comme son nom l'indique). D'une façon similaire à ce numéro, il est à noter que dans ces cas de figure, la partie SF est souvent minoritaire et s'apparente plus à un gros dossier.

Phosphore 6.jpg

La section consacrée à la SF dans cette revue comporte une dizaine d'article et remplit une quarantaine de pages. On y trouve la plupart des plumes françaises qui comptaient, chacune dans leur domaine de prédilection : Eizykman sur la BD, Louit sur le cinéma, Lecomte sur les femmes dans le genre, Guiot sur la politique, Klein sur la SF US (une synthèse de son fameux article Malaise dans la science-fiction), Goy sur les rapports entre science et SF, Goimard sur la SF soviétique, Curval sur les structures romanesques, Lemaire sur William Burroughs. A cela s'ajoute une courte interview de Ballard. L'ensemble est illustré par des couvertures (Fiction, Galaxie), des planches de BD ou des photographies de films (pour les articles qui leur sont dédiés) et des illustrations intérieures repiquées chez Sadoul (Hier l'an 2000) ou Aldiss (Graphismes SF).

Hier l'an 2000.jpg

Malgré la qualité indéniable des intervenants (c'est le dessus du panier du petit monde de la SF de l'époque), je ne suis jamais vraiment séduit ni surtout convaincu par ce type d'exercice imposé qui vise à présenter la SF à un public néophyte en quelques articles joliment illustrés. C'est à la fois forcément beaucoup trop schématique (comme Lecomte expédiant l'histoire de la participation féminine au genre en une dizaine de lignes) et surtout empreint d'une certaine attitude "honteuse" de la part de pratiquants du genre ("Regardez ce que l'on aime, c'est un peu débile ou infantile, mais cela nous plaît quand même."). Au lieu de textes militants, on a souvent une sorte d'auto ironie (Goy assassinant La tour de verre de Silverberg sous l'angle scientifique -le tout sans avoir vérifié la VO-) ou une sorte d'obligation de ressortir tous les clichés existant sur le genre (comme cette imagerie sexuelle évoquée à longueur de légendes à propos des illustrations).

La tour de verre (OPTA 1972).jpg

Une telle attitude ne peut juste que renforcer les clichés véhiculés sur la SF. Non pas que cela ait une quelconque importance (la réputation du genre étant AMHA simplement irrécupérable, ce qui n'est d'ailleurs pas pour me déplaire) mais c'est juste une perte de temps et d'énergie, choses qui auraient pu être mieux utilisées ailleurs. Par exemple pour nettoyer le texte des nombreuses coquilles qui restent (M. Freas, Flat Land, Zeena Hendeson, Margareth St Clair) ou vérifier un peu ce que l'on écrit (comme le fait de dater de 1959 une illustration où s'affiche en toutes lettres un superbe Oct. 1939). Au final un dossier sans originalité, trop léger pour l'amateur et juste bon à conforter les préjugés sur le genre malgré quelques maladroites tentatives de récupération (Borges, Burroughs, Ballard).

Flatland (Denoel 1968).jpg

Note GHOR : 1 étoile

12/04/2010

_Learning from other worlds : Estrangement, cognition, and the politics of science fiction and utopia_

Learning from other worlds : Estrangement, cognition, and the politics of science fiction and utopia : Patrick PARRINDER (editor) : 2000 : Liverpool University Press (collection "Liverpool science fiction texts and studies" #10) : ISBN-10 0-85323-584-8 : viii+312 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 20 GBP pour un TP non illustré, probablement disponible en neuf chez l'éditeur, existe en HC (-574-0).

Learning from other worlds.jpg

Comme il le dit dans son introduction, la tâche que s'est fixé Patrick Parrinder (un habitué auquel on doit plusieurs autres ouvrages de référence britanniques) est de rassembler des écrits critiques sur la SF dont le point commun est de s'articuler à partir des concepts mis au point par Darko Suvin. Ce dernier est, pour ceux qui l'ont oublié, un des grands noms de la théorie de la SF, célèbre par sa définition de celle-ci comme littérature du "cognitive estrangement" et un des spécialistes de l'Utopie. Parrinder a donc regroupé un large panel de spécialistes du genre (y compris notre Gérard Klein) dans ce projet.

Mars la verte (FL).jpg

Ce recueil d'essais rassemble donc une dizaine de textes de longueur assez variable (de moins de dix à plus de trente pages) qui sont rassemblées en deux grandes parties. La première est plus concentrée sur les rapports entre Utopie et SF (un des dadas de Suvin) avec des textes de marxistes classiques et d'experts du premier genre (Moylan). La seconde est plus variée puisque la contrainte semble avoir simplement été de parler de SF en gardant l'inspiration Suvinienne. On a donc (entre autres) un texte sur The war of the worlds ou la série Mars de KSR (Jameson), une biographie de Wyndham (Ketterer) ou une étude sur Lem. Après une postface de Suvin himself, on trouve un bibliographie de ses écrits (uniquement ceux en rapport avec la SF), une bibliographie copieuse et un index. Il me semble que les essais soient inédits (certains comme le Jameson seront repris ultérieurement dans d'autres ouvrages), mais rien ne l'affirme vraiment.

Le péril vient de la mer (RF 1958).jpg

La première partie du livre est à l'image des livres de Suvin (hélas), c'est à dire intellectuellement brillante mais ennuyeuse au possible à la lecture, à la fois par un discours assez aride et une focalisation excessive sur des textes antédiluviens qui ne sont même pas de la proto-SF mais carrément de la paléo-SF. La seconde partie est plus vivante mais souffre d'un choix de thèmes d'un conformisme académique à faire peur puisque l'on évoque, ô surprise, des auteurs aussi convenus que Wells, Lem, Robinson ou Le Guin. Ce n'est pas l'insignifiant texte de Klein (huit pages) sur les images de la science avec force mots grecs (eikons & eidons) qui va rattraper le tout.

Feu Vénus (RF 1962).jpg

Malgré ces flots d'ennui, un certain nombre de choses sont à sauver dans ce recueil. Le texte de James sur la préhistoire de la réflexion sur la SF est intéressant et aborde une période de l'étude du genre (l'avant-Suvin si l'on veut) assez peu étudiée sur un plan historique. Le texte de Ketterer sur Wyndham est le fruit d'une recherche impeccable (comme d'habitude) et éclaire grâce à ses éléments biographiques une oeuvre qui mérite peut-être que l'on s'attarde dessus. La bibliographie de Suvin peut aussi se révéler un outil pratique. Au final, un ensemble malgré tout assez terne qui est loin de valoir les 50 GBP de la version HC.

The Midwich cuckoos (Ballantine 1966).jpg

Note GHOR : 1 étoile

09/04/2010

_The known and the unknown : The iconography of science fiction_

The known and the unknown : The iconography of science fiction : Gary K. WOLFE : 1979 : Kent State University Press : ISBN-10 0-87338-231-5 : xvii+250 pages (y compris index) : coûtait 12.50 USD pour un HC avec jaquette non illustré, trouvable parfois d'occase.

The known and the unknown.jpg

Dans ce livre, Gary K. Wolfe, un des plus fins analystes (on lui doit plusieurs ouvrages de référence) et connaisseurs (il chronique pour Locus depuis des années) du genre propose une approche originale. Sa théorie est que certaines des images de la science fiction se sont, au fil du temps et du travail créatif effectué autour d'elles, sont devenues des "icônes". Elles dépassent alors le statut de simple accessoire pour devenir des éléments "pivotaux" des récits en marquant l'opposition du connu et de l'inconnu (d'où le titre du livre) et en devenant de véritables symboles structurants de croyances sociales et psychologiques. A noter que cette idée est apparue la première fois sous la plume de Wolfe dans un article que l'on peut trouver dans Many futures, many worlds de Clareson.

Captive universe (Sphere 1978).jpg

L'ouvrage se divise donc en trois parties et sept chapitres (et une introduction). Après avoir posé les bases de sa réflexion dans le premier chapitre, Wolfe présente une image (la barrière) et cinq icônes : le vaisseau spatial, la ville, les terres à l'abandon (une mauvaise traduction de ma part du terme Wasteland original), le robot et le monstre. S'appuyant sur un corpus de textes (les films sont peu abordés) des années 1930 à 1960 (peu ou prou l'âge d'or), Wolfe donne dans chaque chapitre des exemples de ces icônes, de leur évolution (certaines pouvant converger comme le vaisseau et la ville, parfois littéralement comme chez Blish) et de leur manipulation. Ce livre ne propose pas de bibliographie mais des notes assez copieuses (dix pages à la fin) et un index.

Villes nomades (Denoel 1971).jpg

L'une des forces de la théorie de Wolfe est qu'elle permet parfois de comprendre l'attrait de certains livres. Par exemple, l'icône du vaisseau spatial est d'une telle puissance qu'elle peut expliquer pourquoi l'on peut discriminer les textes de "vraie" SF de ceux qui ne sont que des westerns ou des aventures maritimes déguisés. Dans les seconds, le navire est juste un moyen scénaristique de transporter les personnages d'un point A à un point B (c'est un strict analogue d'un chariot bâché ou d'un voilier) alors que dans les premiers il est certes un moyen de locomotion mais il se charge aussi d'autres significations tournant autour de l'externalisation de soi et de la confrontation avec l'inconnu dans lequel on peut renaître. Cela montre bien les différences que l'on peut percevoir inconsciemment entre la sci-fi et la SF qui utilise pleinement le potentiel de ces icônes.

Un cantique pour Leibowitz (Folio 2001).jpg

C'est donc un ouvrage important qui fournit non pas une théorie de la SF mais un ensemble de clés permettant de décrypter une partie des présupposés qu'implique l'utilisation de telle ou telle des icônes. On pourra regretter que l'échantillonnage sur lequel s'appuie Wolfe soit assez limité (mais c'est quand même le coeur du genre) ce qui pourrait indiquer une validité moindre de sa théorie qui ne serait alors valable que pour une certaine aire culturelle et géographique. Plus gênant sont surtout les trente ans passés du livre, un laps de temps qui pose la très intéressante question de l'évolution des ces icônes (la ville serait-elle devenue le cyberspace ?) et de l'apparition éventuelle d'autres pour les remplacer dans l'inconscient du genre.

The long tomorrow (Ace 1962).jpg

Note GHOR : 4 étoiles

08/04/2010

_Ken Bulmer_

Ken Bulmer (à noter que le titre de l'ouvrage donné en page de garde est The writings of Henry Kenneth Bulmer) : Roger ROBINSON (Editor) : 1983 : Beccon (série "Beccon Publications" #3) : 52 pages : pas d'ISBN : coûtait 0.75 GBP pour un chapbook format A5 agrafé à couverture glacée, assez difficile à trouver.

Ken Bulmer.jpg

Ce petit livre est une bibliographie de Ken Bulmer réalisée à l'occasion d'une convention britannique (Beccon, qui donnera son nom à l'éditeur) où l'auteur devait être GOH (Guest Of Honor) dont il existe une seconde version mise à jour en 1986 (avec une couverture différente). Ken Bulmer fait partie de ces auteurs britanniques dont la caractéristique a été une extrême productivité (on pensera à Tubb ou Fearn). Pour Bulmer, les chiffres sont éloquents : un vingtaine de pseudonymes (le plus célèbre étant Alan Burt Akers pour la série "Dray Prescot"), une douzaine de séries ou cycles pour un total de plusieurs romans par an (133 couverts par cette bibliographie, et c'est uniquement ce que l'on connaît) d'où la nécessité d'un tel ouvrage.

City under the sea (Ace Double D-255).jpg

L'ouvrage présente une structure assez fragmentée qui peut se diviser en plusieurs blocs. Le premier est la partie "guide d'utilisation", le deuxième est constitué d'une préface de Bulmer lui-même et d'un texte d'appréciation de John Clute. On trouve ensuite diverses listes et tableaux (pseudonymes, index alphabétiques, constitution des séries, volumes compilés par Bulmer). On arrive enfin au coeur de l'ouvrage, à savoir la bibliographie de l'auteur qui adopte ici un classement chronologique strict (de 1941 à 1982) avec un classement par mois au sein d'une année. Les données bibliographiques habituelles sont fournies avec toutes les éditions des livres (en VO uniquement) mais seulement les premières parutions pour les nouvelles. Plusieurs couvertures de livres sont reproduites à la fin, soit en pleine page soit en mosaïque.

The chariots of Ra (Ace Double 10293).jpg

On reste impressionné devant la quantité de recherches nécessaires pour parvenir à réaliser un tel travail face à une masse de textes aussi importante et surtout aussi complexe. C'est un outil de travail indispensable pour le bibliographe et qui reste unique sous un format papier malgré le fait que, comme on le sait, ces informations ont peu à peu migré vers le net et les sites spécialisés un peu sérieux.

Arena of antares (DAW 1974).jpg

Même c'est un choix bibliographique défendable partagé par d'autres titres, j'avoue que je ne suis jamais convaincu par la présentation des textes sous l'angle chronologique. Ceci impose de fait une double recherche (d'abord dans l'index puis dans le corps de la bibliographie) puisque la clef d'entrée est quand même généralement le titre. Il est aussi un peu dommage que les éléments concernant les diverses éditions ne soient pas plus étoffés ou du moins pas plus pratiques à utiliser (par exemple pour les Ace Double, le numéro n'est jamais indiqué). Ces points ne doivent quand même pas faire oublier l'énorme travail fourni.

La cité folle (Le Masque1975).jpg

Note GHOR : 3 étoiles