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08/04/2010

_Ken Bulmer_

Ken Bulmer (à noter que le titre de l'ouvrage donné en page de garde est The writings of Henry Kenneth Bulmer) : Roger ROBINSON (Editor) : 1983 : Beccon (série "Beccon Publications" #3) : 52 pages : pas d'ISBN : coûtait 0.75 GBP pour un chapbook format A5 agrafé à couverture glacée, assez difficile à trouver.

Ken Bulmer.jpg

Ce petit livre est une bibliographie de Ken Bulmer réalisée à l'occasion d'une convention britannique (Beccon, qui donnera son nom à l'éditeur) où l'auteur devait être GOH (Guest Of Honor) dont il existe une seconde version mise à jour en 1986 (avec une couverture différente). Ken Bulmer fait partie de ces auteurs britanniques dont la caractéristique a été une extrême productivité (on pensera à Tubb ou Fearn). Pour Bulmer, les chiffres sont éloquents : un vingtaine de pseudonymes (le plus célèbre étant Alan Burt Akers pour la série "Dray Prescot"), une douzaine de séries ou cycles pour un total de plusieurs romans par an (133 couverts par cette bibliographie, et c'est uniquement ce que l'on connaît) d'où la nécessité d'un tel ouvrage.

City under the sea (Ace Double D-255).jpg

L'ouvrage présente une structure assez fragmentée qui peut se diviser en plusieurs blocs. Le premier est la partie "guide d'utilisation", le deuxième est constitué d'une préface de Bulmer lui-même et d'un texte d'appréciation de John Clute. On trouve ensuite diverses listes et tableaux (pseudonymes, index alphabétiques, constitution des séries, volumes compilés par Bulmer). On arrive enfin au coeur de l'ouvrage, à savoir la bibliographie de l'auteur qui adopte ici un classement chronologique strict (de 1941 à 1982) avec un classement par mois au sein d'une année. Les données bibliographiques habituelles sont fournies avec toutes les éditions des livres (en VO uniquement) mais seulement les premières parutions pour les nouvelles. Plusieurs couvertures de livres sont reproduites à la fin, soit en pleine page soit en mosaïque.

The chariots of Ra (Ace Double 10293).jpg

On reste impressionné devant la quantité de recherches nécessaires pour parvenir à réaliser un tel travail face à une masse de textes aussi importante et surtout aussi complexe. C'est un outil de travail indispensable pour le bibliographe et qui reste unique sous un format papier malgré le fait que, comme on le sait, ces informations ont peu à peu migré vers le net et les sites spécialisés un peu sérieux.

Arena of antares (DAW 1974).jpg

Même c'est un choix bibliographique défendable partagé par d'autres titres, j'avoue que je ne suis jamais convaincu par la présentation des textes sous l'angle chronologique. Ceci impose de fait une double recherche (d'abord dans l'index puis dans le corps de la bibliographie) puisque la clef d'entrée est quand même généralement le titre. Il est aussi un peu dommage que les éléments concernant les diverses éditions ne soient pas plus étoffés ou du moins pas plus pratiques à utiliser (par exemple pour les Ace Double, le numéro n'est jamais indiqué). Ces points ne doivent quand même pas faire oublier l'énorme travail fourni.

La cité folle (Le Masque1975).jpg

Note GHOR : 3 étoiles

07/04/2010

_Keith Roberts_

Keith Roberts : Paul KINCAID & Geoff RIPPINGTON (éditeurs) : BSFA (série "British Science Fiction writers" #2) : 1983 : pas d'ISBN (publication amateur) : 50 pages (y compris bibliographie) : format A5 agrafé avec plusieurs pages d'illustrations en N&B, à peu près introuvable.

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Ce livre est le second d'une courte série de monographies sur les auteurs de SF britanniques, dont je ne connais que deux volumes (celui-ci et le Shaw, le Moorcock et le White étant annoncés). Publiée par la BSFA (British Science Fiction Association), cette collection était dirigée par Kincaid & Rippington, deux membres actifs du fandom UK, et se voulait procéder à une réévaluation des auteurs nationaux qui étaient insuffisamment étudiés en comparaison de leurs collègues américains. Keith Roberts est en effet un cas exemplaire de cette négligence. Un auteur surtout connu pour une seule oeuvre (Pavane bien sûr) et à la visibilité réduite mais qui a toujours eu un cercle d'admirateurs parmi ses collègues et qui a été relativement bien servi pour les traductions en VF.

Pavane (LDP 1978).jpg

Cet ouvrage se compose d'une préface de Roberts lui-même, d'un essai détaillé de Paul Kincaid qui parcourt chronologiquement la production de l'auteur en détaillant quasiment l'ensemble de ses textes (nouvelles et romans) et d'une bibliographie complète (à l'époque) compilée par Mike Ashley qui liste séparément les livres (une douzaine), les nouvelles (quatre-vingts), les textes de non-fiction et les illustrations réalisées par l'auteur (on lui doit aussi l'illustration de couverture de cette monographie). On notera les trois pages de reproduction de couvertures (12 au total) ainsi que plusieurs dessins intérieurs dus au crayon de Roberts. On remarquera l'absence d'index.

Survol (LDP 1993).jpg

Cette série de monographies est particulièrement séduisante et son projet était (est toujours) pertinent puisque ces volumes sont les seuls sur ces auteurs. L'analyse de Kincaid est parfaitement menée et aborde l'ensemble des oeuvres de Roberts ce qui nous évite une focalisation sur l'omniprésent Pavane qui, malgré ses qualités, est parfois un peu trop envahissant dans les évocations de l'oeuvre de l'auteur. On trouve y donc discutés et détaillés des romans comme The chalk giants ou Kiteworld mais aussi des nouvelles comme Weihnachtabend (encore une unchronie !).

Les géants de craie (OPTA 1976).jpg

Au total un petit livre très intéressant et qui donne envie de (re)lire Roberts même si les derniers de textes de celui-ci ne sont (heureusement) pas abordés. On passera sur la qualité technique des reproductions de couvertures qui est assez mauvaise (mais ce sont les limites de ce type de production amateur) alors que les dessins de Roberts sont nettement mieux rendus et on appréciera la bibliographie de Ashley même si les réserves d'usage quand à l'utilisation actuelle de travaux ayant trente ans doivent être faites.

Molly zero (LDP 1990).jpg

Note GHOR : 2 étoiles

06/04/2010

_Joe Haldeman_

Joe Haldeman : Joan Gordon : 1980 : Starmont (série "Reader's guide" #4) : ISBN-10 0-916732-06-1 : 64 pages (y compris bibliographies et index) : coûtait 10 USD pour TP peu solide et peu facilement trouvable en occase, existe aussi en HC (-15-0).

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Ce court fascicule fait partie de la série de monographies d'auteurs de SF publiées par Starmont. A noter que, au vu de divers détails, il s'agit là d'une réimpression à l'identique (hormis la couverture et bien sûr le prix) tardive d'un des premiers volumes de la collection. Il est donc consacré à Joe Haldeman, un auteur présent dans le paysage de la SF depuis les années 70 et dont l'oeuvre majeure et la plus connue (qui a raflé le Hugo et le Nebula) est évidemment The forever war, célèbre roman anti-militariste basé sur son expérience de combattant dans la guerre du Viêt-Nam. C'est d'ailleurs sans doute cette notoriété qui lui a valu si rapidement (moins de 10 ans entre son premier texte et cette étude) d'avoir un volume qui lui soit consacré.

La guerre éternelle (OPTA 1976).jpg

Ce livre est divisé en une dizaine de courts chapitres, suivant ainsi l'usage de la série. On trouve successivement une chronologie de la vie de l'auteur (qui s'arrête en 1979), une introduction d'orientation biographique, une suite de plusieurs chapitres consacrés chacun à un titre précis (dans l'ordre : War year, The forever war, Mindbridge, All my sins remembered et Infinite dreams, un recueil), et trois bibliographies annotées (une pour la fiction, une pour la non-fiction et une pour les sources secondaires, essentiellement des critiques dans les revues de SF). Un index termine l'ouvrage.

Mindbridge (Orbit 1984).jpg

La première impression à la lecture de cette monographie, est qu'elle vient bien trop tôt dans la carrière de l'auteur. Il est clair que les choses que Haldeman avait à dire ne l'étaient pas encore complètement en 1979 (date de l'écriture de cette étude) comme le montrent ses rajouts à The forever war pour l'amener à une "trilogie thématique" (avec Forever free & Forever peace). Du coup, l'analyse de Gordon donne une malheureuse impression de bâclage qui est surtout due au manque de matière. Pourtant il y a parfois de bonnes analyses menées à partir du texte de l'auteur et un certain nombre d'informations bienvenues sur les conditions de création de certains romans qui sont en fait des fix-ups.

Forever peace (Ace 2000).jpg

Ce sentiment de précipitation est d'ailleurs renforcé par une qualité du produit assez calamiteuse tant au niveau de la conception (du genre photocopie visible de bouts de documents collées ensemble) que de la réalisation (pages se détachant du reste du livre). Mis en parallèle avec le prix demandé (10 USD pour un TP de 64 pages), on peut être légitiment énervé par un ouvrage d'opportunité. Il n'est d'ailleurs pas sauvé par une bibliographie annotée rachitique (elle donne surtout le résumé des intrigues) et incomplète puisque ne traitant que des premières éditions et négligeant les nouvelles. Dommage pour une réflexion parfois bien menée mais desservie par un emballage médiocre.

Rêves infinis (Denoel 1981).jpg

Note GHOR : 1 étoile

02/04/2010

_Jeunesse et science fiction_

Jeunesse et science fiction : Christian GRENIER : 1972 : Magnard (collection "Lecture en liberté") : pas d'ISBN : 122 pages (y compris index) : coûtait quelques Francs pour un TP format à l'italienne, parfois trouvable d'occase.

Jeunesse et science fiction.jpg

On ne présente plus Christian Grenier dans le milieu de la SF francophone destinée à la jeunesse. A la fois professeur, auteur et théoricien, il y occupe une place centrale. Cet ouvrage est l'une des premières tentatives de sensibiliser le monde enseignant aux potentialités de la SF en tant qu'instrument de diffusion de la lecture et ce d'autant plus que ce genre était (est ?) l'un des favoris de la jeunesse. Ce type d'ouvrage existe aussi chez les anglo-saxons avec diverses titres ou séries à destination des enseignants et des bibliothécaires, catégories considérées comme regroupant les principaux prescripteurs.

La planète ignorée.jpg

Ce guide se divise en plusieurs parties distinctes. La première ("Science-fiction") se livre au classique jeu de la définition du genre et plus particulièrement de sa composante jeunesse. La deuxième ("Les jeunes") consiste en l'étude d'une enquête menée auprès d'une centaine d'élèves parisiens sur leurs lectures et plus particulièrement sur la Partie SF de celles-ci. La troisième ("Les grands thèmes") déroule les principaux thèmes du genre alors que la quatrième ("Les éditeurs, les collections") fait de même avec l'offre éditoriale existante à l'époque. Enfin, la dernière et plus grosse partie (la moitié du livre) "Sélection" présente, classe (par sous-genre ou par accessibilité), évalue et résume un ensemble de livres choisis par l'auteur. Un index et une (logiquement) très courte bibliographie secondaire clôturent l'ouvrage.

La planète introuvable (FN 1968).jpg

Plus que l'étude sociologique sur les pratiques littéraires des adolescents dont la pertinence éventuelle est annihilée par les quarante ans qui nous séparent de ce livre, le point le plus intéressant de cet ouvrage est le portrait "en creux" qu'il dressait de l'état de la SF pour la jeunesse dans notre pays. Globalement, le constat était à l'époque assez alarmant. En effet, il est frappant de constater que dans la liste de titres proposés par Grenier une bonne moitié sont des ouvrages qui n'ont pas l'étiquette "juvenile" et sont d'ailleurs parus dans des collections pour adultes (OPTA, FN, J'ai Lu, Marabout), certains étant d'une difficulté certaine (Billenium de Ballard ou La nébuleuse Andromède d'Efremov étant parmi les plus marquants dans cette optique).

Billenium (Marabout 1970).jpg

S'il est vrai que l'on a souvent affirmé que les lecteurs de SF sont plutôt précoces et basculent rapidement sur des oeuvres étiquettées adultes (ou du moins sans préconisation d'âge de lecteur), on pourrait conclure à partir des choix de Grenier qu'il s'agit là d'un état de fait plutôt subi faute d'une offre suffisante (en quantité et/ou en qualité). Ceci contraste défavorablement avec la vitalité du segment des juveniles dans le monde anglo-saxon.  Mais là n'est pas le propos de Grenier qui fait de son mieux avec un matériau disponible limité. Au final un livre peu exploitable de nos jours (ne serait-ce que par l'indisponibilité de certains titres) qui vaut surtout par sa photographie d'un passé finalement assez différent qui évoluera d'ailleurs fortement dans les années suivantes.

Le monde du Lignus (RL 1978).jpg

Note GHOR : 1 étoile

01/04/2010

_Je suis vivant et vous êtes morts : Philip K. Dick 1928-1982_

Je suis vivant et vous êtes morts : Philip K. Dick 1928-1982 : Emmanuel CARRERE : 1993 : Seuil : ISBN-10 2-02-020173-9 : 358 pages (pas d'index ni de bibliographie) : coûtait 120 FRF pour un TP non illustré, difficile à trouver dans cette version mais qui a été repris en poche chez Points en 1996.

Je suis vivant et vous etes morts.jpg

Après son mémoire sur l'uchronie (Le détroit de Behring), ce livre est dû à la plume d'Emmanuel Carrère, une des figures intellectuelles française (romancier, cinéaste, essayiste) et héritier d'un dynastie de penseurs. Aimant s'encanailler dans les sous littératures, il n'en reste pas moins que son choix de P. K. Dick comme sujet d'étude fleure bon le conformisme mental de l'intelligentsia française (un peu de SF pour faire peuple mais pas trop de vaisseaux spatiaux ou de calmars) qui lui a au moins assuré une pleine page dans Télérama (no 2282).

Le maître du haut château (JL 1974).jpg

Le livre utilise le canevas standard des biographies avec un structure purement chronologique en vingt-trois chapitres de taille assez homogène mais au rythme variable, les dernières années de la vie de l'auteur (les plus croustillantes) étant les plus développées. La vie de PKD y est racontée par un narrateur invisible qui nous fait parfois partager les pensées de l'auteur. On notera que l'auteur (Carrère) intervient parfois directement dans le cours du récit en nous proposant des apartés ou des petits jeux. A signaler que ce livre ne contient aucune annexe : pas d'index, pas de bibliographie si ce n'est une page de notes.

Les androides rêvent-ils de moutons électriques (Lattès 1979).jpg

Comment juger cette "biographie" ? Certes l'écriture de Carrère est sans défaut et le tout est plutôt prenant et intéressant à lire comme portrait d'un illuminé à la vie décousue. Le problème est qu'il tombe (AMHA) dans le travers d'un grand nombre de biopics (un genre dont il est visiblement un véritable précurseur), à savoir que la frontière entre le réel et l'imaginaire est parfois ténue et qu'elle se trouve donc souvent allègrement franchie. Faire son héros plus beau ou plus grand que nature est une réaction normale mais méthodologiquement discutable. Plus gênant à mon sens est l'habitude assez constante de Carrère de se mettre dans la tête de Dick et de nous livrer ses pensées alors qu'aucune source existante ne permet de corroborer ses délires.

Le dieu venu du centaure (OPTA 1969).jpg

Finalement ce livre est plus la vie romancée de Dick telle qu'imaginée par Carrère qu'une biographie visant à une certaine objectivité comme celle de Sutin. C'est d'ailleurs à cette conclusion qu'arrive le chronique de Télérama qui finit par qualifier ce livre comme étant "Un beau roman d'Emmanuel Carrère". Ceci explique du coup la faible présence dans l'ouvrage du monde de la SF dans lequel Dick était tout de même parfaitement immergé. Carrère n'en tire que des effets faciles et ô combien prévisibles (un repaire de marginaux qui lisent des auteurs de seconde zone) et réussit même à raconter n'importe quoi comme quand il attribue à Boucher la célèbre citation de Carr sur la Bible telle qu'elle pourrait être publiée chez Ace. Un titre sans grand intérêt, à mettre donc plutôt dans la catégorie "romans" que dans celle des "essais".

Message de Frolix 8 (OPTA 1972).jpg

Note GHOR : 1 étoile