24/04/2023
_Lovecraft : Au cœur du cauchemar_
Lovecraft : Au cœur du cauchemar : Jérôme VINCENT & Jean-Laurent DEL SOCORRO (editors) : 2017 : ActuSF (collection "Les trois souhaits") : ISBN-13978-2-36629-834-5 (inconnu de l'ISFDB, la fiche Noosfère du livre) : 463 pages (pas d'index ni de bibliographie) : coûtait 30.00 Euros pour un petit hc avec jaquette et illustré, indisponible chez l'éditeur.
Cet ouvrage est encore un représentant de la maintenant longue série de titres consacrés à H. P. Lovecraft (j'en ai plein d'autres en attente). ce foisonnement est sans doute à mettre en parallèle avec le statut d’icône geek qu'a acquis l'auteur (depuis qu'il est tombé dans le domaine public ?). Il est donc inutile que je m'attarde sur le personnage et sa place relativement récente (et initialement francophone) dans la panthéon du genre. À noter que la création de cet ouvrage a fait appel à un processus original puisque ce livre est issu d'une campagne de financement participatif (le moyen miraculeux qu'on trouvé certains éditeurs pour se faire de la trésorerie sur le dos de leur clients) qui a eu, me semble-t-il un grand succès (545% de financement).
Écrit par une multitude de plumes et coordonné par ActuSF, le résultat est un livre roboratif et à la présentation flatteuse (jaquette, marque-page, belle couverture, papier épais, illustrations bien reproduites). Pratiquement, il s'agit d'un recueil d'essais et d'interviews de taille variable qui s'articule en trois parties : L'homme (biographique) , L’œuvre (les textes de HPL) et L’univers étendu ("autour" de HPL). le tout est illustré de pas mal de documents (photos, couvertures, dessins) dont certains semblent originaux à cet ouvrage. On remarquera (hélas) l'absence totale d'index et d'une bibliographie centralisée (il faut pour cela consulter les notes voire la bibliographie présentes -ou pas- à la fin de chaque essai).
Au final, et même si je ne suis pas un grand lecteur de Lovecraft (qui est pourtant un des premiers auteurs que j'ai lu), le résultat est un ensemble d'un bonne tenue et qui se révèle agréable à lire même si la répétition de certains éléments de la vie dHPL qui sont devenus des lieux communs peut être parfois répétitive. De même, les habituels règlements de compte entre exégètes qui s'accusent mutuellement de travestir la vérité (méchant Derleth, méchant de Camp) sont un peu lassants. C'est toutefois un ensemble riche et qui déborde de temps en temps du cadre "Lovecraftien" (certaines interviews par exemple). C'est donc un livre plus à lire par petits incréments pour en apprécier les charmes.
Les réserves que je pourrais faire, outre un niveau des textes assez variable (d'une façon logique, car tout les auteurs ne sont pas au niveau de Thill, Joshi ou Camus) sont plutôt d'ordre formel. J'aurais bien aimé un index (histoire de ne pas avoir à tout relire quand je cherche une information), une bibliographie (ne serait-ce que pour approfondir certaines interventions) et une légende pour chaque illustration (ne serait-ce que pour rendre aux artistes le crédit qui leur est dû). Une agréable surprise de la part d'ActuSF qui nous a habitué à des choses nettement plus bâclées.
Note GHOR : 2 étoiles (plus si vous êtes un aficionado d'HPL)
Pour "rendre aux artistes le crédit qui leur est dû", les couvertures ci-dessus sont de (dans l'ordre) Ryohei Hase, Goomi, Michael Whelan, Loïc Muzi et Daniel Gil.
11:05 | 11:05 | Etudes mono-auteur | Etudes mono-auteur | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : français, 2 étoiles, lovecraft | Tags : français, 2 étoiles, lovecraft
08/03/2023
_Lovecraft : Histoire d'un gentleman raciste_
Lovecraft : Histoire d'un gentleman raciste : William SCHNABEL : 2003 : La clef d'argent : ISBN-10 2-908254-40-9 (inconnu de l'ISFDB, la fiche Noosfère du livre) : 124 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait 15.00 Euros en neuf pour un pb non illustré, disponible chez l'éditeur.
De nos jours, les études sur Lovecraft sont tellement nombreuses tant en VO que VF (à cause d'un succès des textes de l'auteur qui ne faiblit pas) que l'idée que HPL était raciste ne donne plus vraiment lieu à débats. C'est pour cela qu'il faut certainement replacer cet ouvrage dans son contexte historique, c'est à dire se souvenir qu'il est paru il y presque vingt ans. À l'époque, le propos de Schnabel (un universitaire français) présentait une certaine fraîcheur dans sa démonstration que les "horreurs" lovecraftiennes n'étaient que l'expression d'un racisme pour tout ce qui n'était pas anglo-saxon qui prenait ses racines à la fois dans la sphère culturelle et familiale de l'auteur.
Du coup, on a, à la lecture, de cet ouvrage une vague impression de "déjà-vu" (ou de "déjà-lu") qui se révèle assez perturbante et fait (en tout cas en ce qui me concerne) que j'ai eu du mal à accrocher à l'ouvrage.
Pourtant celui-ci est, malgré sa brièveté (il y a moins de 90 pages de texte), est une bonne immersion solidement documentée à la fois dans les écrits (fiction et correspondance) de l'auteur, dans sa psyché (dans la mesure où c'est possible) et dans le contexte social de l'Amérique du début du siècle. Un ensemble sans doute novateur en son temps mais rattrapé par la masse de choses qui existent maintenant sur HPL.
Note GHOR : 1 étoile (parce que je l'ai lu trop tard)
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17/09/2022
_Robert A. Heinlein_
Robert A. Heinlein : Rafeeq McGIVERON (editor) : 2015 : Salem Press (série "Critical Insights") : ISBN-13 978-1-61925-826-6 (la fiche ISFDB du titre) : xii+276 pages (y compris index et appendices) : coûtait 105.00 USD pour un hc non illustré, disponible chez l'éditeur, pas simple à trouver d'occase à un prix acceptable.
Malgré un regain d’intérêt suite à la parution de l'énorme (je ne l'ai pas encore attaquée) biographie de Patterson, je ne suis pas sûr que Robert A. Heinlein fasse encore recette dans le monde de la réflexion sur la SF et même dans celui des lecteurs tout court. Hormis une rafale de titres repris par Ace, cela fait assez longtemps que le fonds de l'auteur n'est plus réédité, à la place on a des fonds de tiroir (comme The Pursuit of the Pankera) ou des "collaborations" posthumes (comme Variable Star). Comme en plus d'une qualité littéraire déclinante, les idées exprimées dans les livres de l'auteur ne sont plus trop en phase avec la société actuelle, ce glissement vers l'oubli partagé avec d'autres écrivains de l'âge d'or n'est guère étonnant.
On se doit donc de saluer la tentative de McGiveron (un ancien professeur de littérature américain) pour faire revivre la réflexion autour d'un auteur central pour l'histoire du genre. Il a donc rassemblé dans cet ouvrage seize essais de différents auteurs (certains connus des lecteurs de ces chroniques : Barr, Pierce, Hassler; Westfahl, Reid; d'autres nettement moins : il s'agit de leurs seules publications). L'ouvrage est structuré en quatre parties inégales. Les trois premières regroupent les seize essais et sont titrées "Career, Life and Inluence" (biographique), "Critical Contexts" (autour de la réception ou les circonstance de la production de l’œuvre de RAH) et "Critical Readings" (plus centrée sur les textes eux-mêmes) puis suivent diverses annexes (partie "Resources") : chronologie, bibliographies primaire et secondaire, liste des intervenants et index.
Tout d'abord mon coup de gueule habituel, je trouve que plus d'une centaine d'euros (au cours actuel) pour si peu de pages (et dont certaines comme les six sur les contributeurs sont totalement inutiles sauf pour l'égo de ces derniers) cela fait très cher pour un livre à la présentation assez aérée et à la police de caractère assez grosse. Mais bon, c'est le souvent le cas avec les ouvrages de référence du fait de l'équation petit public = gros prix. Ce qui est plus gênant c'est que, pour ce prix, la qualité des essais est loin d'être au rendez-vous. Outre un ton général particulièrement laudateur (un essais s'intitule modestement Early Genius), les textes rassemblés sont soit de simples redites comme les essais biographiques sur la vie et la carrière de RAH qui n'offrent aucune plus value ni regard neuf ou le n-ième décorticage de By His Bootstraps par Larsen, soit des textes assez fumeux (dont une "analyse intersectionnelle") où l'on essaie de nous démontrer (vainement) que RAH était féministe, pas de droite ou pas vraiment raciste, soit des textes totalement superflus comme le simple résumé (il y quand même aussi en bonus le lieu de parution) de certaines nouvelles de la période 1939-1949.
Sans doute la meilleure illustration du sérieux de cet ouvrage est le diagramme de la page 144 (c'est un "chronotope" de la nouvelle Elsewhen). Je rappelle que le livre est imprimé en n&b mais on a quand même une page d'explications qui nous précisent que le parcours temporel de Helen est en jaune, celui de Robert en vert, d'autres en bleu clair (il y a aussi sensément du bleu foncé) et celui de Howard en gris. Manque de bol, toutes les courbes sont imprimées en gris (voir plus bas)... D'où une lancinante impression d'être pris pour un couill... de payant. Tout cela est bien dommage parce que certains essais sont intéressants (comme le parallèle fait par McGiveron himself entre les deux visions de l'Enfer à 40 ans d'écart dans Magic Inc et Job A Comedy of Justice) ou réclameraient un traitement plus approfondi (RAH contre les critiques, vaste sujet). Finalement une grosse déception, surtout à ces niveaux de prix.
Note GHOR : 1 étoile (à réserver aux fanatiques de RAH, s'il en reste)
16:45 | 16:45 | Etudes mono-auteur | Etudes mono-auteur | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 1 étoile, heinlein | Tags : anglais, 1 étoile, heinlein
22/08/2022
_Brian W. Aldiss_
Brian W. Aldiss : Paul KINCAID : 2022 : University of Illinois Press (série "Modern masters of science fiction") : ISBN-13 978-0-252-08655-7 (la fiche ISFDB du titre) : 200 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 25.00 USD pour un tp non illustré, disponible chez l'éditeur (là), existe aussi en hc (04448-9) et en ebook (05347-4).
Même si Sir Brian Aldiss nous a quitté en 2017, force est de constater qu'il avait bien avant sa mort disparu du paysage éditorial de la science fiction. Il est difficile de trouver des éditions de ses textes, que ce soit en VF ou en VO (des deux côtés de l'Atlantique) qui n'aient pas plus de dix ans (il y a bien un titre de PS et quelques e-books et auto-publications vers 2015). On a donc une visible désaffection du lectorat qui n'est même pas compensée par un accroissement de l'intérêt universitaire puisque le précédent ouvrage sur Aldiss (celui de Henighan) date de 1999 et que les articles sur cet auteur (hormis les nécrologies) parus depuis 2000 se comptent sur les doigts des deux mains. C'est hélas un cas de figure qui devient de plus en plus fréquent, les œuvres et les auteurs "patrimoniaux" disparaissant de plus en plus vite du radar des lecteurs faute d'offre (malgré les tentatives de divers éditeurs comme Mnémos en France).
Mais revenons à Aldiss et à cet ouvrage qui lui est consacré par Paul Kincaid, un habitué de ces colonnes (on lui doit par exemple le livre sur Banks publié dans la même collection). Paru dans la série "Modern masters of science fiction" chez UIP, un ensemble de bonne tenue, le livre est structuré en six chapitres (Warrior, Naturalist, Experimentalist, Historian, Scientist et pour finir Utopian) qui suivent un ordre à la fois chronologique et thématique en se concentrant essentiellement sur certains romans ou cycles (par exemple le chapitre Scientist traite surtout de la trilogie Helliconia). On notera l'absence d'introduction et de conclusion séparées mais la présence, outre d'un index, de bibliographies primaires et secondaires étoffées (mais incomplètes).
Je ferai tout d'abord mon reproche habituel sur les titres de cette série, à savoir que ceux-ci sont à mon avis en règle générale d'un format trop court pour leur sujet (sauf peut-être pour le Bujold de James). Ici on a péniblement 160 pages de textes ce qui, pour un auteur aussi prolifique qu'Aldiss, est nettement insuffisant (et explique sans doute pourquoi Kincaid a dû sabrer introduction et conclusion). À contrario, un des aspects positifs majeur de ce livre est que Kincaid, même s'il manifeste un grand respect pour Aldiss, garde une distance critique vis-à-vis de son sujet qui est rafraichissante surtout après certains titres de la collection qui donnent parfois l'impression d'être l’œuvre de fanboys ou fangirls (on pensera à celui-ci en particulier).
En effet Kincaid n'hésite pas à souligner certains travers de l'auteur, notamment une misogynie permanente (dans ses écrits la femme est presque exclusivement un objet sexuel) et d'une façon générale une misanthropie omniprésente. Il n'est aussi pas très tendre avec les œuvres tardives d'Aldiss dont il montre non seulement le décalage croissant avec le Zeitgeist du genre mais aussi la piètre qualité "technique". Ces facteurs expliquent sans doute la baisse de popularité (traduite par une chute des ventes) et d'influence subie par Aldiss qui est en fait littéralement "fini" dès le milieu des années 80 juste après Helliconia. Malgré tout, cette fin un peu triste n'enlève rien à la qualité du travail de Kincaid qui livre là l'un des meilleurs titres de la série.
Note GHOR : 3 étoiles
12:01 | 12:01 | Etudes mono-auteur | Etudes mono-auteur | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, aldiss, 3 étoiles | Tags : anglais, aldiss, 3 étoiles
16/05/2022
_Tolkien : Sur les rivages de la terre du milieu_
Tolkien : Sur les rivages de la terre du milieu : Vincent FERRÉ : 2001 : Christian Bourgois : ISBN-10 2-267-01573-0 (la fiche ISFDB du titre) : 354 pages (y compris index, appendices et bibliographie) : coûtait 150 FRF (ou 22.87 Euros) pour un tp non illustré, éventuellement trouvable d'occasion dans cette édition, ou dans sa version en poche chez PP (Agora #241 paru en 2002).
Publié par l'éditeur "historique" de Tolkien et entendant visiblement à l'époque surfer sur la vague de la prochaine sortie des films de Peter Jackson, cet ouvrage est (je cite) "le premier livre en français consacré au chef-d’œuvre de J.R.R. Tolkien". Même si l'on peut objecter que la biographie de Tolkien par Carpenter (celle-là) a été publiée par le même éditeur une vingtaine d'années auparavant, il s'agit effectivement du premier livre sur ce sujet précis (il en viendra pas mal d'autres par la suite).
Dans mon immense mansuétude, j'ai décidé de vous épargner le laïus habituel sur le SdA et les superlatifs qui vont avec (même moi, peu amateur de Fantasy, je l'ai lu presque à sa sortie). Pour en revenir au livre de Ferré (un des spécialistes français de Tolkien avec plusieurs titres à son actif), il se divise schématiquement en deux parties. La première (la plus importante) est une description de l'univers du SdA (personnages, géographie, structure, construction ou influences). La seconde est une tentative de dégager le thème principal de l’œuvre qui serait, selon Ferré, non pas comme on le professe souvent, le pouvoir mais plutôt la mort (ou son absence, l'immortalité). A ces deux parties, s'ajoutent plusieurs appendices (résumé du cycle, avant-propos non traduits...), une bibliographie sélective et un index.
Tout d'abord, je dois prévenir que le livre est très "chiant" à lire. Non pas qu'il soit mal écrit ou qu'il soit mal imprimé mais pour chaque page de texte de chaque chapitre il y a presque une page de notes (au hasard, le chapitre III fait 25 pages et il y a 20 pages de notes -il y en a 158-) qui se situent à la fin du chapitre. On doit donc se reporter dix pages plus loin toutes les quelques lignes pour suivre la pensée de l'auteur ou consulter les références. C'est extrêmement pénible lors de la lecture puisque, pour pleinement apprécier le travail de Ferré, il faut dans la pratique deux marque-pages et sauter d'une page à une autre toutes les vingt secondes. C'est quasiment rédhibitoire.
C'est bien dommage parce que l'ensemble forme une bonne porte d'entrée dans le SdA (qu'il faut quand même avoir lu avant) dans sa première partie. Elle permet de simplement se remettre en mémoire le roman. La seconde partie est plus hypothétique mais les arguments de Ferré se tiennent même si l'espace qui leur est consacré est limité (une centaine de pages dont cinquante de notes) par rapport à d'autres analyses ultérieures. Au final un livre plutôt intéressant mais qui est particulièrement frustrant à lire à cause de sa construction idiote.
Note GHOR : 2 étoiles (si vous n'avez pas envoyé valser le livre au 246ème renvoi aux notes de fin de chapitre)
16:40 | 16:40 | Etudes mono-auteur | Etudes mono-auteur | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : français, tolkien, 2 étoiles | Tags : français, tolkien, 2 étoiles