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15/03/2016

_Lovecraft et la S.-F. /2_

Lovecraft et la S.-F. /2 : Michel MEURGER : 1994 : Encrage (collection "Travaux" #21) : ISBN-10 2-906389-49-8 (la fiche ISFDB du titre) : 222 pages (y compris index) : coûtait quelques dizaines d'Euros pour un hc illustré en n&b.

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Formant en quelque sorte une suite à l'ouvrage évoqué ici, Meurger nous livre ici encore une série de huit essais de taille variable (certains sont très courts, à peine 9 pages) "autour" de Lovecraft. Des mondes perdus de l'Arctique aux îles vivantes en passant par les communautés dégénérées américaines, c'est un véritable festival de crypto-zoologie, de légendes urbaines et de pseudo-science(s) qui nous est offert. Bien sûr, comme dans l'opus précédent, le lien avec HPL est parfois assez ténu (il est généralement amené en toute dernière partie des essais) mais l'érudition de l'auteur (qui se traduit parfois par des mises en pages surréalistes avec cinq lignes de texte et cinquante de notes de bas de page !) et le côté original (pour ne pas dire bizarre) de ses sujets d'étude font que l'ensemble se lit étonnamment bien.

français,2 étoiles,lovecraft

Un titre à réserver sans doute à des lecteurs amateurs de proto-SF (ou de récits typés "weird") mais qui permet de mieux comprendre cette période où existait une SF-avant-la-SF et l'imbrication de ce genre naissant dans le milieu culturel (je n'ose dire scientifique) de l'époque.

français,2 étoiles,lovecraft

Note GHOR : 2 étoiles 

27/12/2015

_Lovecraft et la S.-F. /1_

Lovecraft et la S.-F. /1 : Michel MEURGER : 1991 : Encrage (collection "Travaux" #11) : ISBN-10 2-906389-31-5 (la fiche ISFDB du titre) : 190 pages (y compris index) : coûtait quelques dizaines d'Euros pour un hc illustré en n&b.

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Paru au sein de la luxueuse collection "Travaux" d'Encrage et dans la sous-collection (6 titres) "Cahiers d'études lovecraftiennes", cet ouvrage est dû à Michel Meurger. Cet auteur est un spécialiste de Lovecraft et plus généralement des interactions entre les croyances populaires et la SF ou le fantastique. Il s'arrête ici (du moins c'est le titre de l'ouvrage) sur les liens entre Lovecraft et la science fiction, entre autre pour repositionner l'auteur de Providence comme pratiquant de la SF et non, comme on peut souvent le lire, du fantastique.

français,2 étoiles,lovecraft

Après une courte introduction et une préface de S. T. Joshi (Le spécialiste US de Lovecraft), ce recueil comporte six essais de taille variable (de 25 à 40 pages) dont seul le dernier est inédit (les autres ayant déjà été publiés essentiellement dans le fanzine Etudes lovecraftiennes). Sont donc abordés successivement : 1) La réception d'HPL en France dans les années 50, 2) Les Martiens de Wells, 3) Les sources anthropologiques de Cthulhu, 4) L'imagerie de la pieuvre, 5) Le Petit Peuple chez Machen et Buchan et 6) Le mystère Shaver. Un index clôture ce volume qui est joliment illustré en n&b.

français,2 étoiles,lovecraft

L'ensemble donne une impression fort agréable de grande érudition et de recherches particulièrement solides (les notes de bas de pages sont particulièrement fournies et précises). On y apprend des tas de choses sur la proto-sf (et le proto-fantastique) et sur leurs relations avec le paysage culturel de l'époque et toutes les théories plus ou moins fumeuses (L'Atlantide, Mû, les trolls, les Aryens, Les terres creuses, etc.) qui ont successivement été à la mode des deux côtés de l'Atlantique. Seul le dernier essai marque un peu le pas, non pas pour un problème de qualité, mais parce que sont sortis récemment deux livres très complets sur le cas Shaver/Palmer (ce dernier étant en fait la vraie force derrière toute la mystification) : The Man from Mars de Nadis et War over Lemuria de Toronto.

français,2 étoiles,lovecraft

Le seul bémol parfaitement anecdotique est que presque la moitié des essais n'a guère de rapport avec Lovecraft (si ce n'est par diverses contorsions de la part de l'auteur) et parfois bien peu avec la science fiction (comme l'essai sur Machen et Buchan). Cela n'ôte rien au plaisir de la lecture mais peut décevoir un amateur de Lovecraft qui rechercherait dans ce livre sa dose maximum de Chtulhu (ce n'est d'ailleurs pas mon cas). Au final un livre intéressant et, ce qui ne gâche rien, d'une bonne qualité physique (comme souvent chez Encrage, du moins au début).

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Note GHOR : 2 étoiles

26/12/2015

_Dancing Naked_

Dancing Naked : The Unexpurgated William Tenn : William TENN : 2004 : NESFA Press :  ISBN-10 1-886778-46-9 (la fiche ISFDB du titre) : vi + 426 pages (y compris bibliographie) : coûte 29 USD pour hc non illustré avec jaquette  disponible chez l'éditeur ().

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Une sorte de compagnon aux deux volumes de l'intégrale de la science fiction de William Tenn (Philip Klass pour l'état civil) parus chez NESFA en 2001, cet ouvrage est un recueil du "reste" de son oeuvre. Il comprend dans un joyeux pêle-mêle, quelques textes de fiction (non-SF), des essais (certains partiellement autobiographiques, mais aussi des préfaces, introductions et des notices nécrologiques). Les pièces maîtresses de l'ouvrage sont deux longues interviews (30 et 120 pages) de l'auteur par respectivement Josh Lukin et Eric Solstein. Une courte bibliographie (logique) et un texte se son frère (Morton Klass) terminent l'ensemble qui ne bénéficie pas (hélas) d'un index.

anglais,2 étoiles,tenn

Pour être franc, une bonne partie du livre n'offre guère d'intérêt, soit parce qu'elle est anecdotique (les autres fictions de Tenn) ou d'un apport limité (les nécrologies ou les introductions). Heureusement, les longues interviews, même si elles sont parfois un peu décousues (et du coup présentant un certain nombre de redites), apportent un éclairage bienvenu sur la vie, les mœurs et les aventures d'un écrivain américain de SF dans les années 50/60. On y croisera pas mal d'autres acteurs du genre, parfois montrés sous un jour peu flatteur (Campbell et Heinlein en particulier n'en sortent pas grandis). On regrettera, comme souvent avec les interviews de cette taille, l'absence d'index qui rend difficile la recherche d'un détail précis. Au final, un ensemble utile pour mieux appréhender un auteur parmi les plus amusants du genre.

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Note GHOR : 2 étoiles

17/12/2015

_Ira Levin_

Ira Levin : Douglas FOWLER : 1988 : Starmont (série Reader's guide #34) : ISBN-10 0-930261-25-9 (la fiche ISFDB du titre) : 87 pages (y compris bibliographies et index) : coûtait 10 USD pour TP peu facilement trouvable en occase qui existe aussi en HC (-26-7).

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Cet ouvrage fait partie de la série (d'une cinquantaine de volumes) de monographies publiées par Starmont House et/ou Borgo Press. Cet opus est donc consacré à Ira levin, un auteur américain dont les titres de gloire essentiels sont le roman fantastique Rosemary's Baby (et sa suite) ainsi que les nombreuses adaptations cinématographiques de ses quelques romans. Dans le domaine de la Science Fiction, on lui doit la dystopie This Perfect Day (Un bonheur insoutenable en VF), le plus connu The Stepford Wives (Les femmes de Stepford en VF, un roman porté deux fois à l'écran) et le thriller "nazi-génétique" The Boys from Brazil (lui aussi filmé).

anglais,1 étoile,Levin

Au vu de la faible production de l'auteur (à l'époque) l'ouvrage est à peu près structuré en fonction des œuvres de Levin. On trouve donc par exemple un chapitre (de taille variable suivant la richesse du texte primaire) sur chacun des romans évoqués plus haut. Le tout est accompagné d'une brève partie biographique, d'une réflexion sur le fantastique et d'une évocation des pièces de théâtre composées par l'auteur. Deux courtes (logiquement) bibliographies primaire et secondaire commentées ainsi qu'un index complètent l'ouvrage.

anglais,1 étoile,Levin

En ce qui concerne les titres proprement SF, l'impression générale est voir Fowler "ramer" du mieux qu'il le peut pour pouvoir dire quelque chose de positif sur les deux romans en question. Il faut dire que ces deux titres ne sont déjà pas d'une originalité folle (pour rester gentil). En effet, si la dystopie uniforme dirigée par ordinateur de This Perfect Day doit par exemple beaucoup à Huxley, que dire du concept des femmes robots, une idée qui est largement aussi vieille que la SF (pensez à Métropolis) voire même plus ancienne (de Coppélia à la mythologie antique). A cela s'ajoute une qualité littéraire assez quelconque et une intrigue aux limites du cliché.

anglais,1 étoile,Levin

Comme on est là en présence du cas classique d'un auteur mainstream qui utilise (un esprit méchant dirait pille) les outils, thèmes, décors et rebondissements de la SF sans vraiment maîtriser les codes du genre, il est difficile à l'amateur un tant soit peu éclairé de s'extasier sur ces romans et partager un enthousiasme peu communicatif (on notera aussi que Fowler n'est pas vraiment un homme du sérail). Au total un ouvrage sur un auteur franchement mineur pour le genre et donc largement dispensable.

anglais,1 étoile,levin

Note GHOR : 1 étoile

20/03/2015

_Chaos Theory, Asimov's Foundations and Robots, and Herbert's Dune_

Chaos Theory, Asimov's Foundations and Robots, and Herbert's Dune : The Fractal Aesthetic of Epic Science Fiction : Donald E. PALUMBO : 2002 : Greenwood Press (série "Contributions to the study of science fiction and fantasy" #100) : ISBN-10 0-313-31189-7 : x+240 pages (y compris index et bibliographie) : coûtait 70 USD pour un hc non illustré sans jaquette (pour mon exemplaire) qui est l'un des titres les plus difficiles à trouver de la série.

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Dans son introduction, Donald Palumbo (un universitaire que l'on connaît surtout comme co-responsable de la série d'ouvrages de référence édités par McFarland) évoque la constance de la popularité de deux des séries phares de la SF : l'ensemble Robots/Fondation d'Asimov et la séquence autour de Dune de Frank Herbert. Le nombre d'éditions différentes de ces ouvrages et leur disponibilité quasi-permanente (voir par exemple le succès de la reprise chez Denoël des Asimov) atteste bien de la fascination que continuent à exercer ces textes. Pourtant, leurs qualités intrinsèques peuvent parfois (surtout pour le bon docteur) laisser à désirer. La thèse que Palumbo défend dans cet ouvrage est que l'attrait de ces métaséries (c'est son terme) est lié aux choix des auteurs de créer des ensembles de textes s'inspirant des théories du chaos et de proposer des sortes d'oeuvres fractales. La reconnaissance et l'appéciation par les lecteurs de ces éléments mathématiques expliqueraient donc leur popularité constante au sein du monde des amateurs de SF dont on peut penser qu'ils seraient particulièrement réceptifs à une telle démarche.

anglais,3 étoiles

Après une introduction qui se double d'une initiation à la théorie des fractales et à celle des systèmes chaotiques, l'ouvrage se divise en trois parties principales. La première est consacrée aux textes de la sous-série Fondation (en gros la trilogie initiale et les romans des années 50 situés dans l'empire de Trantor). La deuxième étudie les fictions relatives aux robots (nouvelles et romans autour d'E. Baley) puis s'élargit aux procédés d'intégration (essentiellement via plusieurs romans interstitiels) ayant permis à Asimov d'unifier son univers fictif dans les années 80 et 90. La dernière partie, un peu plus courte, se penche sur les textes d'Herbert de la série Dune principalement sous l'angle de leur utilisation du fameux monomythe de Campbell. Le tout dernier chapitre lui est d'ailleurs presque tout entier consacré par le biais d'une démonstration de sa nature intrinsèquement fractale. A noter que des parties du livre semblent avoir été précédemment publiées dans diverses revues d'études sur le genre (SFS, Foundation) et qu'une bibliographie sommaire et un index complètent l'ouvrage.

anglais,3 étoiles

Cet ouvrage forme un ensemble assez jouissif à lire. Il est d'abord toujours agréable de retrouver le chaos et les fractales, symboles de la science mathématique des années 90, même si Palumbo (qui est un professeur d'anglais) tombe parfois dans l'erreur conceptuelle en mélangeant joyeusement les deux, en oubliant que le lien entre ces deux disciplines est plus de l'ordre de l'artefact de visualisation (certaines représentations d'attracteurs chaotiques dans l'espace des phases sont en effet des fractales) que d'une similarité philosophique (il n'y a rien de moins chaotique qu'une courbe de Koch). Voir Palumbo comparer diagrammes à l'appui la structure de la "multilogie" Robots/Empire/Fondation à un ensemble de Cantor (un objet mathématique célèbre que l'on retrouvera chez Egan par exemple) est un grand moment d'émerveillement qui force l'admiration. Sa démonstration de l'existence simultanée dans le corpus étudié d'une esthétique fractale où chaque séquence d'évènements est reproduite à des échelles variées (c'est le principe de l'auto-similarité à la base de la discipline), et d'une structure narrative basée sur la théorie du chaos (et donc de la dépendance forte aux conditions initiales) est un plaisir à lire et s'appuie sur une lecture extrêmement détaillée des textes de base qui, par exemple, pointe clairement chaque répétition d'un même motif (la victoire à la dernière minute, les fausses identités qui dissimulent d'autres fausses identités, etc.) même si celle-ci se fait à des niveaux différents de l'intrigue.

anglais,3 étoiles

On pourra aussi sourire en voyant Palumbo se livrer à un grand jeu de réécriture de l'histoire (AMHA ben sûr) quand il implique que, dès l'écriture de la trilogie originale (fin des années 40), Asimov avait déjà fait le choix délibéré d'une esthétique fractale (alors que Mandelbrot finissait à peine ses études). On savait Asimov brillant (et lui-même l'a souvent dit), mais à ce point c'est un exploit, exploit que les éléments bio-bibliographiques existants ne corroborent pas (du moins à ma connaissance). Parfois, l'argumentation de Palumbo pourrait bien se retourner contre lui, tellement elle est précise. En effet, en décortiquant les mécanismes scénaristiques d'Asimov et en montrant qu'ils se réduisent à une poignée de concepts et de situations systématiquement réemployés, il pourrait laisser supposer un certain manque d'originalité. De même le chapitre 6 dévoile assez bien les bricolages auxquels a dû se livrer Asimov pour parvenir à sa grande unification, ce qui donne finalement plus l'impression d'être face à un ensemble conçu après coup qu'à une idée développée sur des décennies, ce qui va à l'encontre de la théorie de l'essayiste.  

anglais,3 étoiles

J'ai personnellement trouvé la partie consacrée à Herbert plus faible, le lien avec la théorie du chaos se limitant le plus souvent au fait que l'écologie est une science du chaos (ah bon !) et la fractalité étant un peu oubliée. Le fil conducteur y est le monomythe Campbellien qui est présenté à la fois comme structure épique universelle (une sorte de couteau suisse) et comme objet fractal. En tout cas, tout cela m'a paru assez vague dans son application à l'univers de Dune qui est pourtant étudié avec force détails. Le dernier chapitre sort lui presque complètement du sujet du livre (les références à la SF se faisant même extrêmement rares au fil de la lecture) et vire quelque peu au fumeux avec les micro trous noirs qui côtoient les avatars de Bouddha et les motifs celtiques. Malgré cette fin un peu faible, c'est un ouvrage avec lequel on vraiment envie de dialoguer (éventuellement en le réfutant)  et qui peut même, de par son argumentation fouillée, éventuellement faire changer l'appréciation artistique d'un lecteur sur Asimov, Herbert et leurs oeuvres.

anglais,3 étoiles

Note GHOR : 3 étoiles