13/11/2019
_Ray Bradbury_
Ray Bradbury : David SEED : 2015 : University of Illinois Press (série "Modern masters of science fiction") : ISBN-13 978-0-252-08058-6 (la fiche ISFDB du titre) : 207 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 24.00 USD pour un tp non illustré, disponible chez l'éditeur (là), existe aussi en hc (03894-5) et en ebook (09690-7).
Bien évidemment, il est inutile de présenter Ray Bradbury, sans doute le premier auteur de SF qui a eu l'honneur des programmes scolaires en France (si l'on excepte Jules Verne). Sa popularité en tant que sujet d'étude auprès du monde universitaire ne s'est non plus jamais démentie, j'en veux pour preuve le nombre incroyable de textes ou d'ouvrages lui ayant été consacrés, voir par exemple Touponce ou Johnson parmi ceux évoqués ici-même. Des perfides langues dans mon genre pourraient ajouter que son éloignement du "centre" du genre (réel ou simplement professé) l'ont sans doute aidé à être l'auteur de SF de ceux qui n'aiment pas la SF (pour paraphraser Carr).
C'est David Seed, un professeur britannique à la bibliographie d'ouvrages de référence bien fournie qui s'attaque donc à ce monument dans la série d'études mono-auteurs éditées par les UIP. La structure de cette monographie est assez simple puisqu'elle se divise en seulement quatre chapitres : une biographie, une partie sur les écrits "martiens", une sur Fahrenheit 451 et une sur la promotion par Bradbury de la conquête spatiale. Des copieuses (mais bien sûr incomplètes au vu de la popularité de l'auteur et des centaines d'éditions existantes) bibliographies et un index clôturent l'ouvrage.
Je dois avouer avoir été un peu déçu par cet ouvrage. L'impression globale a été de quelque chose de trop partiel. La première partie (la biographie) est par exemple visiblement trop courte pour démêler les relations parfois complexes de Bradbury avec le genre. Les trois autres parties donnent aussi cette impression de survol de l'oeuvre de l'auteur d'autant que Seed passe pas mal de temps à détailler des textes d'autres auteurs, des mentors comme ou H. Kuttner ou des écrivains ayant produits des titres sur des thèmes similaires comme Walter M. Miller. Sur un espace quand même relativement limité (il y a à peine 150 pages de texte dans le livre, le reste étant occupé par les notes, la bibliographie et l'index), l'effet final de l'ensemble est plus impressionniste qu'exhaustif et l'ouvrage donne parfois l'impression de n'être qu'une simple collection d'essais rassemblée à la va-vite.
Du coup, même si les analyses de Seed sur les thèmes précis qu'il étudie sont pertinentes et mêmes originales (on connaît peu le Bradbury propagandiste de l'aventure spatiale), un amateur de Bradbury (ou même un simple amateur de SF) qui attend un panorama complet aura du mal à y trouver son compte et regrettera de ne pas voir évoquées certaines des nombreuses et différentes voix qui font la toute richesse d'un auteur protéiforme (voire même clivant). Au final, et malgré les connaissances de Seed, cet ouvrage est l'un de titres les moins convaincants et les moins passionnés de cette série de haut niveau.
Note GHOR : 2 étoiles
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27/09/2019
_J. G. Ballard_
J. G. Ballard : D. Harlan WILSON : 2017 : University of Illinois Press (série "Modern masters of science fiction") : ISBN-13 978-0-252-08295-5 (la fiche ISFDB du titre) : x+197 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 22.00 USD pour un tp non illustré, disponible chez l'éditeur (là), existe aussi en hc (04143-3) et en ebook (05003-9).
Un des paradoxes des ouvrages sur le genre est que, généralement, plus l'auteur étudié est loin du centre de celui-ci, plus la littérature à son sujet est abondante (Vonnegut et Atwood sont les exemples qui viennent immédiatement à l'esprit). J. G. Ballard, l'objet de cette monographie parue dans la série d'études mono-auteurs éditées par les UIP, est dans ce cas là puisqu'il existe pas loin d'une vingtaine de livres qui lui sont consacrés. Sous la plume de D. Harlan Wilson, un universitaire et professeur d'anglais britannique qui est aussi écrivain, ce livre est donc le plus récent sur le sujet.
Après une assez longue introduction, cet ouvrage est divisé en six chapitres de longueur variable. Il commence par une partie biographique d'une quinzaine de pages. Elle est suivie par un chapitre sur les nouvelles et les textes de non fiction de Ballard, puis par quatre chapitres analysant chacun un groupe de textes (les catastrophes naturelles, les catastrophes culturelles, les autobiographies et les derniers romans). Une rapide conclusion précède une copieuse (plus de dix pages) bibliographie (primaire et secondaire) ainsi qu'un index.
Comme je l'ai déjà dit à propos de la monographie de William Gibson parue dans la même série (là), la désignation de Ballard comme l'un des "Modern masters of Science Fiction" me pose problème. Le fait que cet avis ne soit pas juste une vue de mon esprit est rendu encore plus flagrant par les contorsions auxquelles se livre Wilson pour trouver les liens de la majorité des écrits de Ballard (en gros tout hormis ses nouvelles, Hello America et les quatre premières catastrophes) avec la science fiction.
Comme il n'y arrive pas vraiment (il n'y a qu'à voir à quelle vitesse il expédie les quatre derniers romans de l'auteur de Cocaine Nights à Kingdom Come), l'intérêt de l'ouvrage est plutôt faible pour l'amateur pur et dur de SF que je suis. Bien sûr, cela n'enlève rien au travail de Wilson qui est solide et documenté, même si on discerne en filigrane certaines querelles entre Ballardiens zélés de diverses obédiences. Je suis juste amené à regretter que cette série d'ouvrages se disperse un peu vers des auteurs qui sont peut-être plus importants pour d'autres domaines (le postmodernisme pour Ballard, le féminisme pour Russ) que pour la SF elle-même. C'est dommage parce qu'elle a aussi publié des ouvrages sur des auteurs nettement plus centraux pour le genre mais négligés (on pensera à ceux sur Benford, Brunner ou Bester). Il reste tant d'auteurs de SF "pure" à étudier sur ce format.
Note GHOR : 1 étoile (pour le rapport avec la SF)
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12/09/2019
_Robert Silverberg's Many Trapdoors_
Robert Silverberg's Many Trapdoors : Charles L. ELKINS & Martin Harry GREENBERG (editors) : 1992 : Greenwood Press (série "Contributions to the study of Science Fiction" #53) : x+156 pages (y compris index et bibliographie) : ISBN-10 0-313-26308-6 (la fiche ISFDB du titre) : coûtait une cinquantaine d'USD pour un HC non illustré sans jaquette (ou est-elle seulement absente sur mon exemplaire venant d'une bibliothèque), parfois trouvable.
Le fait que Robert Silverberg soit l'un des auteurs majeurs du genre est indiscutable. Ce qui le rend sans doute encore plus intéressant aux yeux du monde universitaire est sans doute son parcours chaotique et ponctué de périodes de retrait (annoncées avec force publicité) qui l'a mené des bas-fonds de l'écriture à la chaîne à des oeuvres infiniment plus complexes et à un statut de faiseur de best-sellers. Tout cela fait de la bonne matière pour écrire une belle et éducative histoire. Pourtant, et malgré un nombre significatif d'articles, il est un fait qu'il n'existe que peu d'ouvrages qui lui sont consacrés (un Starmont), un livre par Chapman chez Greenwood et, étonnamment, un copieux ouvrage en allemand). Ce titre est donc plutôt une rareté de par son thème et semble avoir eu une histoire éditoriale assez compliquée (c'est du moins ce que laisse entendre la préface).
Cet ouvrage est donc un recueil de sept essais (généralement inédits) assez longs autour de Silverberg ou de ses oeuvres. Après une longue introduction de Clareson, on trouve successivement un survol de la carrière de l'auteur (Letson), un texte sur Dying Inside (Chapman), une étude sur les nouvelles "à chute" (Francavilla), un essai sur l'identité dans divers textes (Flodstrom), The World Inside comme utopie ambiguë (Dietz), le thème de la transcendance chez RS (Reilly) et une analyse de Tom O'Bedlam (Manlove). On termine par une bibliographie primaire et secondaire d'une dizaine de pages et un index.
Si l'on considère l'étendue de la carrière de Silverberg et ses multiples phases, il est évident que le texte "général" de Letson sur l'auteur aurait pu sans problème voir sa taille multipliée par dix tellement il y a à dire. Du coup, une partie des essais ayant choisi une approche "pointilliste" et focalisée, on ne ressent pas trop l'absence d'une mise en perspective plus vaste. Le tout est de bonne tenue même si certains intervenants sont parfois plus dans leur propre "truc" que dans celui de l'auteur. L'attention portée à certains textes "mineurs" (Dietz & Manlove) est de plus rafraîchissante par son originalité. On peut même percevoir cette l'ambiguité et ces non-dits qui caractérise la relation de l'auteur avec la science-fiction.
De toute façon, les rapports complexes (à la Malzberg) et les apports de Silverberg au genre ne pourraient sans doute être sérieusement étudiés que sur un format beaucoup plus important (on pensera à ce qu'a fait Patterson sur RAH ou Porges sur ERB). Il faudra donc nous contenter de ces petites touches pour l'instant avec cet agréable petit (il y a à peine une centaine de pages de texte) recueil qui peut permettre de commencer à cerner un auteur mutliple.
Note GHOR : 2 étoiles
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21/08/2019
_Robert Bloch_
Robert Bloch : Randall D. LARSON : 1986 : Starmont House (Starmont reader's guide #37) : 148 pages (y compris bibliographies & index) : ISBN-10 0-930261-58-5 (la fiche ISFDB du titre) : coûtait 8.95 USD pour un TP non illustré qui existe aussi peut-être en HC (-59-3).
Cet ouvrage fait partie de la longue série des monographies publiées par Starmont dans les années 80 et qui ont couvert la plupart des auteurs de F&SF importants (de Aldiss à Wyndham). Ce tome est donc consacré à Robert Bloch, un auteur protéiforme qui a opéré dans tous les genres de l'imaginaire ainsi que dans bien d'autres (western, policier, novélisations). Au final ses textes de "pure" SF ne forment qu'une petite partie de son oeuvre d'où un relatif manque d'intérêt critique pour cet écrivain difficile à placer dans une case précise, un peu comme Fredric Brown ou Richard Matheson.
Sous la plume d'un spécialiste américain de l'auteur, ce livre commence par une chronologie (comme le veut l'usage dans cette série) et se poursuit par une douzaine de chapitres d'une dizaine de pages chacun. Larson a fait le choix de grouper les écrits de l'auteur par genre, en commençant par les textes de type Weird Tales, en passant ensuite par la SF courte puis longue, le policier, l'horreur et en finissant par les choses inclassables (un roman historique et une novélisation). Une bibliographie primaire (textes en anglais seulement, mais assez complète), une bibliographie secondaire (incluant bizarrement les recueils francophones) et un index clôturent l'ouvrage.
Au final, l'ensemble est plaisant à lire même si la partie dévolue à la SF est logiquement limitée à quelques chapitres d'où un moindre intérêt pour l'amateur du genre que je suis. Cette monographie permet de se faire une idée plus précise de la carrière d'un auteur dont on ne retient parfois que le fait qu'il est l'auteur de Psycho (un qualificatif simpliste qui lui déplaît d'ailleurs). On pourra regretter une partie analyse réduite au profit de la description des intrigues et le manque d'un chapitre biographique (comme il est pourtant d'usage dans cette série).
Note GHOR : 2 étoiles
09:48 | 09:48 | Etudes mono-auteur | Etudes mono-auteur | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglias, bloch, 2 étoiles | Tags : anglias, bloch, 2 étoiles
20/06/2019
_The Magic Labyrinth of Philip José Farmer_
The Magic Labyrinth of Philip José Farmer : Edgar L. CHAPMAN : 1984 : Borgo Press (série "Popular Writers of Today" #38) : ISBN-10 0-89370-258-7 (la fiche ISFDB du titre) : 96 pages (y compris index et bibliographie sommaire) : coûtait $4.95 pour un tp non illustré qui existe aussi en hc (-150-0), pas facile à trouver.
Paru chez Borgo dans sa longue série de monographies (là), cet ouvrage est sorti alors que la carrière de Farmer était à son zénith, juste après la parution du dernier roman du cycle Riverworld. Il s'agit d'une étude qui est très proche de celle écrite par Brizzi quelques années auparavant (évoquée ici). Dans la pratique, ces deux petites monographies se complètent assez bien, même si je donnerais un léger avantage à Chapman (déjà un peu plus dense) qui aborde d'une façon plus approfondie les "parodies/pastiches/hommages" (à Tarzan, Doc Savage, Baum et d'autres) dont Farmer s'est fait à un moment une spécialité.
Comme Farmer a assez peu écrit après la sortie de cet ouvrage, si l'on excepte la très moyenne la série Dayworld (basée sur une idée de 1971), il se trouve que, malgré son âge, cet ouvrage est largement suffisant pour cerner l'auteur et ses principales thématiques dont bien sûr le côté "sexe" sur lequel sa réputation est basée en France et ce d'une façon parfois discutable. De toute façon, le Brizzi et celui-ci sont les seuls ouvrages sur le sujet, ils ont donc leur place dans toute bonne bibliothèque de référence sur le genre.
Note GHOR : 2 étoiles
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