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01/08/2008

_Anne McCaffrey A life with dragons_

_Anne McCaffrey A life with dragons_ : Robin ROBERTS (1957 - ) : University Press of Mississippi : 2007 : ill Rowena : ISBN-13 978-1-57806-998-9 : 243 pages (y compris cahier photographique central -non paginé- et index et biblio des sources utilisées) : 18 Euros 19 port compris pour un HC avec jaquette.

Anne McCaffrey A life with dragons.jpg



Comme son sous-titre l'indique, cet ouvrage est donc une biographie de Anne McCaffrey. C'est la deuxième après la courte tentative de son fils (_Dragonholder_ -> http://ecx.images-amazon.com/images/I/51ZZAKJT55L._SS500_.jpg , pas lu). L'auteur est un "spécialiste" de McCaffrey et aussi un fan de l'auteur qu'il a longuement interviewée chez elle.

Anne McCaffrey (Greenwood).jpg

Comme toute bonne biographie et d'une façon logique, ce livre est donc logiquement organisé de façon chronologique en huit
chapitres qui couvrent des péiodes clés de la vie de l'auteur.

1- Le cadre familial
2- L'adolescence
3- Le lycée et le mariage
4- Les débuts d'écrivain et le travail avec Virginia Kidd (son agent)
5- L'émigration en Irlande
6- Les premiers succès (Pern)
7- La réussite
8- Les derniers honneurs

On le voit bien aux titres des chapitres, le choix est clairement fait d'une narration très orientée sur la vie de famille de McCaffrey, bien plus que sur une analyse littéraire de son oeuvre.

Je dois avouer ne pas être un gros fan de McCaffrey, ni même un grand connaisseur de son oeuvre et je dois dire que je sors de cette biographie sans aucun désir de changer cet état de fait. C'est un peu dommage dans la mesure où, pour moi, la biographie peut être un outil pour approfondir un auteur en décryptant/dévoilant certaines influences, mais peut aussi être une raison de s'intéresser à un écrivain peu pratiqué.

On va dire qu'il s'agit d'une biographie bien "gentillette", écrite par un auteur visiblement très fan de son sujet. Ce côté "McCaffrey est une personne superbe, sublime, géniale, généreuse etc..." est certainement le point le plus énervant soulevé par un tel ouvrage. S'il parait normal de choisir d'écrire une biblio sur son auteur favori et non sur celui que l'on déteste le plus, il est important de garder une certaine distance avec le sujet, comme le font (par exemple) Phillips ou White.

 James Tiptree Jr.jpg       Asimov the unauthorized life.jpg

Ici, on est plutôt dans le mielleux et la guimauve où mêmes les conflits sont minorés (AMHA on ne part pas s'exiler en Irlande à la quarantaine pour rien) et où McCaffrey écrase de sa majesté tout le livre.

Du coup, on a par moment l'impression que des bouts de l'histoire sont passés sous silence et cela peut rendre sceptique sur l'exactitude ou la complétude des évènements relatés.

Autre point négatif, la très faible profondeur de l'analyse des textes de McCaffrey. Il est vrai que McCaffrey n'a jamais écrit (AMHA, oeuf corse) de chef d'oeuvre et que sa place dans le panthéon de la SF est plus dûe à une influence sur les primo-accédants à la SF qu'à une participation active à l'évolution du genre. Ceci peut expliquer un certain manque de "matière" à analyse, on pourrait ausss penser que cette analyse éventuelle s'est trouvée déportée dans l'autre livre de Roberts qui est indiscutablement plus littéraire.

Cette analyse purement superficielle est montrée, par exemple, par le fait qu'il nous est répété à longueur de page que certains romans comportent des éléments biographiques fondateurs mais ceux-ci ne sont, le plus souvent, que des lieux communs (mort des proches, maladies, divorce...). Roberts pare aussi souvent McCaffrey des lauriers de combattante du féminisme, chose qui, dans sa démonstration, se borne au fait d'avoir utilisé des héroines féminines. AMHA un peu léger et pas forcément partagé par les personnes impliquées dans ce combat.

A la base, ce type d'ouvrage est intéressant dans la mesure où il peut livrer des clés pour l'interprétation des écrits de l'auteur en utilisant le prisme de la vie personnelle de cette dernière. Hors, ici ces éléments sont soit occultés, soit tellement génériques (ou trop détaillés) que la lecture de la biographie ne permet pas d'éclairer la lecture des textes fictifs produits. L'ouvrage ne sert donc pas à grand chose si ce n'est à raconter une belle histoire d'écrivain(e) qui devient riche et reconnue à la fin, mais en tout cas pas à comprendre pourquoi elle le devient.

Juste une dernière pique : on peut se demander comment une université peut cautionner et publier un tel livre. Non pas qu'il soit mauvais mais juste qu'il est au final assez vide pour qui veut aller plus loin qu'une suite de détails anecdotiques sur le nombre de salles de bain de la maison de McCaffrey.

A réserver aux fans de l'auteur et aux lecteurs de Gala (qui sauront tout de la liaison entre McCaffrey et d'Asimov ou de celle de Kidd et Elwood).

Note GHOR : 1 étoile

21/07/2008

_Worlds out of words : The SF novels of Samuel R. Delany_

_Worlds out of words : The SF novels of Samuel R. Delany_ : Douglas BARBOUR : Bran's Head : 1979 : pas d'illustration : ISBN-10  0-905220-13-7 : 171 pages (y compris index et biblio) : une petite vingtaine d'Euros port compris pour un TP d'occase.

Worlds out of words.jpg

 

Samuel Ray Delany, malgré sa faible production (une dizaine de romans et une trentaine de nouvelles), est un auteur à qui on a consacré déjà un certain nombre d'ouvrages analytiques et qui a récemment bénéficié d'une nouvelle mise à disposition pour les lecteurs francophones.

       Samuel R Delany.jpg          Ash of stars.jpg

Cet ouvrage est chronologiquement le premier et couvre, malgré celà, l'essentiel de la production de Delany. Traitant uniquement des romans au motif que les nouvelles reprennent les mêmes thématiques et techniques, il est organisé en sept chapitres de longueur inégale.

Les quatre premiers sont thématiques et tracent certains motifs dans les romans de Delany (à l'exception de Dalghren & Triton, voir plus bas). Les approches choisies sont :
1 - "The quest" : qui montre le canevas standard utilisé par Delany dans ses premiers courts romans généralement parus en Ace Double.
2- "Cultural, litterary and mythological allusion" : qui explore l'utilisation par l'auteur de divers références culturelles.
3- "The creation of possible future cultures" : qui approfondit les techniques utilisées par Delany pour donner une certaine véracité à des décors science-fictifs.
4- "Style and structure" : qui se penche sur la 'technique' de construction ou de narration des textes.
Les deux chapitres suivants traitent des deux oeuvres maitresses de l'auteur :
5- "Dalghren" : roman très ambitieux IIRC non traduit en VF.
6- "Triton" : roman probablement moins ambitieux mais tout aussi travaillé qui marque la tentative de Delany de revenir à une SF plus 'accessible'.
Cette partie du livre de Barbour se clôt par une courte conclusion sur la place de Delany dans le genre.

Il y a aussi une bibiographie assez intéressante (et internationale, chose rare) et plutôt détaillée (caractéristiques des diverses rééditions par exemple).

Je ne suis pas un grand amateur de Delany et j'en ai lu assez peu, principalement des nouvelles ce qui me met un peu hors-jeu pour avoir un avis vraiment fouillé et étayé sur ce livre qui se révèle toutefois d'une lecture asez aisée.

Mon impression est parfois une certaine surestimation des oeuvres de jeunesse de Delany dont la collection de parution (les fameux Aces Double) n'est certes pas un repaire de la grande littérature ou de la grande SF.

Sans tomber dans la psychanalyse de bazar, j'aurais aussi trouvé pertinent qu'une plus grande attention soit portée à la personnalité un peu 'hors-norme' pour le milieu de la SF de l'époque de Delany (Noir, Cultivé, Homosexuel) et sur l'importance de son histoire personnelle dans ses choix littéraires.

La bibliographie est assez moyennement exploitable (trop d'entrées, les recueils placés avec les nouvelles) mais est riche et souffre surtout de l'absence d'une galerie photo qui est remplacée par des descriptions littérales qui ne sont parfois pas idéales pour déterminer de quelle édition on parle.

Pour finir, la principale réflexion que m'a inspirée cet ouvrage l'a été par une phrase de la conclusion de Barbour : "...Delany is still a relatively young writer with a long career ahead of him..." qui, quand on voit comment la carrière de Delany s'est arrêtée peu après l'époque de parution de cet ouvrage, pose des questions sans réponses sur le pourquoi de ce quasi abandon et sur les rapports entre le genre et cet auteur.

Note GHOR : 2 étoiles (sans grandes raisons)

17/07/2008

_Textual poachers_

Textual poachers : Television fans and participatory culture: Henry JENKINS : Routledge : 1992 : ISBN-10 0-415-90572-9 : 343 pages (y compris index et bibliographie) : une grosse vingtaine d'Euros port compris pour un TP.

Textual poachers.jpg

Cet ouvrage est une des premières études sociologiques (ou ethnographiques) consacrée au phénomène du fandom. A ce titre, il est un des textes fondateurs de ce domaine particulier qui se concentre sur les lecteurs (ou spectateurs dans ce cas) plus que sur le corpus. Ce livre, pionnier de l'analyse de certains des acteurs incontournables de la SF compte parmi sa descendance des livres comme ceux de Torres, Sanders ou Bacon-Smith.                

Science fiction fandom.jpg

En se focalisant sur ce que l'on nomme les media-fans (amateurs de séries TV ou de séries filmiques, généralement SF mais pas exclusivement), il n'est évidemment pas un portrait fidèle du microcosme des fans de littérature SF mais apporte beaucoup d'enseignements sur des pratiques que l'on rencontre aussi chez eux.

En terme de structure, il est organisé en 8 chapitres :

1) "Get a life" : une longue partie introductive au milieu de la SF (puisque la plupart des séries braconnées appartiennent au genre) et à celui des fans qui donne une première idée de la complexité et des nombreuses structures qui sous-tendent le fandom (APA, clubs, conventions, fanzines, prix, filk...).

2) "How texts become real" : décrit le processus d'appropriation par des individus de ce qui est initialement un produit commercial copyrighté et qui est ré-utilisé et transformé par l'ajout de matériau original, qu'il soit canonique ou pas.

3 "Fan critics" : montre comment cette appropriation n'est pas simplement aveugle mais s'accompagne à la fois d'un discours critique sur l'oeuvre mais aussi d'une prise en compte des paramètres (économiques le plus souvent) externes à celle-ci.

4) "It's not a fairy tale anymore" : se focalise sur la série télévisuelle Beauty and the beast (La belle et la bêteen VF, IIRC) et étudie les (fem)fans dans leurs pratiques et leurs motivations.

5) "Scribbling in the margins" : traite de la fan-fiction (fanfic), une production d'oeuvres (littéraires pour l'instant) qui enrichissent, modifient ou parfois contredisent ou renient les oeuvres "officielles" (le canon).

6) "Slash and the fan-writing community" : au sein de la fan-fiction en général, s'intéresse au "slash", c'est à dire des fictions mettant en scène les relations amoureuses homosexuelles de deux personnages d'une ou plusieurs séries. Particulièrement la plus connue de ces catégories : K/S, c'est à dire des fictions montrant Kirk & Spock comme amants.

7) "Layers of meaning" : creuse le domaine , nouveau à l'époque, des créations audio-visuelles dérivées des séries.

8) "Strangers no more, we sing" : se penche sur un phénomène propre au fandom SF initialement mais qui a migré vers les media-fans, celui du filk, c'est à dire la production de textes et chansons spécifiques à la communauté SF.

Suivent une conclusion, un appendice donnant quelques précisions sur les principales séries citées, une bibliographie et un index.

Science fiction culture.jpg

Cet ouvrage est a replacer dans son contexte et représente, pour l'époque, une grande première dans son traitement des fans sous un angle à la fois académique s'appuyant sur une étude longue et étayée mais aussi respectueux du fait de l'appartenance de l'auteur à ce milieu.

En effet, il va plus loin, pour la première fois (plus ou moins), que l'image d'Epinal de l'amateur de ST déguisé en Spock ou du traducteur de la Bible en Klingon, en montrant que ces fans ont à la fois une vraie stratégie de consommation, font preuve d'une clairvoyance assez remarquable nourrie par une analyse permanente à tous les niveaux de l'oeuvre et de son contexte, mais aussi (et surtout) que ces fans sont eux-mêmes (et bien sûr à leur niveau parfois modeste) devenus des producteurs d'oeuvres d'art dans plusieurs domaines (récit, BD, chanson, vidéo, illustration...).

La science-fiction française.jpg

Loin d'être de simples consommateurs d'images décérébrés, les media-fans deviennent alors des co-auteurs qui s'approprient d'une façon parfois peu légale (d'où l'usage du concept de "braconnage") un univers et des personnages et les font leurs en l'analysant puis en l'intellectualisant et enfin en l'enrichissant. Pour l'époque, cette idée était tout simplement révolutionnaire et a eu du mal à s'insérer dans un discours dominant qui opposait la high culture (élitiste, sophistiqué, active) et la popular culture (passive, limitée). C'est là la grande force de cet ouvrage, cet effort de montrer les activités nombreuses des media-fans sous un jour positif et comme créateur "net" de sens.

Star trek (JL 1980).jpg

On pourra regretter deux choses à ce livre, la première étant un nombre important de coquilles systématiques concernant les noms propres (Gernsbeck, Lundwell) relevant du domaine de la SF écrite (qui n'est visiblement pas la tasse de thé de Jenkins), le seconde étant qu'une actualisation est éminemment souhaitable au vu de l'évolution actuelle des techniques de production d'oeuvres et de communication de ces oeuvres entre fans. Il y a un petit paragraphe sur usenet mais on rêverait d'une étude sur les webzines, les sites communautaires ou l'animation en 3-D.

Note GOR : 2 étoiles

15/07/2008

_Modern science fiction and the american literary community_

Modern science fiction and the american literary community : Frederick Andrew LERNER (USA, 1945 -) : The Scarecrow Press : 1985 : pas d'illustration (il se peut que ce livre ait normalement une jaquette ) : ISBN-10  0-8108-1794-2 : 325 pages (y compris index et énorme bibliographie de 150 pages) : une petite vingtaine d'Euros port compris pour un HC d'occase.

Modern SF and the american literary community.jpg

Cet ouvrage a pour objectif de retracer l'histoire de la réception de la SF (anglo-saxonne) par la communauté littéraire américaine. Par communauté littéraire américaine, Lerner entend plusieurs acteurs différents :
- les critiques et chroniqueurs de livres qui écivent pour des magazines ou des journaux ne faisant pas partie du genre (quotidiens, suppléments littéraires, magazines littéraires)
- les chercheurs et le milieu universitaire, vus sous le prisme de leurs publications
- le milieu enseignant (niveau primaire ou secondaire) à la fois dans leurs pratiques d'enseignement de la SF et dans le corpus des textes enseignés ou conseillés via leurs propres journaux
- les bibliothécaires principalement au travers de leur importante (aux USA) presse professionnelle
- les professionnels de la futurologie ou de la recherche appliquée.

Le pianiste déchaîné (LDP 1977).jpg

Organisé en une dizaine de chapitres, ce livre s'ouvre par le rituel exercice de la définition de la SF, une formalité expédiée sans aucune originalité.
Suivent cinq chapitres (un par "âge" de la SF Moderne) qui détaillent et contextualisent toutes les critiques ou chroniques d'ouvrages de SF dans des publications hors du genre (e.g. un article sur Slaughterhouse five dans The new republic).
Le chapitre 7 : "Science fiction and the scholars" trace à la fois les mentions de la SF dans le monde de l'académie mais aussi les ouvrages de référence existant à l'époque et le processus de constitution de réseaux de réflexion sur la SF (SFRA, SF Fondation...).
Le chaptre 8 : "Science fiction in the classroom" décrit à la fois l'émergence de cours sur la SF ainsi que l'évolution des lectures recommandées par les enseignants.
Le chapitre 9 : "Science fiction in the library" montre comment la SF a fini par entrer dans les bibliothèques, à la faveur d'un changement de format (apparition de HC de SF, seul type de livre toléré en bibliothèque) et en profitant de la quête de clients lancée par ces dernières.
"Science fiction in the laboratory" (chapitre 10) liste les interactions entre SF et futurologues, généralement peu fructueuses, chacune des parties tentant de garder ses prérogatives.
Une courte conclusion au titre ironique "The descent into respectability" (en écho à la fameuse phrase écrite par Dena Benatan -Brown à l'époque-) termine le livre en récapitulant le chemin parcouru depuis le ghetto des pulps.

Fantastic 1975-04.jpg

On pourra reprocher à certains chapitres (les premiers) de ce livre un aspect énumératif de lieux de parution et de citations qui rendent la lecture parfois un peu rébarbative. C'est toutefois un recensement unique (à ma connaissance) qui permet de mesurer réellement quel était l'image de la SF dans le monde des lettres américain. Ceci permet par exemple de tordre le cou au fantasme de la littérature maudite puisque l'on voit que, à ses débuts (jusqu'à aprés la 2GM), la SF était tout simplement ignorée du reste de la communauté littéraire ou que, par la suite, la réception était généralement plutôt favorable, grâce à certains intellectuels favorables au genre (K. Amis pour n'en citer qu'un). De plus, Lerner donnant l'intégralité de ses sources, la mise en doute de ses conclusions devient assez difficile.

J'ai trouvé les chapitres sur le monde de l'académie et de l'enseignement particulièrement intéressants tant dans un aspect historique "interne" que dans certains livres cités que je vais tenter de me procurer. Les lecteurs de nos jours pourront aussi être génés par le fait que le livre est tout entier rédigé en police "courrier" (avec titres soulignés), comme sorti directement d'une machine à écrire. Il est aussi probable que les lecteurs francophones regretteront l'absence d'un ouvrage similaire sur la réception du genre dans la sphère littéraire traditionnelle.

SF A teacher's guide and resource book.jpg

En tout cas, c'est un sujet original pour l'époque (et encore actuellement) qui permet de sortir du cadre de la SF, un ouvrage d'une méthodologie indiscutable soutenue par une quantité de recherche impressionnante (peut-être même trop envahissante) et qui a la mérite de remettre en place certaines idées reçues.

Note GHOR : 3 étoiles

13/07/2008

_H. Beam Piper : A biography_

H. Beam Piper : A biography : John F. CARR : McFarland : 2008 : ISBN-13  978-0-7864-3375 : 250 pages (y compris annexes, index et biblio) : une grosse vigntaine d'Euros port compris pour un HC sans jaquette.

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H. Beam Piper est un auteur maintenant presque complètement oublié. Peu traduit dans notre pays : 4 romans, tous indisponibles depuis longtemps et une demi-douzaine de nouvelles, il n'est guère plus connu outre-atlantique, où sa période de visibilité maximale a été le début des années 60 (de son vivant quand il écrivait surtout pour Astounding/Analog) et lors du boom des paperback années 80 où sont sortis des receuils (Empire, Federation) et des sequels autorisées à certaines de ses séries (Paratime, Fuzzy).

A planet for texans (Ace Double D-299).jpg

Cet ouvrage est donc une biographie de l'auteur, de sa naissance en 1904 jusqu'à son suicide en 1964. Il est organisé en court chapitres qui s'appuient essantiellement sur la volumineuse correspondance de l'auteur et son journal intime. C'est un portrait plutôt tragique, d'un conteur né qui a mis plus de 40 ans à être publié, d'un homme solitaire (la plupart du temps) et en proie à d'insolubles problèmes financiers, tentant de combiner un travail de gardien de nuit et une carrière d'écrivain. Un perfectionniste qui ré-écrivait un nombre incalculable de fois ses textes. Un être humain qui devait, au final, être plutôt malheureux.

Space viking (TF 1982).jpg

Quand on fait le parallèle avec la vie Tiptree/Sheldon (qui se termine de la même façon), on mesure bien là toute la différence entre une fille de la haute bourgeoisie et un prolétaire, ce qui montre bien que le talent est certes important (ils en avaient AMHA tous les deux) mais que le milieu social fait une énorme difference, même pour une carrière d'écrivain. Le récit est suivi par plusieurs annexes (dont deux articles sur la THFH repris de divers supports) et une bibliographie assez sommaire (incomplète pour la VF).

Tinounours sapiens (Le Masque 1978).jpg

Cette plongée dans l'univers d'un écrivain poussé au suicide par ses ennuis financiers et sa solitude est parfois un peu flippante mais reste tout le temps intéressante. Piper est un cas d'école, un de ces écrivains de SF talentueux mais viticmes d'un marché trop étroit pour pouvoir en vivre, un homme qui faisait rêver des milliers de lecteurs tout en vivant dans une misère presque noire. C'est un d'ailleurs un document essentiel pour comprendre les conditions de 'fabrication' de la SF et les mécanismes économiques en jeu.

Paratime (Ace 1983).jpg

Techniquement, on pourra reprocher à cet ouvrage un certain nombre de coquilles (phrases en double) et des répétitions dans le corps du texte où des anecdotes apparaissent plusieurs fois, ainsi qu'une biblio "non-standard" et parfois peu pratique à utiliser (manque d'un index, receuils non cités). On pourra aussi regretter une absence quasi-totale de réflexion sur les textes de Piper eux-mêmes (on sait à peine de quoi ils parlent si on ne les connaît pas) qui ne sont que très rarement placés dans le contexte SF global ni dans celui des préoccupations et sources d'inspiration de l'auteur. Mais il faut se souvenir que ce livre est une biographie et non une analyse de l'oeuvre de l'auteur, d'où très probablement ce parti-pris.

Un livre au final attachant (malgré un personnage qui en ressort parfois comme assez peu sympathique) et surtout un hommage mérité à un auteur important, un travail bien mené et à soutenir.

Uller uprising (Ace 1983).jpg

Note GHOR : 3 étoiles