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02/12/2008

_Anne McCaffrey : A critical companion_

Anne McCaffrey : A critical companion: Robin ROBERTS : Greenwood (série CCTPCW -sic-) : 1996 : ISBN 0-313-29450-X : Ill Photo : 186 pages (y compris biblio primaire roman + secondaire & index) : quelques Euros pour un HC grand format.

Anne McCaffrey (Greenwood).jpg

Cet ouvrage est organisé en dix chapitres. Les deux premiers sont une sorte de biographie de McCaffrey et une tentative de définition de la SF. Ces chapitres 'introductifs" sont suivis par huit autres s'attachant chacun à une série ou un ouvrage de l'auteur, respectivement Dragonflight, Pern, les vaisseaux, la Rowan, les Sassinak, les Restoree, Doona et la série Powers.

Chacun de ces chapitres nous donne le résumé des composants de la série, chronique le développement des personnages, aborde les principaux thèmes et messages et nous propose une lecture 'alternative' (analyse marxiste, fémiste, mythologique, psychanalytique...) de la série.

A ces considérations sur les oeuvres de McCaffrey s'ajoute une bibliographie primaire sommaire (traitant uniquement les roman), une bibliographie secondaire nettement plus fournie ainsi qu'une liste des critiques existantes des livres abordés.

Le vol du dragon (LDP 1981).jpg


N'étant pas un gros lecteur de McCaffrey (seulement quelques nouvelles et quelques romans), je n'ai pas été très touché par ce livre. Pour être plus explicite, je veux dire que, à aucun moment, cet ouvrage ne m'a donné envie de me précipiter sur un des livres non-lus de McCaffrey qui sont sur mes étagères, en ce sens, c'est donc AMHA un échec.

Peut-être est-ce dû au ton du livre, qui réussit à être à la fois sans passion communicative, tout en étant très (trop AMHA) laudateur pour les oeuvres discutées (Reconstituée est présenté comme un quasi chef d'oeuvre).

Reconstituée (AM 1982).jpg

Ou peut-être est-ce dû au niveau de discours qui oscille en permanence entre critique sophistiquée et discours simplifié (le fait que cette série de Greenwood est ciblée pour les lycéens qui ont un devoir à rendre doit en être la raison). Une argumentation qui ramène pour la n-ième fois les vieux poncifs sur le genre, tout en contextualisant peu McCaffrey dans le genre (comme femme ou comme auteur de juveniles) alors que c'est sûrement un axe essentiel. Cette approche est probablement  trop technique pour le lecteur cible.

Enfin, peut-être est-ce dû au fait que j'en ai marre de voir dans ce type d'ouvrage des copier-coller (ici par exemple les pages 54 & 104) qui
me donnent l'impression d'être pris pour une truffe.

Autant lire le Brizzi chez Starmont qui, même s'il est plus court, à au moins le mérite d'être un peu moins lisse et plus engageant.

Note GHOR : 1 étoile

01/12/2008

_Robert Heinlein_ (Stover)

Robert Heinlein: Leon STOVER : Twayne (série TUSAS) : 1987 : ISBN 0-8057-7509-9 : Ill Photo : 147 pages (y compris biblio & index) : quelques Euros pour un HC petit format (avec jaquette).

Robert Heinlein.jpg


Ce court ouvrage est organisée en une dizaine de chapitres qui suivent dans un ordre plus ou moins chronologique (parfois carrément pas du tout) la carrière de Robert Anson Heinlein. Chaque chapitre prend pour base un texte précis et développe sa thématique propre (nouvelles frontières, sexe, religion, rédemption...) en lui adjoignant d'autres oeuvres de RAH qui partagent les mêmes préoccupations et en faisant le parallèle avec d'autres auteurs américains (Twain, Whitman...).

Il faut savoir que Leon Stover a une conception bien particulière du rôle du critique. En effet, pour lui, le travail du critique n'est pas d'expliquer mais de faire partager les qualités de son sujet d'étude. Fidèle à cet étrange principe qui voit la réflexion comme uniquement destinée à dresser les louanges d'un auteur, on ne trouvera pas ici d'analyse serrée (apppuyée textuellement) ni le moindre jugement un tant soit peu négatif sur l'auteur.

Ce choix nous vaut donc par exemple une histoire personnelle de RAH présentée sous un jour presque biblique, avec l'auteur dans les rôles successifs ou simultanés de saint, guerrier, meneur d'hommes, écrivain stupéfiant, analyste brillant, ingénieur de génie. Stover reprend (ou initie) tous les poncifs et clichés (par exemple l'écriture de son premier texte de SF, une oeuvre géniale sortie de son cerveau en claquant des doigts) que l'on retrouve depuis vingt ans sous la plume des défenseurs du maître.

A la place d'une lecture et d'une mise en situation des textes, on obtient un ouvrage assez proche de celui de Major (Heinlein's children : The juveniles).

Heinlein's children.jpg

C'est donc une sorte de monologue, qui ne fait que s'appuyer sur les oeuvres de RAH pour nous abreuver de commentaires sur le monde actuel (du moins celui des années 85), sur les USA et les maux qui guettent cette merveilleuse démocratie libérale (marxistes, jeunes, noirs musulmans, fénéants, assistés, malpolis, écologistes). C'est agrémenté (sic) de longs couplets sur la 'manifest destiny' US, celle d'un peuple élu (mais uniquement sur green card), défricheur de frontières (après avoir massacré deux ou trois autochtones), gardien de la liberté face aux méchants rouges (ceux qui ont le couteau entre les dents), leaders naturels de l'humanité et représentants du Seigneur sur Terre (amen).

Des pleines pages de prétention, de fanatisme religieux ou patriotique et de haine tout azimut, cette haine que Stover n'arrive pas à confiner à la sphère sociale mais qui déborde dans son analyse de la SF, comme le montrent ses élucubrations sur la SFRA (qui est censée avoir monté une cabbale contre RAH) ou ses attaques sur Franklin (qui pourtant pourrait, au vu des ses états de service, donner des leçons de partiotisme à pas mal de monde) et ses aboiement sur critiques de RAH en général.
Pauvre de nous !

Un point intéressant est de remarquer qu'il s'agit chronologiquement d'une des premières apparitions de la technique de réponse aux critiques de RAH qui deviendra standard (on l'a vu à l'oeuvre sur fr.rec.arts.sf notamment). Cette technique consiste à répondre deux choses à toute personne qui émet une opinion négative sur les livres de Heinlein (en particulier les derniers) :

- "RAH est sur la liste des best-sellers" : qui sous-entend que si des milions de gens ont acheté I will fear no evil c'est bien la preuve qu'il s'agit d'un bon livre. A ce titre, Dan Brown pourrait légitimement prétendre au prochain Nobel.

Le ravin des ténèbres (AM 1974).jpg

- "Si tu n'aimes pas ce roman, c'est que tu n'y as rien compris" (Stover emploie l'expression "didn't get the joke"), ce qui permet de mettre le contradicteur en position de faiblesse ("mais si j'ai compris", répond t-il vainement) et permet d'embrayer sur une explication de texte visant à montrer que Le ravin des trénèbres (par exemple) n'est pas la longue liste des fantasmes d'un auteur blanc vieillissant (coucher avec sa jeune secrétaire noire, avoir une relation quasi homosexuelle avec son meilleur ami, pratiquer le triolisme) mais une blague super rigolote sans aucune arrière-pensée, ou prouvant que The number of the beast n'est pas un suite de scènes sans queue ni tête qui se perd dans la mythologie personnelle de l'auteur mais un véritable traité de mécanique quantique qui placerait son auteur au même niveau qu'Einstein.

Dommage que toute cette fange fasse de l'ombre à une lecture de l'oeuvre de RAH comme émanation d'une vision Calviniste, analyse dont les arguments me semblent probants et qui, idéologiquement, se défend (voir aussi Slusser sur ce point).

Ayant pour l'écrivain RAH le respect dû à la grande qualité de ses oeuvres (certaines en tout cas) et à l'homme RAH le respect dû à chaque être humain, j'aurais tendance à penser qu'il serait le premier attristé d'avoir un thuriféraire pareil en la personne de Stover.

Note GHOR : 0 étoile

28/11/2008

_Magill Surveys : Science fiction Alien encounter

Magill Surveys : Science fiction Alien encounter: Frank M. MAGILL (éditeur, les auteurs des notules ne sont pas identifiés ni listés) : Salem Softbaks : 1981 : ISBN 0-89356-311-0 : pas d'illustration : 376 pages (y compris index sommaire) : quelques Euros pour un TP petit format (à noter qu'il n'est que moyennement solide).

Magill surveys SF Alien encounter.jpg


Ce livre est une extraction thématique d'un autre ouvrage, le massif (5 tomes, plus de 500 livres couverts) Survey of science fiction literature.

Comme le livre dont il est issu, il s'agit d'une compilation de petits essais (moins d'une centaine) ayant la particularité de porter sur des oeuvres (et non des auteurs). Chaque essai fait entre 4 et 6 pages et présente (un peu) l'auteur, (un peu aussi) l'environnement SF de 'oeuvre et se consacre principalement à une description critique de celle-ci. Cette partie est essentiellement axée sur la récapitulation de l'intrigue et spolie du coup pas mal. Dans de rares cas, des pistes vers d'autres critiques ou analyses sont fournies.

Le principe du choix des notules retenues est de traiter (plus ou moins, parfois nettement moins) du thème de la rencontre avec les extraterrestres.

Les auteurs dont les oeuvres sont sélectionnées sont majoritairement anglo-saxons (avec comme exceptions Lem, Lasswitz et les Strougatsky) et les textes font partie des 'classiques' reconnus, avec toutefois quelques agréables (au sens de rarement traitées) surprises comme War of the wing-men, Shadows in the sun ou If the stars are god.

War of the wing-men (Ace Double D-303 1958).jpg   From other shores (NESFA 2007).jpg  Les aires du réel & Les étoiles, si elles sont divines (OPTA 1979).jpg

Je ne sais pas trop quoi faire de ce livre.

D'habitude j'aime bien me remémorer mes lectures en y replongeant par commentaires interposés, mais là je n'ai pas été convaincu. Outre des critères d'inclusion assez vagues (le rattachement de Terre planète impériale au thème des rencontres ET reste un mystère pour moi), je n'ai pas du tout été emballé par les essais. On sent trop ce qui est certainement la vocation première de l'ouvrage : permettre à des lycéens ou des étudiants de faire croire qu'il ont lu tel ou tel livre en leur fournissant un résumé qui puisse faire illusion. Ce choix entraîne naturellement une hypertrophie de la partie paraphrase/résumé de l'intrigue, ce qui minimise d'autant la partie critique ou analytique.

Imperial Earth (Ballantine 1976).jpg

En plus, on peut percevoir un bon vieux courant d'annexation religieuse (au sens de fondamentaliste chrétien US) dans une partie des commentaires (c'est peut-être d'ailleurs une caractéristique de ces éditions), alors que certains des textes que je connais ne supportent/cautionnent pas forcément une approche de ce type.

Un livre a stocker au cas où (pour un avis détaillé unique sur certains ouvrages), mais que ne fait pas date dans l'histoire des critiques du genre.

Note GHOR : 1 étoile

27/11/2008

_Ron : The writer : The shaping of popular fiction_

Ron : The writer : The shaping of popular fiction: L. Ron HUBBARD (+ un ou plusieurs anonymes) : Editeur inconnu : 1997 : ISBN 1-57318-060-2 : illustration photograpique (retouchée ?) : 120 pages (pas d'index) : quelques Euros pour un TP grand format.

L Ron Hubbard The writer.jpg

C'est un ouvrage étrange que nous avons là. Faisant semble t-il partie d'une vaste série de livres vantant chacun une des diverses et nombreuses facettes de Hubbard (de Administrator à Poet/Lyricist), cet opus se concentre sur l'écrivain.

On pourrait s'attendre à une bibliographie de Hubbard, mais il s'agit en fait d'une sorte de recueil de textes de Hubbard lui-même, textes en rapport avec l'écriture dans les genres 'populaires' (Polar, Aventure, SF, Fantasy). Genres dans lesquels Hubbard a oeuvré avec un certain succès avant de fonder une religion.

Astounding 1950-02.jpg

Abondamment illustré (mais sans grand gout) avec force photographies des machines à écrire de LRH (authentique!), cet ouvrage rassemble  donc une dizaine d'essais de la plume de Hubbard. Ce sont sont essentiellement des conseils pour l'apprenti écrivain professionnel (des années 30-40, bien sûr) ou des réminiscences sur la SF de l'âge d'or.

Il y a aussi une grande quantité de matériau (non signé) de présentation, interstitiel ou supplémentaire qui vient supplémenter la partie "how to" par des à-cotés sur la carrière d'écrivain de LRH.

Sur les textes de Hubbard, il n'y a pas grand chose à dire. Une fois oubliés une certaine grandiloquence et un sens aigü de sa propre importance, il s'agit là d'une série de conseils (AMHA) avisés et à dominante économique pour des apprentis pulpsters (faites des recherches, sélectionnez vos marchés, trouvez votre genre le plus rentable...) que l'on a pu lire des dizaines de fois dans les ouvrages du style Devenez écrivain en 20 leçons, une importante catégorie de livres qui existe depuis des lustres aux USA.

How to write science fiction and fantasy.jpg

Ce n'est certainement pas original pour un sou mais c'est visiblement pertinent pour l'époque considérée (les années 30). On peut juste se demander comment ces conseils sont applicables ou même simplement transposables dans le monde de l'écriture du XXIème siècle.

La partie la plus amusante est celle qui n'est pas de la plume de Hubbard, mais d'un quelconque secrétaire chargé de présenter au mieux l'auteur. Le but étant de placer celui-ci en position centrale dans les genres comme la SF ou la Fantasy et, d'une façon globale, comme un des géants de la littérature populaire. Comme ce n'est forcément le cas (l'influence et l'importance de Hubbard sont indéniables, mais ce n'est pas non plus Asimov ou Van Vogt), on a alors droit à un festival de qualificatifs et de jugements emphatiques dont l'excès ferait rougir de honte n'importe quel Heinleinien (ou Asimovien ou Dickien) zélé.

En gros et pour résumer plusieurs pages de logorhée, Hubbard a non seulement inventé la Fantasy (dans Unknown) et la SF, il a aussi déclenché à lui tout seul l'âge d'or de la SF (c'est donc son oeuvre et non celle de Campbell comme on voudrait nous le faire croire). De plus, sur le tard, comme il s'ennuyait, il a écrit deux des six (la précision est touchante) meilleures séries du genre : Terre champ de bataille & Mission Terre.

Battlefield Earth (New Era).jpg

Assommé à grands coups de chiffres de vente pharamineux (tiens, c'est une technique que l'on a vue reprise pour d'autres auteurs, technique qui confond audience et qualité) et de nombre de traductions différentes, le lecteur doit se rendre à l'évidence : LRH c'est LE écrivain de SF.

Cela serait presque risible tellement c'est grossier, si l'on ne se rappelait que ces impérissables chefs d'oeuvre à la précision scientifique diabolique et à l'intrigue novatrice ont été, il fut un temps, acclamés, promus et publiés dans notre pays par des acteurs proéminents du genre.

Note GHOR : 0 étoile, uniquement intéressant comme cas d'école de travestissement de la vérité pour la gloire d'un auteur.

25/11/2008

_The religion of science fiction_

The religion of science fiction: Frederick A. KREUZIGER : Bowling Green State University Press : 1986 : Couverture Greg Budgett & Gary Drumm : 166 pages (pas d'index ni biblio) : ISBN 0-87972-366-1 : quelques Euros pour un TP, existe aussi en HC.

The religion of science fiction.jpg

 Il s'agit là d'un ouvrage théorique qui vise à montrer que l'on peut considérer la SF comme la litérature apocalyptique de notre temps.

Organisé en six chapitres, il dresse le parallèle entre la religion et la SF, qui peut parfois paraître comme telle (avec ses chapelles, son histoire, ses saints, ses martyrs, ses fatwa...).

Dans le cadre de cette analogie, les écrits SF (puisque le cinéma est très peu étudié dans cet ouvrage), sont donc analysés comme les textes d'une religion qui promettrait un avenir meilleur via la science/technologie. Plus particulièrement, ils sont traités comme des textes apocalyptiques (à prendre au sens de révélation finale et non celui, habituel, de catastrophe) qui expliquent pourquoi tout n'est pas rose ici et maintenant.

Autant l'idée de base du livre est plutôt séduisante et semble assez pertinente, autant le livre lui-même m'a semblé particulièrement indigeste.

On a l'impression de voir réuni artificiellement deux trames, la première (la plus importante) étant une étude théologique des écritures religieuses (uniquement chrétiennes IIRC) et la seconde (nettement plus courte) qui traite de quelques oeuvres de SF (Cities in flight, Childhood's endMillenium ) en tentant de les relier à une vision religieuse.

A clash of cymbals (Arrow 1974).jpg

Je n'ai pas les compétences pour juger de la première, si ce n'est pour dire que le texte ne m'a, à aucun moment, intéressé. Le style est soit trop technique, ou les propos sur la volonté divine trop fumeux (AMHA). En ce qui concerne la seconde, le vernis SF semble parfois bien mince et les références assez parcellaires ou obscures (l'auteur aime bien s'auto-citer).

Il y avait surement matière à faire un tel ouvrage en se concentrant sur la thèse initiale et en évacuant les pages consacrées à la théologie ou à la sociologie religieuse, de façon à le rendre plus séduisant pour un amateur de SF qui ne soit pas un séminariste.

Par exemple, l'idée de la SF comme religion est sûrement à creuser (système d'adeptes, textes sacrés, grands messes nantaises, persécution des croyants...), comme est à creuser l'idée de la SF comme créatrice de religions (de la Scientologie à la Force en passant par l'église de Valentine Smith).

Ce travail là n'est pas celui qui a été fait, faisant plutôt basculer le livre hors du champ des études rattachables à la SF.

Note GHOR : 1 étoile (pour la quantité de travail)