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12/12/2008

_Science-Fiction : Les frontières de la modernité_

Science-Fiction : Les frontières de la modernité  : Raphaël COLSON & André-François RUAUD : Mnémos : 2008 : ISBN-13 978-2-35408-044-0 : 349 pages (y compris biblio et index) : 24 Euros en neuf pour un TP (solidité à voir).

Science-fiction Les frontières de la modernité.jpg

Cet ouvrage est une histoire de la SF qui commence au XVIème et se termine au XXIème. Elle couvre tous les médias associés au genre (textes, BD, comics, TV, Jeux, Manga, Cinéma, DA...) et fait le choix de largement insérer la SF dans le contexte historico-géographico-socio-économique des époques et des lieux de production.

Il est donc logiquement organisé de façon (globalement) chronologique en quatre parties principales :

- Les précurseurs (XVI, XVII & XVIIIèmes).
- L'imaginaire européen (XIXème).
- L'imaginaire américain (XXème).
- L'imaginaire asiatique ? (XXIème).

Chaque partie est ensuite découpée d'une façon peu claire, d'abord sur des critères temporels, puis géographiques (par aire de production) et parfois thématiques.

Suivent une bibliographie (sommaire et écrite gros) et un index. On notera la présentation du texte sur deux colonnes (sauf bizarrement les seules pages 224 & 228) agrémentée d'illustrations N&B de taille variable, parfois non légendées et/ou non attribuées aux illustrateurs (pour les couvertures de livres).

 

Voilà un livre qui commence mal. A la fois sur le plan formel puisque dès la première page, on a une jolie petite coquille avec une citation de FrederiCk Pohl (il n'y a guère que les Pdf qui font cette erreur), mais aussi sur le plan de l'esprit puisque les auteurs nous affirment (sans rire) qu'ils sont les premiers à s'être rendus compte que la SF est un genre multi-média et qu'ils vont donc nous proposer le premier ouvrage qui aborde la SF dans sa globalité. Ce petit liminaire est utile parce qu'il permet bien de percevoir la tonalité globale du livre, un mélange de didactisme parfois pédant et d'approximations.

Planète à gogos (Denoel 1971).jpg

Pêle-mêle, quelques (je n'ai pas tout relevé) points sur cet ouvrage :

1) Pas cher ?
Un commercial bénévole des éditions Mnémos en a fait la réclame dans pas mal d'endroits du net en mettant en avant son prix attractif. 24 euros pour un TP, c'est déjà un niveau de prix non négligeable (le HC de CSICSERY-RONAY est dans les mêmes eaux), surtout pour un livre qui s'abîme assez facilement (le mien est déjà rayé). Mais en fait, ce qui m'a fortement défrisé est le fait que ce livre reprenne de très larges pans du précédent opus du couple Colson & Ruaud, La SF, une littérature du réel (voir http://groups.google.fr/group/fr.rec.arts.sf/msg/c0021b1d...).
Cette reprise concerne essentiellement la 3ème partie (la SF du XXème siècle) et est faite quasiment mot à mot, recopiant d'ailleurs telles quelles les erreurs (le couplet sur le Ace D-118, voir http://groups.google.fr/group/fr.rec.arts.sf/msg/a136debf...) ou coquilles que j'ai déjà relevées (le fameux Gordon VON Gelder ou le magazine Starling). On a évidemment le droit de réutiliser ses propres travaux, mais la simple honnêteté voudrait que l'on en informe l'acheteur, chose qui n'apparaît nulle part, ni sur le livre ni dans le buzz autour de lui.
Du coup et pour s'amuser, on pourrait rajouter aux 24 Euros une partie du prix de l'ouvrage qui est incluse dedans puisque l'on a déjà payé pour ce texte, celà nous mène dans les 30 Euros, tarif nettement moins réaliste.

Science-Fiction une littérature du réel.jpg

 

2) Ça parle de quoi ?
Le thème du livre étant la Science-Fiction (c'est en tout cas ce qui est écrit dessus), je trouve que l'équilibre même du livre est bancal.
En effet, il se divise (en terme de quantité de texte) en trois tiers : un tiers de contextualisation (historico-géographico-socio-économique), un tiers consacré à la proto-SF (avant l'invention du terme) et un tiers à la SF (après l'invention du terme).

Le premier tiers est largement superflu et devient même pénible à lire. Même s'il est souhaitable de placer la SF dans son environnement sociétal, les auteurs en font trop, avec (c'est juste un exemple) des pages entières consacrées à la politique du gouvernement japonais en matière de recherche où l'on peut même trouver le pourcentage du territoire japonais raccordé à l'ADSL en 2006 & 1995 (86% et 15% pour les curieux). On croirait parfois lire des articles entiers de wikipedia à chaque début de chapitre. C'est sûrement très bien pour la culture générale du lecteur (bien que ce soit très grossier quand même, on ne résume pas 5 siècles d'histoire en 50 pages), mais la proportion est trop importante pour un ouvrage sur le genre.

Le deuxième tiers se consacre à la proto-SF et lui offre la moitié de la pagination (on arrive en 1914 à la page 144) suivant le canevas habituel : More-blabla-Kepler-blabla-Mercier-blabla-Shelley-blabla-Wells-blabla-Verne. Il y a à un moment une justification assez savoureuse pour l'inclusion de tant de textes que personne n'a lu et ne lira jamais (je cite de tête) : "c'est quand même une masse de 500 ouvrages sur 30 ans", chiffre à rapporter aux 2000 livres de SF/F littéraire parus par an chez les seuls anglo-saxons. C'est vraiment super la proto-SF, mais c'est justement pas de la SF (d'où son nom) et c'est surtout sans aucun intérêt sur une telle longueur consacrée à des oeuvres inaccessibles (et certainement illisibles en l'état).

Ces deux tiers phagocytent malheureusement donc le troisième tiers (la SF après la 1ère GM en gros), pourtant celui qui est le plus pertinent pour l'étude et la perception du genre.

 

3) La SF se réduit-elle aux Moutons ?
On peut légitimement se poser cette question. En effet, ce livre fourmille littéralement de références à des ouvrages de cet éditeur. A la louche, une note sur deux (sur la SF) fait référence à un livre des Moutons (divers numéros de Fiction, le RAH, l'Anderson et le PKD), ce qui, indépendamment de la qualité de ces ouvrages, est loin de refléter la réalité de la réflexion sur la SF. Ce problème d'auto-promotion (pour ceux qui ne le savent pas, les moutons sont justement une firme dirigée par les deux co-auteurs, merci rmd) était déjà présent dans le précédent ouvrage mais il atteint ici des proportions inouïes.

Orphée aux étoiles.jpg

Cela nous vaut des sauts chronologiques surprenants : Fournaise la novella de Kelly (2005, éditée par les moutons) est placée dans la période 1977-1982 sans doute pour pouvoir être citée. Cela amène aussi à des inclusions insistantes : Coney (un auteur mouton aussi) réussit à être cité à deux endroits dans le texte (dont une fois d'une façon fort peu logique) avec en prime la mention de son livre chez l'éditeur (une soi-disant intégrale qui ne l'est bien sûr pas). J'ai même fini par comprendre pourquoi on parlait tant de zombies dans ce livre, alors que c'est un concept qui n'est pas vraiment central en SF : SURPRISE ! il sort un ouvrage sur ce thème en 2009 chez les moutons et dont un des auteurs est Colson. Que l'on souhaite développer son entreprise est normal mais un tel manque de subtilité est un peu méprisant pour le client.

 

4) Du brouillard ?
L'impression générale de cet ouvrage est celle d'un flou permanent, avec des idées peu claires (par exemple, le concept de SF comme littérature de la civilisation qui fonde le livre est abandonné à mi-parcours) et des affirmations toujours sujettes à caution dans leur formulation ou leurs éléments soi-disant factuels.
Pour essayer d'expliquer ce que j'entends par là, je vais prendre un exemple, avec cet extrait (page 225) :

A en croire Stan Barets, "Cordwainer Smith est l'auteur favori de tous les vrais amateurs de SF, le nom que se transmettent en secret tous les vrais aficionados". C'était peut-être vrai lorsqu'il écrivait ces lignes (173, Le science-fictionnaire, Denoël, 1994), mais depuis sont parues une intégrale américaine chez NESFA, une première intégrale française chez Pocket puis une autre chez Folio-SF, et l'on peut donc raisonnablement supposer que Smith n'est plus un tel secret...

On relèvera donc :
- citation de Barets = première erreur (^_^).
- erreur de Barets qui néglige (il écrit cela en 1994), l'édition LDP (1980), l'édition Pocket (1987) et surtout la parution (partielle) chez France Loisirs. Un écrivain secret paru chez France Loisirs, c'est un concept puissant.
- Colson/Ruaud citent l'édition Pocket et semblent la penser comme postérieure à Barets, ce qui est faux (1987 pour l'EO non argentée, je le répète).
- l'intégrale NESFA (tirage limité, organisation de fans) date de 1993 (pour le recueil des nouvelles). Elle est donc elle ausi antérieure à la citation de Barets. Mais c'est typiquement un produit qui ne sort jamais du cercle des aficionados, on ne peut donc se baser sur elle pour soutenir l'idée d'un retour à la popularité de Smith.
- par contre Colson/Ruaud oublient (la connaissent-ils) à la fois la disponibilité, certes partielle mais attestée, de Smith en VO pendant des années (Ace, Del Rey, Sphere...) et surtout la publication de Smith par Baen cette année qui va toucher un public infiniment plus large que celui de NESFA.

The instrumentality of mankind (Del Rey 1979).jpg

Ce petit paragraphe est donc le mélange d'une citation inexacte à la base (donc non vérifiée par les repreneurs) et d'oublis ou d'erreurs d'analyse supplémentaires propres au couple Colson/Ruaud. Du n'importe quoi présenté comme du solide. C'est justement ce sentiment que j'ai eu pendant une grande partie de la lecture.

Le rêveur aux étoiles (FL).jpg

5) Et les goodies de Hervé ?
Éprouvant toujours un plaisir vicieux à traquer les erreurs dans les ouvrages de référence, je dois avouer qu'il y a de quoi se régaler ici.
Voici donc une courte sélection :
- De la petite coquille, style "mini-mock" (la voiture de la série Le prisonnier) et autres.
- De la grosse coquille qui montre que les titres ne sont pas compris : Erewohn qui du coup n'est plus l'inverse de Nowhere (bétîse de ma part), ou le titre du roman de Merrill qui passe de Shadows on the hearth (et les associations voulues avec la sphère domestique) à Shadows on the earth.
- Une chronologie à la PKD : R C Wilson est placé dans la période 1947-1957, l'histoire du futur de RAH est datée 1950-1963
- Des affirmations idiotes : Blue thunder (le film et la série TV mettant en scène l'hélicoptère homonyme, en VF Tonnerre de feu) traitant des extraterrestres, Doctor who jamais diffusé en France (diffusé en 1989 sur TF1 et passant en ce moment sur France 4 et ce depuis quelques années), Zenna Henderson comme, je cite, "une des toutes premières plumes féminines", merci pour les centaines de femmes qui ont écrit de la SF avant elle, une jolie confusion (avec coquille en plus) entre deux livres d'Or en note de page 224 (entre celui d'Orbit et celui propre à Knight que les auteurs ont l'air de croire identiques).
- Des défis lancés aux lecteurs que les auteurs sont sûrs de perdre (celui-ci est déjà présent dans l'ouvrage précédent) : "Examinez n'importe quel numéro récent de Analog pour vérifier que la novella est un format courant". Je l'ai fait : sur 2008 (10 numéros et plus de 60 textes), il y a en tout et pour tout 4 novellas. Vous avez donc moins d'une chance sur deux de tomber sur ce fameux "format courant". Encore une bien belle affirmation, bien autoritaire qui, à l'examen des faits, se révèle être une pure invention.

Analog 2008-12.jpg

On va encore m'accuser de m'acharner sur un ouvrage en VF, mais cette tentative d'une histoire de la SF s'enlise rapidement, en particulier dans l'histoire tout court et la préhistoire du genre. Pas assez rigoureux, mal construit, trop bavard, cet ouvrage marque toutefois un progrès par rapport à son prédécesseur du même duo, en particulier par ses apports sur la SF japonaise.

A ce prix, il vaut quand même attendre de trouver un SP d'occase.

Note GHOR : 1 étoile

05/12/2008

_Les univers de la science-fiction : Essais_

Les univers de la science-fiction : Essais: Stéphane NICOT (coordonnateur) : Galaxies (supplément au numéro 8) : avril 1998 : pas d'ISBN, ISSN 1270-2382 : 222 pages (TP, format identique à celui de la revue Galaxies) : 70 Francs à l'époque, quelques Euros aujourd'hui (quand on le trouve).

Les univers de la science-fiction.jpg

Ce numéro spécial de Galaxies est un recueil d'essais qui se divise en trois parties :

1- "Les grands anciens" : 3 essais (W. Irving, le roman d'aventure et non le roman fantastique comme ancêtre de la SF & Merritt).

2- "SF & modernité" : 4 essais (l'uchronie, la religion dans la SF, Dune & 1984).

3- "Confrontations" : 5 essais (la dissolution de la SF par la culture dominante, les traductions du RF, Goimard par lui-même, la SF comme littérature d'idées & l'approche critique de la SF).

Dune (NEL 1973).jpg

Ces essais sont de longueur variable (35 pages pour le plus long, une petite vingtaine en moyenne) et ne sont visiblement pas tous inédits (aucun ?). Je ne peux être plus précis du fait de l'absence quasi-totale d'informations bibliographiques les concernant, ce point étant d'ailleurs relativement désagréable pour l'acheteur.

Leurs dates de rédaction, quand elles sont connues, sont plutôt anciennes (1968 pour le Renard sur la religion) et divers indices internes tendent à indiquer que les textes non-datés sont aussi assez vieux (années 70).

Dans sa préface, S. Nicot se plaint du retard de la réflexion francophone sur la SF et propose modestement ce livre comme point de départ.

En me rappelant cette ambition, je me suis dit, une fois la lecture terminée, que ce retard n'était guère étonnant quand le mieux que l'on puisse faire est un ouvrage comme celui là.

En effet, ce livre est loin d'être au niveau d'un numéro de Foundation ou d'un recueil d'essais "standard" de type (par exemple) de ceux proposés régulièrement par Greenwood Press ou les nombreuses éditions universitaires US ou GB.

Cet ouvrage n'est rien d'autre qu'un collage de textes hétérogènes et parfois antédiluviens, sans index ni bibliographie (sauf une vague page à la fin qui n'obéit à aucune logique apparente) et manquant d'une quelconque construction un tant soit peu réfléchie; il fait par exemple immédiatement suivre un article réfutant la filiation Fantastique-SF par un autre la tenant pour vraie et ce sans laisser penser que c'est autre chose qu'un hasard.

Le premier essai (le plus long aussi) peut logiquement expliquer une certaine désaffection du public pour ce genre d'ouvrage. Ce texte est donc un article sur un roman d'Irving (1809) qui est largement illustré de citations du texte étudié (plusieurs pages). Au final c'est toutefois plus une réflexion sur la critique du colonialisme par Irving qu'une lecture SF propre. Ce type d'essai portant sur un texte inaccessible et datant d'une époque où la SF n'existait même pas n'est, pour le moins, pas très 'sexy' pour la plupart des amateurs potentiels.

Le deuxième essai (Warfa) pose une réflexion pertinente sur la filiation Roman d'aventure-SF et l'oppose à la classique descendance Fantastique-SF.

Le troisième, sur Merritt, n'est pas désagréable, mais n'apporte rien de plus à tout ce qui a été déjà écrit sur l'auteur, surtout sur moins de dix pages.

Le gouffre de la lune (JL 1975).jpg

Le quatrième est extrait de l'anthologie Univers 1986  (donc le plus récent) qui présente l'Uchronie. C'est un bon texte mais sans grandes révélations et qui aurait mérité de clarifier en préambule son objet (les uchronies type 'patrouille du temps' en sont exclues AMHA sans raison valable).

Le cinquième (C. Renard) se lit comme une entrée d'encyclopédie de la SF sur la thème de la Religion, efficace et maitrisée mais plombée par le fait que l'auteur ait écrit ce texte à la fin des années 60, ce qui donne plus une idée archéologique des rapports entre SF & religion qu'une image un tant soit peu actuelle.

Passons sur le sixème : "Dune cela se passe dans le désert" (aucune analyse) et le septième : "1984 expliqué en cinq pages" (trop court, une préface récupérée ?).

Gérard Klein a écrit le huitième, un texte qui détaille les stratégies possibles de l'establishment littéraire pour neutraliser la SF. C'est ironique à souhait mais cela manque de ces exemples croustillants de mépris qui font les délices des amateurs.

Le neuvième (par Gouanvic) est bien trop court à mon goût dans son analyse des traductions du Rayon Fantastique. On reliera ce texte à l'excellent Sociologie de la traduction du même auteur.

Le dixième est une creuse autobiographie de Goimard et le onzième un brouillon de Stolze sur les images dans (et à la source de) la SF (voir en plus fouillé The known and the unknown de Wolfe).

The known and the unknown.jpg

Le dernier texte (Bozzetto) est un article qui part dans tellement de directions (but et place de la SF, inventivité littéraire, images...) qu'il en devient schématique et passablement irritant.

En conclusion, et au risque de me répéter, si cet ensemble de textes parfois médiocres, incomplets ou inexploitables car trop anciens est tout ce que l'on puisse trouver comme base de réflexion sur la SF, on n'est pas encore arrivé.

Note GHOR : 1 étoile

03/12/2008

_Colloque de Cérisy : Science-fiction et imaginaires contemporains

Colloque de Cérisy : Science-fiction et imaginaires contemporains: Francis BERTHELOT & Philippe CLERMONT : Bragelonne (collection Essais) : 2007 : ISBN 978-2-35294-094-4 : Ill Sarry LONG : 465 pages (y compris publicité mais c'est tout) : 40 Euros pour un TPB pas très solide.

sf,science-fiction,référence,français,2 étoiles

 Cet ouvrage est le recueil (intégral ?) des communications faites lors du colloque de Cérisy 2006.

Il se divise en trois parties d'égale importance (150 pages et une petite dizaine d'essais chacune) que JE (parce que je n'ai pas trouvé tout cela très clair) définirais ainsi :

1- "Représentations" : c'est la partie consacrée à la SF littéraire, abordée sous des angles thématiques variés (l'immortalité virtuelle, Mars, KSR, femmes artificielles, SF jeunesse, deux représentations de la ville en SF...).

2- "Transgressions" : on sort de la SF classique pour aborder la Fantasy (Lawhead), le Fantastique (les vampires) ou le dernier truc à la mode, les fameuses transfictions chères à Berthelot (La maison des feuilles).

3- "Transpositions" : on retourne à ce qui est clairement la SF, mais telle qu'elle est traitée par d'autres médias, le cinéma (comparaison des trois versions de Invasion of the body snatchers, les films de P. Verheoven, Star wars), les comics (Spiderman) ou la photographie.

Comme d'habitude, avec ce genre d'ouvrage (recueil de contributions par des auteurs différents sans limitation de sujet autre qu'un très vague titre de colloque), il y en a pour tous les goûts, chacun pouvant apprécier plus particulièrement telle ou telle partie.

Green Mars (Tor Double 1).jpg

En ce qui me concerne, j'ai d'abord relevé un certain nombre de textes dont la présence me semble justifiée uniquement par la difficulté de trouver des gens capables de pondre des essais sur la SF en VF, d'où l'inclusion de l'article sur la prospective chez France Telecom (qui ne présente aucun intérêt pour le rapport avec la SF), ou celui sur la réalité virtuelle dont les élans philosophiques et le vocabulaire riche m'ont surtout fait sourire : "Elle (la Réalité Virtuelle) est un dispositif destiné à faire échec à toutes les dynamiques désirantes, à toutes les tentatives de libération de la subjectivité.".

Il y a d'autres textes dont la présence semble principalement due au poids de l'intervenant dans le genre : Goimard dans un court texte sur la psychanalyse dont seule la dernière page offre un rapport avec le SF ou Vonarburg dans un texte tellement peu developpé qu'il ne parvient qu'à être une sorte de listing brut des types de femmes artificielles de la SF.

L'inclusion des transfictions est aussi un point qui a une certaine tendance à m'énerver, même si, pour le coup, on est clairement dans la thématique du colloque. Mais le buzz permanent sur ce thème dans notre pays (on a connu le même qu'il y a quelques années aux USA) me parait potentiellement préjudiciable à l'évolution de la SF dans notre pays. Le risque étant que les ouvrages "borderline" (voire n'appartenant pas du tout au genre comme cela semble être le cas pour La maison des feuilles) de par la publicité qui leur est faite en viennent à se substituer au 'pure product' SF (celui qui traite de toutes ces choses infantiles : robots, calmars ou fusées). De plus, autant l'essai de Berthelot est clair, autant celui de Coupry est fumeux (un symptôme de la confusion mentale qu'engendrent les transfictions ?).

Je ne voudrais toutefois pas donner l'impression que ces quelques scories (AMHA) font de ce livre un ouvrage de mauvaise qualité. La plupart des textes sont de bon niveau, avec des analyses fines, poussées et étayées, capables de me faire m'intéresser à des sujets pour lesquels je n'ai que peu d'attirance (les comics US par exemple). Le seul échec étant (il est vrai que l'exercice est partculièrement casse-gueule) l'article sur l'art photographique qui tient sur 10 pages sans montrer AUCUNE des photos qu'il analyse.

Passons maintenant à la partie chipotage, purement formelle :

- l'utilisation des initiales des oeuvres étudiées à la place des titres (ou de périphrases dans le corps du texte) est un tic assez pénible, particulièrement quand elles sont au nombre très limité de 4 (et par 3 auteurs différents). Par exemple la formulation "Ainsi dans CO le..." gagnerait à être remplacée par "Ainsi dans Le canal Ophitele..." ou "Ainsi dans le roman de Varley le..." pour faciliter la lecture.

- même chez les meilleurs (ici Besson), il reste toujours ce petit manque de recherche qui se manifeste dans les notes (IIRC l'erreur d'ailleurs est déjà présente dans son étude sur les cycles). La phrase (à propos de la série Diplomacy Guild) "consistait à porposer à de jeunes auteurs d'écrire des nouvelles dans un univers commun (The diplomacy guild 1990, Phases in chaos 1991, Unnatural diplomacy1992)" contient trois erreurs en une ligne (jeunes auteurs = Anderson, Clement, Silverberg, Brin, Sheckley; nouvelles = il faut ajouter les deux romans Fossil & Murder at the galactic writer's society; biblio donc incomplète). Dommage pour la crédibilité du reste.

Phases in chaos (Avon 1991).jpg

- l'usage propre à cet ouvrage d'écrire le nom de l'éditeur Tor en majuscules (TOR) alors que HarperCollins est écrit en minucules, laisserait penser que le compilateur croit qu'il s'agit d'un acronyme (comme NEL ou CLA) alors que ce n'est pas le cas, m'arrête net chaque fois dans ma lecture.

Le point le plus génant est quand même celui du rapport qualité-prix. Je connais l'économie de ce genre d'ouvrage (le cercle vicieux : peu de lecteurs => ouvrage cher => encore moins de lecteurs => encore plus cher) mais je pense que, pour un TPB à 40 Euros, Bragelonne aurait pu se payer :

1- un correcteur orthographique ou grammatical ("les même fonctionnements"), il y en a de très bons.

2- un détecteur de répétitions : un paragraphe est repris à l'identique dans les pages 224 et 231 (mais c'est peut-être un effet de l'écriture à quatre mains, voir un autre ouvrage de référence récent qui souffre du même défaut).

3- un typographe qui connaît un peu la SF, ce qui nous éviterait les tonnes de coquilles dans les noms propres : Charles Strauss (le compositeur ?), Simack, Lukas, Turne et le plus massacré  de tous : Archer/Ascher/Asher (celui qui a écrit L'écorscheur ?).

The skinner (Tor 2003).jpg

Que tout cela ne vous dissuade pas d'acheter ce livre, l'initiative de Bragelonne est louable et mérite d'être soutenue (air connu, mais néanmoins trop vrai), les quelques impressions négatives étant soit liées à la structure même de l'ouvrage (on ne peut que difficilement aimer l'intégralité d'un tel ouvrage qui mêle de nombreuses voix et sujets) soit des problèmes purement techniques (coquilles), corrigeables avec un peu d'efforts.

Note GHOR : 2 étoiles et demie (^_^)

26/11/2008

_Orphée aux étoiles : Les voyages de Poul Anderson_

Orphée aux étoiles : Les voyages de Poul Anderson: Jean-Daniel BREQUE : Les Moutons Electriques : 2007 : Couverture Patrick Imbert : 174 pages (y compris index et bibliographie commentée) : ISBN 7745668212 : 30 Euros (en souscription) pour un HC avec jaquette

Orphée aux étoiles.jpg

Comme le précise l'introduction, ce livre n'est pas une étude universitaire ou une biographie sur Poul Anderson, mais plutôt "un guide de lecture", le seul existant en VF et un des rares sur cet auteur après celui de Miesel (Against time's arrow : The high crusade of Poul Anderson, critiqué sur fras).

Against time's arrow.jpg

Il se compose de trois parties textuelles (par opposition aux parties bibliographiques pures) :

1) "Un homme qui compte" (50 pages) : qui mêle biographie de l'auteur et analyse des oeuvres standalones (romans et nouvelles) dans un ordre vaguement chronologique.

2) "Seigneur de mille soleils" (50 pages) : se concentre sur les grandes séries de l'auteur (Flandry/Van Rijn, Fireball, Hokas, etc...).

3) "Le dernier viking" (20 pages) : étudie les oeuvres de Anderson plutôt rattachées à la fantasy (Trois coeurs, trois lions, Ys) ou aux romans historiques.

Three hearts and three lions (Berkley 1978).jpg

A cela s'ajoute une bibliographie sommaire (premières éditions, VT & révisions seulement, parfois US & GB + VF) qui ne couvre que les parutions en volume (+ les éventuels doubles, choix que l'on trouve aussi chez GCP mais qui m'a toujours paru discutable). Cette bibliographie est parfois commentée (longueur et contenu variable) ou renvoie au chapitre correspondant des parties précédentes.

Disons le tout de suite, cet ouvrage, en lui-même, est une réussite.

L'organisation choisie, une des seules possibles avec une oeuvre d'une telle volumétrie (300 nouvelles et + de 120 ouvrages), se révèle être assez lisible et relativement pertinente en évitant les doubles discussions que l'on trouve dans le RAH (on m'excusera de la comparaison avec cet ouvrage, mais elle est légitime s'agissant de deux ouvrages de la même collection).

La narration est fluide, les jugements sont éclairés d'exemples et les infos bibliographiques correctes (je pinaillerais juste pour Captive of the centaurianess qui est paru dans ASFAM et non dans IASFM).
ASFAM 1.jpg

J'ajouterais quelques points de détail :

- les images de couvertures reproduites ne sont pas très nettes (papier ayant un peu bavé), pas légendées (c'est quelle édition ? Quelle année ?) et surtout ne mentionnent jamais le nom de l'illustrateur (pratique que l'on retrouve dans le RAH), ce qui ne rend pas hommage au travail de ces derniers. Pour le premier point (et AMHA) en restant en N&B (pour un problème de coût) un changement de qualité de papier sous forme de cahier aurait pu être envisageable.

- un changement de police bizarre page 35, qui indique un manque de soin dans les vérifications du produit fini.

- l'abus, surtout dans la première partie, du terme "chef d'oeuvre" (AMHA).

- un nombre de page "blanches" que je trouve trop élevé pour un ouvrage aussi court. Ceci créé indiscutablement une impression d'aération qui rend certes la lecture agréable mais qui, pour un ouvrage de moins de 200 pages TTC, pourrait parfois faire penser à du remplissage à peu de frais.

- je trouve la couverture certes moins laide que "L'anus de robot" du RAH mais, manquant d'imagination, je ne vois pas le rapport entre une boule d'écume sur une plage et Poul Anderson et/ou la SF. C'est sûrement de l'art photographique mais c'est un peu trop distancé du genre pour que l'on n'y voie pas une mauvaise conscience à l'oeuvre alors que chez le même éditeur, la couverture du James Bond est assez parlante). De plus, la jaquette (et le titre) sont à la limite de l'illisible.

Mon souci est plus avec la finalité d'une partie de cet ouvrage et son positionnement.

En gros, je trouve que la bibliographie proposée occupe une place qui est :

- soit trop importante (si on considère qu'elle reprend celle du Belial) et que les acheteurs de ce livre l'ont très probablement déjà (sous cette forme ou celle de GCP ou celle du Grand Temple),. Du coup, elle aurait être réduite à quelques pages (comme cela se pratique habituellement dans les ouvrages d'analyse d'un auteur) au profit d'une augmentation du texte consacré à Anderson.

- soit pas assez importante, en ce sens qu'il existe (chez Underwood ou Borgo) des ouvrages sur certains auteurs qui ne sont constitués que d'une bibliographie detaillée et complète. Dans ce cas, elle est richement commentée et répond ainsi à la demande d'analyse des lecteurs.

Amber dreams.jpg

Dans la pratique, la solution hybride retenue (partie analyse + bibliographie étoffée) rend l'ouvrage inutilisable pour des recherches bibliographiques un tant soit peu pointues mais a visiblement réduit l'espace reservé aux commentaires sur l'oeuvre de l'auteur au profit d'une masse d'informations (sommaire de recueils, dates de parutions, VT) disponibles sous une forme plus complète ailleurs.

Du coup, j'ai parfois un peu le sentiment que les 30 euros demandés sont un peu excessifs pour les parties originales de l'ouvrage et qu'il aurait été préférable de faire soit un ouvrage à 45 Euros comme le RAH (soit avec plus de texte, soit avec une biblio complète), soit de ne garder que les trois premières parties et d'ajuster le prix en conséquence pour se rapprocher d'un ouvrage plus dans l'esprit du Miesel se concentrant sur l'auteur et ne fournissant qu'une biblio sommaire, à charge au lecteur intéressé d'utiliser une autre source d'information (comme les GCP) pour connaître tous les détails de publication.

Poul Anderson Myth-master and wonder-weaver part 1.jpg

Mais bon, tout ceci n'est que chipotage de ma part et ne doit pas faire oublier la qualité du livre et "l'indispensabilité" de la démarche qui consiste à proposer des études en VF sur des auteurs un peu moins "à la mode".

Note GHOR : 3 étoiles.

24/11/2008

_La science-fiction_ (Roger BOZZETTO)

La science-fiction: Roger BOZZETTO : Armand Colin (Collection 128) : 2007 : 128 pages (pas d'index, bibliographie famélique, glossaire) : ISBN 978-2-2003-4717-8 : 9 Euros pour un poche

La science-fiction (Bozetto).jpg


Cet ouvrage est organisé (sic) en six chapitres :

1) "La littérature d'imagination scientifique avant Gernbsback" qui, comme son nom l'indique, dresse un historique de la proto-SF (sous les divers noms que l'on a pu utiliser).

2) "L'évolution de la science-fiction" qui poursuit l'histoire de la SF à partir du moment où elle acquiert un nom.

3) "Quelques procédés narratifs" qui recycle le livre de Langlet sur les procédures d'écriture propres au genre.

4) "Quatre variantes sur le thème de l'altérité" qui traite quatre des thèmes de la SF.

5) "Deux approches de la science en SF" qui unit deux courts textes (un sur les robots et un autre sur les premiers FNA).

6) "Un florilège d'auteurs" aborde, comme son nom l'indique, une dizaine d'auteurs traités en quelques lignes ou quelques pages.

Cet ouvrage fait partie de ceux que j'adore détester.

En effet, comme le Manfrédo ou le Ruaud/Colson (des méchants à la mémoire longue rajouteront le Gattégno), il est un digne représentant d'une catégorie de livres qui se définissent suivant deux critères : "Vite fait, mal fait " (ou "j'ai les traites du SUV à payer, torchons donc un truc sur la SF avant dimanche prochain pour mon pote l'éditeur") et "C'est un ouvrage d'initiation, on peut raconter n'importe quoi" (ou "P.., j'ai trop la flemme de vérifier ce point, faisons confiance à notre mémoire").

La science-fiction (Manfrédo).jpg

Il s'agit souvent d'ouvrages à petits prix dans des collections d'initiation à divers sujets. Même s'ils sont destinés à des néophytes, ils montrent bien que la conscience professionnelle n'étouffe pas tout le monde et que le fait d'être enseignant à l'université ne protège absolument pas contre le bâclage, l'erreur factuelle ou la simple absurdité.

Ce court livre n'est pas loin de partager la palme (avec les deux ou trois précités) du ratio conneries/nombre de pages. Au fil des pages, on découvre en effet des tas de nouvelles horreurs, allant de la simple coquille à l'erreur de raisonnement en passant par l'invention pure et simple.

Un petit florilège (sur la première moitié seulement, pour cause de flemme de tout noter) :

- p 25 : la phrase "En France, parallèlement au modèle vernien, des auteurs comme Robida, Rosny Ainé, WELLS, de La Hire, D'Ivoi, Le Rouge...", ce cher HG a dû demander la nationalité française sans que cela se sache.

- p 26 : "Astounding Science Fiction (1938-1950)", raté de juste 10 ans (alors que le distinguo est fait avec Astounding stories 1930-1937), pour information ce n'est en 1960 qu'Astounding devient définitivement Analog.

- p 28 : RavageS, le livre ultra connu de Barjavel.

- p 33 : un petit SCheckley, qui présage de grosses difficultés pour le lecteur qui souhaite trouver ses ouvrages.

- p 36 : la phrase sur PKD "Il s'affirme dès Loterie solaire qui manifeste une rupture avec l'âge d'or de la SF, avec l'univers de Van Vogt en particulier...", superbe bêtise quand on sait (et cela a été souvent montré) la filiation directe et revendiquée des premiers PKD avec AEVV. C'est d'autant plus inadmissible que cette filiation entre les deux auteurs est citée par Bozzetto page 100 et ré-affirmée page 101.

Loterie solaire (OPTA 1968).jpg

- p 38: date de 1965 (sic) certaines nouvelles de Cordwainer Smith. C'est une des nombreuses occurrences d'un problème majeur dans ce livre, les dates associées aux textes. En effet, on trouve soit des simples erreurs factuelles comme ici (probablement la date de première parution en recueil), soit la date de première publication VO (par exemple Planète à gogos = 1953), soit la date de première parution en VF (par exemple Question de poids = 1971). Au-delà de la simple idiotie ou facilité, ce manque de rigueur peut, dans un ouvrage qui se veut donner une vision historique du genre, faire passer le lecteur complètement à coté d'une proximité chronologique bien réelle entre ces deux textes (pour mémoire Mission of gravity = 1953, Gravy planet= 1952). La perception de l'histoire du genre ne peut qu'en être faussée. On pourra aussi être énervé de l'usage assez particulier des TF & TO, qui sont employés sans aucune logique. Bozzetto utilise souvent le TF, mais va parfois chercher le TO alors qu'il existe un TF (par flemme d'avoir à chercher le TF ?).

Question de poids (Laffont 1971).jpg

- p 39 : on apprend que Gernsback quitte Amazing en 1936, cette précision qui en jette est tout simplement fausse de quelques années (dans notre ligne d'univers, c'est en 1929), fâcheux pour une des péripéties des pulps les plus connues et documentées, par exemple chez Ashley ou Westfahl, mais n'en demandons pas trop, la lecture de tels ouvrages quasi définitifs sur le sujet semblant optionnelle chez Bozzetto.

- p 49 : un paradoxe temporel qui devrait faire acourrir la Patrouille du temps :

"La mode steampunk (datée par Bozzetto de la fin des années 80) a également gagné aussi bien le cinéma que les séries télévisées. On retiendra par exemple comme films (...) et comme séries télévisuelles Les mystères de L'Ouest.".

On conviendra qu'il s'agit bien là d'un remarquable paradoxe temporel (pour mémoire, The Wild Wild West = 1965) qui risque de mettre en péril la trame de notre univers.

- p 51 : une lecture alternative de Question de poids, où l'on apprend que ce sont les humains qui parcourent Mesklin (en fait ils restent à l'équateur). Du coup, on peut se demander si Bozzetto a simplement lu ce roman.

- p 57 : Barjavel est crédité de l'invention du paradoxe temporel, cinq ans après la première apparition du terme, félicitations (mais bon, il fallait regarder dans le Prucher).

- p 58 : On peut entendre parler de The legion of space,un roman de E. E. Smith (un collector, certainement).

The legion of space (Pyramid 1967).jpg

- p 59 : on croise les fameux "freemen" de Dune.

- p 60 : on nous rappelle le non moins fameux début de La machine à explorer l'espace de Priest: "J'avais atteint l'âge de mille kilomètres" (Bozzetto a au moins l'auteur de juste). Dommage pour un des débuts de livre de SF les plus connus (avec Neuromancer).

Le monde inverti (JL 1976).jpg

J'arrête ici, mais tout cela est d'autant plus rageant que la correction d'une majorité de ces erreurs aurait pu se faire "à la volée" lors d'une simple relecture (les coquilles évidentes par exemple) ou, au pire, avec des recherches dont la durée ne dépasse pas la minute et qui peuvent même se limiter à consulter wikipedia. En ce qui me concerne, je les ai relevées au fil de ma lecture, c'est dire si elles sont assez évidentes pour qui a un minimum de vernis SF.

Pour résumer mon opinion sur ce livre, je vais donc laisser la parole à Bozzetto lui-même :

"On trouve donc un véritable sottisier qu'il est difficile d'expliquer sinon d'excuser" (page 96, à propos du FNA).

Comme quoi le plus sot n'est pas forcément celui qui le dit.

En plus de ce foutage de gueule généralisé, le livre manque complètement d'une ligne directrice identifiable. C'est bien plus une suite d'anecdotes ou de digressions (on dirait parfois une compilation des articles de Bozzetto) qu'un ouvrage vraiment construit ayant une vision à partager sur le genre. Çà part dans tous les sens et présente un niveau d'approfondissement trop variable qui va du résumé d'une nouvelle au non-traitement de figures majeures (au hasard RAH), d'où la difficulté (toujours pour un néophyte) à hiérarchiser les contributions à la SF.

Certains mouvements sont aussi nettement mal évalués ou traités sans réel sens de leur importance; tant historiquement (la new-wave que Bozzetto prend pour la panacée appliquée à la SF) que quantitativement (2 pages sur 25 dans le chapitre sur les genres pour le steampunk). D'autres ne sont visiblement pas clairement perçus comme la Hard Science, où le terme est employé par Bozzetto d'une façon impropre car trop générale comme se référant à toute fiction sur les technosciences.

Il se borne à survoler la SF tout d'abord en quatre thèmes : le premier contact (en réussissant à ne pas citer Leinster ou Effremov), l'amour (et un coup de Farmer, marque d'une grande originalité), les clones (qui dérive vite et sans raison sur les réalités truquées) et les mutants. Puis en 5 auteurs classiques (Cummings -?????-, Van Vogt, Clarke, Asimov et Bradbury) et 4 auteurs complexes (sans rire), à savoir Dick, Le Guin, Vonarburg et Brussolo, les quatre derniers respectant une parité scrupuleuse (géographique et sexuelle) et un biais assez commun chez les universitaires qui confondent souvent respectabilité (ou étudiabilité) et importance réelle.

Tarrano le conquérant (RF 1963).jpg

Indigne, méprisant ses lecteurs tant il est bâclé, mal construit, laissant un place disproportionnée à la proto-SF (Frankenstein, Kepler, Cyrano...) ou aux mythes (une page sur 128 sur les dieux grecs), maniant la formule lapidaire ("Contrairement aux autres auteurs, Dick était d'abord un écrivain..." p102, sympa pour les autres) et le flou le plus total, ce livre ne mérite même pas d'être acheté (on peut toutefois le voler ou l'avoir en SP).

Note GHOR : 0 étoile