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25/05/2009

_Space Opéra ! : L'imaginaire spatial avant 1977_

Space Opéra ! : L'imaginaire spatial avant 1977 : André-François RUAUD & Vivian AMALRIC (et al.) : Les Moutons électriques (série La bibliothèque des miroirs) : 2009 : ISBN-13 978-2-915792-72-7 : 426 pages (y compris index et bibliographie) : 28 Euros pour un TP illustré (N&B + 4 pages couleurs) avec couverture à rabats (en neuf chez l'éditeur http://www.moutons-electriques.fr/).

Space opéra !.jpg

Cet ouvrage a pour objectif de dresser un panorama du "Space Opéra" jusqu'en 1977, cette date (celle de la sortie de Star wars) ayant été choisie comme marquant une rupture dans une catégorie emblématique de la SF. Cette catégorie, qui existe depuis les débuts du genre, est ici globalement prise (cf. le sous titre) comme celle des aventures dans l'espace, par opposition au Planet Opéra qui se concentre sur un décor planétaire précis.

Il se présente sous la forme d'une vingtaine de chapitres rarement inédits organisés dans un ordre vaguement chronologique et confiés à des auteurs différents (Nolane, Brèque, Wagner...) avec une contribution majoritaire du duo Ruaud/Amalric qui signe plus de la moitié de l'ouvrage. Certains chapitres sont plutôt génériques et abordent soit un thème (les serials) soit un domaine (les comics) mais la plupart des interventions se concentrent sur un auteur (de Smith à Delany) ou une série (littéraire comme Perry Rhodan ou télévisuelles comme Doctor Who ou Star Trek).

L'ensemble est illustré par des vignettes ou des pleines pages en N&B montrant généralement les couvertures des ouvrages évoquées dans le corps du texte. Il y a aussi 4 pages couleurs au début. Le tout est complété par une courte bibliographie (deux pages écrit gros), un index et quelques publicités pour d'autres ouvrages de même éditeur.

L'étoile en exil (FN 1969).jpg

Comme il y a pas mal de choses à dire, je vais tenter d'organiser mes remarques d'une façon un peu synthétique, en plusieurs points.

1) Où la passion du recyclage l'emporte :

Etant un garçon radin, ma première réaction a été de voir ce que j'obtenais pour mes 28 Euros, sachant qu'au départ l'ouvrage n'est pas physiquement d'une aussi belle qualité que ceux du même éditeur sur Anderson ou Heinlein (le premier étant à peine plus cher). Je m'attendais donc logiquement à ce que ces 28 Euros soient investis dans des efforts de recherche et d'écriture, mais il est vrai que j'étais un peu naïf vu que l'un des ouvrages précédents de Ruaud pratiquait déjà l'auto emprunt. Pour être clair, cet ouvrage fait plus penser à un patchwork qu'à une étude originale.

En effet, on constate que la préface de Klein est une reprise de 1992, que plusieurs (au moins Harness, Clement, Biggle, Kapp, Panshin) des chapitres du duo Ruaud/Amalric sont déjà parus dans Bifrost (où ils formaient la série des "petits maîtres de la SF"), que un des articles de Wagner (celui sur Thirion qui est aussi le plus long du livre) et celui de Vonarburg (sur La Plaie) viennent du recueil d'essais Le feu aux étoiles, que Brèque sur Anderson est un chapitre complet tiré de Orphée aux étoiles, sans parler d'emprunts non signalés comme des paragraphes entiers extraits tels quels de la postface de Ruaud au Chandler paru chez les moutons ou RAH chez le même éditeur (là, l'emprunt est toutefois signalé). Je ne parle pas des choses que je n'ai pu vérifier par pure flemme comme les possibles emprunts au Star Trek de Ruaud (encore) ou au Perry Rhodan de Archaimbault.

Le feu aux étoiles.jpg

Même si l'écologie et le recyclage sont à la mode et que ce léger détail est partiellement mentionné page 411 (en petit), je dois avouer une vague impression de m'être fait refiler des vieilleries au prix du neuf. Sentiment d'autant plus aigu que les "versions différentes" que l'on nous indique page 411 ne le sont en réalité que de façon minime. Les changements résidant essentiellement au niveau des introductions ou des transitions, le corps du texte restant strictement identique (et donc assez daté). Les seuls changements que l'on peut voir (j'ai comparé les textes entre eux) sont aussi profonds que, par exemple pour le Thirion, le remplacement de 60 par 1960 (au milieu de la première colonne de la deuxième page) ou le changement d'une référence pointant vers les article de Rémi Maure sur les arches stellaires vers (surprise) un texte de AFR himself. Il y a mieux puisque l'un des rajouts que j'ai pu détecter consiste à insérer des erreurs, comme page 279 où l'on nous dit en 2009 que le seul recueil de Kapp s'appelle Lambda 1, un élément omis dans l'article correspondant de Bifrost, ce qui n'était pas plus mal vu que Lambda 1 est en fait une anthologie qui ne contient qu'un texte de Kapp.

Il n'est bien sûr pas interdit de recycler son propre travail, mais à ce tarif, j'avoue que j'aurais préféré payer pour de l'inédit et non pour du réchauffé à la va-vite.

Cageworld Search for the sun ! (NEL 1982).jpg

2) Une histoire du SO par collage ? 

En toute logique, l'option prise de principalement réutiliser des textes existants a des impacts radicaux sur l'essence même de l'ouvrage. On a l'impression du glissement progressif d'un projet qui était une louable histoire du Space Opéra vers une compilation d'éléments existants plus ou moins libres de droits pour les auteurs (leurs propres textes par exemple). Au lieu d'une démarche historique classique et globale ("le SO commence là, puis il est devenu comme ça sous l'influence de XXX ou de telle ou telle chose...") on a une démarche de récupération ("Quels textes on pourrait utiliser qui ont un vague rapport avec le SO ?") qui se trouve donc fortement contrainte par les matériaux disponibles.

Orphée aux étoiles.jpg

Du coup, hormis dans les quelques chapitres sur des médias particuliers, il n'y a strictement aucune HISTOIRE du SO, aucune mise en perspective globale puisque la base du livre est une compilation de portraits d'auteurs. Par exemple, à aucun moment on ne sait quand a commencé le SO ou quelles sont les forces (économiques, éditoriales, sociétales...) qui l'ont façonné. Comme Ruaud n'avait pas fait d'articles sur eux, on se trouve face à un ouvrage sur le Space Opéra qui ne mentionne même pas des personnages aussi importants dans son évolution que Campbell (l'auteur), Leinster, Saberhagen ou Dickson (et on peut aisément en trouver d'autres).

Cette stratégie du recyclage nous vaut d'ailleurs quelques moments embarrassants où les auteurs peinent à justifier certaines inclusions comme Hal Clément ou Doctor Who, des éléments généralement peu associés d'une façon centrale avec le SO, le tout donnant lieu à des contorsions assez impressionnantes. Cela marche aussi dans l'autre sens avec les justifications alambiquées à l'absence de Vance ou Herbert ("c'est du Planet Opéra"). Le meilleur étant l'article sur Kapp dont la moitié finale traite de Manalone. Cette partie (La grande oeuvre, page 283) commence par dire clairement que ce roman n'est PAS un Space Opéra mais déroule quand même plusieurs PAGES de commentaires sur une oeuvre qui est, de l'aveu même des auteurs, complètement hors sujet.

Manalone (OPTA 1982).jpg

3) Une iconographie riche et rare ? 

C'est ce qui est écrit sur le premier rabat et c'est aussi l'un des pitch de la promotion de l'ouvrage. Effectivement, s'il y a bien une importante iconographie (plusieurs centaines d'images), elle souffre, à mon avis, de nombreux défauts.

Il faut dire que cela commence mal puisque les seules images en couleurs sont horriblement coupées (à dessein j'espère) et ne présentent que un petit quart des oeuvres originales. Le reste des illustrations étant en N&B on peut regretter que ces rares pages couleurs soient si mal utilisées. D'autant plus que cette absence de couleur et le traitement style "vignette" nuisent à certains illustrateurs, voir par exemple la comparaison de l'image ci-dessous (pourtant fortement compressée) et celle de la page 295 :

Stardeath (Del Rey 1983).jpg

On regrettera aussi l'absence quasi-totale de légendes en regard des illustrations (une habitude chez les Moutons) qui prive le lecteur d'éléments importants comme la date de parution puisque l'on ne représentait pas le SO en 1930 comme en 2000 et que ces choix sont eux-mêmes porteurs de sens sur (par exemple) l'image du genre auprès des lecteurs. Il est assez triste de voir que les illustrateurs ne sont presque jamais mentionnés, cette utilisation gratuite et non créditée de leur travail dans un produit destiné à être vendu me paraît assez désinvolte. De même, la qualité des ouvrages scannés laisse parfois nettement à désirer. Il arrive que l'on ne se soit même pas donné la peine d'ôter l'étiquette du prix apposée par un bouquiniste (par exemple sur le Brunner page 221), d'enlever des traces de colle ou de trouver un exemplaire dans un état décent.

Voilà pour la richesse, quant à la rareté, je peux juste dire que sur le millier de couvertures je dois facilement en avoir 75% (y compris en VO) et que je n'y ai vu que rarement des EO ou beaucoup de choses que l'on puisse qualifier de rares tant il y a de FNA, JL et autres PdF.

N'écoutant que mon bon coeur, si vous m'envoyez 28 Euros, je m'engage à vous faire parvenir un CD contenant plusieurs milliers d'images toutes aussi riches et aussi rares que celles contenues dans ce livre.

The altar on asconel (Ace Double M-123).jpg

4) Et c'est tout ?

Soyez rassurés, cet ouvrage pêche aussi dans de nombreux autres domaines.

On a tout d'abord la séquence publicitaire de l'éditeur qui réussit à placer presque tout son catalogue (je n'ai pas vu le PKD), y compris les zombies et même, grâce à une association d'idée fulgurante (Schmitz => médiéval => taverne => Shakespeare) Le panorama de la fantasy et du merveilleux (page 154).

On a aussi les coquilles (ClarkE Darlton, le frère d'Arthur), photes d'orthographe, notes inversées ou scories typographiques (des mots barrés) que l'on attend de cet éditeur.

Dans le même ordre d'idée, le sens si particulier de la chronologie de ces auteurs est aussi au rendez-vous avec des mentions de textes datant de bien après 1977, et (encore une surprise) l'habituelle mention de James Patrick Kelly.

Globalement, il vaut mieux parfois ne pas trop creuser les détails quand on lit des affirmations disant que (ce ne sont que quelques exemples) : The immortals de Gunn n'est pas traduit, que seulement trois nouvelles de Biggle existent en VF, que Van Vogt faisait partie de la Scientologie, que l'intégralité de Interstellar empire (Brunner) est parue en Ace Double ou que Karres (Schmitz) est traduit par Karès en VF. Autant de points, certes négligeables mais que quelques secondes suffiraient à corriger et qui, laissés tels quels, donnent un peu au cochon de payant l'impression d'un travail bâclé.

Les immortels (PC 1977).jpg     Les immortels (Le Masque 1978).jpg

Dommage pour une idée qui, traitée d'une façon un peu moins à l'économie, aurait fourni matière à un livre passionnant. Au final, les 28 Euros demandés sont largement prohibitifs pour la proportion réelle de matière inédite (même si certaines parties comme celle sur Doctor Who sont bien faites) et l'impression d'amateurisme de l'ensemble.

Note GHOR : 1 étoile (pour ceux qui n'ont pas accès au matériau original)

20/05/2009

_100 Chefs-d'oeuvre incontournables de l'imaginaire_

100 Chefs-d'oeuvre incontournables de l'imaginaire : Eric HOLSTEIN & Jerôme VINCENT & Thibaud ELIROFF : Librio (série Imaginaire, #909) : 2009 : ISBN-13 978-2-290-01586-5 : 122 pages (y compris lexique et index) : 2.85 Euros pour un petit TP (prix affiché de 3 Euros).

100 chefs-d'oeuvre incontournables de l'imaginaire.jpg

Continuant dans la même veine que les petits ouvrages proposés par les éditions Actusf, à savoir des livres pratiques et synthétiques à prix modique, cet ouvrage a pour objectif de nous faire découvrir les 100 chefs-d'oeuvre de l'imaginaire. Conformément à une mode récente, il groupe sous le même vocable ombrelle les catégories que l'on appelait avant SF, Fantasy et Horreur. Le pourquoi de ce changement de terminologie semble assez obscur d'autant que ces catégories (et leurs subdivisions classiques) réapparaissent dès la deuxième page et restent à la base de la classification utilisée par les auteurs.

La structure de cet ouvrage est très simple puisqu'il s'agit d'une suite de fiches consacrées à 100 livres ou groupes de livres (puisque l'on y rencontre des romans solo, des cycles ou séries et des recueils de nouvelles). Ces 100 textes étant ceux qui sont considérés par les auteurs comme des chefs-d'oeuvre incontournable (c'est écrit dans le titre). Cet ensemble est organisé chronologiquement (de 1770 à 2004) et chacune des fiches reprend une présentation standardisée : d'abord les informations classiques (titre, date, auteur, TO, traducteur, genre), un pavé d'une cinquantaine de mots qui présente l'auteur, un extrait représentatif de quelques lignes (par exemple le très connu début de Neuromancien) et la partie principale à savoir un résumé/avis sur le livre en une grosse vingtaine de lignes. On remarquera que les fiches ne sont pas signées.

Neuromancien (La Découverte 1985).jpg

Cet ensemble de fiches est précédé par une courte préface et est suivi par le traditionnel glossaire des termes et concepts propres au genre(s) (de Age d'or à Weird fiction) et de deux index (un par titre et un par auteur).

Cryptonomicon (Avon).jpg

Une fois certains maniérismes oubliés (le concept même de l'Imaginaire ou l'idée d'écrire science fiction sans tiret), la première (et légitime et amusante) réaction à ce type d'ouvrage qui se veut signaler les meilleurs éléments d'un domaine est de comparer les choix des auteurs avec les siens. En ce qui me concerne (donc plutôt sur la partie SF), même si je partage une partie non négligeable des choix (Demain les chiens, Fondation, L'homme démoli, Dune, Tous à Zanzibar, Un feu sur l'abîme, etc...) je suis, même avec mon expérience de ces best-of, assez surpris par d'autres. Des bouts de trilogies (Temps), des parties de cycle (Elévation), des séries à rallonge (Pern), des ouvrages mineurs dans la carrière de certains auteurs (Sans parler du chien) ou carrément d'auteurs mineurs (Un bonheur insoutenable). Mais je n'ai peut-être tout simplement pas saisi le côté ironique de la démarche qui fait mettre dans les 100 meilleurs ouvrages un livre dont on écrit qu'il est "Bordélique, mal ficelé, bourré de digressions" (Cryptonomicon).

Elévation T1 (JL 1995).jpg

Sur un autre plan, les amateurs de SF ayant la mémoire longue se rappelleront que Goimard et Aziza avaient été critiqués pour avoir inclus dans leur Encyclopédie de poche de la SF (1987) parue chez Presses Pocket une trop grande proportion de titres issus du catalogue de l'éditeur de l'ouvrage. Trouvant ici aussi certains choix surprenants, j'ai pu constater après vérification, que sur les 50 titres les plus récents, la moitié ont été à un moment ou un autre édités par J'ai Lu ou Pygmalion. Avoir 50% des incontournables parus dans ses propres collections, c'est une preuve d'un goût très sûr et un score remarquable pour un des co-auteurs de ce livre qui, je le rappelle, est publié par une autre des branches du groupe Flammarion (comme le sont J'ai Lu et Pygmalion). Après Ruaud & Colson qui réécrivent l'histoire de la SF à la sauce Moutons, on pourrait facilement en déduire que l'autopromotion reste une valeur sûre.

Encyclopédie de poche de la SF (guide de lecture).jpg

Il est logique de ne pas attendre de miracles d'un ouvrage d'un aussi petit prix, on a donc une quantité non négligeable (par rapport au peu de matière) d'erreurs factuelles (dates de parution du style 1940-1966 pour Slan ou 1997 pour Temps, TO) ou de typos. On peut y rajouter quelques affirmations assez légères : Je suis une légende faisant quelques dizaines de pages (19 dizaines pour l'édition PdF), Pavane comme texte fondateur de l'uchronie (dans les années 60 ?), le fait que nombre de romans de Willis n'aient pas été traduit en français (moins d'une demi-douzaine, tous mineurs) ou des reprises telles quelles de lieux communs largement discutables à la lumière de travaux sérieux (Les initiales de Moore comme cache-sexe, Asimov comme membre fondateur des Futurians).

Un ouvrage pas cher mais sans grand intérêt pour l'amateur, mais celui-ci n'est sans doute pas la cible visée. Le nouveau venu au genre pourra trouver une utilité à cet ouvrage à condition de réussir à trouver par lui-même quelles sont les éditions diponibles ou existantes puisque aucune information de cette nature n'est fournie.

Note GHOR : 1étoile

29/04/2009

_Alfred E. Van Vogt : Parcours d'une oeuvre_

Alfred E. Van Vogt : Parcours d'une oeuvre : Joseph ALTAIRAC : Encrage (collection Références #14) : 2000 : ISBN-10 2-251-74104-6 : 167 pages (y compris suppléments) : 10.67 Euros (à l'époque) pour un petit TP.

Alfred E Van Vogt.jpg

Paru dans une prometteuse (mais trop tôt arrêtée) collection de monographies d'auteurs de littérature populaire (Polar, SF, Horreur), cet ouvrage est un des rares livres consacrés à Van Vogt. Cet auteur important n'a été que peu étudié d'une façon approfondie puisque quasiment seuls Drake (voir par exemple http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/04/08/a-e-van-vog...) et Altairac s'y sont attaqué d'une façon significative.

Après une courte introduction qui place immédiatement Van Vogt dans le registre de la fascination souvent ressentie pour cet écrivain, l'essai se poursuit par une partie biographique d'une vingtaine de pages qui divise la vie de l'auteur en grandes périodes (jeunesse au Canada, Astounding, Hubbard et la dianétique...).

Astounding 1945-09.jpg

La partie suivante ("Un prestidigitateur cosmique") constitue le coeur de l'ouvrage et passe en revue les nombreuses facettes de l'écrivain. Sont abordés successivement les techniques d'écriture chères à Van Vogt (les fameuses scènes de 800 mots ou le concept de fix-up), ses thèmes favoris (le surhomme, la conscience, la dictature), ses marottes (la dianétique, la sémantique générale), ses lubies (son usage si particulier de la science). Un point est aussi fait sur les héritiers de Van Vogt (en particulier Philip K. Dick) et d'une façon plus générale sur son influence sur le genre.

On trouve ensuite une partie réservée à une analyse détaillée (une vingtaine de pages) de la réception critique de Van Vogt en France, traitée par le biais des positions des principaux acteurs du genre (Klein, Sadoul, Duvic...).

La faune de l'espace (JL 2T1971).jpg

Suit un autre gros morceau pour un auteur comme Van Vogt spécialiste de la transformation ou des fusions de textes, la bibliographie. Ici elle traite à la fois la VF (complète) et la VO (premières éditions ou parutions seulement) dans l'ordre chronologique quelle que soit la longueur (roman ou nouvelle) ou le type du texte (article ou fiction). Elle est aussi abondamment commentée tant sur les aspects purement "techniques" (composition pour les fix-ups, révisions) que sur le texte lui même avec à la fois l'avis de l'essayiste et de nombreux critiques.

On trouve en fin de volume un index de la bibliographie primaire, une bibliographie secondaire et une chronologie de la vie de l'auteur.

A la poursuite des slans (RF 1954).jpg

Il n'y a pas grand chose à dire de négatif sur cet ouvrage qui aborde un auteur controversé d'une façon qui réussit à communiquer un certain enthousiasme pour l'auteur sans tomber dans l'adulation aveugle (la partie sur la science à la sauce AEVV est savoureuse de férocité). Le propos est entraînant et on sent une véritable affection pour l'auteur et une grande tendresse pour certains de ses délires.

Même si la biographie ne s'écarte guère des sentiers balisés et que la bibliographie est basée sur des travaux antérieurs, la partie consacrée à la perception de l'auteur par le monde de la SF française est particulièrement originale et novatrice.

L'exercice (particulièrement ardu) de la bibliographie est très bien réalisé, avec seulement quelques points de détails discutables : des titres donnés comme alternatifs qui n'existent pas (ce sont plutôt des titres de travail), un index qui omet les recueils de nouvelles, une bibliographie secondaire qui aurait pu être étoffée (on pensera au livre de Myers sur la linguistique qui parle pas mal de l'auteur, voir http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/02/04/aliens-and-...) et parfois une impression d'effacement de la voix d'Altairac devant celle d'autres critiques. Ces éléments mineurs sont bien sûr largement compensés par la présence de certaines éditions peu connues et des explications nombreuses sur les multiples variantes des oeuvres de Van Vogt.

Invasion galactique (LGLDM 1991).jpg

Au final un livre très plaisant à lire, documenté et solidement construit, qui permet à certains d'entre nous de se souvenir avec émotion pourquoi ils trouvaient Van Vogt si "fascinant".

 Note GHOR : 3 étoiles

10/04/2009

_63 Auteurs : Bibliographie de science fiction_

63 Auteurs : Bibliographie de science fiction : Alain M(ichel) Villemur : Temps Futurs : 1976 : pas d'ISBN : 195 pages (y compris addendum et pour mon exemplaire une feuille volante de corrections supplémentaires) : physiquement c'est un TP grand format avec couverture glacée constitué d'un ensemble de feuilles tapées à la machine et photocopiées, en matière de tarif c'est un ouvrage très rare donc d'une valeur assez difficile à estimer (plusieurs dizaines d'Euros).

63 auteurs.jpg

Cet ouvrage, avec le Valéry évoqué ici (http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/01/15/bibliograph...), est une des toutes premières tentatives de faire de la bibliographie de SF en VF un peu sérieuse. Il est important de ne pas oublier que l'on parle d'une époque sans ordinateurs facilement accessibles pour de tel projets (hormis quelques mainframes), sans internet (et même sans minitel) où le seul moyen de compiler une bibliographie était le bon vieux système des fiches ou des cahiers et où la publication d'un tel travail demandait des heures sur une machine à écrire (électrique si l'on avait de la chance) en priant pour ne pas faire trop de fautes de frappe.

Cette bibliographie traite donc 63 auteurs, de Aldiss à Zelazny, mêlant une majorité d'anglo-saxons et quelques français (moins d'une dizaine) et fait l'impasse sur les autres nationalités. Même si le principe de sélection n'est jamais explicité (pourquoi 63 auteurs ?, pourquoi ces 63 là ?), elle est cohérente avec le paysage de la SF traduite lors de la conception. On y trouve à la fois tous les grands auteurs de l'âge d'or (Asimov, Heinlein, Van Vogt), tous les auteurs prolifiques traduits (Anderson, Laumer, Brunner), les inclassables (C. Smith, Bester, Tenn) et les "nouveaux" auteurs de la new-wave (Ballard, Disch, Ellison).

Au seuil de l'éternité (Satellite 1959).jpg

En matière d'organisation, les textes de chaque auteur (quelle que soit leur longueur) sont présentés sous forme chronologique de parution en Français et reçoivent un numéro d'ordre séquentiel. Pour chacune de ces entrées sont donnés : le type (R(oman) ou N(ouvelle)); le TF et les éventuels VT Français; la localisation (toutes les occurrences pour une nouvelle avec pagination) ou les références de l'édition (pour un roman); la date de parution en VF; le TO; la date et le lieu de parution initial en VO.  Le cas échéant sont indiqués l'appartenance à une série (sous forme d'un système d'étoiles); la présence dans certains recueils de l'auteur (sous forme codée AX renvoyant à une liste en fin de fiche auteur) et (parfois) d'autres informations pertinentes : prix reçus ou composantes d'un fix-up. 

A la fin des fiches auteurs sont listés les articles qui leur ont été consacrés et, pour certains, des informations utiles comme la liste des livres sous pseudo de Brutsche dans l'entrée sur Andrevon. Certains auteurs "à problèmes" bénéficient de suppléments personnalisés comme les affectations à Charles ou Nathalie pour l'entrée sur les Henneberg.

Le temps cyclothymique (FN 1974).jpg

Comme on peut aisément l'imaginer, cet ouvrage représente une somme de travail colossale pour recenser, compiler, classer et identifier les 3000 titres dans leurs 7000 occurrences. Ce travail remarquable est vraiment l'oeuvre d'un pionnier qu'il faut admirer.

Bien évidemment, et comme dans tout travail de ce type, on peut trouver dans cette bibliographie des omissions (par exemple le contenu de l'anthologie de 1957 L'univers de la science-fiction ou certains pseudonymes non détectés comme pour Poul Anderson), des erreurs de frappe (sur les TO), des erreurs de date ou des informations non présentes. On peut aussi être gêné par le classement par date de VF peu pertinent pour des auteurs anglo-saxons, le mélange des formats de textes (et donc de restitution) ou une codification peu pratique et parfois inconstante (Aldiss étant par exemple le seul auteur à avoir droit à l'inclusion de recueils en VO dans la bibliographie).

Univers de la science-fiction (CLF 1957).jpg

Ces reproches sont toutefois mineurs face à un tel travail et à un ouvrage qui est resté durant des années le seul à offrir une telle couverture puisqu'il ne sera remplacé peu à peu que par les bibliographies des XLII dans les "Livres d'Or" (et encore pas pour l'ensemble des 63 auteurs) dans les années 80-90 et par l'arrivée de bases de données sur internet vers la fin des années 90 dont certaines n'atteignent même pas son niveau de fiabilité.

Ce livre, même s'il est aujourd'hui techniquement dépassé par des outils en ligne, reste quand même un véritable monument du travail de référence sur le genre.

Note GHOR : 3 étoiles

31/03/2009

_L'argus de la SF 2006_

L'argus de la SF 2006 : Tome 1 les auteurs & L'argus de la SF 2006 : Tome 2 Collections, Revues SF, Polychromes, Études/essais : Pierre Caillens & Alain Mauret : ABSL L'Annonce-Bouquins : ISSN 0769-2765 (pour les deux) : 481 & 500 pages : 30 & 32 Euros pour des TP avec couverture couleur plastifié et un brochage du type collage renforcé par une bande Scotch noire (comme certains fanzines).

L'argus de la SF 2006 T1.jpg

Ces deux ouvrages font partie d'une série commencée dans les années 90 qui se voit régulièrement mise à jour (je dirais tous les deux ans). Leur principe est simple et provient en droite ligne du Rayon SF. Le premier tome liste les publications de SF classées par auteur en se focalisant sur les parutions "hors-collection". Le deuxième tome traite principalement les collections estampillées "SF". Elles sont présentées par ordre alphabétique d'éditeur puis par intitulé de la collection. A cette partie principale s'ajoutent des annéxes consacrées aux revues, aux cartonnages et aux ouvrages de référence.

Structurellement, les informations données pour chaque livre sont assez succinctes : date de parution (première impression seulement et si connue), numéro dans la collection (si applicable), titre (VF uniquement), nombre de nouvelles (si recueil), appartenance à une série (non exhaustif) ou autres informations et cote en Euros (pour les titres non disponibles en neuf).

L'argus de la SF 2006 T2.jpg

J'ai une certain nombre de remarques à faire sur ces deux ouvrages, remarques que je livre ici sans ordre précis :

- La stratégie d'inclusion ou d'exclusion des ouvrages traités est d'une logique et d'une constance un peu trop variable pour être acceptable. En effet, le choix des auteurs est d'inclure suivant des critères (je cite) du style "(ce livre)...ouvre ses pages à la ... (Hard Fantasy) ... mais n'a toujours pas retenu TOLKIEN (Soft Fantasy)...".On voit donc que des positions aussi subjectives (comment différencier Hard Fantasy et Soft Fantasy ?) ne peuvent que mener à des listings à trous puisque les ouvrages non retenus ne sont même pas mentionnées dans le cas de collections à numérotation continue. Du coup, il est difficile de savoir si ces trous dans les séquences correspondent à des volumes existants mais qui ont été exclus par les auteurs (sur des critères nébuleux), ou à des véritables trous dans la numérotation (le livre n'existe tout simplement pas) du fait de l'éditeur (comme chez Presses Pocket). Il est d'ailleurs savoureux de voir que les critères sont tellement vagues que le roman de Randall Garret Tous des magiciens ! est listé au titre de sa parution dans la collection Temps Futurs, mais ne l'est pas pour celle dans la collection Abysses.

Tous des magiciens (TF 1983).jpg        Tous des magiciens (LCE 1998).jpg

- On constatera la présence de livres dont l'existence n'est pas véritablement avérée voire carrément inventée : il est mentionné chez Albin-Michel (SF 4éme série ou Albin Poche) un Poul Anderson qui s'appellerait La carène du ciel. Outre qu'il s'agit sûrement plutôt de La caverne du ciel, ce livre est (pour n'en avoir jamais vu d'exemplaire ni même de scan) ce que l'on appelle un 'fantôme', à savoir une livre annoncé mais jamais sorti.

- Il y a pas mal de coquilles et/ou d'erreurs de typo : un cycle Herrington, des chroniques de Cadwell, un Russel; chose pas forcément grave mais qui peut se révéler problématique en cas de recherches à mener.

- Un texte parfois peu clair (ou faux) et qui peut donner lieu à des interprétations erronées. Par exemple, à propos de la collection CAL (Culture Art Loisir), on peut lire "Les éditions Denöel reprirent en partie la formule pour les 5 premiers volumes de la collection Présence du futur", ce qui pourrait faire croire que cette dernière (née en 1954) est postérieure à CAL (née en 1973).

Martiens go home (CAL 1973).jpg

- Des erreurs de contenu ou de classification : Le monde Lavalite de Farmer n'est pas, à ma connaissance, un recueil de 5 nouvelles mais un roman.

Le monde lavalite (Le Masque 1980).jpg

- Une recherche des collections dans le Tome 2 peu simple puisqu'elles sont classées par éditeur d'une façon assez particulière. Par exemple, si on cherche Le Masque SF, il faut soit se souvenir que l'éditeur est Librairie des Champs-Elysées (qui est à la lettre C des éditeurs !) ou utiliser l'index par collection (ici à M).

- Il n'y a pas toujours cohérence entre les deux tomes, certains livres ou collections (Le Masque de l'Avenir par exemple) ne se trouvent que dans le tome 1 (donc par auteur) et non dans le 2 (par collection).

- Le choix de revues traitées s'est fait sur des critères assez opaques qui conduisent à l'inclusion de certains fanzines parmi les revues : Basis, Argon, Tribune des amis d'ERB. On peut se demander pourquoi ces fanzines là sont traités et pas les autres (sont-ce des copains ?).

- Des erreurs factuelles comme le discours sur la problématique des jaquettes sur les CLA qui fixe l'apparition de celles-ci au No 53 alors que l'on en connaît au moins à partir du No 11, ou sur l'existence des rééditions de certains Galaxie-Bis (130 & 131) pour lesquels il est indiqué Réellement paru ?, question à laquelle la réponse (positive) est assez facile à trouver.

- En ce qui concerne les cotes, je n'ai pas de problèmes avec leur niveau (contrairement à celles du Douilly). Elles me semblent conformes aux prix pratiqués à la fois dans les librairies physiques spécialisées que je connais et au prix (de vente) que je constate sur internet. Les collections (CLA bien sûr) ou les auteurs (PKD, Gilles Thomas...) les plus recherchés présentant les pics attendus. Je suis par contre beaucoup plus réservé sur les cotes des ouvrages de référence qui me semblent abusivement basses pour des livres que l'on ne rencontre que peu (pour les plus pointus).

L'autoroute sauvage (FN 1976).jpg

- C'est un bonne idée (et originale) d'avoir indiqué si et quand des collections se sont retrouvées soldées, ce qui permet de minorer les prétentions de certains vendeurs un peu gourmands.

- Outre la solidité qui me semble peu probable de l'ensemble face à des manipulations fréquentes normales pour un ouvrage de ce type que l'on est amené à consulter fréquemment, ces livres donnent l'impression d'un paquet de feuilles (type papier bureautique 80 grammes) sortis d'une imprimante laser et passés directement au massicot et à la relieuse. Ce point n'est pas rédhibitoire en soi mais à ces tarifs là (62 Euros les deux volumes), on pourrait prétendre à mieux en matière de qualité et de durabilité.

Sorti de ces élements que j'espère suffisament factuels, l'impression qui m'a le plus marquée est celle d'avoir face à moi un décalque du défunt Rayon SF, tant en termes d'organisation générale de l'ouvrage (mais peut-on être original dans ce type d'ouvrage ?, cf. les ressemblances entre Le rayon SF et le Bisceglia) que, et c'est pour moi beaucoup plus gênant, au niveau des textes de présentation où des parties entières semblent tout simplement 'pompées' directement sur le Delmas & Jullian, comme (c'est un des nombreux exemples) celle sur l'augmentation de la taille des polices du CLA qui serait en parallèle avec celle des prix.

Le rayon SF1.jpg

C'est donc un ouvrage unique en son genre (en terme d'actualisation), qui est presque indispensable pour qui n'a pas son ordinateur branché en permanence pour consulter des sites de référence en ligne, mais qui, faute de rigueur, n'est pas le livre de référence indiscutable qu'il aurait pu être avec un peu plus de travail et d'originalité, et c'est un peu dommage.

Note GHOR : 2 étoiles