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16/06/2009

_Asimov on science fiction_

Asimov on science fiction : Isaac ASIMOV : Granada : 1983 : ISBN-10 0-246-12044-4 : 334 pages (pas d'index ni de bibliographie) : quelques Euros d'occase pour un HC avec jaquette.

Asimov on science fiction.jpg

Il s'agit là de la version britannique (légèrement postérieure) d'un ouvrage initialement publié par Doubleday aux USA en 1981. C'est un recueil de 55 petits (au plus une demi-douzaine de pages) textes d'Asimov tournant autour de la SF. La grande majorité d'entre sont des éditoriaux tirés de divers magazines ayant porté le nom d'Asimov, le toujours vivant ASF (ex IASFM) et le rapidement décédé ASFAM, une tentative au format plus grand et au contenu plus distrayant que le précédent. Le reste est composé de préfaces ou d'articles issus de magazines ne faisant pas forcément partie du genre. Globalement les textes datent de la fin des années 70 (quelques uns qui sont nettement plus anciens). 

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Après une petite introduction, l'ouvrage est divisé en 8 grandes parties d'importance inégale qui traitent des sujets aussi divers que l'écriture de la SF, le fandom ou des critiques. Chaque texte est précédé d'un petit chapeau introductif mais les références de parution sont à chercher sur la page des copyrights. A noter qu'aucun index ni aucune bibliographie ne sont fournis.

IASFM 1977-Fall.jpg

Pour résumer l'ouvrage, il s'agit donc d'une suite de petites conversations avec l'auteur où se mêlent conseils, réminiscences et avis sur le genre et son évolution. En matière de ton, c'est bien sûr de l'Asimov typique en mode non-fiction, à savoir un mélange de savoir bien réel, de style transparent et de fausse modestie. Cela se laisse lire plutôt par petits bouts mais donne plus l'impression d'un apéritif que d'un solide repas.  

IASFM 1977-Summer.jpg

Une fois passé le côté parfois pénible des plaisanteries du "bon docteur", il y a parfois des choses intéressantes dans ce livre (au hasard l'article sur Weinbaum) et des éléments autobiographiques ou biographiques sur les nombreux acteurs majeurs du genre qu'Asimov a côtoyés, mais l'absence de tout index le rend complètement inutilisable pour des recherches futures. Cette perte d'information (à moins de relire le livre régulièrement, chose à réserver aux fanatiques) est tout simplement dommage (*).

 

Note GHOR : 1 étoile

 

(*) : Pour les puristes, cet ouvrage a été toutefois indexé par Justice dans son Science fiction master index of names (voir http://ghor.hautetfort.com/archive/2008/12/31/science-fic...).

15/06/2009

_Asimov analyzed_

Asimov analyzed : Neil GOBLE : The Mirage Press (Voyager Series #113) : 1972 : pas d'ISBN : 174 pages (y compris bibliographie mais pas d'index) : coûtait à l'époque 6 USD pour un HC avec jaquette, peut se trouver d'occase.

Asimov analysed.jpg

Paradoxalement, on évoque souvent le style d'Asimov, généralement pour en déduire qu'il est au mieux inexistant ou transparent, au pire pédestre ou lourd. Face à ce lieu commun, Goble (journaliste et officier dans l'USAF) a voulu fournir des éléments factuels sur ce fameux style dans un ouvrage qui est parti de sa thèse sur Asimov.

Pebble in the sky (Bantam 1964).jpg

Ce livre est divisé en trois parties d'inégale importance. La première et la plus courte ("Biographical study") est consacrée à une biographie sommaire, centrée sur les écrits de l'auteur et son activité dans ses deux domaines de prédilection, la SF et (surtout) les ouvrages de vulgarisation. La deuxième partie ("Statistical analysis") représente le gros du travail de Goble (surtout quand on se rappelle les moyens techniques inexistants de l'époque) et consiste en une suite de tableaux de données largement commentés par type d'ouvrages (SF, essais scientifiques, dissertations, livres d'histoire...). Les données rassemblées par Goble sont assez classiques (nombre de mots par phrase, nombre de phrases par paragraphe, pourcentage de syllabes...) et donnent une première idée de la lisibilité des écrits d'Asimov. La dernière partie ("Rhetorical analysis") est plus subjective et passe en revue divers éléments pas toujours mesurables (utilisation des parenthèses, collaborations, diction...) du style de l'auteur. Divers appendices terminent l'ouvrage, essentiellement des données bibliographiques primaires et secondaires.

The end of eternity (Lancer 1966 72-107).jpg

Face à un tel ouvrage, on reste tout d'abord impressionné par la quantité de travail que l'on devine derrière celui-ci. Imaginez les comptages à la main (pas de Word en 1972) nécessaires pour obtenir ne serait-ce qu'un nombre de mots par phrase relativement fiable. L'idée de Goble est originale (je ne connais pas d'autres exemples de la même époque, même si Westfahl fera plus tard des choses similaires sur une plus petite échelle) et surtout courageuse.

The end of eternity (Lancer 1966 74-818).jpg

Le résultat est d'un bon niveau et permet de discuter un peu sérieusement du style d'Asimov, éléments chiffrés à l'appui. On regrettera surtout de ne pas disposer d'un ouvrage similaire sur d'autres auteurs de SF, ce qui aurait permis des comparaisons à coup sûr intéressantes. Même si la vulgarisation était peut-être la vraie vocation d'Asimov, on pourra aussi trouver dommage que la partie dévolue à ses écrits de SF soit plutôt limitée (un quart de l'ouvrage lui est consacrée).

The man who upset the universe (Ace 1952).jpg

Un ouvrage fort original dont seule la faible relevance vis à vis du genre est à regretter. On aimerait bien lire une suite consacrée aux textes tardifs d'Asimov histoire de pouvoir vérifier si leur côté verbeux est une réalité. 

 

Note GHOR : 2 étoiles

12/06/2009

_Asimov : The unauthorized life_

Asimov : The unauthorized life : Michael WHITE : Millenium : 1994 : ISBN-10 1-85798-120-0 : 257 pages (pas d'index, bibliographies) : coûtait à l'époque 18 GBP pour un HC avec jaquette, se trouve facilement d'occase pour une somme modique.

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Même si Asimov nous a laissé un grand nombre d'éléments autobiographiques, tant dans ses nombreux recueils de nouvelles ou dans des volumes entiers dont certains ont été traduits, il existe toujours pour un auteur aussi connu (y compris hors du genre) une place pour une biographie "extérieure". C'est donc à cette tâche que White s'est attelé. Le résultat de son travail est un ouvrage relativement classique dans sa forme qui consiste donc en une narration chronologique de la vie d'Asimov de sa naissance en 1920 (du moins c'est la date communément admise) en Russie à sa mort en 1992.

Fondation (RF 1957).jpg

Organisé en une quinzaine de chapitres, le livre détaille bien sûr la vie d'Asimov mais se penche aussi beaucoup sur ses écrits et particulièrement sur sa SF. De nombreux textes sont donc analysés et évalués, à la fois dans leurs qualités (et défauts) intrinsèques mais aussi dans leur relation avec les éléments personnels de la vie de l'auteur. En bonus on a une maigre (par rapport au volume total de ses écrits) bibliographie des fictions d'Asimov (deux pages) et une bibliographie générale sur la SF (une page).

Fondation (CAL 1974).jpg

Globalement, le récit de White est assez favorable à l'auteur, mais sans excès, ce qui nous change un peu de la pénible autosatisfaction ou autoglorification des autobiographies du Maître. Il se focalise assez sur la vie domestique d'Asimov et nous conte nombre d'anecdotes sur ses aventures sentimentales, en restant toutefois assez flou. Techniquement, la lecture est plutôt agréable et la maquette aérée.

Fondation (Denoel 1979).jpg

Malgré son côté rafraîchissant et parfois un peu iconoclaste, on pourra regretter que White n'ait visiblement effectué que peu de recherches personnelles (la maigreur de la bibliographie secondaire en atteste). En effet, la quasi-totalité des informations factuelles sont tirées de la masse des écrits d'Asimov (ce qui se vérifie aisément par les notes de bas de page). Les autres éléments fournis par White semblent parfois sortis directement de son imagination ou relever de suppositions psychologiques peu étayées. Ce côte un peu "léger" du travail fourni est assez clairement perceptible dès la préface où White avoue ingénument ne jamais avoir rencontré Asimov pour écrire son livre alors qu'il était encore vivant au moment où il décide de commencer sa biographie. Ce manque d'investissement peut expliquer, par exemple, que White place Heinlein parmi les Futurians (page 41), ce qui, en plus de la simple erreur factuelle aisée à corriger et à détecter (c'est un groupe sur lequel il a été beaucoup écrit), pose des questions sur sa connaissance du genre et de son histoire. 

Foundation (Panther 1969).jpg

Au final, c'est un ouvrage très lisible et qui nous montre un Asimov parfois loin de son image (souvent autopromue) habituelle de génie jovial et sympathique. Il est toutefois très loin des standards désormais atteints par le genre (cf. Phillips sur Tiptree), très probablement à cause d'un manque de travail. Pour finir, on regrettera l'absence d'index, très pénalisante et qui rend cet ouvrage quasiment inutilisable comme source biographique.

 

Note GHOR : 2 étoiles

11/06/2009

_Arthur C. Clarke : A critical companion_

Arthur C. Clarke : A critical companion : Robin Anne REID : Greenwood (série "Critical companions to popular contemporary writers") : 1997 : ISBN-10 0-313-29529-8 : 205 pages (y compris index et bibliographies) : une bonne trentaine d'Euros (47 USD chez l'éditeur) pour un HC sans jaquette.

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Cet ouvrage a été publié par Greenwod qui est un éditeur spécialisé dans les ouvrages à destination du monde universitaire, étudiants, enseignants ou bibliothèques (ce qui explique le prix élevé du livre en neuf). Il fait partie d'une série qui comporte aussi McCaffrey (voir http://ghor.hautetfort.com/archive/2008/12/02/anne-mccaff...) ainsi que d'autres auteurs "populaires".

La cité et les astres (RF 1962).jpg

Respectant le format de la série, cet ouvrage est organisé en onze chapitres. Les deux premiers sont une biographie de Clarke (plutôt courte, une douzaine de pages), et un point sur les relations de Clarke et de la SF qui est en fait un récapitulatif des thèmes habituels de Clarke et un survol de sa longue carrière (les romans du début et les nouvelles sont mentionnés ici). Les neuf chapitres suivants sont chacun consacrés à un roman de Clarke. Sont donc abordés, dans l'ordre chronologique : Rendezvous with Rama, Imperial Earth, The fountains of paradise, 2010, The songs of distant earth, 2061, The ghost from the grand banks, The hammer of god et enfin 3001.

3001 The final odyssey (Voyager 1997).jpg

Chacun de ces mini-essais (d'une bonne quinzaine de pages chacun) est structuré de la même manière, avec tout d'abord un résumé de l'intrigue (plusieurs pages de spoilers), une partie technique (structure, points de vue, évolution des personnages), un approfondissement des thèmes et images des ouvrages (par exemple les fractals pour The ghost from the grand banks) et une autre lecture de l'ouvrage à la lumière d'un autre système critique (féministe, post-colonialiste, gender studies...).

The ghost from the grand banks (Bantam 1991).jpg

D'une façon normale pour un ouvrage destiné à un tel public, une bibliographie importante est fournie. Elle couvre les textes de Clarke d'une façon très schématique et se concentre sur le matériau secondaire avec un recensement assez complet des textes sur l'auteur (analyse ou biographies) et les indications nécessaires pour trouver les principaux textes critiques portant spécifiquement sur les ouvrages traités en détail (essentiellement des notes de lectures parues dans la presse SF). Le livre se termine par un index thématique.

2061 Odyssey three (Grafton 1988).jpg

Si vous voulez pouvoir parler de Clarke sans l'avoir lu, cet ouvrage est fait pour vous. En effet, il vous permettra soit de briller en société, soit de rendre votre mémoire en vous économisant. Malgré tout, que cette présentation ne vous trompe pas, ce livre est d'une grande qualité. Même si les éléments biographiques sont assez légers et que toute une partie de l'oeuvre de Clarke (ses nombreuses nouvelles et sa production romanesque d'avant 1970) est passée très rapidement, les textes abordés le sont d'une façon détaillée et pertinente. La technique de l'auteur est bien décortiquée et les images récurrentes (une habitude fréquente chez lui) sont mises en valeur et explicitées.

Lumière cendrée (PC 1985).jpg

On pourra peut-être trouver le livre un peu trop "gentil" avec Clarke, notamment sur ses derniers romans dont la sècheresse est patente, mais ceci est contrebalancé par les critiques "alternatives" qui sont globalement plus acérées et forment un contrepoint bienvenu. Et puis, un texte sur Clarke qui ne nous inflige pas des pages et des pages sur Childhood's end et 2001, c'est tellement reposant.

 

Note GHOR : 3 étoiles

10/06/2009

_Archaeologies of the future : The desire called utopia and other science fiction_

Archaeologies of the future : The desire called utopia and other science fiction : Fredric JAMESON : Verso : 2005 : ISBN-10 1-84467-033-3 : 421 pages (y compris index) : une trentaine d'Euros en neuf pour un volumineux HC avec jaquette.

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Cet ouvrage rassemble une partie des essais sur l'Utopie et la SF que l'on doit à la plume de Fredric JAMESON. Il est l'un des critiques marxistes les plus connus et il s'est depuis longtemps intéressé au genre. Le livre est divisé en deux grandes parties d'égale taille. La première est consacrée à l'Utopie (je ne sais pas si elle est inédite) et dresse un portrait historique de ce sous-genre en tentant d'en comprendre les motivations. La seconde rassemble des écrits déjà publiés dans diverses publications consacrées au genre, et aborde divers thèmes allant de l'étude générale sur un auteur précis (Van Vogt, Le Guin, Dick, Gibson) à des analyses unitaires de certaines oeuvres (Starship, Dr Bloodmoney, The exile waiting) ou cycles (Mars de KSR). Un index est fourni, mais il n'y a pas de bibliographie.

Croisière sans escale (Denoel 1975).jpg

Il est à noter que ce livre est l'un des rares ouvrages de référence à avoir été traduit en Français (en deux tomes chez MaxMilo, voir http://www.maxmilo.com/), mais qu'il n'a pas été particulièrement commenté ni remarqué au sein du genre.

Dr Bloodmoney (JL 1979).jpg

Pour faire rapide, je dois avouer que j'ai trouvé la lecture de cet ouvrage particulièrement pénible et profondément ennuyeuse. La première partie sur l'Utopie est indiscutablement très érudite mais elle couvre un domaine sur lequel il a été beaucoup (trop écrit) ce qui rend une discussion de More de plus un peu superflue C'est aussi un domaine dont la pertinence pour la réflexion sur l'état actuel du genre est loin d'être démontrée, même par Jameson. La deuxième partie est nettement plus variée mais souffre globalement d'une trop grande dispersion dans le discours qui sautille d'un sujet à un autre sans forcément les creuser. Par exemple, dans l'article sur Van Vogt, Jameson arrive à placer en deux pages les noms de Freud, Marx, Rousseau, Hoffman, Morgan et à évoquer l'archéologie danoise, le concept de barbare et celui de civilisation, la commune de Paris, l'Angleterre Victorienne ou les Iroquois...

Loué soit l'exil (Lattès 1980).jpg

On croirait lire une sorte de Stephenson de l'ouvrage de référence avec un raisonnement "fractal" que l'on pourrait penser soit trop brillant pour être suivi, soit plus décoratif qu'efficace ou clair. De plus, le tout est assaisonné d'un jargon parfois assez pesant et d'une écriture qui ne favorise pas la lisibilité avec des phrases atteignant facilement la dizaine de lignes. Au vu de la réputation flatteuse de l'auteur, je suppose que le problème vient plus de moi que du livre et que je ne suis pas forcément le public visé et/ou susceptible d'apprécier le travail de Jameson.

Définitivement, un ouvrage qui  n'est pas pour moi.

 

Note GHOR : 0 étoile