03/12/2009
_Exploring Cordwainer Smith_
Exploring Cordwainer Smith : Andrew PORTER (editor) : 1975 : ALGOL Press : Pas d' ISBN : 33 pages (pas d'index) : coûtait 2.50 USD à l'époque pour un petit fascicule format A5 agrafé.

Cordwainer Smith a toujours été un auteur qui a fasciné les amateurs de SF, cet ouvrage en est la preuve. Sorti dans la collection de petits fascicules de chez ALGOL Press, il s'agit là d'une des premières tentatives de cerner cet auteur à la vie si exotique et aux textes si particuliers. Un écrivain qui bénéficie d'ailleurs de la même aura dans notre pays si l'on en croit le nombre important d'éditions différentes de ses écrits malgré un format (il s'agit essentiellement de nouvelles) jugé difficile à vendre.

Ce court ouvrage se compose de plusieurs textes dont certains sont parus initialement dans un magazine australien et repris ensuite dans les pages de Algol et d'autres qui sont inédits. On notera avec surprise que la quasi totalité de cet ouvrage a été traduite en VF et forme la première partie du CLA #50 (dans un ordre différent toutefois) mais ne sera pas reconduite dans l'intégrale LDP. Après un introduction de Bangsund (non reprise en VF), on trouve donc deux présentations générales des deux facettes du personnage (Burns et Foyster), un entretien avec Bruns (un collègue de Linebarger), un texte de Miesel centré sur la nouvelle The dead lady of clown town et ses parallèles avec Jeanne d'Arc. Suivent une chronologie, une bibliographie et un biographie (inédites en VF).

Clairement, c'est un livre qui ne fait qu'effleurer la surface de l'iceberg qu'était Smith. Les contraintes très fortes de format (moins de trente pages de textes) ne peuvent pas donner d'autre résultat. Il faut donc prendre ce livre comme un précurseur et une source de matériau primaire (surtout pour l'interview de Burns) et non comme l'analyse définitive de ce grand de la SF.

Un premier pas sur un chemin qui conduira (par exemple) à la concordance de Lewis ou au livre nettement plus étoffé de Hellekson. Sa quasi complète traduction en VF ne le rend donc pas indispensable malgré le courage et les qualités de la tentative.

Note GHOR : 1 étoile
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21/10/2009
_Earth is the alien planet : J. G. Ballard's four-dimensional nightmare_
Earth is the alien planet : J. G. Ballard's four-dimensional nightmare : David PRINGLE : 1979 : Borgo Press (série "Milford" #26) : ISBN-10 0-89370-238-2 : 63 pages (avec bibliographies mais pas d'index) : coûtait 3 USD pour un petit TP qui semble peu fréquent (il semble aussi exister sous forme de HC).

Empruntant son titre à une célèbre citation de l'auteur ("The only truly alien planet is Earth"), cet ouvrage fait partie de la collection de petites monographies éditées par Borgo et consacrées (en général) à des auteurs du genre. Réalisé par David Pringle, un des acteurs clés de la SF britannique (rédacteur en chef d'Interzone et de Foundation, auteur d'ouvrages de référence), il constitue l'une des premières tentatives d'analyse de l'oeuvre de Ballard, un écrivain qui, à l'époque, n'avait pas atteint les sommets de popularité de ces dernières années qui lui ont permis de renier le genre qui l'a fait vivre.

Ce court essai est donc divisé en quatre parties inégales : "Introduction" qui traite en fait plutôt des nouvelles de Ballard, "The fourfold symbolism" (partie issue d'un article paru dans Foundation) sur les quatre romans catastrophe, "Ballard's characters" qui étudie les types de personnages habituels de Ballard (la vampiresse/Lamia, le fou et le roi) et "Ballard's themes" qui évoque les deux thèmes favoris de l'auteur, le vol et l'emprisonnement. Comme dans les autres volumes de la série, il n'y a pas d'index mais une bibliographie primaire limitée et une secondaire comparativement plus étoffée.

Même si cet ouvrage souffre d'une maquette remarquablement peu aérée (le défaut de cette série qui a généralement du mal à "passer" dans la soixantaine de pages allouées), il n'en est pas moins d'une lecture agréable. Ceci grâce à l'érudition de Pringle et au fait que les textes étudiés sont ceux de Ballard qui sont le plus identifiables comme appartenant clairement à la SF même si on reste toujours dans l'anticipation proche.

Bien sûr, vu le récent côté "culte" de Ballard, il existe d'autres ouvrages qui lui sont consacrés (Baxter ou Luckhurst) qui sont à la fois plus fouillés (plus volumineux) et plus récents. Le livre de Pringle reste néanmoins celui qui est le plus proche de la communauté SF et au final peut-être le plus pertinent dans la mesure où il n'est pas "encombré" par les habituelles digressions sur les films tirés des oeuvres autobiographiques de l'auteur.

Au final, cet essai représente une bonne introduction au Ballard écrivain de SF, ce qui est après tout ce qu'on lui demande.
Note GHOR : 2 étoiles
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28/08/2009
_Kim Stanley Robinson maps the unimaginable_
Kim Stanley Robinson maps the unimaginable : William J. BURLING (éditeur) : McFarland (série "Critical explorations in SF & F" #13) : 2009 : ISBN-13 978-0-7864-3369-8 : 303 pages (y compris index et bibliographie secondaire) : TP disponible en neuf chez l'éditeur pour 45 USD (http://www.mcfarlandpub.com/book-2.php?id=978-0-7864-3369-8).

Auréolé de ses nombreux prix, de ses trilogies à succès (Orange County, Mars, Science in the capital), sa double casquette d'Utopiste et d'Ecologiste et patronné par Jameson, il est normal que Robinson intéresse beaucoup les milieux académiques américains. Cet ouvrage est donc le premier qui lui est spécifiquement consacré malgré l'existence d'une foule d'articles à son sujet.

Ce recueil d'essais rassemble dix-neuf textes dont seulement cinq sont inédits, le reste ayant déjà été publié dans les endroits habituels du genre et dans les organes de la mouvance Utopiste. D'une longueur très variable (de quatre à une trentaine de pages), on doit ces essais pour partie aux plumes habituelles (Jameson, Luckhurst, Moylan) et pour partie à des enseignants en littérature ou des spécialistes de l'utopie. On notera quand même la présence de l'écrivain de SF John Kessel et du chroniqueur Nick Gevers.

L'ouvrage est divisé en quatre parties inégales : 1) "Utopia and alternative history" qui traite du désir utopique chez KSR avec un long article (par Moylan) sur la trilogie Californienne et le seul texte du recueil qui porte sur The years of rice and salt. 2) "Theory and politics" sur les diverses représentations de la politique essentiellement (c'est logique) dans la trilogie Martienne. 3) "Ecology and nature", des courts essais sur les représentations de la nature dont le seul texte sur Antartica. 4) "Interview and select bibliography" qui offre ce qui est annoncé, à savoir une interview de KSR qui date de 1994 et une bibliographie secondaire de trois pages. Un index clôt ce volume.

Pour être méchant, je dirais que mon avis sur ce livre est le même que celui que j'ai de l'oeuvre romanesque de KSR : "brillant mais ch... comme la pluie". Des pages entières de discussions sur la trilogie Martienne (les deux tiers du livre y sont consacrés) avec force diagrammes aux titres aussi évocateurs que "The actantial mythical model of the Ares debate" ou "A semantic rectangle of the Boone-Chalmers contrast" conjugués à ma lecture assez ancienne de l'oeuvre maîtresse de KSR et multipliés par une police de caractère assez petite ont eu raison de ma patience. Il est clair que la pleine appréciation des analyses parfois hyper détaillées des romans de l'auteur nécessite d'avoir relu récemment les quelques milliers de pages qu'elle représente. N'ayant pas eu ce courage, je n'étais probablement pas en situation de lecture idéale.

Ce qui est aussi embêtant est cette détestable habitude des écrits universitaires sur la SF qui, dès qu'il s'agit d'un auteur un tant soit peu ambitieux, font en règle générale complètement abstraction du corpus au sein duquel ces oeuvres s'insèrent et dont elles se nourrissent. Si l'on excepte certains (Markley ou Wegner), on pourrait croire que (par exemple) la trilogie Martienne est une oeuvre splendidement isolée et qui n'a donc jamais fait partie du "dialogue sur Mars" des années 85-95. Ce phénomène est un classique qui s'est déjà vu pour des gens comme Le Guin et Bradbury, voire même pour Dick; une volonté de couper l'auteur de racines populaires à base de calmars dans l'espace.

Malgré tout, quelques textes sauvent un peu l'ensemble de l'ennui profond qu'engendrent des phrases comme "These syntactical relations having been established, the final step is to interrogate the 'lexematics' (i. e., discursive regularities) of the story, identifying semantic relations among concepts implicated in the text.". Celui de Kessel sur le KSR nouvelliste aurait mérité un plus grand développement ainsi que les rares fois où l'on nous parle des textes moins connus de l'auteur. On mange certes du Mars à toutes les sauces mais il est quand même étrange qu'une novella aussi importante et puissante que A short sharp shock, un texte qui nous montre une autre face de KSR ne soit tout simplement JAMAIS mentionnée dans les 300 pages de cet ouvrage.

Un recueil d'essais dont l'ensemble ne m'a guère convaincu, sans doute à cause d'un manque de connaissance de ma part des techniques d'analyse littéraire les plus sophistiquées et d'une concentration des auteurs sur une seule facette des talents de Robinson.
Note GHOR : 1 étoile
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25/08/2009
_Conversations with Isaac Asimov_
Conversations with Isaac Asimov : Carl FREEDMAN (éditeur) : University Press of Mississippi (série "Literary conversations") : 2005 : ISBN-10 1-57806-738-3 : 170 pages (y compris index) : coûtait 20 USD pour un TP facilement trouvable, existe aussi en HC.

Orné d'une superbe photo du "bon docteur", cet ouvrage est un recueil d'interviews d'Isaac Asimov, probablement l'auteur de SF le plus connu dans le monde. Compilé par Carl Freedman, un universitaire spécialiste du genre (on lui doit par exemple Critical theory and science fiction), il fait partie d'une série en cours d'ouvrages du même type qui inclut aussi un volume sur Ray Bradbury.

Son principe est simple puisqu'il s'agit du rassemblement en un seul volume de plusieurs interviews avec l'auteur étudié. Ici on a droit à une quinzaine de textes d'une longueur très variable (de trois à une trentaine de pages) dont la plupart sont effectivement des interviews (il y a aussi une nécrologie et les minutes d'un panel de 1969 auquel Asimov a participé). Tous les documents sauf un (celui de Gunn) ne sont pas des inédits et sont parus soit dans des magazines d'étude sur le genre (Extrapolation, Science fiction studies) soit dans des publications plus spécialisées (The humanist, Psychology today) ou plus généralistes (Playboy). Il y a aussi des extraits de précédents recueils d'interviews comme la série Science fiction voices.

L'ensemble possède un ton hétérogène dû à des styles d'interviewers différents et aborde logiquement des sujets variés suivant les centres d'intérêt des publications dans lesquelles sont parues les interviews. Classé par ordre chronologique (de 1968 à 1990), le livre offre en plus une introduction de Freedman, une chronologie de la vie d'Asimov, une bibliographie sélectionnée (livres seulement) et un index.

Comme Asimov aime bien parler de lui, tant dans ses recueils que dans ses nombreux textes autobiographiques, il n'est donc pas surprenant de ne trouver guère de choses terriblement originales dans cet ouvrage. De plus, certaines interviews s'adressent plus au 'futurologue' professionnel auprès des médias qu'il était devenu et n'offrent donc parfois qu'un rapport assez lointain avec la SF ou l'écriture en se concentrant plus sur la vulgarisation ou les phénomènes de société ("C'est vrai que c'est vous qui avez inventé le terme de robotique ?"). Ce n'est pas forcément inintéressant mais, par exemple, les considérations d'Asimov sur les débuts de la micro-informatique sont d'une pertinence uniquement historique et d'une relevance nulle.

Finalement les interviews les plus intéressantes pour l'amateur de SF sont celles qui sont faites par des gens ayant un minimum de bagage. Ce sont aussi hélas celles que l'on a des chances d'avoir déjà lues. C'est pour cela que le point fort de ce livre est celle réalisée par Gunn. Elle est à la fois inédite, fouillée (c'est la plus longue) et clairement l'oeuvre d'un expert. Elle lui a d'ailleurs servi pour l'élaboration de son ouvrage sur Asimov : The foundations of science fiction.

Un ouvrage qui n'en n'apprendra pas plus sur Asimov que les pages et les pages qu'il a lui-même rédigées. Un ensemble de paroles du maître à réserver aux complétistes.
Note GHOR : 1 étoile
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18/08/2009
_Comic inferno : The satirical world of Robert Sheckley_
Comic inferno : The satirical world of Robert Sheckley : Gregory STEPHENSON : Borgo Press (série "Milford - Popular writers of today" #66) : 1997 : ISBN-10 0-916732-61-4 : 114 pages : une bonne dizaine d'Euros pour un TP assez rare comme d'habitude, existe aussi en HC.

Robert Sheckley est un de ces auteurs qui sont en train de littéralement disparaître du paysage de la SF. C'est particulièrement vrai en France (malgré l'inédit sorti en 2007 chez Rivière Blanche) où il n'existe à peu près aucune édition postérieure à 2000 et cela l'est juste un peu moins aux USA où NESFA a publié deux gros recueils (un de romans et un de nouvelles) en 2002 et 2005. Il n'est donc pas surprenant de constater que cet ouvrage semble être le seul qui lui soit consacré.

Faisant partie de la série "Milford" de Borgo Press, cet essai est de la génération "tardive", à savoir celle des ouvrages nettement plus étoffés que les premiers puisqu'il offre le double de pages avec une police de caractère plus petite. On y retrouve l'organisation habituelle avec une chronologie de l'auteur, un court (cinq pages) premier chapitre à orientation biographique, cinq chapitres principaux de longueur variable (suivant la production parfois erratique de Sheckley) couvrant chacun une décennie entre 1950 et 1990, un chapitre consacré aux autres genres pratiqués par l'auteur (policier essentiellement) et une conclusion. Suivent deux bibliographies commentées, une primaire (qui liste que les livres) et une secondaire (qui ne recense logiquement que des articles ou des mentions).

Il est toujours très agréable de pouvoir lire une analyse sur un auteur comme Sheckley, tant il est caractéristique de la SF et même d'une frange si particulière du genre, celle de l'école Galaxy. On retrouve donc sous la plume de Stephenson tous les mythiques textes comme A ticket to Tranai ou The Laxian key, nouvelles savoureuses et maintes fois reprises. Mais l'auteur, qui pour une fois chez Borgo dispose d'une place suffisante, ne se limite pas à ces textes hyper connus et parcourt l'intégralité de la production de Sheckley en s'arrêtant longuement sur les romans de la période tardive de l'auteur. Il réussit même le tour de force de trouver des mots gentils à dire sur les ouvrages de la fin de la carrière de l'auteur (les expansions/sequels à The 10th victim ou les collaborations avec Harrison ou Zelazny).

Outre une certaine tendresse pour l'auteur qui rend parfois les jugements de Stephenson un peu trop tolérants, le gros point négatif de cet ouvrage est que, paradoxalement, le fait que la spécificité de Sheckley est intimement liée à l'histoire du genre n'est absolument pas mentionné. En effet, le génie de l'auteur n'a pu s'épanouir que dans le contexte propre à la SF des années 50-60, à savoir le seul espace de liberté où la publication de textes courts et percutants était possible. Tout cela est complètement passé sous silence par Stephenson qui ne parle que de Sheckley et absolument pas de l'environnement dans lequel il publiait. Il est d'ailleurs révélateur de voir que dans l'index, les noms Galaxy ou Omni n'apparaissent qu'une seule fois dans tout le texte (et encore dans la chronologie). On se demande bien comment on peut dissocier Sheckley de ces revues. Du coup, l'oeuvre de l'auteur, même si elle est longuement disséquée, donne l'impression fausse de sembler exister dans un vide absolu et se situer hors de tout courant historique de la SF.

C'est donc un ouvrage certes pointu sur l'auteur et son oeuvre mais qui fait hélas l'impasse sur le terreau fertile qui lui a permis d'exister. A ce titre, il est donc incomplet, ce qui ne peut que nuire à une perception exacte de la carrière et de la réelle place de Sheckley.
Note GHOR : 2 étoiles
09:15 | 09:15 | Etudes mono-auteur | Etudes mono-auteur | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, sheckley, 2 étoiles | Tags : anglais, sheckley, 2 étoiles