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10/08/2009

_The classic years of Robert A. Heinlein_

The classic years of Robert A. Heinlein : George Edgar SLUSSER : Borgo Press (série "Milford Popular writers of today" #11) : 1977 : ISBN-10 0-89370-216-1 : 63 pages (y compris bibliographie) : coûtait 3 USD à l'époque pour un TP (ne semble pas exister sous d'autres formats).

The classic years of Robert A Heinlein.jpg

Le duo Slusser écrivant sur Heinlein (Stranger in his own land) avait été le premier livre de cette collection. Le côté polémique de cet essai qui osait donner une image de Heinlein moins flatteuse que l'usage ne le voulait à l'époque avait provoqué une controverse importante. Alors que le premier livre se focalisait surtout sur les romans tardifs de Heinlein, cette monographie se concentre sur ce que Slusser appelle les "classiques" de l'auteur. Il s'agit de textes produits entre 1939 et le début des années 60 qui permettent de percevoir montrent un Heinlein qui utilise les conventions des genres ou des supports dans lesquels il écrit (pulps, SF campbellienne, juveniles, slicks...) pour nous revenir à sa thématique centrale, celle de l'élection.

Robert A Heinlein Stranger in his own land.jpg

Comme souvent chez Borgo, l'organisation de l'ouvrage est assez peu lisible (il n'y a pas de chapitres distincts mais une masse de texte avec quelques coupures). Après une introduction ("The classic years") qui tente justement de définir ce que peuvent bien être ces fameux classiques, Slusser traite divers textes ou groupes de textes dans un ordre interne chronologique. Il aborde successivement les nouvelles courtes ("Stories") y compris l'Histoire du Futur; les novellas ("Novellas") qui préfigurent souvent certains romans; les textes à intrigue ("Two novels of intrigue") qui couvrent principalement Rocket ship Galileo et The puppet masters; et "An Heinlein masterpiece" qui nous amène à Have space suit - Will travel.  Une courte conclusion en forme d'arrière-pensée est consacrée à Glory road. En fin d'ouvrage se trouvent l'habituel paragraphe biographique (10 lignes) et la non moins habituelle bibliographie rachitique.

Have space suit - Will travel (NEL 1972).jpg

On pourrait penser que Slusser a voulu, dans cet ouvrage, rectifier le tir après l'attaque parfois féroce mais réaliste qu'est Stranger in his own land. Il a donc choisi le RAH que tout le monde aime, à la fois celui des débuts, l'homme qui incarne le mieux la mutation de la SF dans les années 40 et l'auteur de juvenile qui a amené au genre des milliers de nouveaux lecteurs. Du coup, l'appréciation est globalement plus positive et prête moins le flanc à la polémique. Malgré tout, Slusser poursuit son analyse de l'oeuvre de RAH sous l'angle Calviniste et nous montre une philosophie finalement assez anti-démocratique, où seuls les élus touchés par la grâce (divine ?) réussissent.

Glory road (NEL 1974).jpg

Globalement l'analyse de Slusser est à la fois intéressante, novatrice (à l'époque) et me semble pertinente ou au moins bien amenée et étayée par une lecture serrée de RAH. Moins provoquant que son prédécesseur, cet ouvrage souffre surtout des défauts des production Borgo, à savoir une radinerie en matière d'annexes (comme l'absence d'index) qui devient gênante à l'usage et surtout une longueur insuffisante qui donne une impression d'un ouvrage un peu brouillon, sautant du coq à l'âne et dont les thèses n'arrivent pas à être correctement déployées. 

 

Note GHOR : 2 étoiles

07/08/2009

_A clash of symbols : The triumph of James Blish_

A clash of symbols : The triumph of James Blish : Brian STABLEFORD : Borgo Press (série "Milford Popular writers of today" #24) : 1979 : ISBN-10 0-89370-234-X : 62 pages (y compris bibliographie) : coûtait 3 USD à l'époque pour un TP (existe aussi en HC et en édition limitée).

A clash of symbols.jpg

Pour ce vingt-quatrième opus de la collection de petites monographies de Borgo, Stableford (écrivain britannique et auteur de nombreux ouvrages sur le genre) s'attaque à un autre écrivain/critique/théoricien de la SF : James Blish. Ce dernier a toujours été un personnage un peu à part, à la fois critique féroce (des textes parus sous le pseudonyme de William Atheling Jr., réunis en volume par Advent), auteur d'ouvrages ambitieux (A case of conscience, la série 'After such knowledge') à la réception favorable auprès des amateurs mais sans véritable succès populaire et auteur de textes de commande ou purement alimentaires (y compris des Star Trek) qui rencontreront paradoxalement plus leur public et le feront mieux connaître que ses deux autres activités.

A case of conscience (Ballantine 1966).jpg

Le livre est organisé en huit chapitres serrés qui balayent la carrière de Blish dans un ordre chronologico-thématique. Logiquement les textes du début sont abordés en premier (dont certains serviront de fondations à des romans ultérieurs). On trouve ensuite des chapitres consacrés à divers ensembles (les textes sur la pantropie rassemblées dans The seedling stars, la série 'Cities in flight') ou a des modes de traitement particuliers du genre (la réflexion avec Beep puis l'aventure avec des romans aux marges du genre comme The frozen year ou The night shapes). Suivent les juveniles (comme Welcome to Mars) et l'oeuvre majeure de Blish, la trilogie 'After such knowledge'. On termine par une courte conclusion et une bibliographie squelettique (EO seulement). Aucun index n'est fourni.

The frozen year (Ballantine 1957).jpg

Comme d'habitude, force est de constater qu'il est difficile de rendre justice à un auteur aussi complexe (certains diront torturé) que Blish en une soixantaine de pages. La tentative de Stableford est fort honnête et plutôt objective (il n'hésite pas à égratigner l'auteur) mais ne fait que gratter la surface. On appréciera quand même l'évocation et la discussion d'oeuvres assez méconnues parmi les textes moins ambitieux de Blish (And all the stars a stage, Titan's daughter, etc...), oeuvres qui sont généralement passées sous silence dans les essais sur l'auteur.

Titan's daughter (Berkley 1961).jpg

Il faut prendre cet essai comme une introduction à un auteur important mais peu facile à cerner de par la multiplicité de ses visages. En ce sens, Stableford accomplit sa mission mais, pour aller plus loin, il faudra alors lire le Blish critique de SF (The issues at hand, More issues at hand et The tale that wags the god) et surtout le massif Imprisoned in a tesseract de Ketterer qui est la principale étude en profondeur sur cet auteur.

Imprisoned in a tesseract.jpg

On regrettera quand même l'absence d'index et la bibliographie indigente qui nuisent aux utilisations possibles de cet ouvrage.

 

Note GHOR : 2 étoiles

06/08/2009

_Christopher Priest_

Christopher Priest : Nicholas RUDDICK : Starmont House (série "Starmont reader's guide" #50) : 1989 : ISBN-10 1-55742-109-9 : 104 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 10 USD à l'époque pour un PB (existe aussi en HC), la solidité de mon exemplaire est plutôt moyenne et la couverture a mal vieilli.

Christopher Priest.jpg

Ecrit par Nicholas Ruddick, un spécialiste de la SF britannique (on lui doit The ultimate island sur le sujet, voir http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/01/06/ultimate-is...), cet ouvrage fait partie de la longue série de monographies d'auteurs de SF publiées par Starmont. On notera que lors de la sortie de cet ouvrage Priest n'était pas aussi connu (ou à la mode) que de nos jours, particulièrement pour le public français, ce qui n'est guère étonnant vu qu'il fait partie de ces auteurs de SF qui ont une étrange relation d'amour/haine avec le genre, le quittant régulièrement à grand fracas pour toujours finir par y revenir (comme Malzberg ou Silverberg).

Le monde inverti (JL 1976).jpg

Cet essai suit le format habituel des monographies Starmont, à savoir qu'il contient parties suivantes : une chronologie; une courte biographie rédigée; plusieurs chapitres de moins d'une dizaine de pages consacrés chacun à un des sept romans de l'auteur existants à la date d'écriture de l'essai; un chapitre spécifique pour les nouvelles; une courte conclusion; une bibliographie commentée complète (fiction, non-fiction et secondaire) comprenant entre autres des extraits des nombreux textes de Priest sur le genre; un index termine le tout.

Le rat blanc (PC 1976).jpg

Je trouve que cet ouvrage est l'un des meilleurs de la série. Tout d'abord parce que le relativement faible nombre de textes écrits par Priest (à l'époque seulement sept romans et moins d'une trentaine de nouvelles) permet de passer en revue toute son oeuvre malgré un format assez limité en taille; ensuite par le fait que Ruddick maîtrise bien son sujet et que son discours permet bien de décrypter, au-delà de la fiction, les prises de position de l'auteur vis à vis du genre et de son évolution; enfin par la qualité des annexes, dont on louera la bibliographie secondaire, remarquable et extrêmement informative justement sur ces prises de positions.

The separation (Gollancz 2003).jpg

Outre ses qualités intrinsèques, ce livre est donc une très bonne base de départ pour appréhender la partie ancienne de l'oeuvre de Priest et ce qu'il ne dit pas, par exemple pourquoi l'auteur a presque arrêté d'être publié entre 1984 (The glamour) et 1990 (The quiet woman), ou qu'il développe peu (son reniement du genre) est riche d'interrogations passionnantes que l'on regrette seulement de ne pas voir abordées faute de place.

 

Note GHOR : 3 étoiles

07/07/2009

_The Bradbury chronicles_

The Bradbury chronicles : George Edgar SLUSSER : Borgo Press (série "Popular writers of today" #4) : 1977 : ISBN-10 0-89370-207-2 : 63 pages : coûtait à l'époque 2 USD, se trouve parfois (les livres de cette collection sont à disponibilité variable) pour quelques Euros pour un TP.

The bradbury chronicles.jpg

Cet ouvrage est dû à George Slusser, un des universitaires les plus prolifiques dans le domaine de la réflexion sur le genre. On lui doit d'autres ouvrages de cette série (Le Guin, Ellison, Heinlein...) ainsi que la direction de pas mal de recueils d'essais de la "Eaton conference" souvent évoqués ici. Pour une tête de collection, le choix de Bradbury est logique puisque cet auteur est à même de séduire les amateurs de SF et les prescripteurs de ce genre d'ouvrage, à savoir les chargés de cours de littérature dans les universités américaines.

The golden apples of the sun (Corgi 1960).jpg

En matière d'organisation, ce petit livre respecte une habitude Borgo, à savoir l'absence de division claire en parties (il n'y a qu'un seul chapitre). On arrive toutefois à discerner un traitement par ordre plus ou moins chronologique. Slusser se focalise logiquement sur les nouvelles puisque les vrais romans de Bradbury sont assez rares. La plupart des textes sont résumés et insérés dans l'évolution de carrière de l'auteur. L'ouvrage se termine par une courte bibliographie qui couvre uniquement les premières éditions des livres de Bradbury (romans et recueils) avec quelques indications classiques (pagination, reliure, nombre de pages).

The october country (Ballantine 1964).jpg

Même si l'on peut retrouver dans cet ouvrage certaines des marottes de Slusser comme le Calvinisme (une philosophie religieuse qu'il liera plus tard avec Heinlein), la couverture des nouvelles de Bradbury est assez exhaustive (malgré leur nombre) et souvent pertinente. Chose agréable pour quelqu'un comme moi qui n'est pas un fanatique de l'auteur, le ton de Slusser est parfois assez critique vis à vis de Bradbury. A la fois sur son positionnement dans la SF, sur l'idéologie sous-jacente et sur les limitations purement littéraires de ses textes tardifs.

I sing the body electric (Bantam 1971).jpg

Malgré tout, la tendance à la paraphrase des intrigues et une structure peu lisible diminuent l'intérêt de l'ouvrage. On passera sur l'index rachitique et strictement inexploitable pour un auteur qui a surtout écrit des textes courts, c'est hélas une spécialité de cette maison d'édition (et aussi sûrement une contrainte du format). Les amateurs de Bradbury seront probablement plus satisfaits par le volume plus copieux sorti trois ans plus tard chez Ungar.

Ray Bradbury (Ungar).jpg

Note GHOR : 1 étoile

06/07/2009

_Bob Shaw_

Bob Shaw : Paul KINCAID & Geoff RIPPINGTON (éditeurs) : BSFA (série "British Science Fiction writers" #1) : 1981 : pas d'ISBN (publication amateur) : 38 pages (y compris bibliographie) : format A5 agrafé avec 4 pages d'illustrations en N&B, à peu près introuvable.

Bob Shaw.jpg

Ce livre est le premier d'une courte (il ne semble y en avoir eu que deux, celui-ci et celui sur Keith Roberts) série de monographies sur les auteurs de SF britanniques. Publiée par la BSFA, cette collection était dirigée par Kincaid & Rippington, deux membres actifs du fandom UK, et se voulait le porte-drapeau d'une réévaluation des auteurs nationaux qui étaient (selon la 4ème de couverture) injustement négligés dans les ouvrages de référence au profit des américains. Le choix de Bob Shaw est parfaitement logique dans cette optique puisqu'il va rester un écrivain typiquement britannique (même si au début ses oeuvres seront d'abord publiées aux USA). En effet, dans le futur de ce livre, ses tentatives d'une SF plus "à grand spectacle" (les suites de Orbitsville ou la série Land & Overland) ne lui donneront jamais une grande visibilité sur le marché US.

Orbitsville departure (Granada 1985).jpg

Cette monographie se compose d'une préface de Shaw lui-même; d'un long (30 pages) essai de Brian Stableford qui parcourt chronologiquement la production de l'auteur en détaillant quasiment l'ensemble de ses textes (nouvelles et romans) et d'une bibliographie complète (à l'époque) compilée par Mike Ashley qui liste les romans (moins d'une vingtaine), les publications faniques (Shaw était un acteur incontournable du fandom UK) et les nouvelles (une soixantaine). On notera les quatre pages de reproduction de couvertures (16 au total) qui se concentrent sur les éditions Pan (le principal éditeur de Shaw).

Medusa's children (Pan 1978).jpg

Cette étude est effectivement la bienvenue vu la rareté des textes sur Shaw, un auteur qui n'a donc jamais passionné les foules, y compris en VF où seulement une petite partie de sa production a été traduite. L'essai de Stableford est donc une excellente base pour comprendre le trajet d'un auteur qui, comme Brunner, a souvent dû concilier d'une façon parfois bancale ses impératifs économiques et ses désirs artistiques. La bibliographie de Ashley est digne de son auteur et représentait en 1981 un document irremplaçable.

A wreath of stars (Pan 1978).jpg

C'est, semble t-il, le seul ouvrage consacré à Shaw qui existe, à ce titre il est donc un ouvrage important sur un auteur qui est certainement l'un des "petits maîtres" du genre. On regrettera bien sûr le fait qu'il ait presque une trentaine d'années ce qui n'est pas sans impact sur sa pertinence.

 

Note GHOR : 2 étoiles