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19/05/2010

_Monad 2 : Essays on Science Fiction_

Monad 2 : Essays on Science Fiction : Damon KNIGHT (editor) : 1992 : Pulphouse Publishing : ISBN-10 1-56146-432-5 : 100 pages (pas d'index) : coûtait 5 USD pour un TP non illustré, existe aussi en HC à tirage limité (-433-3).

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Toujours édité par Pulphouse, cet ouvrage correspond à la deuxième livraison de ce magazine critique à parution irrégulière (c'est d'ailleurs l'avant-dernier). Sous la houlette de Knight, sa ligne éditoriale qui excluait les contributions "des fans, des universitaires et des anecdotalistes" en privilégiant les "véritables" écrivains (sous-entendu de fiction) sera une source d'agacement au sein des commentateurs habituels du genre et peut éventuellement expliquer la courte vie de ce magazine. A noter que cette politique commencera quand même à être infléchie dès ce deuxième opus.

In deep (Magnum 1978).jpg

D'une taille légèrement supérieure à celle du premier numéro, celui-ci comporte sept essais et une partie courrier des lecteurs (aussi peu fournie que précédemment avec une seule lettre attaquant le texte de Le Guin du #1). Au sommaire : William F. Wu avec un article sur la manque de personnages asiatiques dans la SF US, Brian W. Aldiss sur les différences entre Fantasy US & GB (la reprise d'une de ses conférences), Gary Westfahl donne dans l'humour avec un articles sur la manie des suites qui commençait à l'époque à pointer son nez au sein du genre, John Barnes répondant au texte de Sterling du numéro précédent, Thomas Perry étudiant Life-line de Heinlein, John Sladek sur ses robots (Roderick & Tik-Tok) et de nouveau Westfahl sur l'étude académique du genre. A noter qu'il n'y a toujours pas d'index ni de bibliographie globale.

The man who sold the moon (NEL 1970).jpg

D'une façon qui pourrait être assez gênante pour Knight, il semble bien que l'arrivée de nouvelles plumes de "non-écrivains" ait permis une nette amélioration du niveau de cette revue. Westfahl et Perry (les deux à être dans ce cas), livrent en effet des textes parfaitement lisibles (et même assez piquants pour le premier) et qui montrent bien que l'analyse de la SF n'est pas réservée à une certaine catégorie d'acteurs du genre. Comme les textes des "écrivains" sont aussi d'un bon niveau (Wu soulevant un point très intéressant et peu exploité), l'ensemble est nettement meilleur que le premier opus.

Sin of origin (NEL 1991).jpg

Du coup, on assiste de fait à une sorte de convergence entre Monad et les autres revues d'analyse sur le genre (Extrapolation, Foundation, SFS voire Locus) dans lesquelles on va retrouver les mêmes participants et un niveau de qualité similaire (plutôt bon). Ceci est peut-être la deuxième explication à la disparition de cette revue (en plus du fait d'avoir heurté certaines sensibilités). En effet, les numéros publiés n'offriront pas grand chose de plus face à des titres installés depuis longtemps, expliquant peut-être le pourquoi de l'arrêt de la parution dès le troisième numéro.

Extrapolation 20-3.jpg

Note GHOR : 2 étoiles

05/05/2010

_Monad 1 : Essays on Science Fiction_

Monad 1 : Essays on Science Fiction : Damon KNIGHT (editor) : 1990 : Pulphouse Publishing : ISBN-10 1-56146-430-9 : 91 pages (pas d'index) : coûtait 5 USD pour un TP non illustré, existe aussi en HC à tirage limité (-431-7).

Monad 1.jpg

Edité par Pulphouse, une des premières small-presses spécialisées dans la SF à la fin des années 80 (on lui doit une série d'anthologies originales ainsi que de nombreux recueils souvent en tirage limité), cet ouvrage est une sorte de magazine critique à parution irrégulière dont il n'existera que trois numéros. Sous la houlette de Knight, sa ligne éditoriale qui excluait les contributions "des fans, des universitaires et des anecdotalistes" en privilégiant les "véritables" écrivains (sous-entendu de fiction) sera une source d'agacement au sein des commentateurs habituels du genre et peut éventuellement expliquer la courte vie de ce magazine.

Rule golden & Double meaning (Tor Double 34 1991).jpg

Cette première livraison contient cinq textes dont seulement trois sont inédits. Outre un poème de Disch (sur la vie au jour le jour d'un auteur), on y trouve un essai de Le Guin (sur la Fantasy et les dragons, tendance féministe), une courte réminiscence de Aldiss (tirée de Bury my Heart at W. H. Smith), un texte de Sterling sur les simulacres et finalement un essai historique de Knight. Un très court "courrier des lecteurs" (une lettre) clôture un ouvrage qui ne possède pas d'index et dont seul le texte de Sterling propose une bibliographie.

Crystal express (Ace 1990).jpg

Il est évident qu'en semblant impliquer que seuls les auteurs de SF peuvent parler du genre d'une façon pertinente, Knight n'allait pas se faire que des amis dans le petit monde de la réflexion sur celui-ci, un univers plus peuplé de fans ou de professeurs que d'auteurs qui ont mieux à faire sur le plan économique. Il faut ajouter à cela que le projet manque un peu de ligne directrice comme le montre la présence du poème de Disch qui est pour le moins incongrue, à moins que cela ne soit que du remplissage, faute de textes disponibles.

334 (Denoel 1976).jpg

Comme en plus, les textes proposés sont d'une qualité assez faible et surtout (contrairement aux objectifs de l'éditeur) parfois strictement anecdotiques comme le Aldiss et plus grave le Knight qui est juste une vague promenade dans l'histoire de la SF mêlée à des souvenirs personnels de l'auteur (le tout étant largement aéré pour masquer un net manque de consistance), le résultat final est décevant. En gros, seul un tiers du recueil (Le Guin et Sterling) propose une vraie réflexion sur le genre digne de revues comme Foundation ou Extrapolation, un pourcentage qui n'est guère à l'avantage de Knight particulièrement au vu de son ambitieux manifeste qui ouvre ce recueil ("Only SF writers can criticize it from the inside").

Foundation 41.jpg

Note GHOR : 1 étoile

04/05/2010

_Metamorphoses of science fiction_

Metamorphoses of science fiction : On the Poetics and History of a Literary Genre : Darko SUVIN : 1980 (pour cette deuxième impression, 1979 sinon) : Yale University Press (série "Literary Criticism") : ISBN-10 0-300-02375-8 : 317 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 9 GBP pour un TP non illustré.

Metamorphoses of science fiction.jpg

Cet ouvrage étant en fait une variante (une traduction plus ou moins modifiée de la VF) de Pour une poétique de la science-fiction, je vous renvoie à mon avis sur ce dernier titre (là : http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/03/12/pour-une-po...).

Pour une poétique de la SF.jpg

Pour être franc il n'a guère changé. C'est une superbe construction intellectuelle surtout dans sa première partie où Suvin pose les bases de sa définition du genre, un travail qui n'a que rarement été égalé même s'il est parfois un peu cavalier en éliminant 95% des oeuvres du champ de la SF au motif qu'elles ne remplissent pas ses critères fort (trop ?) élevés. En ce qui me concerne, la seconde partie est un exercice d'archéologie littéraire qui n'offre à peu près aucune utilité pour comprendre la SF telle qu'elle existe actuellement (et c'était déjà vrai à l'époque de la parution de ce titre). Si l'histoire du genre, pour autant qu'il ait vraiment commencé comme le suppose Suvin dans l'antiquité ou au Moyen-âge (par exemple Westfahl est d'un avis différent), est un paramètre important pour comprendre ses origines, je ne suis pas convaincu de l'influence de More ou Platon sur les ouvrages finalistes du dernier Hugo. Quand on voit que sa partie "Newer SF history" s'arrête avec Kapek, on peut quand même légitimement soupçonner une certaine déconnection de Suvin avec la SF "réelle".

The windup girl (Night Shade 2009).jpg

Note GHOR : 1 étoile

03/05/2010

_Mechanismo_

Mechanismo : Harry HARRISON : 1979 : Denoël : pas d'ISBN : 118 pages (y compris index des artistes) : coûtait quelques dizaines de Francs pour un grand TP format presque carré, abondamment illustré en N&B et couleurs, assez difficile à trouver.

Mechanismo.jpg

Cet ouvrage fait partie d'une catégorie qui a été (relativement) florissante dans les années 75-85 et ce dans plusieurs pays (y compris en France), celle des coffee-table books à base d'illustrations de SF. Il s'agissait alors soit de purs livres d'images (alors consacrés à un seul auteur comme le Foss, 21st Century Foss), soit d'un ensemble d'images enrobé d'un texte qui oscillait entre l'étude et le faux guide technique ou touristique (comme celui-ci ou Ultramondes de Holdstock & Edwards).

Ultramondes.jpg

Cet ouvrage est divisé en cinq parties principales correspondant aux principales icônes du genre (vaisseaux spatiaux, robots, villes, armes, et machines) ainsi qu'un sixième chapitre consacré au cinéma de SF. Le texte de Harrison ne constitue qu'une petite partie de l'ouvrage (de l'ordre d'une quinzaine de pages au total) puisque la majorité de la place est occupée par des reproductions pleine page d'illustrations tirées de livres de SF britanniques, on retrouve donc l'écurie qui a beaucoup été utilisée par Fleuve Noir. Certaines sont d'ailleurs bizarrement imprimées en noir et blanc alors qu'elles sont normalement en couleur. Les légendes fournies sont du type "histoire du futur" fictive et un index permet quand même d'attribuer les oeuvres à leurs auteurs (pas toutes d'ailleurs).

Hors contrôle (FN 1978).jpg

Je n'ai guère de choses à dire sur cet ouvrage. Le texte de Harrison est très court mais montre la connaissance du genre que l'on est en droit d'attendre de l'auteur, qui cite des gens aussi peu connu du grand public que Piper, Hale ou Weinbaum (malgré le fait que le texte qui lui est attribué, The Wheels of If soit en fait de De Camp). Les images sont bien reproduites même si l'on doit chercher dans l'index leur auteur et que l'on a aucune indication sur les oeuvres pour lesquelles elles ont été créées. Un joli livre (à signaler quand même qu'il n'est pas super solide) qui remplit bien sa fonction de show-room pour les illustrateurs britanniques.

The secret galactics (Sphere 1977).jpg

Note GHOR : 1 étoile

23/04/2010

_Many futures, many worlds : Themes and form in science fiction_

Many futures, many worlds : Themes and form in science fiction : Thomas D. CLARESON (editor) : 1977 : The Kent State University Press : ISBN-10 0-87338-200-5 : ix+303 pages (y compris index) : coûtait 5.50 USD pour un TP non illustré, existe aussi en HC (-199-8).

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Rassemblé par Thomas Clareson, une des figures importantes du milieu universitaire s'intéressant au genre (il écrira ou dirigera de nombreux autres ouvrages sur la SF), ce livre est un recueil d'essais qui abordent des thématiques variées comme le précise l'introduction. En utilisant ces diverses perspectives, le but ultime de Clareson est de montrer que les thèmes et les préoccupations de la science fiction rejoignent en fait ceux du mainstream, ce lien entre littérature réaliste et SF étant un des chevaux de bataille de l'auteur comme le montre son précédent ouvrage, le précurseur SF : The other side of realism.

SF The other side of realism.jpg

Ce recueil comporte quatorze essais d'une longueur allant de dix à quarante pages. Une partie (six) sont déjà parus dans divers supports (la revue Extrapolation dirigée par Clareson par exemple) ou sont des retranscriptions de conférences. En matière d'auteurs, c'est potentiellement du beau linge, des gens qui se feront un nom dans l'analyse du genre : Clareson, Schmidt (qui sera rédacteur en chef d'Analog), Wolfe (avec un brouillon de son The known and the unknown), Warrick ou encore Delany. Les sujets abordés sont donc très variés, avec plusieurs textes sur les robots/ordinateurs, sur la réutilisation des anciennes mythologies, sur la place de femmes dans la SF (déjà), sur les liens du genre avec l'Histoire, la Théologie ou la Philosophie. L'ouvrage ne comporte pas de bibliographie mais propose un index.

Extrapolation 17-1.jpg

L'ensemble des textes est de qualité avec des intervenants qui maîtrisent leur sujet et qui arrivent à faire partager leur intérêt avec aisance. A cela s'ajoute la possibilité de pouvoir déterminer l'évolution des réflexions sur le genre. Les essais sur les dangers des ordinateurs tels qu'évoqués par la SF sont par exemple des documents historiques sur des fictions dont l'existence est maintenant oubliée (This perfect day/Un bonheur insoutenable). Ils peuvent étonner de nos jours par le côté rudimentaire de l'informatique déployée, mais leur message reste parfois d'une actualité brûlante.

Un bonheur insoutenable (JL 1973).jpg

Outre ce décalage temporel qui commence à être important (les textes présentés vont maintenant sur leur quarante ans), on pourra aussi regretter le manque très net de ligne directrice de l'ensemble, assez bien révélé dans l'introduction où le projet du livre est pieusement passé sous silence. Malgré tout, cela nous permet de nous livrer à une promenade au sein de la SF, en allant successivement rencontrer des personnages allant de Tarzan à Univac en passant par L'homme qui tua Mahommet, un parcours qui ne s'effectue pas sans un certain plaisir.

Histoires à rebours (LDP 1976).jpg

Note GHOR : 2 étoiles