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23/04/2010

_Many futures, many worlds : Themes and form in science fiction_

Many futures, many worlds : Themes and form in science fiction : Thomas D. CLARESON (editor) : 1977 : The Kent State University Press : ISBN-10 0-87338-200-5 : ix+303 pages (y compris index) : coûtait 5.50 USD pour un TP non illustré, existe aussi en HC (-199-8).

Many futures many worlds.jpg

Rassemblé par Thomas Clareson, une des figures importantes du milieu universitaire s'intéressant au genre (il écrira ou dirigera de nombreux autres ouvrages sur la SF), ce livre est un recueil d'essais qui abordent des thématiques variées comme le précise l'introduction. En utilisant ces diverses perspectives, le but ultime de Clareson est de montrer que les thèmes et les préoccupations de la science fiction rejoignent en fait ceux du mainstream, ce lien entre littérature réaliste et SF étant un des chevaux de bataille de l'auteur comme le montre son précédent ouvrage, le précurseur SF : The other side of realism.

SF The other side of realism.jpg

Ce recueil comporte quatorze essais d'une longueur allant de dix à quarante pages. Une partie (six) sont déjà parus dans divers supports (la revue Extrapolation dirigée par Clareson par exemple) ou sont des retranscriptions de conférences. En matière d'auteurs, c'est potentiellement du beau linge, des gens qui se feront un nom dans l'analyse du genre : Clareson, Schmidt (qui sera rédacteur en chef d'Analog), Wolfe (avec un brouillon de son The known and the unknown), Warrick ou encore Delany. Les sujets abordés sont donc très variés, avec plusieurs textes sur les robots/ordinateurs, sur la réutilisation des anciennes mythologies, sur la place de femmes dans la SF (déjà), sur les liens du genre avec l'Histoire, la Théologie ou la Philosophie. L'ouvrage ne comporte pas de bibliographie mais propose un index.

Extrapolation 17-1.jpg

L'ensemble des textes est de qualité avec des intervenants qui maîtrisent leur sujet et qui arrivent à faire partager leur intérêt avec aisance. A cela s'ajoute la possibilité de pouvoir déterminer l'évolution des réflexions sur le genre. Les essais sur les dangers des ordinateurs tels qu'évoqués par la SF sont par exemple des documents historiques sur des fictions dont l'existence est maintenant oubliée (This perfect day/Un bonheur insoutenable). Ils peuvent étonner de nos jours par le côté rudimentaire de l'informatique déployée, mais leur message reste parfois d'une actualité brûlante.

Un bonheur insoutenable (JL 1973).jpg

Outre ce décalage temporel qui commence à être important (les textes présentés vont maintenant sur leur quarante ans), on pourra aussi regretter le manque très net de ligne directrice de l'ensemble, assez bien révélé dans l'introduction où le projet du livre est pieusement passé sous silence. Malgré tout, cela nous permet de nous livrer à une promenade au sein de la SF, en allant successivement rencontrer des personnages allant de Tarzan à Univac en passant par L'homme qui tua Mahommet, un parcours qui ne s'effectue pas sans un certain plaisir.

Histoires à rebours (LDP 1976).jpg

Note GHOR : 2 étoiles

12/04/2010

_Learning from other worlds : Estrangement, cognition, and the politics of science fiction and utopia_

Learning from other worlds : Estrangement, cognition, and the politics of science fiction and utopia : Patrick PARRINDER (editor) : 2000 : Liverpool University Press (collection "Liverpool science fiction texts and studies" #10) : ISBN-10 0-85323-584-8 : viii+312 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 20 GBP pour un TP non illustré, probablement disponible en neuf chez l'éditeur, existe en HC (-574-0).

Learning from other worlds.jpg

Comme il le dit dans son introduction, la tâche que s'est fixé Patrick Parrinder (un habitué auquel on doit plusieurs autres ouvrages de référence britanniques) est de rassembler des écrits critiques sur la SF dont le point commun est de s'articuler à partir des concepts mis au point par Darko Suvin. Ce dernier est, pour ceux qui l'ont oublié, un des grands noms de la théorie de la SF, célèbre par sa définition de celle-ci comme littérature du "cognitive estrangement" et un des spécialistes de l'Utopie. Parrinder a donc regroupé un large panel de spécialistes du genre (y compris notre Gérard Klein) dans ce projet.

Mars la verte (FL).jpg

Ce recueil d'essais rassemble donc une dizaine de textes de longueur assez variable (de moins de dix à plus de trente pages) qui sont rassemblées en deux grandes parties. La première est plus concentrée sur les rapports entre Utopie et SF (un des dadas de Suvin) avec des textes de marxistes classiques et d'experts du premier genre (Moylan). La seconde est plus variée puisque la contrainte semble avoir simplement été de parler de SF en gardant l'inspiration Suvinienne. On a donc (entre autres) un texte sur The war of the worlds ou la série Mars de KSR (Jameson), une biographie de Wyndham (Ketterer) ou une étude sur Lem. Après une postface de Suvin himself, on trouve un bibliographie de ses écrits (uniquement ceux en rapport avec la SF), une bibliographie copieuse et un index. Il me semble que les essais soient inédits (certains comme le Jameson seront repris ultérieurement dans d'autres ouvrages), mais rien ne l'affirme vraiment.

Le péril vient de la mer (RF 1958).jpg

La première partie du livre est à l'image des livres de Suvin (hélas), c'est à dire intellectuellement brillante mais ennuyeuse au possible à la lecture, à la fois par un discours assez aride et une focalisation excessive sur des textes antédiluviens qui ne sont même pas de la proto-SF mais carrément de la paléo-SF. La seconde partie est plus vivante mais souffre d'un choix de thèmes d'un conformisme académique à faire peur puisque l'on évoque, ô surprise, des auteurs aussi convenus que Wells, Lem, Robinson ou Le Guin. Ce n'est pas l'insignifiant texte de Klein (huit pages) sur les images de la science avec force mots grecs (eikons & eidons) qui va rattraper le tout.

Feu Vénus (RF 1962).jpg

Malgré ces flots d'ennui, un certain nombre de choses sont à sauver dans ce recueil. Le texte de James sur la préhistoire de la réflexion sur la SF est intéressant et aborde une période de l'étude du genre (l'avant-Suvin si l'on veut) assez peu étudiée sur un plan historique. Le texte de Ketterer sur Wyndham est le fruit d'une recherche impeccable (comme d'habitude) et éclaire grâce à ses éléments biographiques une oeuvre qui mérite peut-être que l'on s'attarde dessus. La bibliographie de Suvin peut aussi se révéler un outil pratique. Au final, un ensemble malgré tout assez terne qui est loin de valoir les 50 GBP de la version HC.

The Midwich cuckoos (Ballantine 1966).jpg

Note GHOR : 1 étoile

30/03/2010

_Millennial Mythmaking _

Millennial Mythmaking : Essays on the power of science fiction and fantasy literature, films and games : John PERLICH & David WHITT : 2010 : McFarland : ISBN-13 978-0-7864-4562-2 : x+202 pages (y compris index) : coûte 40 USD pour un TP non illustré, disponible chez l'éditeur : http://www.mcfarlandpub.com/book-2.php?id=978-0-7864-4562-2.

Millennial mythmaking.jpg

Vous me permettrez d'expédier cet ouvrage en un minimum de temps. Il s'agit d'un recueil de neuf essais par des illustres inconnus dans le monde de la SF (ils sont presque tous et toutes "professors of communication") sur des sujets vaguement en relation avec la SF&F et les mythes (avec force citations de Campbell, mais pas celui d'Astounding, l'autre). Je ne suis pas un spécialiste sur la partie mythes, mais je peux dire par contre que la connaissance de la SF des intervenants est au mieux un simple vernis. En gros, c'est la SF&F au cinéma (Harry Potter, La planète des singes, Ghost in the shell, Le labyrinthe de Pan) ou à la télévision (Star Trek, Heroes).

Star Trek 3.jpg

On peut se demander comment un tel collage de textes sans aucun intérêt a pu voir le jour. Par exemple on a presque trente pages d'un essai surréaliste (une passion qui naît quand l'auteur a vu un des films à la télévision) sur l'utilisation de la couleur dans la série Harry Potter qui en liste toutes les occurrences dans le texte pour aboutir à la conclusion que, quand Rowling utilise des objets rouges ou verts (ce sont aussi les couleurs de Noël nous précise l'auteur), c'est important et symbolique (de quoi n'est d'ailleurs pas vraiment explicité), la preuve : Harry Potter a les yeux verts et Voldemort les yeux rouges. On trouve aussi dans cet ouvrage une discussion sûrement très intéressante sur Les triplettes de Belleville mais dont la présence dans un ouvrage consacré au genre est plutôt mystérieuse. Le reste est à l'avenant, une couche de jargon Campbellien plaquée sur un lot de films loués dans le vidéo-club du coin.

Mission to Horatius1.jpg

A 40 Dollars le livre de 200 pages, on frise l'escroquerie, surtout quand les prestations annexes sont d'un aussi piètre niveau, comme cet index qui donne des numéros de pages erronés. On pourra juste sauver de ce naufrage le texte sur les avatars féminins de Second Life (dont le rapport réel avec la SF est pour le moins discutable), qui pose certaines questions intéressantes (Pourquoi la norme est-elle pour toutes les femmes de ressembler à Angelina Jolie ?) mais n'apporte guère de réponses structurées.

Note GHOR : 0 étoile

19/03/2010

_Inside science fiction : Second edition_

Inside science fiction : Second edition : James GUNN : 2006 : The Scarecrow Press : ISBN-13 978-0-8108-5714-8 : 251 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 27.95 € pour un TP non illustré disponible en neuf chez l'éditeur : http://www.scarecrowpress.com/Catalog/Eur/Singlebook.shtm....

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L'histoire éditoriale de cet ouvrage est assez complexe. Au départ, il y a un TP du même titre paru en 1992 chez Borgo Press qui rassemblait lui-même un certain nombre de textes de diverses provenances. Comme Gunn est un auteur de Scarecrow où il édite la célèbre série d'anthologies The road to science fiction (des volumes plutôt destinés à un public scolaire), cet éditeur à repris ce volume en 2006 en l'augmentant et en le faisant mettre à jour par l'auteur.

Les immortels (Le Masque 1978).jpg

Ce recueil d'essais contient donc 23 essais répartis en quatre parties : "Getting inside science fiction" qui est une sorte de présentation du genre vaguement "historico-biographique"; "Science fiction and the teacher" qui est plus le coeur de métier de Gunn et évoque l'enseignement et la réception de la SF dans les milieux universitaires; "Science fiction on film and television" qui narre les expériences de Gunn avec ce média (pour la série The immortal) ainsi que diverses autres oeuvres comme 2001 et enfin "Science fiction in the real world" qui se concentre sur l'aspect (parfois) prophétique du genre. Ces essais datent généralement des années 70 (au mieux les 80) et ne comportent aucun inédit. Le niveau de révision de ces textes assez anciens par Gunn est assez peu clair mais ne semble pas très important. Une bibliographie de l'auteur (livres seulement) et un index terminent l'ouvrage.

Les immortels (PC 1977).jpg

Il est clair que, comme à son habitude, Gunn maîtrise parfaitement le domaine particulier de l'enseignement de la SF dont il est d'ailleurs l'un des pionniers. Comme il a aussi, en plus de celle d'universitaire, la casquette d'auteur avec une oeuvre conséquente même si elle ne l'a jamais propulsé vers les sommets, son discours est parfaitement légitime, argumenté et clair. L'ouvrage est du coup d'une lecture plutôt agréable même si une partie des anecdotes (celles sur le monde impitoyable des séries télévisées) ont déjà été contées ailleurs par l'auteur.

L'holocauste (Le Masque 1977).jpg

Le souci principal de ce recueil est qu'il est fermement ancré dans le terreau de la SF des années 70, à la fois dans ses choix d'exemples de textes de fiction (Farmer, Simak, Harrison) et dans sa description de l'état des lieux de la réflexion sur le genre. Il est donc difficile, trente ans plus tard d'en tirer un quelconque enseignement sur les rapports de force des parties en présence. Même si l'on peut penser que l'utilisation pédagogique de la SF puisse être une constante, l'intérêt de ce recueil (qui ne manque pas de qualités) est plus historique qu'autre chose.

Le monde forteresse & Futur imparfait & Les hommes du dehors (OPTA 1977).jpg

Note GHOR : 2 étoiles

09/03/2010

_The international science fiction yearbook 1979_

The international science fiction yearbook 1979 : Colin LESTER (editor) : 1978 : Pierrot Publishing : ISBN-10 0905310-16-0 : 394 pages (pas d'index) : coûtait 3 GBP pour un TP pas très solide mais illustré en N&B, qui se trouve aisément d'occase, il semble qu'il existe une version HC américaine chez Quick Fox.

The international sf yearbook.jpg

A peu près en même temps que les débuts de la série L'année de la Science-fiction (en VF), l'idée d'un projet assez similaire a fait son chemin jusqu'à une concrétisation en Anglo-Saxonnie. Se basant sur le principe des "Yearbooks" (dans le domaine sportif par exemple), il s'agissait, en gros, d'offrir aux amateurs une sorte de récapitulatif annuel de l'état du genre. Sous la direction de Colin Lester (qui semble avoir été plus actif dans le milieu musical) et entouré d'une multitude de contributeurs de tous les coins du monde (de Mike Ashley à Eric Vial), ce volume se voulait avoir une couverture véritablement internationale. Il semble bien que ce livre qui couvrait les années 1978-79 n'ait jamais eu de descendance pour les suivantes.

L'année 1977-1978 de la SF et du Fantastique.jpg

Après une préface (non signée), cet ouvrage se divise en vingt-neuf sections. Elles couvrent l'ensemble des domaines constituant la SF, allant des nécrologies de l'année aux éditeurs et traducteurs en passant par les conventions, les prix décernés, les anthologies, les pseudonymes, les librairies ou bibliothèques. Elles sont structurées de façon identique, à savoir une introduction (toujours non signée mais visiblement pas de la main de Lester) suivie d'une suite de données relatives au domaine concerné. Classées par ordre alphabétique et numérotées (6Poa = Presses Pocket), ces entrées sont elles-mêmes divisées en une certain nombre de rubriques numérotées. Par exemple, pour un éditeur, on va trouver 15 items (pas toujours remplis) allant du nom et de l'adresse à la personne qui lit les manuscrits de SF en passant par les typologies de contrats employés. Ne possédant pas d'index (mais une liste d'errata), l'ouvrage est parsemé d'illustrations en N&B format vignette (couvertures, cartoons, fillers...).

Au-delà du néant (PP 2T1978).jpg

Cet ouvrage est l'archétype de la bonne idée tuée par une trop grande ambition initiale. En effet, non seulement le concept est bon (il durera six ans en Français et il me semble qu'il a existé en Allemand) mais la quantité d'information fournie est proprement incroyable puisque l'on trouve tout dans cet ouvrage, des coordonnées d'un magazine de SF Hongrois au contenu de la bibliothèque universitaire du Nebraska, en passant par le fait que Philippe Curval s'appelle vraiment Philippe Troche.

Cette chère humanité (RL 1978).jpg

Hélas, le tout est à peu près inexploitable, par faute d'une organisation physique du texte trop dense (sur deux colonnes sans aucune aération), d'une reliure autodestructrice (un comble pour un ouvrage de référence que l'on peut penser être appelé à être souvent manié), de l'absence d'index couplée avec un classement abscons et d'illustrations non sans intérêt (on y trouve même des FNA ou des choses sans grand rapport avec l'année 1978) mais indignes du dernier de fanzines tirés sur la photocopieuse du bureau (je sais, j'en ai moi même commis). C'est typiquement un projet qui aurait pu (et dû) se bonifier au cours des ans en gagnant en qualité ou en lisibilité par l'intermédiaire du feedback des lecteurs. Hélas, celui-ci n'en aura pas le temps.

Le cycle des algoans (FN 1977).jpg

Note GHOR : 1 étoile