07/09/2009
_Fifty key figures in science fiction_
Fifty key figures in science fiction : Mark BOULD & Andrew M. BUTLER & Adam ROBERTS & Sherryl VINT : Routledge (série "Key Guides") : 2009 (on notera un copyright donnant 2010 !) : ISBN-13 978-0-415-43950-3 : xxiv + 288 pages (y compris index) : une vingtaine d'Euros pour un TP (existe aussi en HC et en e-book).

Faisant partie d'une série de guides d'un format similaire publiés par Routledge, cet ouvrage est donc le résultat des cogitations des éditeurs quand aux cinquante personnages clés de la science fiction. Les éditeurs font partie du sérail universitaire du Commonwealth (Vint enseigne au Canada, les autres en Grande-Bretagne) et ils sont d'ailleurs entourés de la fine fleur des "SF Studies" britanniques. On retrouve en effet au sommaire les noms des auteurs habituels (Attebery, Parrinder,Westfahl...) de ce petit monde.

Dans la pratique, chacun de ces acteurs clés du genre (49 réels et un personnage de fiction : Le Docteur) est présenté dans un essai d'une demi-douzaine de pages suivi d'une courte (quelques lignes au plus) bibliographie secondaire. En matière de répartition, on relèvera que sur ces cinquante personnes, 35 sont des écrivains (de Asimov à Wolfe) ou des acteurs de la SF littéraire (Gernsback, Suvin) le reste étant essentiellement consacré à des artistes du domaine audio-visuel (cinéma ou télévision, de Gerry Anderson à Spielberg). A ces catégories s'ajoutent un ou deux sociologues (Baudrillard, Haraway), deux auteurs de comics (Lee & Moore) et notre héros de fiction. L'ouvrage se termine par un index particulièrement détaillé.

En ce qui concerne les entrées individuelles on a, comme d'habitue avec ces ouvrages mêlant de multiples voix, une grande hétérogénéité. En effet, même si ce sont des spécialistes de tel ou tel écrivain (Luckhurst sur Ballard, Rieder sur Robinson ou Westfahl sur Gernsback), certains auteurs ont un peu de mal à se plier au format de l'exercice. Cela donne un format et un ton de chaque texte assez différents, allant de l'analyse thématique (Roberts sur l'enfermement chez Herbert), la mise en perspective historique (Westfahl sur Gernsback), la biographie (Roberts sur Hubbard) à la simple liste commentée d'oeuvres (Murphy sur Egan). A cela s'ajoute le fait que certains s'en sortent plus ou moins bien ou que d'autres s'amusent à évoquer des livres même pas encore écrits (Burling sur Miéville). Ces quelques critiques ne doivent pas masquer le fait que l'ensemble est, d'une façon logique, généralement d'un excellent niveau.

Mon problème avec cet ouvrage est exactement le même que celui que j'ai eu avec The science fiction handbook, un autre titre récent et d'une provenance éditoriale assez similaire (voir http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/08/04/22d9917f66b...).
Pour commencer, je rappelle le projet du livre "... a collection of engaging essays on some of the most significant figures who have shaped and defined the genre." (4ème de couverture). Il se place donc dans une optique affichée de sélection par l'importance pour le genre et son histoire et non de "qualité" ou de représentativité. A mon grand regret, j'estime que cet ouvrage offre une vision complètement biaisée du genre. La question de savoir pourquoi est à poser aux éditeurs même si la présence d'arrière-pensées visant encore et toujours à présenter un visage respectable du genre dans les cercles académiques où ils se meuvent est à peu près évidente.

Un premier élément éclairant cette volonté de "toiletter" la SF est l'inclusion d'entrées comme celles consacrées à Baudrillard, Haraway voire celle sur Jones. Le premier est certainement un philosophe remarquable, la seconde est une figure à la mode dans les milieux post-modernistes/féministes/socialistes et la troisième est centrale dans la critique SF féministe britannique. Ce sont des théoriciens respectés dont le discours se situe à posteriori mais leur influence directe sur le genre est certainement très faible. Par contre, il sont clairement des cautions de valeur dans le monde académique ("Oui, mais la SF ce n'est pas que des calmars dans l'espace, la preuve, même Baudrillard en parle."). On peut mettre dans le même sac l'article sur Hubbard qui fait plus "reniement des péchés de jeunesse" qu'autre chose, à tel point que Roberts est un peu à la peine pour justifier de son inclusion.

Quand on se concentre sur les écrivains de SF qui sont donc des personnages clés du genre, on assiste à un autre type de travestissement de la vérité. Dire que dans les trente-cinq écrivains les plus importants (pas les meilleurs, ni les plus prometteurs) se trouvent des gens comme Brackett, Capek, Hopkinson, Mièville ou Tepper, c'est juste vouloir donner une image de la SF qui montre combien c'est un genre génial, ouvert à toutes les minorités (homosexuels, femmes, afro-américains ou encore mieux une combinaison de ces facteurs), post-colonialiste, post-moderniste, féministe, écologique, branché, cultivé... En un mot, parfaitement digne d'intérêt, fréquentable et générateur de bourses de recherche. Je dois avouer que le pompon est atteint par l'essai sur Hopkinson qui, comme elle n'a écrit que deux romans de SF, se trouve forcé de basculer à mi-chemin dans la discussion de textes (The salt roads ou The new moon's arms) qui n'ont strictement aucun rapport avec la science fiction. Cela fait un peu désordre pour quelqu'un faisant partie de la trentaine de personnes clés du genre.

A contrario, les exclus sont révélateurs de cette orientation normalisatrice si spécieuse. Le simple fait de ne pas consacrer une entrée à Campbell dans un tel ouvrage est tout simplement indéfendable et ne mérite pas plus de commentaires de ma part. Pour les autres absents, il y a toujours matière à discussion, mais sachez que les personnes suivantes ne sont pas considérées comme ayant eu suffisamment d'influence sur le genre : Aldiss, Blish, Farmer, Gold, Leiber, Pohl, Silverberg, Sturgeon, Vance, Van Vogt... (pour une liste plus réaliste, voir Sabella : Who shaped science fiction ?).
Au final, un livre qui montre bien que l'on ne peut pas (re)faire l'histoire du genre en appliquant la méthode des quotas, une tentation souvent grande dans le monde universitaire. A ce titre la convergence de ce livre et celui de Booker et Thomas est sidérante et les diverses statistiques que l'on peut faire sur les auteurs retenus en matière de sexe, de race ou de nationalité sont assez amusantes. Cette tentative de glisser sous le tapis les "embarassements" de la SF (comme le dirait Disch) n'est pas une pratique très efficace ni très juste. La SF a suffisamment de vraies qualités pour qu'il ne soit pas nécessaire de lui inventer une généalogie acceptable ou de la faire passer pour autre chose. Ce manque d'honnêteté est à mon sens regrettable et décrédibilise totalement un ouvrage qui, sur le fond, est pourtant de qualité.
Note GHOR : 2 étoiles (et encore)
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03/09/2009
_Critical encounters II_
Critical encounters II : Tom STAICAR (éditeur) : Ungar (série "Recognitions") : 1982 : ISBN-10 0-8044-6876-1 : 165 pages (pas d'index) : coûtait 7 USD pour un TP, existe aussi en HC (-2837-9).

Cet ouvrage, qui fait logiquement suite à Critical encouters I (que je n'ai pas encore), est un recueil d'essais sur des auteurs et des sujets variés. Il est paru dans une collection consacrée au polar et à la SF et qui mélange des monographies (Chandler, P. D. James, Asimov, Bradbury...) et des ouvrages de ce type. Dirigé par Staicar, il fait appel à des plumes moyennement connues dans le domaine de la réflexion sur le genre (Yoke, Chauvin, Rabkin...).

Ce recueil contient donc neuf essais d'une petite vingtaine de pages chacun. On y trouve, dans l'ordre : Krulik sur deux tomans de Matheson (I am legend & The incredible shrinking man), Salmonson sur les premiers romans de Doris Piserchia, Rabkin sur la rhétorique de la SF, Chauvin sur Watson, Hassler sur The nitrogen fix (un roman de Clement non traduit), Yoke (déjà auteur d'une monographie de l'auteur) sur les mythologies de Zelazny, Alterman analysant Dying inside (Silverberg), McGuire sur l'oeuvre des frères Strugatskty comme histoire de futur et enfin Wendell sur la rebellion dans trois romans de Vonda McIntyre. On remarquera l'absence d'index et le report des notes en fin d'ouvrage (et non en fin d'article ou en bas de page) avec parfois l'inclusion d'une bibliographie.

La force de cet ouvrage vient de sa grande variété. A la fois variété de style d'article avec des réflexions théoriques (Rabkin), des panoramas généraux (McGuire ou Yoke) ou des analyses décortiquant un seul texte (Hassler ou Alterman) mais aussi variété des auteurs abordés et des sous-genres (Hard SF, post-apocalyptique, quasi novellisation...). Chaque intervenant maîtrise son sujet (ce sont souvent justement les spécialistes des auteurs étudiés) et le discours est dans l'ensemble d'un bon niveau tout en restant facile à lire.

Il faut aussi louer l'originalité très forte de certains textes qui sont parfois des premières comme par exemple celui sur Piserchia (un auteur qui n'est que très rarement mentionnée) ou celui sur The nitrogen fix qui nous change de la n-ième étude de Mission of gravity, même si ce roman assez moyen ne restera pas dans les mémoires des amateurs de Clement. On pourra juste discuter sur l'essai de Rabkin, parfois assez loin du coeur de genre puisque se concentrant essentiellement sur de la proto-SF (Bacon, Defoe, Dante) et celui de Yoke qui présente un peu trop de similitudes avec son livre sur Zelazny sorti chez Starmont. On regrettera aussi l'absence d'index qui rend difficile la réutilisation de cet ouvrage.

Au final un bon petit livre, agréable comme un repas gastronomique fait de plusieurs plats originaux.
Note GHOR : 2 étoiles
11:31 | 11:31 | Ouvrages de référence divers | Ouvrages de référence divers | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles
01/09/2009
_The craft of science fiction_
The craft of science fiction : Reginald BRETNOR (éditeur) : Harper & Row : 1976 : ISBN-10 0-06-010461-9 : 321 pages (y compris index) : Coûtait 10 USD à l'époque pour un HC solide avec jaquette, se trouve d'occasion dans divers pays.

Malgré les dénégations exprimées sur le rabat de la jaquette, cet ouvrage est à la base un guide pour écrivains aspirants. Effectivement, ce n'est pas un manuel du type "Devenez un écrivain à succès" en dix étapes. Le choix de Bretnor (un des premiers à rassembler un ouvrage d'essais sur le genre avec son précurseur de 1953 : Modern Science Fiction : its meaning and its future) est plutôt de faire profiter à ses lecteurs du retour d'expérience d'écrivains professionnels confirmés du genre. Du coup, la liste des contributeurs ne contient que des auteurs en activité et comporte des noms aussi prestigieux que ceux de Anderson, Ellison, Sturgeon, Pohl ou Herbert.

Organisé en trois parties principales, l'ouvrage comporte donc 15 essais originaux d'une vingtaine de pages chacun. Les quatre premiers concernent la plutôt la construction du décor, un point essentiel dans la SF en n'oubliant pas une présentation de celle-ci. Les cinq suivants sont consacrés aux sociétés ou aux habitants (humains ou extraterrestres) qui vont peupler ces décors. Enfin, les six derniers essais sont essentiellement des conseils pratiques sur le métier d'écrivain (les marchés, les formats, les termes techniques, les contrats...) avec en particulier un long article de Harlan Ellison sur les techniques d'écriture propres à l'audiovisuel. Un index clôt l'ouvrage.

Comme je le dis à chaque fois que j'évoque un ouvrage de ce genre, je ne suis pas un apprenti écrivain et ne suis donc pas la meilleure personne pour juger des qualités des conseils prodigués dans ce livre. Je puis juste dire que cet ensemble d'essais est assez dense et que, au détour d'un conseil, on peut découvrir des analyses assez fines sur le genre. C'est d'ailleurs assez normal au vu du calibre des plumes convoquées par Bretnor.

Un autre des bénéfices de cet ouvrage est d'obtenir une vision plus "intime" et en tout cas de première main du processus de création de certains écrivains comme l'illustre parfaitement l'essai de Williamson qui, par exemple, détaille bien la genèse de With folded hands... (la nouvelle à la base de The humanoïds). Au final, le simple amateur de SF pourra toujours piocher dans cet ouvrage des informations sur certains auteurs, leur perception du genre ou leur façon de travailler, même s'il ne fait pas partie de la cible directement visée.

Note GHOR : 1 étoile
10:22 | 10:22 | Ouvrages de référence divers | Ouvrages de référence divers | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 1 étoile | Tags : anglais, 1 étoile
31/08/2009
_Robert A. Heinlein et la pédagogie du réel_
Robert A. Heinlein et la pédagogie du réel : Ugo BELLAGAMBA & Eric PICHOLLE : Editions du Somnium (série "Science & fiction à Peyresq" #1) : 2008 : pas d'ISBN : 228 pages (y compris annexes et index) : 30 Euros pour un TP illustré (photos couleurs ou N&B) accompagné d'un DVD reprenant les vidéos de l'évènement, tirage limité à 40 exemplaires (il ne semble plus en rester de disponible).

Cet ouvrage est consacré aux minutes des Premières Journées Interdisciplinaires Sciences & Fictions de Peyresq (ouf !). Cette rencontre s'est tenue en 2007 dans ce village de Haute Provence. Le but de ces réunions est de rassembler des universitaires de toutes les disciplines (tant scientifiques que littéraires) pour une réflexion autour de la SF. Le choix de RAH pour inaugurer cette série de conférences que l'on espère appelée à durer est à la fois dû au fait que 2007 correspond au centenaire de la naissance de l'auteur et à l'intérêt marqué pour cet écrivain de la part des organisateurs.

Assez fractionné, l'ouvrage commence après plusieurs liminaires par un premier chapitre biographique d'une quinzaine de pages rédigé par William H. Patterson (le "Heinlein scholar" officiel, adoubé par tous les ayants droits). Puis viennent cinq chapitres qui sont les comptes-rendus d'autant de "panels" (modérés) sur des thèmes variés : SF et découvertes scientifiques, comment faire lire de la SF aux jeunes, les techniques narratives de RAH, la SF comme expérience de pensée et le mystère des opinions de Heinlein. Ces chapitres sont entrecoupés de deux courts essais (Bozzetto & Picholle). Cette partie "débats" est suivie par la traduction pour la première fois d'un texte théorique de RAH qui date de 1957 (on le trouve en VO dans The science fiction novel). On trouve ensuite plusieurs annexes : une sorte de bibliographie illustrée de Heinlein et une bibliographie des oeuvres citées, une nécrologie de Clarke, une article sur le village de Peyresq, une liste de participants (avec leurs coordonnées) et un index (thématique et d'auteurs, les textes étant référencés dans la partie précédente). le tout est agrémenté de photos du site ou des intervenants.

Il faut tout d'abord préciser que l'exercice qui consiste à transcrire par écrit le contenu d'un panel est particulièrement difficile (rares sont ceux qui s'y risquent) et offre toujours un résultat assez mitigé. Chose logique quand on essaie de condenser un long (et parfois passionné) débat en une dizaine de pages. A ce titre, l'idée du DVD (malgré une qualité d'image perfectible, en tout cas sur mon micro) est excellente et se suffit presque à elle-même puisqu'elle permet d'entendre les propos de chacun. Bien évidemment, le texte résultant perd en exactitude et en structuration ce qu'il gagne en spontanéité.

Paradoxalement, ce sont alors certains textes préparés à l'avance qui nuisent grandement à la crédibilité du projet. Les qualités de la biographie de Patterson sont par exemple complètement annihilées par une conclusion ridicule. Eric Picholle parle de texte "militant" (un terme qui me rappelle bien quelque chose) mais dire que Heinlein est "à l'origine" (je cite) de 1) le développement de la SF, 2) la contre-culture des années 60, 3) le mouvement libertarien et 4) l'élan vers l'espace est faire preuve soit d'une prétention sans borne par personne interposée soit d'un aveuglement inquiétant. Dans le même registre, Bozzetto attaquant son article sur les rapports entre Verne et Heinlein par une jolie petite note qui nous apprend que des romans comme A la poursuite des Slans ou Le monde des non-A sont "issus d'une utilisation de nouvelles préalables" ou nous expliquant que dans Marionnettes humaines des extraterrestres "prennent l'apparence" des hommes (confusion avec Finney ?) donne juste envie d'envoyer valser le livre plutôt que de continuer à lire un auteur qui ne se donne même pas la peine de vérifier ses dires (mais ce n'est pas la première fois, voir http://ghor.hautetfort.com/archive/2008/11/24/la-science-...).

La pièce maîtresse de cet ouvrage étant le long (quarante pages) essai de RAH, il convient de dire que, s'il est d'un intérêt historique certain à la fois pour l'étude de l'auteur et pour celle du genre, il est finalement assez connu et disponible (en VO) et qu'il date surtout de plus de cinquante ans. Il est d'ailleurs profondément ancré dans la SF américaine de cette époque (la liste des romans évoqués est d'ailleurs parlante). La pertinence des théories de Heinlein (qu'il fera d'ailleurs évoluer comme le dit le traducteur) pour comprendre la SF d'aujourd'hui est donc assez limitée.

Le dictionnaire des oeuvres cités est assez intéressant pour qui ne mesure pas l'étendue de l'oeuvre de RAH et la présentation est agréable même si la logique ayant présidé au choix des couvertures (EO, réédition, réimpression) et des éditions mentionnées (partielles) n'est pas claire. A part cela, il y a quelques petites scories purement bibliographiques sans importance comme un Flot du temps chez OPTA en 1958. Les autres annexes (nécrologie, présentation des partenaires) sont, à mon avis, dispensables.

Même si l'ouvrage gagnerait à être "resserré" pour cause de structure peu lisible, il faut surtout le prendre comme un substitut à la participation à ces journées (pour ceux qui habitent fort loin comme moi). A ce titre il remplit parfaitement son rôle malgré les limitations intrinsèques de ce type de compte-rendu. C'est aussi une initiative à soutenir.
Note GHOR : 2 étoiles
11:21 | 11:21 | Ouvrages de référence divers | Ouvrages de référence divers | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : français, 2 étoiles, heinlein | Tags : français, 2 étoiles, heinlein
24/08/2009
_Contrary modes : Worldcon 1985_
Contrary modes : Worldcon 1985 : Jenny BLACKFORD & Russell BLACKFORD & Lucy SUSSEX & Norman TALBOT : Ebony Books : 1985 : ISBN-10 0-9590655-2-0 : 155 pages (y compris bibliographie, mais pas d'index) : un livre à peu près introuvable (éditeur australien) d'un format A4 avec couverture souple.

Cet ouvrage australien rassemble des essais présentés lors de la convention mondiale de 1985 (Aussiecon Two) qui s'était déroulée cette année-là à Melbourne. C'est l'une des premières tentatives d'une publication universitaire 'locale' sur la SF puisqu'il n'existe guère de précédents à cet ouvrage si ce n'est The stellar gauge paru en 1980. On y retrouve les plumes habituelles du petit monde de la réflexion sur le genre en Australie avec des écrivains comme Turner ou Blackford, des spécialistes du cinéma comme Baxter ou des universitaires comme Van Ikin.

Ce recueil comporte dix essais de taille variable que l'on peut vaguement grouper en trois catégories. La première concerne "le monstre comme héros" avec quatre textes : un premier assez général sur concept qui commence avec les contes de fée ou Frankenstein, deux sur Wolfe et sa tétralogie (à l'époque) de Teur, une chose assez logique vu que celui-ci était l'hôte d'honneur (GoH) de la convention et un sur Stranger in a strange land. La deuxième partie (3 essais) dresse un panorama de la SF Australienne avec en particulier un focus sur les deux premiers Mad Max. Quant à la troisième partie (3 textes) elle revient à des 'aliens' plus proches de nous à savoir la partie féminine de l'humanité.

On ne peut pas dire que cet ouvrage soit profondément novateur avec son n-ième passage en revue des circonvolutions de l'oeuvre de Wolfe et son traitement du texte le plus connu de RAH. De la même façon, l'analogie faite entre les extraterrestres et les femmes où l'on en conclut que les premiers sont vus comme plus humains que les dernières était, même à l'époque, un sujet "bateau" et déjà présenté de façon plus brillante et convaincante par Russ et l'école féministe. Les vraies bonnes surprises sont plutôt à chercher du côté des analyses sur la SF Australienne qui permettent une vision 'de l'intérieur' d'une partie du genre qui possède des caractéristiques spécifiques. C'était là une des premières approches 'géographiques' qui culmineront avec le magistral Strange constellations.

On pardonnera aussi à ce pionnier un petit côté amateur, tant dans la présentation (une couverture d'un superbe orange pétant illustrée de collages surréalistes), que le format (probablement peu solide à l'usage) ou la mise en page. Un peu légers aussi sont l'absence d'index (gênante) et la bibliographie très aérée (moins d'une dizaine de titres). Il n'en reste pas moins que le contenu est du niveau de n'importe quelle publication universitaire consacrée au genre et offre parfois un regard neuf venu de l'hémisphère austral.
Note GHOR : 2 étoiles
14:00 | 14:00 | Ouvrages de référence divers | Ouvrages de référence divers | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles