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04/12/2009

_Explorers of the infinite : Shapers of science fiction_

Explorers of the infinite : Shapers of science fiction : Sam MOSKOWITZ : 1974 : Hyperion Press : ISBN-10 0-88355-159-4 : 353 pages (y compris index) : coûtait 3.95 USD pour un TP (existe aussi en HC -130-6).

Explorers of the infinite.jpg

Tout d'abord, il me faut préciser que cet exemplaire n'est pas la première édition de ce livre puisqu'il s'agit d'une reprise par Hyperion (un spécialiste de la proto-SF du début du 20ème siècle) d'un ouvrage initialement paru en 1963 chez The world publishing company (sous le même titre mais avec une couverture différente). Il s'agit donc d'un livre dû à la plume de Sam Moskowitz, un personnage fondateur du fandom américain, président de la première convention mondiale et prosélyte infatigable du genre.

Rien qu'un surhomme (RF 1952).jpg

Cet ouvrage est une sorte de compilation d'une vingtaine (dix-huit pour être précis) de biographies des précurseurs du genre dont certaines sont parues précédemment dans divers magazines. Chacune fait en moyenne une vingtaine de pages et traite généralement d'un seul auteur. Classées par ordre chronologique, ces chapitres vont de celui consacré Cyrano de Bergerac à celui sur Stanley G. Weinbaum en passant par les noms connus de cette phase de l'histoire du genre (Poe, Verne, Wells, Gernsback, Stapledon, Doyle, Merritt, Lovecraft...). Deux chapitres finaux se consacrent l'un à l'origine du terme science fiction et l'autre à un bref historique de l'après Weinbaum. Un index clôt l'ouvrage.

Ralph 124c41+ (Cherry Tree).jpg

C'est un livre qui est non seulement d'une lecture facile grâce à de nombreuses anecdotes mais qui représente aussi un travail innovant dans certains domaines. Bien qu'un nième chapitre sur Poe, Wells ou Verne n'apporte pas grand chose à l'étude de l'histoire de la SF, certaines des biographies concernent des auteurs maintenant complètement oubliés et sont parfois les seules qui leur soient consacrées. A ce titre, les informations rassemblées par Moskowitz sur des gens comme Wylie, Shiel ou Hale voire Merritt sont très précieuses et constituent une lecture obligatoire.

La fin du rêve (OPTA 1976).jpg

En plus, comme tout se passe au début de l'histoire de la SF, ce livre nous épargne heureusement une bonne partie des habituelles théories de Moskowitz sur les influences au sein du genre, son grand dada qui lui fait remonter n'importe quel texte à un prédécesseur et ainsi de suite (A a lu et copié B qui a piqué cette idée à C dans le magazine D, etc.), le tout sans avancer aucune preuve malgré l'énorme documentation qu'il possédait. Il en reste malgré tout, comme cette filiation affirmée haut et fort entre Superman et le héros du Gladiator de Wylie. Cette légèreté dans l'affirmation est d'ailleurs assez fréquente chez l'auteur, y compris dans le domaine bibliographique pur, ce qui oblige parfois à des vérifications. Malgré tout, cela reste un ensemble synthétique et vivant sur la préhistoire du genre.

Le monstre de métal (RF 1957).jpg

Note GHOR : 2 étoiles

01/12/2009

_Experiment perilous : Three essays on science fiction_

Experiment perilous : Three essays on science fiction : Marion Zimmer BRADLEY & Norman SPINRAD & Alfred BESTER : 1976 : ALGOL Press ; ISBN-10 0-916186-02-4 : 34 pages (pas d'index) coûtait 2.50 USD à l'époque pour un petit fascicule format A5 agrafé.

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Ce court ouvrage fait partie d'une série de livres édités par ALGOL Press, une structure liée au fanzine américain Algol, un quasi-prozine dirigé par Andy Porter qui deviendra Starship. On trouve dans cette série (au moins) un ouvrage sur Cordwainer Smith et un sur Tiptree.

The fiction of James Tiptree Jr.jpg

Comme l'indique son sous-titre, ce petit livre contient trois essais sur la SF, essais précédemment publiés dans la revue entre 1969 et 1972. Le premier (qui donne son titre au livre) est de la plume de Marion Zimmer Bradley. C'est le plus long (une quinzaine de pages) et il explore peu ou prou les débuts de l'auteur dans le genre et son avis sur l'état du genre à l'époque (et donc sur la New Wave). Les deux autres essais sont nettement plus courts (moins de dix pages) et sont respectivement de Spinrad ("The bug Jack Barron papers") et de Bester ("Writing and The demolished man") et portent sur la genèse des deux romans cités dans leurs titres.

L'homme démoli (Denoel 1977).jpg

Il faut prendre cet ouvrage, très aéré (il commence vraiment à la page 7) et contenant somme toute assez peu da matière, non comme une suite de réflexions poussées sur le genre mais comme une aide à la compréhension des parcours individuels des trois auteurs au sommaire. A ce titre c'est un document d'époque pris sur le vif (sauf pour le Bester qui bénéficie de plus de recul) qui peut s'insérer dans une démarche historique et contextuelle. Au final un ensemble certes léger mais riche d'ambiance.

Jack barron et l'éternité (JL 1978).jpg

Note GHOR : 2 étoiles

26/11/2009

_Envisioning the future : Science fiction and the next millenium_

Envisioning the future : Science fiction and the next millenium : Marleen S. BARR (editor) : 2003 : Wesleyan University Press : ISBN-10 0-8195-6652-7 : xxi + 205 pages (pas d'index) : coûte 23 USD pour un TP, en neuf pour un grosse quinzaine d'Euros.

Envisionning the future.jpg

Cet ouvrage est un hybride assez particulier. Sous la direction de Marleen S. Barr, une spécialiste des relations entre féminisme et SF (on lui doit par exemple le recueil d'essais Lost in space), il rassemble à la fois des textes de fiction (inédits pour la plupart, me semble t-il) et des essais théoriques sur la question de "notre relation avec le futur au travers du double prisme de la SF et des cultural studies" pour paraphraser la quatrième de couverture.

Lost in space (Barr).jpg

Après une longue préface et une introduction (bourrée de spoilers) en partie consacrées à une sculpture (Quantum cloud de Gormley) qui semble être importante pour l'auteur, l'ouvrage se divise en quatre parties principales : "Future past" (texte de Postman sur le 18ème siècle, fiction de Gunn datant de 1989); "Future present" (essai de Suvin sur We de Zamyantine, fictions de Zebrowski et Ellison); "Future Perfect" (fictions de Barr, Sargent et Piercy, texte de Braidotti sur les cyborgs féminins) et "Future Critical" (texte de Parrinder sur la SF située dans un futur "intermédiaire", méta-fictions de Robinson et Rabkin, billet de Mosley). Les essais sont parfois suivis d'une bibliographie des ouvrages cités mais l'ensemble ne comporte pas d'index.

quantum_cloud.jpg

Parfois, on peut se demander pour quelle raison certains livres sont publiés. C'est le cas de cet ouvrage qui n'a globalement ni queue ni tête et pas plus de raison d'être. Le mélange de la fiction et de la non-fiction est toujours un art assez difficile vu que les publics visés possèdent probablement des motivations différentes pour lire chaque type de texte. Dans ce cas précis, cette difficulté est multipliée par le fait que l'ensemble n'a aucun sens et que les contributions prisent individuellement sont d'un niveau assez faible et mêmes pas toutes inédites.

Human voices (Five star 2002).jpg

Plombé dès l'introduction qui nous raconte d'avance toutes les fictions, sentant bon l'autopromotion (Barr nous y inflige sa propre nouvelle à message, d'une médiocrité attristante), d'une rapport parfois nul avec le genre (Postman) ou traitant de textes antédiluviens et peu importants pour l'évolution du genre (Suvin), cet ensemble fleure bon l'artefact feministo-postmoderniste branchouille avec références obligatoires aux écrits de Haraway ou de Robinson et participation de légendes de la cause comme Sargent ou Piercy.

Femmes et merveilles (Denoel 1975).jpg

Un "truc" globalement illisible et qui défie toute logique. A oublier rapidement.

 

Note GHOR : 0 étoile

11/11/2009

_100 Must-read fantasy novels_

100 Must-read fantasy novels : Stephen E. ANDREWS & Nick RENNISON : A&C Black (série Bloomsbury Good Reading Guides) : 2009 : ISBN-13 978-1-4081-1487-2 : xxx+ 178 pages (y compris index et annexes) : bien moins d'une dizaine d'Euros pour un petit livre de poche, disponible chez l'éditeur (http://www.acblack.com/).

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Ce petit (moins grand qu'un poche) est le frère de 100 Must-read science fiction novels (voir http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/03/24/100-must-re...). Sous la plume des mêmes auteurs, paru chez le même éditeur et dans la même collection, lui se consacre à la Fantasy. C'est donc aussi un petit guide de lecture visant à fournir au néophyte une liste de textes "de base", qu'ils soient littérairement excellents ou importants pour le genre en question ou son évolution.

100 must-read SF novels.jpg

Le livre débute par une intéressante introduction qui délimite le champ de la Fantasy comme intégré dans le "Fantastic" mais distinct des deux autres branches que sont la SF et l'Horreur. L'essentiel du livre est donc constitué par les 100 fiches consacrées chacune à un livre. S'agissant de Fantasy, ce sont surtout des romans et souvent des romans qui font partie de séries à rallonge. Ces notules sont classées par ordre alphabétique d'auteur (avec un seul livre par auteur sauf pour Moorcock et Tolkien qui ont droit à deux titres). Les ouvrages sont résumés, évalués et placés dans leur contexte (du genre ou dans la carrière de l'auteur) en une page. A la fin de chaque entrée, des pistes de lectures (autres ouvrages du même auteur, ouvrages stylistiquement ou thématiquement proches) sont indiquées. Deux annexes (glossaire de la Fantasy et lauréats des WFA) ainsi qu'un index terminent le livre.

The hobbit (Unwin 1972).jpg

N'étant pas un spécialiste de la Fantasy (même si j'ai étonnamment lu une partie non négligeable des ouvrages cités), je ne suis pas le mieux placé pour donner un avis valable sur la sélection effectuée par les auteurs. Les principaux (Jordan, Martin, Brooks, Eddings, Donaldson, Tolkien, Pratchett, Peake) me semblent au rendez-vous ainsi que certains auteurs plus "confidentiels" pour ce genre (par exemple Brunner pour The travel(l)er in black).

The traveler in black (Ace 1971).jpg

Indépendamment de la qualité du livre, deux choses m'ont frappé. Tout d'abord c'est l'extraordinaire variété de ce qui est placé sous l'étiquette Fantasy dans le monde anglo-saxon tel que le voient les auteurs : la Fantasy telle que comprise en France (en gros la HF et la S&S), le merveilleux (style Oz), les fables animalières (Adams, Grahame), la fiction religieuse (Lewis, Chesterton), l'étrange (King, Finney), les trucs inclassables (Borges, Calvino, Murakami), le New Weird (Miéville), les "lost-race novels" (Hyne) et même la SF pur sucre (Lord Valentine's castle, mais voir aussi ci-dessous).

Replay (Grafton 1988).jpg

Le deuxième point, qui n'est pas nouveau, est que l'on ne peut constater les très fortes imbrications entre la SF et la Fantasy. Mêmes auteurs (Aldiss, Anderson, De Camp, Dickson, Le Guin, Merritt, Moore, Silverberg, Swanwick, Vance, Wolfe, Zelazny) et aussi mêmes oeuvres (Replay, The dying earth, A voyage to Arcturus). On trouve là matérialisé le manque d'autonomie théorique (pour des raisons historiques ou liées aux modes de production et de consommation du genre) de la Fantasy, un genre qui ne deviendra autonome que lorsqu'il développera ses propres outils théoriques.  

Tales of the dying earth (Orb 2000).jpg

Au final un petit guide bien sympathique sur un genre (un peu trop ?) protéiforme.

Les 9 princes d'Ambre (Denoel 1974).jpg

Note GHOR : 1 étoile

28/10/2009

_Microworlds _

Microworlds : Stanislaw LEM : 1986 (reprise d'un HC paru en 1984) : Harcourt Brace Jovanovich : ISBN-10 0-15-659443-9 : 285 pages (y compris bibliographie de Lem, pas d'index) : coûtait 6 USD pour un TP, se trouve d'occase aisément.

Microworlds.jpg

Cet ouvrage est donc la réédition en format plus accessible d'un ouvrage initialement paru en 1984 en format relié chez le même éditeur, celui qui publiait la SF de Lem aux USA. Stanislaw (Stanislas en VF) est le principal auteur de SF polonais et en tout cas le seul qui ait une renommée qui dépasse les frontières de son pays. A la fois auteur (assez à la mode dans les milieux académiques dans les années 80) et théoricien du genre, il reste actuellement plutôt inconnu de la majorité des amateurs du genre.

Eden (Marabout 1972).jpg

Ce livre est un recueil de textes datant des années 70 (sauf trois plus récents) lorsque Lem, principalement grâce aux efforts de son traducteur et agent Franz Rottensteiner, a percé sur la scène de la SF mondiale (lire US). Il contient dix essais de longueur variable (du moins de dix à soixante pages) qui ont pour particularité d'être traduits en anglais à partir de diverses langues (il s'agit donc parfois de traductions de traductions).  Parus généralement dans la revue Science Fiction Studies, ces textes comportent un segment autobiographique, diverses considérations sur la SF, des articles thématiques (la cosmologie dans la SF, les récits de voyages dans le temps) ou se concentrent sur des textes (Stalker) ou des auteurs précis (Dick, Borges). Une bibliographie des écrits de Lem sur le genre se situe en fin d'ouvrage, lequel ne comporte pas d'index.

Le bréviaire des robots (Denoel 1966).jpg

Les amateurs d'histoire de la SF savent que Lem a un lourd contentieux avec le genre ou du moins avec les pratiquants américains de celui-ci (voir "The Lem affair" sur le net). La lecture de ce livre, délibérément polémique (aux dires de Lem) mais au final plutôt simplement puant, permettra d'en comprendre les raisons. Il commence assez fort, par une autobiographie dont la modestie ferait paraître Asimov comme un modèle de retenue. On y apprend incidemment que le QI de Lem est de 180 et qu'il est, semble t-il, l'enfant le plus intelligent de tout le sud de la Pologne. Héros de la Résistance, homme de lettres, homme de science, se comparant à Einstein, des esprits chagrins pourrait trouver le choix de carrière d'écrivain de SF un peu surprenant de la part d'un homme aussi doué.

Les voyages électriques d'Ijon Tichy (Denoel 1980).jpg

Les deux textes suivants (les plus longs du recueil) sont une attaque au vitriol de la SF (américaine, les britanniques n'étant, dans une optique assez typique du bloc communiste, que de simples supplétifs des Yankees). Pour faire court, les écrivains de SF sont des prostituées, le genre une maison close à la solde d'éditeurs-souteneurs (il s'agit là exactement des mots de Lem qui semble manifester un certaine obsession pour la chose péripatéticienne), les lecteurs une bande de débiles et les fans ou les commentateurs du genre (Blish, Knight) un troupeau d'idiots qui singent les protocoles de la grande littérature. Heureusement qu'il y a la sainte trinité formée de Dick, Borges et les Strougatsky qui est la seule à pouvoir nous extraire de notre fange. On pourra donc comprendre aisément qu'un tel discours, qui franchit allègrement les bornes de la correction, ait pu provoquer une certaine ire au sein de la SFWA qui expulsera d'ailleurs Lem de ses rangs.

Mémoires trouvés dans une baignoire (LDP 1978).jpg

Sur le fond, les reproches de Lem ne sont ni dénués d'une certaine réalité, ni très originaux (voir par exemple Malzberg ou même Knight pour la croisade anti Van Vogt) mais la manière est particulièrement (délibérément ?) insultante pour l'ensemble des acteurs du genre (chacun est vilipendé à son tour), une attitude qui ne favorise guère le débat. La première idée qui vient à la lecture est d'ailleurs de penser qu'un personnage qui a su se tailler une si belle place au sein du monde officiel des lettres d'une dictature communiste est sûrement un expert es putasseries et compromissions. De plus, l'argumentaire de Lem sur les turpitudes de la SF US est parfois un peu léger et donne l'impression d'être plus une déduction de seconde main que le résultat d'une connaissance réelle. Il est par exemple assez surprenant de voir Dick et Van Vogt comparés à longueur de pages (le second étant bien sûr le plus mauvais des deux) sans que le bête fait que leurs oeuvres aient des décennies d'écart ne soit mentionné. On passera aussi sur le couplet laudatif obligatoire relatif aux Strougatsky écrivains d'un pays frère.

Solaris (Rencontre).jpg

Au final un livre que sa stridence dessert et qui n'améliorera pas l'image de Lem désormais plus attachée à un film où on voit les fesses de George Clooney qu'à ses oeuvres littéraires. Une remarque peu élégante de ma part mais bien du niveau de cet ouvrage.

 

Note GHOR : 0 étoile