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27/03/2009

_100 mots pour voyager en science-fiction_

100 mots pour voyager en science-fiction : François ROUILLER : Les empêcheurs de penser en rond (série "100 mots pour...") : 2006 : ISBN-10 2-84671-115-1 : 528 pages (y compris index) : 18 Euros pour un TP à la solidité potentiellement très moyenne.

100 mots pour voyager en SF.jpg

Le principe de ce livre (et de ceux de la même série) est assez simple : l'auteur choisit cent mots (caractéristiques ou non du domaine considéré) et les prend successivement comme thèmes de mini-chapitres (de 3 à 8 pages). L'auteur parcourt donc le genre en allant de ADN (en fait une analyse du film Bienvenue à Gattaca) à Zut (l'exclamation poussée par le lecteur constatant les oublis éventuels de l'ouvrage) en passant par des mots parlants (Amateur, Chiffres, Cyber...) et d'autres plus intrigants (Trois, Presse-citron...).

Ce mode de fonctionnement libre ou par association couvre l'ensemble du genre et s'aventure même dans des contrées rarement explorées comme la photographie de SF ou de design quand il est inspiré par cette dernière. Chaque mot choisi est alors la source d'une promenade parfois assez vaste et même assez théorique mais aussi parfois centrée sur une seule oeuvre, comme par exemple l'entrée Sables qui est uniquement consacrée à Vermilion sands de Ballard.

Vermilion sands (LDP 1979).jpg

Cet ouvrage a d'évidentes qualités : il est fort plaisant à lire, il fait preuve d'une grande érudition et d'une grande ouverture d'esprit dans ses exemples et il est aussi exempt d'erreurs factuelles. Toutefois, malgré la préface et divers appendices qui tendent à expliquer le pourquoi de ce livre (ce qui montrebien qu'il n'est pas aussi clair que cela), je n'ai pas été convaincu par le projet. Je trouve (ici plus que jamais c'est un avis strictement personnel à mettre en relation avec ma pratique de la SF) que cette suite de billets d'humeur n'offre, malgré ses qualités, pas grand intérêt. C'est un esprit proche de celui des chroniques radiophoniques régulières (type France-Inter), une sorte d'écume littéraire, jolie sur l'instant mais qui n'est qu'éphémère. C'est tellement léger que, en le (re)parcourant pour reprendre cet avis (publié en 2006 dans le newsgroup fr.rec.arts.sf), je me suis aperçu que j'avais certes retenu le principe du livre mais que j'étais incapable de me rappeler d'un seul des thèmes ou oeuvres abordés ou des points marquants.

J'ai même été frustré parce que, de temps en temps, se glissent des analyses extrêmement fines (sur la question des origines de la SF par exemple) ou des positions tranchées auxquelles je souscris complètement (comme sur le fait que le livre de Hougron Science-fiction et société ne soit qu'une la merde méprisante).

Science-fiction et société.jpg

Il ne s'agit donc pas d'un mauvais livre, loin de là, mais d'un livre dont la finalité m'a complètement échappé. L'auteur est d'ailleurs probablement conscient de ce problème de positionnement puisqu'il essaie à plusieurs reprises d'expliquer l'attrait de ce livre pour le néophyte et pour le fanatique. En fait, mes attentes vis-à-vis de l'auteur étaient celles d'un ouvrage moins primesautier et finalement plus proche de son Stups & Fiction, à savoir un livre certes moins léger, moins facile d'accès mais nettement plus solide.

Stups & fiction.jpg

Il serait injuste de reprocher à cet ouvrage de ne pas être un autre, il n'en reste pas moins que ce côté 'jetable' n'est pas ce que j'attends d'un ouvrage sur la SF, à fortiori quand on prend en compte le prix non négligeable de l'objet.

Note GHOR : 1 étoile

24/03/2009

_100 Must-read science fiction novels_

100 Must-read science fiction novels : Stephen E. Andrews & Nick Rennison : A&C Black (série Bloomsbury Good Raeding Guides) : 2006 : ISBN-13 978-07136-7585-6 : 194 pages (y compris index et annexes) : moins d'une dizaine d'Euros pour un petit livre de poche.

100 must-read SF novels.jpg

Cet ouvrage fait partie de la catégorie des guides de lecture (on pensera au Béguin ou aux divers opus d'Actu-SF) et se propose de sélectionner les livres à lire dans l'ensemble du corpus du genre. Même si les auteurs s'en défendent puisqu'ils récusent le terme, il s'agit là d'un 'best-of'. La démarche, venant d'auteurs qui sont ici libraires, est parfaitement honorable et donne un résultat aussi légitime que ses petits camarades.

Outre une préface (C. Priest), une longue introduction qui brosse un portrait rapide mais fidèle du genre, le coeur du livre est donc constitué par 100 fiches consacrées chacune à un livre (généralement roman ou fix-up, les recueils étant peu présents). Organisé par ordre alphabétique d'auteur, chaque texte est donc tout d'abord résumé puis évalué et placé dans son contexte, le tout en un peu plus d'une page. A la fin de chaque entrée, des pistes de lectures (autres ouvrages du même auteur, ouvrages stylistiquement ou thématiquement proches) sont alors proposées, une pratique fréquente dans ce type de guide. En bonus, on trouve une liste des principaux prix SF, un glossaire et un index.

Comme le dit Priest dans la préface, un des attraits majeurs de ce genre d'ouvrage est à la fois de mesurer l'intersection de cette sélection avec sa bibliothèque ou ses lectures, de critiquer les omissions ou les choix et de (éventuellement) découvrir d'autres romans dont on n'avait pas forcément entendu parler.

Dans la première catégorie des classiques 'indiscutables', on trouve les suspects habituels (Frankenstein, Pavane, Ringworld, Dune, Earth abides, etc...), une sélection sans grande surprise même si elle manifeste logiquement un certain biais pour les productions britanniques.

Ringworld (Sphere 1981).jpg

Dans la seconde catégorie, celle des 'oubliés', on pourra être désagréablement surpris par certains manques (je ne cite que ceux qui m'ont frappé, chacun pouvant avoir sa propre liste) : Simak (qui n'apparaît qu'une seule fois dans tout le livre comme lecture possible), Leiber, Simmons (malgré ses Hugo).  De la même façon, certains choix d'oeuvres pour des auteurs présents sont assez surprenants. Choisir L'homme dans le labyrinthe comme seul 'ouvrage à lire' de Silverberg, Moonseed pour Baxter ou Les orphelins du ciel pour Heinlein, semble négliger d'autres textes plus importants pour la connaissance de ces auteurs.

Moonseed (Voyager 1998).jpg

Dans la trosième catégorie, celle des livres et/ou des auteurs que l'on voit rarement dans des top 100 on pourra évoquer The garments of Caen/Caean de Bayley, Involution ocean de Sterling ou Guernica night de Malzberg. C'est là une des aspects potentiellement les plus intéressant de cet ouvrage puisqu'il conduit à envisager de découvrir de nouveaux textes ou de nouveaux auteurs qui s'écartent des sentiers battus. Je n'ai qu'une réserve à faire sur l'inclusion dans les 100 livres à lire du roman de Leigh Kennedy : The journal of Nicholas the american, livre à peu près inconnu. Un esprit chagrin pourrait penser que la présence incongrue (j'ai carrément dû m'arrêter dans ma lecture pour chercher des infos sur lui) de ce roman pourrait être lié au fait que son auteur soit aussi la compagne de celui qui signe la préface.

The garments of caean (DAW 1980).jpg

Hormis ce bémol de pinailleur, ce petit ouvrage sympathique permet une confrontation avec un autre choix du meilleur de la SF que le sien, chose qui ne se refuse pas.

Note GHOR : 2 étoiles

20/03/2009

_Worldcon guest of honor speeches_

Worldcon guest of honor speeches : Mike RESNICK & Joe SICLARI : ISFiC Press : 2006 : ISBN-13 978-09759156-3-9 : 309 pages : une grosse vingtaine d'Euros pour un HC avec jaquette.

Worldcon guest of honor speeches.jpg

Ce livre rassemble les discours d'une trentaine des 'GoH', prononcés lors des conventions mondiales (Worldcons, où sont décernés les Hugos). Le plus ancien date de 1939 (Frank R.Paul) et le plus récent est celui de 2005 (Christopher Priest).

Les 'GoH' (Guest of Honor) sont les invités vedettes des conventions mondiales, des gens que l'on honore tout au long d'une Worldcon et qui prononcent généralement au moins un 'grand' discours qui est assez suivi. Au début, celui-ci se déroulait juste avant les Hugos, maintenant c'est durant la convention et sans lien avec les Hugos (celui de Priest était le dimanche, c'est à dire le dernier jour de la convention).

Autant le dire tout de suite, ce livre n'est pas un ouvrage indispensable pour la connaissance de la SF ou son étude. En effet, ces discours sont généralement assez formatés ("La SF c'est bien.", "Les fans sont supers.", "C'est trop d'honneur.", "Merci à mon papa.", etc...). De plus, la transcription d'un discours ne passe pas aussi bien que l'écoute du même texte "en direct" dans une salle pleine d'amateurs enthousiastes.

En eux-mêmes, les discours rassemblés dans cet ouvrage sont assez inégaux, allant du sérieux au grandiloquent en passant par le comique ou l'anecdotique.

Ils permettent toutefois de bien voir les péoccupations qui agitaient le monde et/ou le microcosme de la SF lorsqu'ils ont été prononcés. En ce
sens, ils sont de précieux indicateurs de l'état du genre à des instants précis.

On y trouve aussi des morceaux complètement loufoques : Van Vogt expliquant les diverses zones cérébrales et leur activation, Gernsback suggérant d'envoyer les revues SF à l'INPI américain pour toucher des royalties sur des inventions à venir. On peut aussi découvrir des témoignages de première main sur les carrières de certains auteurs et surtout, répartis un peu partout, plein de petits bouts d'information qui
font le délice des amateurs (comme Sturgeon racontant l'extraordinaire bonté de Heinlein).

Un livre à lire (malgré des discours parfois soporifiques ou complètement à coté de la plaque) comme une série d'instantanés délicieusement rétros mais qui ne fera certes pas avancer la réflexion sur le genre.

Note GHOR : 1 étoile.

18/03/2009

_La science-fiction : Lecture et poétique d'un genre littéraire_

La science-fiction : Lecture et poétique d'un genre littéraire : Irène LANGLET : Armand Colin (Collection U) : 2006 : ISBN-10 2-200-26-921-8 : 303 pages (y compris index sommaire et bibliographie) : 25 Euros pour un TP pas super solide.

La science-fiction (Langlet).jpg

Ce livre est dû à la plume d'une universitaire française, même si elle a suivi une partie de son cursus au Canada, pays très en pointe en ce qui concerne l'étude de la SF dans le cursus littéraire 'classique' et qui nous a donné plusieurs pointures. On peut citer (entre autres) Saint-Gelais, Suvin le grand ancêtre ou Gouanvic.

Cet ouvrage est organisé en trois parties principales :

1) "Outils de mécanique science fictionnelle", une partie à l'approche très originale puisqu'elle se concentre sur les outils littéraires utilisés par la SF dans sa stratégie de 'cognitive estrangement' (le terme inventé par Suvin) : paratexte, mots valises, appositons, usage du "je", fix-up, etc... Cette partie consacrée donc aux techniques d'écriture proprement dites fait une centaine de pages.

2) "Pour une histoire littéraire de la science-fiction" qui essaie de donner une autre histoire de la SF que celle de ses thèmes ou de sa socio-économie, illustrée par une chronologie schématique en annexe et qui s'ouvre sur une réflexion sur les rapports entre science et SF.

3) "Dans la machine science fictionnelle" qui part de 4 romans (L'usage des armes, Neuromancien, Des milliards de tapis de cheveux & Chroniques du pays de mères) qui sont utilisés comme bases pour aborder certains types de SF (le space opéra, le cyberpunk) et diverses problématiques (la datation interne des oeuvres).

Neuromancien (La Découverte 1985).jpg

Dans les nombreuses annexes on notera la chronologie de la SF évoquée plus haut, les synopsis des romans de la troisième partie ainsi que des extraits en VO & VF, un glossaire, une bibliographie secondaire (y compris sites web) et un index.

 

Globalement le livre à la fois original dans son approche (la première partie) et fait une lecture serrée des oeuvres étudiées. Le jargon de la technique narritive est certes présent (homodiégétique, hétérodiégétique) mais est suffisamment bien expliqué pour les profanes dans mon genre (y compris par le glossaire). La réflexion théorique est d'excellent niveau et s'appuie sur des bases saines.

Toutefois, je ne serais pas fidèle à ma réputation si je n'y avais pas trouvé matière à contestation/discussion/chipotage, à la fois dans les détails et dans ses orientations.

Dans le désordre :

- Il existe un certain nombre d'erreurs factuelles dans les données bibliographiques (par exemple, le cycle du non-A est daté de 1948) ou d'affirmation un peu légères (du style "le cycle de l'histoire du futur ne comporte aucune date dans ses titres", qui oublie Revolt in 2100 qui n'est certes pas le titre d'une nouvelle mais est celui d'un recueil) ou de données incomplètes (une comparaison pertinente des couvertures du Banks omet de préciser quelles éditions sont évoquées, ce qui pourrait laisser croire que toutes les éditions VO & VF ont la même couverture, ce qui n'est pas le cas) ou fausses (une troisième version du C&N est évoquée).

Revolt in 2100 (Signet).jpg

- Plus étonnant et signe d'une recherche un peu "light", cette affirmation (note 1 de la page 231) que je ne peux resister au plaisir de citer : "L'ordre des nouvelles (de l'anthologie Histoires de voyages dans le temps) est celui de l'édition disponible en librairie datant de 1987. Cet ordre modifie légèrement celui de la première édition, à la date du copyright (1975). Pour les comparer voir le site d'amateur indexant les deux tables des matières, "index SF", URL : http://sf.marseille.mecreant.org/ouvrage/ouv000098.". Une rapide recherche sur le fameux site en question montre que, effectivement, l'ordre semble différent pour les deux éditions, même s'il peut sembler étrangement alphabétique pour la première édition. Une recherche plus poussé dans les différentes impressions de l'ouvrage en question permet de voir que l'ordre est strictement le même dans les deux version citées. L'affirmation de Langlet est donc factuellement fausse, faute d'une recherche suffisamment poussée. J'ai relevé ce point parce que l'ordre des nouvelles est une des bases de l'argumentation de l'auteur ("la complexité va croissant"). Voilà du coup une erreur/absence de 'sort' dans une page web promue au rang de fait avéré et, en quelque sorte, légitimée par l'académie.

- D'une façon générale, j'ai une impression curieuse quand à la profondeur des recherches et la quantité d'éléments bibliographiques vraiment consultés avant l'écriture de cet ouvrage. En effet, l'essentiel des citations et exemples qui appuient le texte provient de seulement trois sources principales (excellentes au demeurant) : L'empire du pseudo de Saint-Gelais, le Clute & Nicholls (The encylopedia of science fiction) et les oeuvres complètes de Gérard Klein telles que l'on peut les trouver sur le site de XLII (donc plutôt une collection de préfaces). Pour un genre aussi vaste et étudié que la SF, cette concentration des sources sur un nombre limité d'items parait assez surprenante. Ce manque de matière est d'autant plus frappant quand on consulte la bibliographie et que l'on y trouve des livres nullissimes comme le Manfrédo chez Le cavalier bleu ou l'infâme Gattégno, ou des chefs d'oeuvres d'approximation et d'erreurs comme le Colson & Ruaud ou le Barets. Avec de mauvais outils comme ceux-là, la qualité du discours ne peut que s'en ressentir. C'est effectivement ce qui se passe avec parfois une nette impression de flou, un manque d'originalité dans certaines analyses ou au moins une absence d'éclairages contradictoires.

L'empire du pseudo.jpg

- Du coup, cette faiblesse du coté des sources primaires explique probablement pourquoi la deuxième partie m'a un peu irrité. Si l'on veut ré-écrire correctement l'histoire de la SF comme veut le faire Langlet, il faut partir sur des bases solides et avoir une vue synthétique, ce qui n'est manifestement pas le cas. Il est vrai que la critique d'un graphique des évènements marquants est toujours subjective et discutable, mais, par exemple, trouver que le seul évènement SF marquant en Grande-Bretagne entre 1990 et 1995 est la tentative (rapidement avortée) de ressortir la revue New Worlds, témoigne d'une vision du genre que l'on peut qualifier de spéciale (spécieuse ?). Langlet n'a pas (ou n'a pas trouvé) le bagage nécessaire pour présenter une chronologie satisfaisante. A mon sens, elle aurait pu exciser cette partie qui est à la fois peu réaliste, atomisée dans son déroulé (qui saute du coq à l'âne) et peu convaincante.

- Les quatres oeuvres étudiés sont (je cite) : "...à la fin du parcours d'environ cent ans qu'a suivi la SF...". Si le choix des oeuvres est peu discutable dans l'absolu (ce sont de bons textes), il a été visiblement fait dans l'optique de proposer une représentation acceptable de la SF. On notera la répartition géographique des auteurs, qui si elle est très 'correcte' et 'cosmopolite' (un écossais, un canadien/américain, un allemand et une franco-canadienne) est assez peu représentative du paysage géographique (par nationalité des auteurs) du genre, même si l'on ne prend en compte que les titres existant en traduction française. Ce point de détail évacué, je reste néanmoins sceptique sur le fait que des oeuvres de 1984, 1990, 1995 & 1999 (dans sa version révisée pour la dernière) puissent être valablement prises comme réprésentatives de "l'état de l'art" de la SF. Pour un livre écrit en 2006 cela fait un gouffre de 22 ans avec Neuromancien. Certes, il faut le temps pour mener une analyse aussi poussée et aussi pertinente que celle là mais la date d'expiration et surtout la relevance des ces oeuvres vis à vis de la SF écrite et publiée de nos jours sont largement dépassées. Du coup, les leçons que l'ont peu tirer de ces romans (thématique, technique...), même si elles restent pertinentes, ne sont pas applicables pour comprendre et décrypter la SF actuelle.

Use of weapons (Orbit 1990).jpg

Que ces quelques critiques ne vous empêchent toutefois pas d'acheter ce livre. Il représente une somme de travail non négligeable et constitue un ouvrage qui est parfaitement digne de figurer parmi les ouvrages de référence majeurs en VF.

Note GHOR : 3 étoiles

16/03/2009

_Colloque de Cérisy : Les nouvelles formes de la SF_

Colloque de Cérisy : Les nouvelles formes de la SF : Roger BOZZETTO & Gilles MENGALDO : Bragelonne "Essais" : 2006 : ISBN 2-915549-46-X : 421 pages (pas d'index ni de bibliographie) : 40 Euros pour un TP à la solidité très moyenne.

Colloque de Cerisy Les nouvelles formes de la SF.jpg

 

Cet ouvrage est donc le du recueil des interventions faites lors du colloque de Cérisy 2003. Ce colloque annuel rassemble divers intervenants (généralement les mêmes d'une année sur l'autre) autour d'une thématique qui n'est, comme c'est souvent la cas, qu'un prétexte à rassembler des communications diverses sur le genre.

C'est donc un ensemble de textes variés de textes, mêlant les perspectives historiques (le groupe Limite) à l'analyse d'oeuvres tant cinématographiques (Dark city, Alien, Ghost in the shell, etc...) que littéraires (série Darwin de Greg Bear) en passant par des études propres à certains auteurs (Brussolo, Ballard, Heinlein...).

Traque-la-mort (Lattès 1982).jpg

Une fois évacués les problèmes proprement techniques de l'ouvrage : Photos de films taille timbre poste et toutes noires, transcription des dialogues mal éditée et ne faisant pas forcément avancer le débat, absence totale d'index et de bibliographie centralisée, on arrive au reproche principal que l'on peut faire à ce livre à savoir que la longueur des articles est globalement inadaptée.

En effet, une partie des textes est trop longue (pour ne pas dire délayée) parce que l'on sent que l'intervenant n'a pas grand chose à dire ou pas grand chose de préparé (textes sur Ballard et sur Brussolo par exemple où le manque de profondeur est flagrant). Dans au moins un cas (l'article de Besson sur les séries) c'est carrément une redite inutile puisqu'il s'agit d'un extrait d'un livre déjà publié.

D'asimov à Tolkien.jpg

A contrario, une partie des textes est trop courte parce qu'elle ne fait que mettre l'eau à la bouche. Un bon exemple est le texte de J. C. Dunyach qui développe des thèses intéressantes, assez proches de celle de Langlet, mais seulement sur 20 petites pages. Son argumentaire aurait gagné à être étendu à l'aide d'exemples plus nombreux.

Certains textes présagent parfois peut-être un livre en devenir comme l'intervention sur Heinlein où Eric Picholle nous présente l'oeuvre tardive de cet auteur non comme une série de navets verbeux, malsains et enflés mais comme une illustration de la mécanique quantique (NdA : c'est exactement ce qui c'est passé avec la publication de Solutions non-satisfaisantes).

Un ouvrage suffisamment varié pour que chacun y trouve son compte et un ouvrage à soutenir venant d'un éditeur qu'il est de bon ton de traîner dans la boue pour un mercantilisme excessif mais qui prend un risque (AMHA) important sur ce type de texte (remarque aussi valable pour le Sadoul) que je ne vois pas beaucoup d'autres éditeurs "de qualité" prendre.

Note GHOR : 3 étoiles.