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12/03/2009

_Pour une poétique de la Science-Fiction_

Pour une poétique de la Science-Fiction : Darko SUVIN : Presses de l'université du Québec (collection "Genres et discours" #3) : 1977 : ISBN-10 0-7770-0196-9 : 228 pages (y compris bibliographie et index) : TO trouvable (parfois) d'occase.

 

Pour une poétique de la SF.jpg

Cet ouvrage est un recueil d'essais (datant du début des années 70) de Darko Suvin, universitaire canadien (à l'époque) et connu comme l'un des théoriciens phares du genre.

Organisé en deux grandes parties ("Théoire" et "Histoire"), ce recueil est subdivisé de plus en plus finement : chapitre 1, puis partie 3, puis paragraphe 3.0 et parfois sous-paragraphe 3.2.2. J'évoque cette organisation alambiquée et variable (certaines parties ont un paragraphe 0 d'autres commencent à 1) parce qu'elle est à l'image du livre.

Dans les deux parties de son livre, Suvin se concentre sur la proto-SF et/ou sur les pays de l'Est. Sont donc au menu les habituels précurseurs de la SF, tendance respectable : Lucien de Samosate, More, Wells, Verne, Capek...

La guerre des mondes.jpg

Se pose alors le problème de la réflexion théorique de Suvin, certes brillante mais qui peut surprendre dans la mesure où il théorise un genre à partir d'éléments qui le prédatent de parfois plusieurs siècles. Quelle est la relevance de Rabelais (10 fois plus cité que Heinlein) pour étudier un genre dont la naissance se produit au XXème siècle aux USA ?

Du coup, n'étant pas amateur de SF-avant-la-SF, cet ouvrage ne m'a absolument pas intéressé. Je dois avouer qu'une N-ième discussion sur Swift (que je n'ai jamais lu), L'utopie ou Wells m'ont rebuté. Seuls les cercles académiques peuvent penser qu'un ouvrage russe du XVIIIème siècle puisse avoir une importance quelconque sur l'état actuel du genre. De plus, mon renoncement a été facilité par l'usage par l'auteur d'un jargon auquel je ne comprends pas grand chose, pénible à lire et en bonus agrémenté de force italiques et superbes matrices 2x2 (Suvin n'est quand même pas un matheux, on est loin du calcul tensoriel).

Un ouvrage à réserver aux spécialistes de théorie littéraire et à ceux qui préfèrent les fossiles.

Note GHOR : 1 étoile

10/03/2009

_Human visions : The Talebones interviews_

Human visions : The Talebones interviews : Ken RAND : Fairwood Press : 2006 : ISBN-10 0-9746573-9-5 : 240 pages : une quinzaine d'Euros pour un TP.

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Cet ouvrage fait partie de la catégorie spécifique des recueils d'interviews, un type de livre qui est régulièrement (il doit en sortir à peu près un par an) publié dans le monde de la SF anglo-saxonne. Ici, ce sont des textes précédemment parus dans  le magazine Talebones, ce magazine étant une revue plutôt éclectique dans ses choix, d'un esprit un peu "transgenre" proche de celui de The third alternative.

Il contient 31 interviews assez courtes (6 pages en moyenne) d'auteurs de littératures de l'imaginaire (comme on dit maintenant) allant de Bear à Piccirilli en passant par Straub.

Il s'agit d'interviews travaillées, c'est à dire un résultat différent d'une suite brute de couples questions-réponses. Pour donner une idée, c'est assez proche de celles que fait depuis une certain temps le newszine Locus, un mélange d'éléments bibliographiques, de questions sur les méthodes de travail et sur les projets en cours ou l'actualité des auteurs.

Les auteurs choisis sont à la fois des habitués de l'exercice (Haldeman, Zelazny) mais aussi des gens que l'on a rarement l'occasion de voir s'exprimer (Hogan, les Gear). Il y en a vraiment pour tous les goûts : pour les amateurs de SF libérale (Bova), d'humour (Willis) ou d'uchronie (Turtledove).

A world of difference (Del Rey 1990).jpg

Au final, un livre assez court mais fort sympathique, intéressant par le fait qu'il donne la parole à des auteurs parfois peu entendus ou d'une visibilité faible. Mon seul bémol est le fait que certaines des premières interviews ont désomais plus de 10 ans (elles datent de 1997) et logiquement d'une actualité plus très fraîche.

A rajouter à la longue liste des ouvrages de ce type, très utiles pour approfondir un auteur autrement que par ses fictions.

Speaking of science fiction.jpg

Note GHOR : 2 étoiles

04/03/2009

_Space, time, and infinity_

Space, time, and infinity : Brian STABLEFORD : Borgo Press (éditeur récemment repris par le conglomérat Wildside Press) : 2007 : 0-8095-0911-3 en HC (-1911-9 en pbk) : 208 pages (dont index) pour une quinzaine d'Euros en neuf.

Space, time, and infinity.jpg

Il s'agit d'un recueil de textes de Stableford, parus entre 1988 et 1995.

Le sommaire permet d'aller tout de suite au coeur du problème, a savoir que ce livre ne possède strictement aucune unité et qu'il est constitué de beaucoup de réchauffé.

En effet, sont successivement abordés les sujets suivants :

- Une histoire des magazines SF britanniques : ce n'est pas un mauvais article, mais il se révèle très léger face à d'autres livres nettement plus fouillés (on pensera évidemment à l'oeuvre de Ashley).

- Des textes sur diverses créatures fantastiques : deux essais sur les vampires (un thème que Stableford affectionne), un sur les loup-garous et un sur les sirènes. Un des articles sans grande originalité.

L'extase des vampires (Denoel 1998).jpg

- Une étude sur la war-fiction avant la 1GM déjà parue dans Interzone et donc déjà connue, plutôt dans le survol surtout comparée aux travaux de I. F. Clarke sur le même sujet.

Voices prophesying war.jpg

- Une étude sur Poe : bof, mais c'est peut être du au fait que je ne suis pas un amateur de cet auteur.

- Un parallèle entre "Science fiction" (USA) et "Scientific romance" (GB) : pas très original et surtout trop court.

- Un essai sur l'alternate history (qui provient du C&N) : bien mais déjà lu.

- Quelques transcriptions de discours.

Globalement, on ne peut pas dire que le livre soit mauvais, mais il manque vraiment à la fois de matière (c'est écrit GROS avec des pages blanches, ce qui fait des essais d'une grosse dizaine de pages en moyenne) et d'une direction précise ou au moins d'une thématique unificatrice. A la différence d'autres livres de Stableford, c'est plus une sorte de "sample" des écrits de l'auteur qu'un ouvrage formant un tout cohérent.

Un ouvrage à réserver aux afficionnados de l'auteur ou aux complétistes.

Note GHOR : 1 étoile

24/02/2009

_Science fiction writers of the golden age_

Science fiction writers of the golden age : Harold BLOOM (éditor) : Chelsea House Publishers 1995 : 0-7910-2198-X (ISBN 10) : 203 pages : 12.95 USD (à l'époque) soit une dizaine d'Euros (maintenant) pour un TP.

Science fiction writers of the golden age.jpg

Il s'agit là d'un ouvrage qui présente 12 auteurs (dont un couple) de l'age d'or (1940-1950) : Anderson, Asimov, Bester, Blish, Bradbury, Clarke, Heinlein, Leiber, Moore & Kuttner, Pohl, Sturgeon, Van Vogt.

Le principe de l'ouvrage est assez original avec, pour chaque auteur, deux pages de biographie, suivies d'une dizaine de pages d'extraits critiques (organisés par ordre plus ou moins chronologique et même parfois contemporain des textes discutés) qui se focalisent sur certaines oeuvres (connues ou pas, romans ou recueils) ou sur la carrière des auteurs. Un élément auto-biographique est aussi généralement présent. Le tout se conclut par une bibliographie certes sommaire mais fournie et relativement exacte même si elle ne traite que les livres (fiction ou non-fiction ainsi que recueils édités) dans la production des auteurs considérés (pas des nouvelles ou des adaptations dans d'autres médias).

Cette organisation permet d'avoir d'un façon pratique, rapide et simple plusieurs avis (souvent divergents) sur l'auteur en question ou sur certaines de ses oeuvres. Les avis présentés sont assez équilibrés, allant du positif (Disch sur Sturgeon) au massacre (Knight sur Van Vogt) en passant par le purement informatif ou la digression.

Les sources utilisés sont hyper-classiques et sont extraites des ouvrages de référence standards (recueils de critiques de Blish ou Budrys, ouvrages de Aldiss ou Gunn) ou des rares monographies consacrées aux auteurs étudiés (le Pohl ou le Sturgeon chez Starmont).

The issue at hand.jpg


Du coup, j'avais en fait lu presque 80% du contenu de ce livre mais cette lecture s'est trouvé étalée sur plusieurs années et de nombreux ouvrages, ce qui a minimisé (en ce qui me concerne) nettement la gêne de ce côté 'redite'.

Un ouvrage idéal pour se rafraîchir la mémoire sur ces écrivains majeurs, évaluer l'évolution de leur perception au cours du temps et glaner des pistes pour approfondir une éventuelle analyse plus poussée. Un livre sans prétention, qui ne prétend pas à l'exhaustivité (logique vu la qualité et la production des auteurs traités), mais néanmoins de qualité et d'un esprit synthétique bienvenu.

Note GHOR : 3 étoiles

20/02/2009

_Breakfast in the ruins : Science fiction in the last millenium_

Breakfast in the ruins : Science fiction in the last millenium : Barry N. MALZBERG : Baen : 2007 : 0-4165-2117-4 (ISBN 10) : 978-0-4165-2117-8 (ISBN 13) : 389 pages :  14.00 USD soit une dizaine d'Euros pour un TP.

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Cet ouvrage est un recueil d'essais et autres documents (préfaces, critiques) de Malzberg. Il se divise en deux parties, la première datant de 1982 et correspondant au recueil d'essais The engines of the night (publié en 1992) et la seconde rassemblant les écrits postérieurs à cette date. A noter la présence de deux nouvelles en prime.

C'est un ensemble de textes autonomes, courts (entre 2 et 10 pages) et sans grande organisation puisque sautant du coq à l'âne, si ce n'est le groupage en fin de volume des textes relatifs à d'autres auteurs (Ballard, Clifton, Keyes...), textes qui sont généralement des préfaces à divers recueils.

La lecture de ce livre est assez pénible parce que Malzberg est atteint d'un syndrome classique chez certains auteurs de SF, à savoir une relation d'amour/haine inextricable. Cette relation difficile entre un auteur et le genre qu'il pratique est due au fait que Malzberg vit mal le décalage entre les ambitions cosmiques/prophétiques/anticipatrices de la SF et la vie d'un genre mercantile/incestueux/mal payé/mal considéré.

Cette position où il est "la tête dans les étoiles et les pieds dans la fange" semble lui être intellectuellement fort pénible. On peut penser que c'est une telle situation situation qui explique, par exemple, son annonce de quitter le genre (comme Silverberg). Mais comme la SF est le seul genre qui l'accueille et le reconnaît, il s'est vu contraint d'y revenir.

Service d'ordre (Lattès 1980).jpg

Du coup, le livre (particulièrement dans sa première partie) est assez énervant pour l'amateur de SF, qui, vu la quantité de crachats dans la soupe, se demande pourquoi un auteur d'un tel génie (Malzberg est parfois assez peu modeste) a persisté à écrire des Ace Double (sous pseudonyme).

Gather in the hall of planets (Ace Double 27415 1971).jpg

Que les auteurs de SF soient des poivrots aux moeurs sexuelles bizarres (la fornication lors des conventions semble beaucoup travailler Malzberg), que les éditeurs de SF soient des requins sans scrupules et soumis au diktat du mauvais goût populaire, que les lecteurs de SF soient des demeurés juste bons à manger du foin et incapables de comprendre des textes un tant soit peu ambitieux, que les fans de SF soient des tarés découplés de la réalité, tout cela n'est pas original (ni même complètement faux.

Cette attaque en règle est juste un peu inconvenante de la part d'un auteur qui ne mange principalement que grace à ses productions SF et qui, par exemple, écrit des préfaces ou des livres (The passage of the light par exemple) édités par NESFA (une pure organisation de fans) et qui publie ce recueil chez Baen, éditeur à la réputation d'être un repaire pour la SF de bourrins.

The passage of light (NESFA 1994).jpg

Pour être franc, le côté : "ma conception de la SF, la seule valide, est incomprise par ces abrutis de lecteurs et de fans" m'a fait penser à la fameuse tribune libre de Léa Silhol (NdA : à l'époque de l'écriture de cet avis). Même diagnostic : "Tous des cons sauf moi", même absence de solutions, même échec.

A cette impression générale négative s'ajoute un certain nombre de reproches plus formels : de nombreux avis ou anecdotes sont répétés d'un essai sur l'autre (radotage ?), l'éciture est parfois un peu trop "too much" (hystérique ?), l'auteur reste extrêmement vague (prudent ?) dans ses attaques multi-cibles d'où l'impossibilité de recouper ses dires et les deux cents premières pages sont fortement datées (elles ont donc presque presque trente ans) et en conséquence pas forcément pertinentes pour une analyse de l'état de la SF aujourd'hui.

Un livre manifeste, à prendre comme tel, intéressant pour la plongée dans la perception du genre par un auteur qui vit mal sa participation à celui-ci, mais où le manque de recul et de mesure brouille le message de l'auteur.

Note GHOR : 1 étoile