29/10/2021
_Pscience Fiction_
Pscience Fiction : The Paranormal in Science Fiction Literature : Damien BRODERICK : 201 : McFarland : ISBN-13 978-1-4766-7228-1 (la fiche ISFDB du titre) : ix+235 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 45.00 USD pour un tp non illustré, disponible chez l'éditeur, existe aussi en ebook (-3197-4).
Damien Broderick, un Australien qui vit au Texas, est à la fois auteur de textes de science-fiction (une vingtaine de romans de sa plume mais aussi des expansions "autorisées" de textes de Brunner) et un des théoriciens du genre (au moins une vingtaine d'ouvrages dont plusieurs ont été évoqués ici). Visiblement, il est aussi très intéressé par les phénomènes Psi et semble vraiment y croire (voir son Evidence for Psi chez le même éditeur). Il a donc réuni ces deux centres d'intérêt dans cet ouvrage qui est consacré à l'étude de ce que Broderick appelle "Pscience Fiction" (le terme est joliment inventé), c'est à dire la partie du genre qui explore des sujets comme la télépathie, la précognition, la téléportation ou la RV (Remote Viewing = Vision à Distance).
Après une préface et une introduction, Broderick entreprend d'analyser dans l'ordre chronologique une certain nombre de textes (une soixantaine, répartis en 44 chapitres correspondant généralement à un roman ou alors à plusieurs nouvelles). De Go Home, Unicorn (un roman peu connu de Macpherson paru en 1935) à un quatuor de nouvelles des années 1960-1990 (Anderson, Silverberg, Stableford, Cherryh), il nous détaille en quelques pages les classiques se rattachant à la Pscience Fiction (Slan, Dying Inside, Psion, Ubik) ainsi que plusieurs "univers" fictifs (Darkover, Dune, Bossy) s'y rattachant. Après une conclusion qui récapitule le projet de Broderick, se trouvent, outre un index et un bibliographie, deux annexes consacrées l'un à état des lieux de la recherche dans le domaine du paranormal et l'autre spécifique au thème de la vie après la vie dans la SF.
Il est clair dès le début que l'idée de Broderick d'un sous-genre orienté Psi au sein de la SF n'est pas vraiment originale, on croirait parfois (re)lire le (ou les) chapitre(s) correspondants des diverses encyclopédies qui existent depuis des années, d'autant plus que, comme il l'explique bien, sont corpus est assez daté (autour années 50) pour des raisons historiques liées à l'évolution des thématiques centrales du genre. Du coup, l'amateur plus tout jeune retrouve avec plaisir des textes emblématiques (The Demolished Man, The Stochastic Man ou The Witches of Karres) que l'auteur fait revivre tout en leur apportant un regard (parfois) critique t une certaine mise en perspective.
Une fois passé le plaisir d'avoir retrouvé de vieux compagnons de lecture, se pose la question de savoir quel est l'intérêt réel de ce livre. Outre une possible réaction épidermique comme la mienne aux croyances manifestées par Broderick (qui semble persuadé par exemple qu'un certain Joe McMoneagle a pu dessiner l'intérieur passé et futur d'une base de sous-marins russes Typhoon), la structure même du livre, atomisée, l'empêche de déployer une théorie satisfaisante de sa Psience Fiction autrement que par bribes et redites dans chaque chapitre. Il manque visiblement à l'ouvrage, une partie "synthèse" conséquente après la sympathique partie "exposition". De plus, et c'est strictement personnel, j'ai toujours eu du mal avec le style de Broderick que je trouve parfois difficile à suivre. Finalement un ensemble qui, en ce qui me concerne, n'est pas suffisamment intéressant ni assez construit pour sortir de la simple liste de titres. Dommage.
Note GHOR : 2 étoiles (à peine)
16:42 | 16:42 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (4) | Commentaires (4) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles
11/10/2021
_May the Armed Forces Be with You_
May the Armed Forces Be with You : The Relationship between Science Fiction and the United States Military : Stephen DEDMAN : 2016 : McFarland : ISBN-13 978-0-7864-9742-3 (la fiche ISFDB du titre) : 242 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 29.95 USD pour un tp avec quelques illustrations en n&b, disponible chez l'éditeur, existe aussi en e-book (978-1-4766-2286-6).
Sous la plume d'un auteur australien cet assez bref ouvrage (180 pages de texte) essaie de démêler les liens historiques entre la SF (US) et les militaires américains (quelle que soit leur arme d'appartenance). Entre glorification de l'armée (lors de la 2GM), doutes sur celle-ci (Corée et surtout Vietnam) et utilisation par cette dernière d'images et de gadgets tout droit sortis du fond commun du genre (rayons de la mort, exosquelettes, guerre des étoiles), il y a toujours eu une certaine interpénétration entre les deux mondes, chacun se servant de l'autre pour atteindre ses buts (des budgets ou des idées pour l'armée, une certaine respectabilité/reconnaissance/influence pour la SF) ainsi qu'une grande ambivalence des acteurs du genre (on se rappellera l'affaire de la prise de position de certains auteurs dans Galaxy pour ou contre l'intervention au Vietnam).
En neuf chapitres (plus une préface et une introduction) agencés dans l'ordre chronologique et suivant quasiment le découpage "standard" de l'histoire de la SF étasunienne, Dedman chronique les diverses phases de cette relation presque symbiotique en s'appuyant sur les différentes formes du genre (littérature, cinéma, comics et télévision), allant de Captain America à Battleship en passant par Starship Troopers ou Ender's Game. Outre quelques illustrations (en début d'ouvrage), on y trouvera diverses annexes, un index, une bibliographie et surtout une trentaine de pages de notes presque uniquement consacrées à la citation des sources utilisées par Dedman.
Cet ouvrage, visiblement sans prétention, fournit un bon résumé de son sujet. C'est facile à lire (malgré une certaine quantité de redites comme des phrases reprises à l'identique), suffisamment éclectique dans ses exemples (même s'il y a, à mon goût, un peu trop de morceaux de comics dedans) et offrant (de par ses notes copieuses et très détaillées) de nombreuses pistes d'approfondissement. Après, pour celui qui a déjà lu des textes antérieurs comme Gannon (Rumors of War and Infernal Machines), le recueil d'essais de Seed (Future Wars) ou surtout Franklin (l'excellent War Stars que je n'ai pas -encore- évoqué ici même), Dedman donne l'impression de survoler son sujet et de pas apporter grand chose de plus à ce qui est déjà dit dans ces ouvrages. C'est dommage car il y a sans doute pas mal à dire sur l'utilisation par les militaires US de l'imagerie SF dans leurs récentes aventures (Irak, Afghanistan) ou sur la "dronisation" des conflits, une idée qui est loin d'être nouvelle pour un amateur de SF (qui a dit Forever Peace ?). C'est donc loin d'être l’ouvrage définitif sur le thème mais c'est une bonne mise en bouche qui a, par rapport aux autres textes existants, l'intérêt d'être relativement plus récente.
Note GHOR : 2 étoiles
19:02 | 19:02 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles
16/09/2021
_L'Antiquité dans l'imaginaire contemporain_
L'Antiquité dans l'imaginaire contemporain : Fantasy, science-fiction, fantastique : Mélanie BOST-FIÉVET & Sandra PROVINI (editors) : 2014 : Classiques Garnier (série "Rencontres" #88) : ISBN-13 978-2-8124-2993-4 (a href=http://www.isfdb.org/cgi-bin/title.cgi?2876713 la fiche ISFDB du titre) : 617 pages (y compris bibliographie et index) : coûte 39.00 Euros pour un tp non illustré, disponible chez l'éditeur (là), existe aussi en hc (pour 68.00 Euros) et peut même s'acheter par petits bouts (article par article) en ligne.
Ce livre de belle taille est le recueil des actes d'une conférence universitaire qui s'est tenue en juin 2012 sur le sujet de la présence de l'Antiquité (dans ses mythes, ses images, ses récits ou ses personnages) dans la littérature de l'imaginaire, c'est à dire comme indiqué dans le sous titre dans la fantasy, la science-fiction et le fantastique (ce dernier étant d'ailleurs réduit à la portion congrue par manque de matière). Cette période historique est en effet relativement peu "exploitée" par les auteurs, avec en ce qui concerne la fantasy, un cadre de référence qui est essentiellement celtique et/ou moyenâgeux, d'où l’intérêt de cette étude.
L'ouvrage, une fois passées les multiples introductions et préfaces, est divisé en quatre parties qui rassemblent chacune une demi-douzaine d'essais (assez longs). Sont abordés successivement la réécriture des textes antiques, les mythes, les emprunts et les détournements. Les auteurs sont uniquement des universitaires de plusieurs pays et sont clairement des spécialistes de l'Antiquité plutôt que de l'Imaginaire. Une bibliographie copieuse est fournie ainsi que plusieurs index (auteurs, personnages, lieux, œuvres).
L'ensemble, au vu de du vaste sujet abordé, est forcément éclectique. Il mêle donc tous les genres de l'imaginaire : SF avec la duologie Illium de Dan Simmons, Berthelot ou certains textes de Dick, Fantasy (la majorité) avec Gemmell, Tolkien (plusieurs fois) ou George R. R. Martin, Fantastique avec Neil Gaiman. Il évoque aussi divers média : littérature essentiellement mais aussi cinéma (Harry Potter), séries télévisées (Babylon 5 ou Battlestar Galactica qui semble être une des favorites), dessin animés (Ulysse 31 pour les nostalgiques) voire bande dessinées.
En terme de qualité, le tout se laisse lire même si la profondeur de l'analyse au niveau "imaginaire" laisse parfois un peu sur sa faim, ce qui n'est pas illogique au vu du pédigrée des intervenants. Il y a quand même un certain nombre de textes qui proposent une approche originale, comme le parallèle fait par Maureen Attali entre les religions imaginaires de Game of Thrones et et les religions romaines de l'Antiquité, celui de Louis L'Allier sur le réemploi de l'Anabase ou le texte d'Anne Berthelot sur les rapports entre Atlantide et Fantasy. On trouvera aussi quelques exercices imposés (l'épopée au féminin) et des choses simplement pas palpitantes, trop jargonnantes (ou peut-être trop pointues pour moi) ou trop éloignées de l'imaginaire. Un ensemble pas désagréable mais assez inégal dans la qualité ou l'intérêt (variable selon le rapport du lecteur au sujet).
Note GHOR : 2 étoiles
18:03 | 18:03 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : français, 2 étoiles | Tags : français, 2 étoiles
21/06/2021
_Dune le Mook_
Dune le Mook : Lloyd CHERY (editor) : 2020 : L'Atalante & Leha : pas d'ISBN, EAN-13 9791036000591 : 256 pages (pas d'index ni de bibliographie) : coûte 22.50 Euros pour un grand tp largement illustré en couleurs, disponible un peu partout.
A mon avis, il doit se passer quelque chose autour de Dune en ce moment. Peut-être un film ? Par un canadien ? Mieux que les précédents ? C'est en tout cas visiblement l'occasion rêvée d'écrire sur cette œuvre majeure du genre histoire de profiter de l'aubaine, vu qu'il s'agit là du quatrième livre sur le sujet que je vois passer ces temps-ci (et le premier que j'achète) avec le Allard, le Bélial' et un titre canadien, sans parler des titres "autour" du film lui-même. Même si Herbert (et Dune en particulier) a toujours été un des chouchous des ouvrages de référence, une telle rafale de titres, en VF qui plus est, est exceptionnelle.
Sous la direction de Lloyd Chéry (journaliste et podcasteur) cet ouvrage est en fait un Mook (ça veut dire un Magazine-bOOK) suivant la mode actuelle (cf. cet autre représentant de ce genre hybride). On a donc beaucoup d'articles (pas loin de soixante-dix) et d'interviews (une petite dizaine), d'une taille très limitée (en moyenne deux pages, parfois moins) illustrés et séparés par des illustrations pleine page. L'ensemble est organisé en cinq grandes parties : Frank Herbert, L'univers de Dune, Les personnages de Dune, Les adaptations (ciné, TV, jeux, comics...) et Réflexions (pour aller plus loin). Les intervenants sont multiples (même si certains signent plusieurs articles) et se partagent entre plumes connues et nouveaux venus. On regrettera l'absence de bibliographie et d'index.
Tout d'abord, une confession : je n'ai lu que le premier livre de la série et je l'ai (à l'époque, c'est à dire il y a 40 ans) trouvé extrêmement chiant à lire et du coup je n'ai même pas attaqué Le Messie de Dune. Par contre, j'ai beaucoup joué aux "Dune" sur PC. En ce qui concerne cet ouvrage, je suis au regret de confirmer que je ne suis pas le client idéal pour ce type de produit. J'ai effectivement eu l'impression de lire un magazine du type presse féminine ou people avec des articles (on ne peut pas décemment parler d'essais pour des textes aussi courts) qui ne sont que des survols à très haute altitude. Le plus frappant étant sans doute le texte de Genefort sur les livres-univers qui est une sorte de résumé en une seule page de sa thèse qui en fait deux cents à la base (et qui n'est même pas mentionnée). Quel est l'intérêt de ce genre d'exercice ? Doit-on supposer que les lecteurs potentiels de ce magazine ont la capacité d'attention d'un moineau ? Tout cela m'échappe mais je ne dois pas être assez dans le coup pour apprécier cette culture à la Wikipédia faite de snippets d'information en lieu et place d'une réflexion plus creusée mais moins globalisante.
Il est clair que l'ouvrage est séduisant avec une profusion d'illustrations dont certaines (qui semblent originales) sont particulièrement réussies. Même s'il s'appuie un peu trop, à mon avis, sur le -inédit pour l'instant- film de Villeneuve (quatre pages sur le casting, c'est sans grand rapport avec Dune), la multiplicité des angles d'attaque donne un bon aperçu de l'immensité de l'ensemble fictionnel créé par Herbert. Hélas, tout cela, à cause de ce côté butineur, peine à aller plus loin que des banalités lues des milliers de fois (par exemple sur l'écologie ou le pouvoir) ailleurs et qui sont répétées à de nombreuses reprises dans le mook. Si vous en voulez plus, on vous renvoie gentiment à des (vrais ?) livres où l'on peut trouver "la version longue" des articles (en fait c'est un peu comme un numéro de Sélection du Reader's Digest). En ce qui concerne la qualité des analyses, on peut sans doute être plus rigoureux en évitant les affirmations du genre "Herbert/Dune était féministe" qui ne sont que des maladroites tentatives de récupération pour être dans l'air du temps. Pour tout dire, Dune est tellement un texte féministe que que Villeneuve s'est senti obligé de changer le sexe d'un des principaux protagonistes. Pour revenir au factuel, outre une qualité de production plutôt moyenne (pour 22.50 € la couverture se vrille et le dos ne semble pas d'une solidité à toute épreuve), je n'ai pas trop apprécié la lecture de textes en marron clair sur blanc et je déplore l'absence de bibliographie (même si j'en ai une vague idée) et surtout d'un index. Globalement, je suis assez déçu du résultat. C'est un produit parfaitement bien packagé, mais qui est bien trop superficiel pour moi qui attend de mes lectures sur le genre des réflexions un peu plus roboratives. Tout cela veut sans doute dire que je ne suis pas vraiment dans la cible des clients pour ce type d'ouvrage (qui m'a aussi fait penser à celui-là) parce que je suis clairement bien plus Book que Magazine.
Note GHOR : 1 étoile (plus si vous aimez lire Closer, Gala ou Première -on y trouve le même cirage des pompes de Villeneuve-)
NdA : Il y a quelque temps, l'association Noosfère (que recommande à tous ceux qui ne veulent pas faire de bibliographie sérieuse) m'a demandé de fournir des scans en haute définition de certains ouvrages que je détenais (des titres en VO et des numéros d'Analog) sans doute parce qu'il n'en existe pas des dizaines de copies accessibles en France. J'ai donc farfouillé dans ma collection et numérisé divers ouvrages intéressants. Les résultats peuvent (je le pense) se retrouver en pages 12, 13 et 14 (pour les Analog) et possiblement en pages 250 et 251 (pour les prequels) de ce mook. Je tiens particulièrement à souligner ici l'immense élégance des créateurs de cet ouvrage qui n'ont JAMAIS pris la peine de me remercier sous quelle forme que ce soit pour le (petit) coup de main que j'ai apporté à leur entreprise. Jolie preuve de savoir-vivre et de respect.
17:39 | 17:39 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (1) | Commentaires (1) | Tags : français, herbert, 1 étoile | Tags : français, herbert, 1 étoile
10/05/2021
_Darwinian Feminism and Early Science Fiction_
Darwinian Feminism and Early Science Fiction : Angels, Amazons and Women : Patrick B. SHARP : 2018 : University of Wales Press (série "New Dimensions in Science Fiction") : ISBN-13 978-1-78683-229-0 (la fiche ISFDB du titre) : xii+193 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 60.00 GBP pour un petit hc non illustré sans jaquette, disponible chez l'éditeur, aussi disponible en e-book.
En donnant dans la caricature la plus complète, il y a deux sortes d'auteurs qui écrivent sur les interactions entre science fiction et féminisme : ceux qui "connaissent" le féminisme (Barr, Melzer) et ceux qui "connaissent" la science fiction (Yaszek, Davin, Larbalestier). Il en résulte généralement des "récits" très différents, les premiers nous racontant l'histoire d'une citadelle masculiniste prise d'assaut par de courageuses guerrières durant les années 60, les seconds nous peignant un genre à dominante masculine tant dans ses producteurs que de ses consommateurs mais où certaines voix féminines et féministes ont pu se faire entendre dès le début. Je dois avouer que c'est avec plaisir que je peux placer Sharp dans le second camp. En s’appuyant sur une étude détaillée du matériau qui est quand même la base de toute analyse sur le genre, c'est à dire les textes eux-mêmes, l'auteur trace l'influence du "Féminisme Darwinien" (l'idée que la théorie de l'évolution postulée par Darwin peut justifier/appuyer des aspirations féministes) dans la proto-SF et surtout dans les magazines SF des années 20 et 30.
La démonstration de Sharp est parfaitement maîtrisée et s'appuie sur des lectures de textes d'un petit groupe d'auteurs féminins (Lilith Lorraine, Clare Winger Harris, Leslie F. Stone, Leigh Brackett, C. L. Moore...) qui, au sein d'un univers clairement masculin (je le répète), ont introduit diverses thématiques ou problématiques (par exemple le contrôle de la reproduction) sous des angles clairement identifiables comme féministes. Il se penche aussi, mais d'une façon moins détaillée, sur certains textes (plutôt des romans) qui sont antérieurs à l'émergence du genre comme le célèbre (du moins dans certains cercles) Herland de Gilman.
Même si ce livre est assez salutaire en ce qu'il rétablit certaines données factuelles un peu oubliées comme la fameuse légende urbaine du "prénom" non genré obligatoire de C. L. Moore qui est une fois de plus, renvoyée au rayon des fantasmes (à la base, on trouve l'information dans l'interview de Moore par Elliot), ou qu'il procède à une réévaluation du rôle de Gernsback dans la publication de ces premiers écrits féministes (c'est Westfahl qui va être content), il existe un certain nombre de choses qui m'ont moins séduit dans cet ouvrage. Pêle-mêle, je lui reprocherais son prix (quand même 70 Euros pour un livre de moins de 200 pages à la mise en page assez aérée), le fait que la partie vraiment consacrée à la SF ne commence qu'à la page 70 (le début du livre, en gros les trois premiers chapitres sur 5, est une étude sur l'histoire des sciences et du Darwinisme vue sous le prisme du féminisme) et le fait que le corpus étudié reste de facto assez limité (à une trentaine de textes). Il n'en reste pas moins que l'ensemble (du moins la partie SF en ce qui me concerne) est intéressant et bien mené. Un livre à lire pour mieux appréhender les débuts de l'implication des femmes et du féminisme dans le genre.
Note GHOR : 2 étoiles
17:44 | 17:44 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles