23/09/2019
_The Transhuman Antihero_
The Transhuman Antihero : Paradoxical Protagonists of Speculative Fiction from Mary Shelley to Richard Morgan : Michael GRANTHAM : 2015 : McFarland : v+189 pages (y compris index et bibliographie) : ISBN-13 978-0-7864-9405-7 (la fiche ISFDB du titre) : coûte 29.95 USD pour un tp non illustré qui existe aussi en ebook (978-1-4766-1955-2), disponible chez l'éditeur.
Cet ouvrage est dû à un universitaire australien inconnu (en tout cas qui n'a visiblement pas écrit autre chose dans le genre) et semble correspondre à la publication de sa thèse de doctorat. Il s'agit de l'exploration du thème de l'antihéros sous l'angle du post/transhumanisme, aux bémols près que l'antihéros de l'auteur est parfois tout simplement le héros pour le commun des mortels et que le post/transhumanisme évoqué est parfois seulement le résultat d'un entraînement physique poussé.
L'origine de l'ouvrage explique sans doute le sentiment un peu bizarre que j'ai eu à la lecture. En effet, comme souvent avec ce type d'exercice (la thèse de doctorat), l'échantillon des textes étudiés est plutôt limité. Ici Grantham ne considère en profondeur qu'une dizaine de romans (Frankenstein, Odd John, The Stars My Destination, More Than Human, Neuromancer, la trilogie "Kovacs" et Black Man de Mogan) et deux bandes dessinées (V for Vendetta et Watchmen) même si une dizaine d'autres titres Cyberpunks font parfois un brève apparition. Cette sélection réduite et non dénuée d'effets de mode (Gibson, Moore) donne un ensemble qui paraît assez réducteur et plutôt déconnecté de la richesse du genre. La consultation de l'index qui tient en seule page est d'ailleurs assez révélatrice de cette pauvreté.
On trouve aussi dans ce livre une structure en mille-feuille assez typique qui permet à l'auteur de montrer au jury qu'il a bien fait ses devoirs. On a donc souvent une sorte de sandwich avec une petite tranche de théorie (que cela soit sur Nietzsche, le monomythe de Campbell, le mouvement cyborg ou l'esthétique punk) puis une grosse tranche de SF et ainsi de suite au fil des sept chapitres. Il ne faudrait pas conclure de cette description que l'ensemble est mauvais. De fait, si l'on saute les passages extra-SF, le reste est d'une lecture agréable et soulève des points pertinents (même s'ils ne sont pas d'une originalité folle). On appréciera particulièrement les deux derniers chapitres sur certains romans de Richard Morgan qui sont à la fois originaux et intéressants.
Note GHOR : 2 étoiles
19:22 | 19:22 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles
10/09/2019
_Strange Horizons _
Strange Horizons : The Spectrum of Science Fiction : Sam MOSKOWITZ : 1976 : Charles Scribner's Sons : v+298 pages (y compris index) : ISBN-10 0-684-14774-2 (la fiche ISFDB du titre) : coûtait 8.95 USD pour un HC non illustré avec jaquette (absente sur mon exemplaire venant d'une bibliothèque).
Il est difficile d'ignorer le nom de Sam Moskowitz quand on s'intéresse aux ouvrages sur le genre. Historien amateur et infatigable des premiers pas du genre, il a, comme beaucoup d'autres pionniers, revêtu de multiples casquettes : rédacteur en chef, anthologiste, essayiste, auteur... Cet ouvrage est un recueil de onze essais thématiques (de quinze à plus de trente pages) initialement parus dans divers magazines (Amazing, WoT) au milieu des années 60, à l'exception de l'un d'entre eux qui semble inédit. Ces essais ont été plus ou moins retravaillés par l'auteur pour cette publication en volume (une comparaison rapide ne montre qu'une légère actualisation).
Après une brève introduction, sont abordés par Moskowitz les thèmes suivants tels qu'ils ont été traités par la SF disponible aux USA à l'époque : la religion, l'antisémitisme, les noirs, le règne des femmes, S. Fowler Wright, la psychiatrie, le policier, la série Tom Swift, la guerre future (qui est le texte inédit du recueil), Charles Fort et Virgil Finlay. Comme c'est prévisible avec Moskowitz, tous ces sujets sont plutôt abordés sous l'angle historique et anecdotique. Un index clôture un volume qui ne comporte pas de bibliographie (sans surprise puisque l'auteur se fie beaucoup à sa mémoire).
Bien évidemment ce livre tombe dans les écueils habituels des écrits de Moskowitz à savoir tout d'abord un certain manque de fiabilité. En effet, aucune des nombreuses affirmations de l'auteur n'est sourcée et celui-ci semble plus se fier à sa mémoire qu'à des témoignages vérifiables. Même si l'ensemble semble offrir une mine de renseignements sur les débuts de la SF, il est nécessaire de faire le tri parmi les informations fournies et de prendre tout ce qui est écrit dans ce livre avec un certain recul. Le deuxième point gênant est la fâcheuse habitude de Moskowitz de jouer au jeu des influences. Pour chaque texte évoqué, il nous propose plusieurs autres supposés l'avoir influencé. Comme tout cela est fait sur la base de vagues similitudes d'intrigue ou de localisation et indépendamment de tout élément factuel, cela n'offre au final guère d'intérêt.
Par contre, il faut louer l'audace de Moskowitz qui aborde dans certains de ces essais (parus dans des magazines importants de l'époque, je le rappelle) des sujets qui fâchent. Lire sous sa plume en 1965 que la SF est parfois fascinée par des charlatans, raciste, antisémite ou misogyne est la preuve que, contrairement à ce que l'on veut maintenant nous faire croire, certains amateurs du genre étaient conscients de ses travers et les dénonçaient vigoureusement. Comme souvent, les esprits soi-disant éclairés désirant une SF bien propre sur elle (grâce à leurs efforts, sans doute) et qui voudraient par opposition nous peindre un genre adhérant auparavant à tous les préjugés possibles, ceux-là feraient mieux de se pencher sur son histoire avant de lancer leur chasse aux sorcières. On se trouve donc au final avec un livre assez courageux dans ses positions mais quand même assez léger dans ses affirmations. Une curiosité et un témoignage historique des premières réflexions sur le genre
Note GHOR : 2 étoiles
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30/07/2019
_Lingua Cosmica_
Lingua Cosmica : Science Fiction from Around the World : Dale KNICKERBOCKER (editor) : 2018 : University of Illinois Press : ISBN-13 978-0-252-083337-2 (la fiche ISFDB du titre) : xxi+236 pages (y compris index) : coûte 29.95 USD pour un tp non illustré qui existe aussi en hc (-04175-4) et ebook (-05042-8), disponible chez l'éditeur.
Cet ouvrage s'inscrit dans le mouvement actuel qui voit le monde universitaire anglo-saxon es-SF découvrir qu'il existe tout un territoire vierge riche de nouveaux papiers à écrire : la SF hors des USA et de la Grande-Bretagne (cf. ce titre par exemple). Bien évidemment, ceci est une caricature de ma part puisqu'il faut reconnaître une certaine "internationalisation" du genre tel qu'il est perçu aux USA (voir le Hugo reçu par Cixin Liu). En tout cas, cet ouvrage nous propose un aperçu de ces "autres" SF, non pas au travers d'essais sur tel ou tel pays mais au travers de portraits de praticiens du genre (ce point n'est pas d'ailleurs vraiment évident au premier abord).
Ce recueil est donc constitué de onze chapitres de longueur variable (plus une introduction), chacun d'entre eux étant consacré à un auteur (et donc d'un certaine façon à un pays). Sous diverses plumes (Vas-Deyres pour la France), sont donc évoqués dans l'ordre : Diana Chaviano (Cuba/USA), Jacek Dukaj (Pologne), Jean-Claude Dunyach (France), Andreas Eschbach (Allemagne), Angélica Gorodischer (Argentine), Sakyo Komatsu (Japon), Liu Cixin (Chine), Laurent McAllister (Québec), Olatunde Osunsanmi (Nigéria), Johanna Sinisalo (Finlande) et les frères Strugatski (URSS/Russie). Les essais font une bonne dizaine de pages, brossent systématiquement un état des lieux de la SF dans le pays concerné et se focalisent soit sur la carrière complète des auteurs (sachant que Olatunde Osunsanmi est un réalisateur) soit seulement sur certains textes. A noter que chaque essai comporte ses propres notes et sa propre bibliographie et qu'un index général est aussi fourni.
Une fois relativisée une certaine emphase (une partie des auteurs évoqués sont parfois présentés comme étant du calibre de Le Guin, Egan, PKD ou Ballard réunis), les essais sont de bonne facture et permettent généralement d'avoir une certaine idée de la SF "locale" plutôt d'une façon indirecte. Comme il y a autant de contributeurs que d'essais, on se trouve face à une nette hétérogénéité de traitement qui fait que les textes sont d'intérêt variable, le moins concluant (et le plus long) étant celui par Brooks de Vita (une universitaire spécialiste de la diaspora africaine) sur le réalisateur nigérian Olatunde Osunsanmi qui s'embourbe parfois dans le pamphlet politique bien pensant.
L'écueil majeur de ce type d'ouvrage reste toutefois l'accès aux textes étudiés sachant que certains n'existent qu'en VO (en français par exemple) ou seulement en VO et traduction anglaise (donc inaccessibles à la majorité du public francophone). Il est toujours un peu frustrant de lire des analyses sur des textes que l'on ne pourra jamais lire (sauf à apprendre le polonais). Il s'agit là des limites de ce type d'exercice qui nous présente des écrits bien tentants à découvrir mais qui risquent, pour des raisons economico-éditoriales de rester longtemps hors de notre portée.
Note GHOR : 2 étoiles
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26/07/2019
_Dis-Orienting Planets_
Dis-Orienting Planets : Racial Representations of Asia in Science Fiction : Isiah LAVENDER III (editor) : 2017 : University Press of Mississippi : ISBN-13 978-1-4968-1152-3 (la fiche ISFDB du titre) : x+267 pages (y compris index) : coûte 65.00 USD pour un hc non illustré (sans jaquette, possible POD), semble exister aussi en ebook (-1154-7), disponible chez l'éditeur.
Au fur et à mesure de l'extension du domaine des études sur le genre et de leur métissage avec d'autres domaines universitaires (feminist studies, postcolonial studies, queer studies...), la question de la représentation des diverses minorités a été étudiée par "vagues". Historiquement (pour le domaine anglo-saxon) on s'est d'abord intéressé à la place des femmes dans le genre (dès les années 70), puis on s'est penché sur celle des afro-américains (au tournant du siècle), sur celle des personnes LGBT (il y a quelques années). La présence de plus en plus visible de minorités asiatiques aux USA et l'intérêt porté à la SF "orientale" (qu'elle soit située en Asie, qu'elle soit écrite par des citoyens asiatiques ou les deux) font que l'on se penche maintenant de plus en plus sur les représentations de l'Asie (et des ses habitants) dans le genre.
Sous la direction d'Isiah Lavender III, un professeur d'anglais à l'université de Louisiane à qui l'on doit plusieurs ouvrages explorant l'angle racial dans la SF, ce livre est un recueil d'une petite vingtaine d'essais relativement courts (une dizaine de pages en moyenne). Il est divisé en trois parties inégales (First Encounters, Fear of a Yellow Planet et Dis-Orienting Planets) dont la logique interne est parfois peu évidente. Les contributeurs sont, hormis quelques plumes connues (Lyau, Gordon, Hollinger), plutôt des nouveaux dans ce type d'exercice et sont généralement des universitaires dans des disciplines connexes (cultural studies, media studies, humanities...).
A la lecture, le résultat ressemble plus à un joyeux fourre-tout qu'à un ouvrage structuré et "pensé". En effet, on y trouve pêle-mêle des textes de fond sur la SF chinoise (Hollinger) ou indienne (Mehan) ou sur le Cyberpunk japonais (Posadas), des études sur des auteurs précis (Gordon sur Kij Johnson, Murphy sur Vandana Singh, Ransom sur M. P. Shiel), des critiques d'œuvres isolées (Wine de Yoon Ha Lee, Super Sad True Love Story de Shteyngart, On Such a Full Sea de Chang-rae Lee, les films Cloud Atlas et Pacific Rim) ou d'ensembles romanesques (la trilogie Remembrance of Earth's Past de Cixin Liu), et des choses inclassables comme un essai sur la géopolitique asiatique, un autre sur la lutte via internet contre le "Whitewashing" dans les médias ou des choses dont je n'ai pas saisi l'intérêt ou le propos (un texte sur l'humour noir et les races ou un autre sur Percival Lowell et l'orientalisme).
Du coup, on peut aisément penser que le sous-titre de l'ensemble est plutôt trompeur puisque la question de la race est loin d'être au centre des diverses contributions (à la différence d'autres livres de Lavender comme Race in American Science Fiction). Il n'est reste pas moins que l'ensemble est très intéressant à lire et apporte des informations et un éclairage bienvenu sur une partie de la world-SF qui reste assez peu connue. L'ouvrage soulève quand même un vrai problème qui est celui de l'accès aux textes évoqués (qui sont -presque- tous traduits en anglais mais pas forcément très communs) et qui a d'ailleurs pour corollaire celui du filtre de la traduction (Que connaît-on vraiment en Occident des SF asiatiques ?). En tout cas, cet ouvrage est une bonne introduction à ces SF exotiques.
Note GHOR : 2 étoiles
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29/05/2019
_Imagining Urban Futures_
Imagining Urban Futures : Cities in Science Fiction and What We Might Learn from Them : Carl ABBOTT : 2016 : Wesleyan University Press : ISBN-13 978-0-8195-7671-2 (la fiche ISFDB du titre) : 261 pages (y compris bibliographie et index) : coûtait 27.95 USD pour un hc avec jaquette avec quelques illustrations en n&b qui existe aussi en ebook (-7972-9) disponible chez l'éditeur (là).
Ecrit par Carl Abbott, à qui l'on doit un ouvrage un peu similaire sur les rapports entre SF et Western, cet ouvrage passe en revue les diverses images de la ville dans la science-fiction. Qu'il s'agisse de la ville en ruine, de la ville tentaculaire, des monades urbaines, des villes nomades ou de la cité utopique, cette image est centrale dans le genre comme l'ont montré Gary K. Wolfe ou d'autres. Indépendamment de sa signification symbolique (comme développée par Wolfe dans The Known and the Unknown), la ville reste aussi le décor habituel d'une grande partie des textes du genre (à la différence de la Fantasy).
Les huit chapitres que nous propose Abbott déroulent donc un parcours commenté des divers types de villes évoqués plus haut (future, désertée, piégée, extraterrestre, carcérale, sous dôme...). S'appuyant essentiellement sur la SF écrite (malgré la présence inévitable de films comme Metropolis ou Blade Runner), cette promenade rappellera de nombreux souvenirs au lecteur un tant soit peu chevronné (de Jack London à Alastair Reynolds en passant par Cordwainer Smith) qui pourra aussi piocher dans la bibliographie fournie en fin de volume (il y a aussi un index).
Le côté "léger" de cet ouvrage est fort agréable et donne une lecture plutôt sympathique mais c'est aussi sa principale faiblesse. On n'y trouve en effet aucune véritable analyse approfondie de la thématique de la ville et de son utilisation par le genre hormis un certain nombre de lieux communs. On sent Abbott nettement plus à l'aise sur la description des intrigues. Le tout forme un bon petit ouvrage, très lisible et finalement plus proche d'un long article encyclopédique que d'une étude de fond.
Note GHOR : 2 étoiles
09:36 | 09:36 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles